• Aucun résultat trouvé

C RITERES DE SATISFACTION

Dans le document TOME II TABLE DES MATIERES (Page 70-73)

Chapitre II - LES ESPACES URBAINS ( 1 )

5.9 « P ROTECTIONNISME » DES A THOIS INTERVIEWES

6. PROFILS DE SATISFACTION

6.1 C RITERES DE SATISFACTION

L’analyse des interviews réalisée plus haut révèle des informations dont l’objet peut être classé en trois principaux groupes :

• les gens : convivialité, lien social, voisinage, type de population, autant de terminologies pour exprimer ce qui se rapporte directement aux habitants, aux gens, aux personnes qui habitent ou pratiquent un espace urbain et qui participent de fait à la construction de sa spécificité. Point central des préoccupations, tout s’organise autour de la personne, de son confort et de ses commodités immédiates. Les opinions relevées lors des interviews sont souvent individualistes et d’ailleurs, le principe même de la satisfaction est essentiellement organisé autour du bien-être de la personne considérée comme individu et est rarement collectivisée. On sera dès lors peu surpris de constater que, même dans une organisation collective telle qu’un comité de quartier, une part importante des revendications exprimées sont d’ordre exclusivement individuelle : ma portion de trottoir, ma rue, ma façade, mes poubelles, etc.

• le logement : considéré comme le cocon qui protège et dont on maîtrise la perméabilité des frontières, le logement, de part ses facultés appropriatives, occupe une place centrale dans le fragment urbain de chaque individu. Lieu privilégié dans lequel il sera possible d’imposer sa marque, son style et son passage ; principal objet d’investissement à long terme des ménages wallons – dont les deux tiers sont propriétaires – le logement est l’expression de l’individualisme de chacun et remplirait parfaitement le rôle que de nombreux occupants souhaiteraient lui faire jouer si le monde qui lui est extérieur ne venait pas compliquer ce processus idéalisé.

• le quartier et au-delà : troisième groupe d’information, troisième échelle d’expression et d’analyse, le quartier façonne véritablement les profils de satisfaction ébauchés aux deux niveaux précédents. En effet, l’appréciation de base fondée sur le logement est vite dépassée, voire profondément modifiée, par les éléments qui entourent celui-ci et qui en font ses véritables qualité et valeur. Lors des travaux de la subvention précédente, nous avions déjà démontré la prédominance des facteurs liés à l’environnement et au quartier sur ceux inhérents au logement dans la construction des sentiments de satisfaction. Ici encore, on peut dire que ce groupe de données est le plus important non seulement en volume (les interviewés parlent plus de leur quartier que du reste) mais aussi en influence (ces données sont souvent plus importantes que les autres sur l’appréciation globale de chacun).

Afin d’arriver à des profils de satisfaction suffisamment nuancés et expressifs, nous avons subdivisé ces trois grands groupes en 24 critères évaluatifs :

• mixité fonctionnelle : variété, représentation et qualité des fonctions (résidentielle, commerciale, bureaux, services) que l’on retrouve dans le quartier en quantités significatives. Dans cette mixité sont déjà inclues des notions d’accessibilité et de proximité que l’on retrouvera plus loin.

• mixité sociale : une forte mixité sociale induit une dispersion des profils de population résidente en terme de sexe, d’âge, d’origine, de statut d’occupant, de profession (type et localisation), de revenus, de moyens de déplacement privilégié, etc.

• accessibilité : précisons d’emblée que nous considérons ici l’accessibilité d’éléments du fragment urbain depuis le quartier et non l’inverse comme cela a souvent été compris. Il s’agit donc d’apprécier la facilité avec laquelle il est possible d’accéder – quel que soit le moyen employé – aux lieux que l’on fréquente habituellement ou occasionnellement. Cela inclut des notions de rapidité, de confort, de facilité et de prix.

• proximité : à confronter avec l’accessibilité, la proximité joue parfois un rôle inattendu dans l’appréciation de certains habitants. Ce critère doit être entendu ici dans son sens le plus commun, à savoir la distance entre deux lieux. C’est sans doute à partir d’une adroite combinaison entre l’accessibilité et la proximité que la localisation d’un logement devient satisfaisante.

• identité : critère important mais complexe à isoler et à identifier avec précision, l’identité d’un lieu, d’un quartier, relève de la forte personnalité qu’il est susceptible de dégager et de la facilité avec laquelle cette personnalité est perceptible. Le sentiment d’appartenance ressenti par les habitants se nourrit et alimente à la fois cette identité qui semble être un processus très dynamique, très changeant.

• nuisances : attention, il s’agit ici d’évaluer l’absence de nuisances. C’est à dire qu’au plus la cotation de ce critère sera élevée, meilleur sera l’agrément (dû à l’absence de nuisance).

Nuisances qui peuvent être de tous ordre : bruit, pollution, trafic important à proximité, état physique général des bâtiments et voiries, maintenance, vandalisme et petite délinquance, etc. On s’attachera ici aux nuisances récurrentes, fréquentes ou permanentes.

• voisinage : il n’est pas dans notre intention de nous livrer à une étude de type sociologique sur la population et encore moins de tenter d’objectiver la « qualité » d’un voisinage. Toujours est-il que les interviews font souvent référence aux relations entretenues ou non entre voisins et que, au vu de l’importance que prend ce critère, il y a lieu d’en tenir compte dans l’élaboration des profils de satisfaction. Une évaluation positive de ce critère signifiera donc ce qu’il est convenu d’appeler « de bonnes relations de voisinage ».

• équipements publics : ensemble des infrastructures et bâtiments publics servant de supports aux services publics (administrations, établissements scolaires, etc.).

• vie associative et culturelle : deux aspects sont à considérés ici. D’une part les associations de type revendicatif ou de défense et représentation du citoyen telles que le sont habituellement les comités de quartier et d’autre part les associations à vocation plus culturelle, festive ou folklorique, orientées vers l’organisation d’évènements. Les premières ont un rôle complexe à jouer car elles sont à l’interface entre l’habitant et les gestionnaires ou prestataires de services urbains.

• transports publics : plusieurs aspects sont ici pris en considération : l’accessibilité à un nœud important de transport public (gare, terminal d’autobus), la qualité et la fréquence de la desserte locale, la qualité et la localisation des infrastructures fixes (arrêts, centre d’information, etc.).

• fonction résidentielle : les quatre critères fonctionnels qui suivent et dont le résidentiel est le premier marquent d’abord l’intensité de la fonction spécifiée, sa qualité ensuite et son rapport avec le principe de mixité fonctionnel. Un secteur domine-t-il les autres ? Est-il tout simplement absent ou sous-représenté et cela est-il considéré comme un manque ? Telles sont les questions abordées ici. En ce qui concerne plus particulièrement la fonction résidentielle, ajoutons que sera qualifié ici la caractère plus ou moins résidentiel du quartier ainsi que la qualité général des logements. En d’autre terme, la faculté qu’à la quartier de répondre dans de bonnes conditions à la demande en logement à laquelle il est soumis.

• fonction commerciale : la quantité, la qualité et la diversité des commerces localisés dans le quartier font l’objet de l’évaluation de ce critère.

• fonction bureau : il sera plus tenu compte ici de la quantité, et éventuellement de la sur-représentation, de bureaux présents que de leur qualité. En effet, ce que nous évaluons c’est l’influence de cette fonction sur le fonctionnement général du quartier et la perception de celui-ci et non l’exercice de la fonction en elle-même.

• mise en valeur du patrimoine : sont principalement ciblés ici les ressources immobilières à valeur patrimoniale, c’est à dire les bâtiments et espaces publics remarquables ou chargés d’une valeur historique ou culturelle même locale. La mise en valeur de ce patrimoine se marquera par un entretien particulier, un éclairage approprié, une ré-appropriation de la fonction originelle d’un immeuble, etc. C’est principalement la qualité de ces opérations sur le patrimoine, et par extension la qualité du patrimoine lui-même, qui sera appréciée ici.

• cheminements : parcours suivi pour se rendre d’un point, généralement le domicile, à un autre. Les qualités d’agrément, de sécurité routière et physique, de facilité d’approvisionnement (commerces et services sur le chemin), de confort sont évaluées.

• sécurité physique : à distinguer de la sécurité routière détaillée ci-après, ce que nous avons appelé sécurité physique se rapporte aux actes d’agression physiques réellement vécus ou potentiellement ressentis. La dangerosité avérée de certains lieux ou l’insécurité subjective non confirmée par des taux de criminalité participent tout autant à la création et à l’entretien d’une tenace insatisfaction.

• sécurité routière : essentiellement orientée vers la sécurité du piéton lors de ses cheminements. Qualité et caractéristiques des trottoirs, passages pour piétons, voies à emprunter sont évaluées en fonction de leur niveau de sécurité vis-à-vis des véhicules automobiles. Plusieurs cas de figures sont envisagés : enfants accompagnés ou non, personnes âgées, piéton avec poussette, etc.

• information : il nous a semblé opportun, au vu de la préoccupation de certains interviewés, d’inclure dans nos critères la qualité des moyens d’information utilisés par les autorités communales pour faire état de leurs projets et de leur politique de gestion en général. Sont inclues les modalités de concertation avec le citoyen ou encore les relations entretenues avec les organisations représentatives des habitants.

• qualité des espaces publics : pour ne pas entraîner de confusions dans les interprétations des profils, nous ne classons dans cette catégorie que les espaces publics qui ne peuvent pas être repris sous d’autres critères. Ce sont donc essentiellement les places, squares et toutes formes d’espaces généralement ouverts se distinguant des espaces verts (les parcs et jardins sont traités ailleurs) et des voiries.

• espaces verts : essentiellement constitués des parcs et jardins, les espaces verts sont analysés sous trois aspects privilégiés : leur agrément, leur entretien et le niveau de sécurité ressenti. A l’instar des autres espaces publics, la gestion des espaces verts (propreté, surveillance, maintenance des équipements) occupe une place importante dans l’appréciation qui sera portée.

• éléments verts et mobilier d’agrément urbain : il nous a semblé opportun de créer un critère dédié à ce que nous qualifions d’éléments verts, à savoir les arbres aux abords des voiries, les bacs à plantes gérés par la Commune et toute autre forme de « verdure » ne s’intégrant pas dans ce qui constitue un espace vert à proprement parler. Dans le même ordre idée et générateurs de sentiments de satisfaction similaires, le mobilier d’agrément urbain (bancs publics, fontaines, etc.) est également inclus dans cette catégorie, les deux types d’ « objets urbains » étant analogues quant à leurs effets sur l’habitant.

• habitabilité du logement : avec quelle facilité l’occupant a-t-il pu adapter son logement à ses pratiques, à son mode de vie, à la structure familiale de son ménage ? Autant de contraintes pour le logement, toujours changeantes, qui font que l’on soit un jour acculer à en changer si il ne correspond plus aux attentes « incompressibles » de son occupant.

• espaces extérieurs privatifs : a priori, un des gros points faibles du logement urbain : l’absence de jardin digne de ce nom. Jardinet, courette et terrasses sont plutôt le lot commun des habitants de logement en ville. Pourtant ces piètres espaces extérieurs privés semblent répondre à une demande importante et procure un niveau de satisfaction parfois meilleur qu’un jardin plus vaste qu’il faudrait entretenir et dont la « rentabilité d’usage » serait moindre.

• qualité physique du logement : tout en sachant que le parc wallon est de mauvaise qualité, surtout en ville, il nous semblait intéressant de mesurer l’importance de ce critère pour les habitants et de mesurer les distorsions qui peuvent exister entre le moment du choix du logement et la vie ultérieure que l’occupant y développe, revoyant éventuellement ses exigences de confort.

Ceci complète la liste des 24 critères évaluatifs que nous avons pu relever en structurant les discours entendus et qui nous semblaient significatifs car en rapport direct avec l’espace tel qu’il est perçu et pratiqué 60. En effet, la méthodologie employée cherche, par l’intermédiaire des habitants, à agir sur l’habitat, sur l’espace, qui est notre principal objet d’étude. Ceci nous distingue à nouveau du cadre très spécifique de l’étude sociologique dont l’objet est la personne ou la collectivité alors que nous nous focalisons sur l’organisation de l’espace et le développement territorial dans un contexte urbain.

Dans le document TOME II TABLE DES MATIERES (Page 70-73)