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Chapitre II - Cartographie et lithologie des unités du Massif de l’Aspromonte

2/ La pile tectonométamorphique du massif de l’Aspromonte

2.5/ L’unité de Stilo

2.5.1/ Caractéristiques générales

Le corps principal de l’unité supérieure occupe la partie sud-ouest du massif. Des

affleurements plus petits sont visibles dans la partie sud-est et vers le nord-est, jusqu’à proximité

d’Africo Vecchio. Le plus étendu se situe dans la région de Bagaladi (cf. Fig. II-2). Un

affleurement assez étendu figure également sur les cartes géologiques dans la partie sud-est, à

proximité de la côte du Capo Spartivento. Cependant nos observations tendent à limiter ici son

extension à des affleurements d’une petite taille dispersés au nord et à l’est de Palizzi Marina.

Dans ce secteur, l’essentiel des affleurements attribués à l’unité de Stilo sont constitués de terrain

qui selon nous appartiennent à l’unité de l’Aspromonte.

Sur la base de similitudes des séries de la couverture mésozoïque, l’unité supérieure du

Massif de l’Aspromonte a été rattachée à l’unité de Stilo définie dans le Massif des Serre (Dietrich

et al., 1976 ; Amodio-Morelli et al., 1976). Dans les Serre, l’unité de Stilo est formée d’un socle

composé de roches paléozoïques intrudées par des plutons tardi-hercyniens et surmonté d’une

couverture mésozoïque. D’après Bonardi et al. (1982), elle pourrait se prolonger jusqu’en Sicile,

dans les Monts Péloritains, où des séries carbonatées similaires sont visibles dans la région de

Novara di Sicilia et à Forza d’Agro.

2.5.2/ Lithologie de l’unité de Stilo

Dans le massif de l’Aspromonte l’unité de Stilo, telle qu’elle est définie par Bonardi et al.

(1979) et Crisci et al. (1982), est dépourvue d’intrusions granitiques. Il s’agit de roches

métamorphiques, paradérivées pour l’essentiel, surmontées d’une couverture carbonatée

mésozoïque très réduite (Fig. II-13). Elle est limitée à sa base par un contact tectonique sur lequel

nous reviendrons un peu plus loin.

C’est dans le sud-est du massif que l’on peut observer la partie supérieure de l’unité de Stilo,

constituée d’une couverture carbonatée mésozoïque, limitée à quelques affleurements. On

l’observe en particulier sur la côte sud à proximité de Palizzi Marina (Fig. II-13, étiquettes b et c)

et de Bova Marina (Fig. II-13, étiquette d) et surtout à l’intérieur des terres dans le secteur de

Palizzi Supérieur (Fig. II-13, étiquette a). Vers le nord, on retrouve quelques affleurements de

faible étendue dispersés jusqu’au débouché des gorges de la fiumara La Verde. L’aspect discontinu

des affleurements a conduit Amodio-Morelli et al. (1976) à considérer ces carbonates comme des

olistolites à la base de la série sédimentaire oligo-miocène. Cependant, le contact à leur base, bien

que parfois bréchique, est le plus souvent sédimentaire, il est marqué alors par un mince niveau

de paléosol. Il ne montre pas d’indices d’un quelconque remaniement. L’apparente

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désorganisation des affleurements résulte alors probablement du jeu tectonique des nombreuses

failles, conjugué aux effets de l’érosion et d’une paléokarstification identifiée par Bouillin (1985).

Figure II-13 : Carte de la partie sud-est du Massif de l’Aspromonte. La partie supérieure de l’unité de Stilo occupe l’essentiel de la zone, masquée en grande partie par la couverture silico-clastique post-orogénique (d’après Bonardi et al. (1979), modifié dans la partie sud à partir d’observations personnelles). Le contour épais correspond à la limite tectonique Stilo/Aspromonte. Les lettres se rapportent à des affleurements référencés dans le texte.

Cette série est constituée de carbonates massifs passant vers le haut à une brèche carbonatée

composée du même matériau. Il s’agit de calcaires de plate-forme bioconstruits comportant des

fossiles datés du Jurassique terminal (Roda, 1965 ; Bonardi et al., 1984). Au sommet, dans la

région de Palizzi Supérieur (Fig. II-13, étiquette b), Bouillin (1985) a mis en évidence des indices

d’une émersion (karst et remplissage bauxitique) recouverts en transgression par des dépôts

continentaux datés de l’Oligocène inférieur (Fig. II-16). L’ensemble de cette série

méso-cénozoïque ne dépasse pas les quelques dizaines de mètres d’épaisseur. Aucune déformation

ductile ni aucun métamorphisme n’y ont été décrits.

Ces carbonates ne sont jamais directement en contact avec les roches cristallines de l’unité

de l’Aspromonte. Dans la région de Palizzi Supérieur et de Bova Marina, ils reposent

systématiquement sur quelques mètres d’un ensemble très peu métamorphique de schistes

sombres riches en matière carbonée, de lydiennes et de calcaires à patine rousse dont certains

niveaux ont été datés du Dévonien (Gelmini et al., 1978 ; Bouillin et al., 1987). Les carbonates de

la série mésozoïque disparaissent vers l’ouest du fait de l’érosion et du basculement général du

massif vers le sud. L’unité de Stilo est alors représentée par ces faciès paléozoïques visibles à

proximité de Bova Marina et Condofuri (Fig. II-13, étiquettes e et f, Fig. II-14).

Figure II-14 : Faciès du Silurien de Pietrapennata, à l’est du village de Palizzi Supérieur. On distingue des blocs de calcaires roux surmontés de niveaux centimétriques lités de lydiennes, emballés dans des schistes gris sombre, l’ensemble étant très désorganisé.

Vers l’ouest et vers le nord, on accède à des niveaux plus profonds de l’unité de Stilo. Les

formations peu métamorphiques de la série paléozoïque surmontent une épaisse série composée

de phyllades et de porphyroïdes, visibles en particulier le long de la route entre Choriò et Bagaladi

(Fig. II-13, étiquette b). Les phyllades correspondent à des schistes ardoisiers et des schistes

séricito-chloriteux gris-clair à gris-sombre passant parfois à des niveaux détritiques

quartzo-feldspathiques plus massifs et riches en filonnets de quartz d’exsudation qui forment des talus de

plusieurs dizaines de mètres de haut (Fig. II-15). Les faciès les plus schisteux des phyllades

constituent l’essentiel des reliefs doux de la partie sud du massif. Les porphyroïdes sont bien

visibles entre Choriò et Montebello Ionico où ils forment une bande de relief dans le paysage.

L’occurrence la plus importante arme le promontoire de San Lorenzo. Ils sont cependant

fréquemment interstratifiés au sein des phyllades. Il s’agit de niveaux décimétriques de couleur

beige ou gris sombre constitués d’une matrice fine plus ou moins schisteuse qui englobe des

amygdales quartzo-feldspathiques plurimillimétriques à centimétriques, parfois rondes mais le

plus souvent allongées dans le plan d’aplatissement principal. Ce type de faciès évoque d’anciens

dépôts pyroclastiques acides. Ces niveaux ne constituent pas de repères stratigraphiques continus

au sein de la série des phyllades, ils formeraient plutôt des sortes de lentilles de taille

plurimétrique à kilométrique.

L’ensemble formé par les phyllades et les porphyroïdes présente une schistosité régionale

sensiblement parallèle à l’organisation lithologique initiale de la série, pentée vers le sud d’environ

15° à 30 et affectée par des plissements de grande longueur d’onde, d’axe E-W.

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Figure II-15 : Les faciès de l’ensemble des phyllades de l’unité de Stilo. (1) : phyllades massives riches en filons de quartz d’exsudation ; (2) : faciès quartzo-feldspathiques massifs (porphyroïdes) au sein des phyllades, vue d’ensemble et détail.