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Chapitre II - Cartographie et lithologie des unités du Massif de l’Aspromonte

2/ La pile tectonométamorphique du massif de l’Aspromonte

2.7/ Le contact tectonique entre les unités de Stilo et d’Aspromonte

Pourtant, dans la partie sud-est (cf. Fig. II-13) la limite entre les deux unités est clairement

tectonique. Elle se marque par une surface subhorizontale très plane, oblique sur la foliation

principale des deux unités. On l’observe particulièrement bien lorsqu’elle sépare des lithologies

très contrastées comme dans la région de Condofuri, ou encore à l’est de San Lorenzo, où les

schistes paléozoïques et les phyllades peu métamorphiques de l’unité de Stilo reposent sur le toit

de l’unité de l’Aspromonte constitué de roches massives qui arment le paysage. Elle est également

nettement visible dans le paysage à proximité de Montebello Ionico (Fig. II-20). Afchain (1969)

qui a fait la première description de cette zone avait déjà identifiée la nature tectonique du contact

séparant la « formation des gneiss de l’Aspromonte » et les phyllades. On y observe une surface

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plane au toit des orthogneiss qui sont silicifiés sur plusieurs dizaines de centimètres. Des

cannelures et des stries y ont été gravées.

Figure II-20: Vue de la surface tectonique séparant les unités d’Aspromonte et de Stilo. (f) : secteur de Condofuri, (g) secteur de Montebello Ionico. Localisation des étiquettes sur la Fig. II-16.

D’une manière générale, une observation fondamentale (J.-P. Bouillin, inédit) concernant ce

contact est que depuis la région de Palizzi Supérieur, jusqu’à la région de Roccaforte del Greco,

ce sont des niveaux de plus en plus profonds de l’unité de Stilo qui reposent tectoniquement sur

les gneiss de l’unité de l’Aspromonte. En effet à Palizzi Supérieur, on observe au dessus du

contact quelques dizaines de mètres des faciès du Silurien, surmontés par la couverture

méso-cénozoïque. Il s’agit donc de la partie supérieure de la série lithostratigraphique de l’unité de Stilo.

A chaque affleurement où la base de ces carbonates a pu être observée, elle était

systématiquement séparée de l’unité de l’Aspromonte par un mince niveau de schistes sombres

attribués au Silurien. Vers le NW, les carbonates disparaissent. Dans le secteur de San Lorenzo,

c’est la formation des phyllades et des porphyroïdes de l’unité de Stilo qui repose sur l’unité de

l’Aspromonte par l’intermédiaire d’une surface plane subhorizontale au toit d’un ensemble de

paragneiss et de filons pegmatitiques. Cette surface disparaît ensuite vers le nord du fait du

fonctionnement d’un jeu de failles normales orientées grossièrement EW qui abaissent le

compartiment nord. On la retrouve seulement au sud du village de Roccaforte del Greco. A cet

endroit les phyllades en contact avec les orthogneiss présentent un aspect plus métamorphique,

avec en particulier des porphyroblastes de grenat et d’andalousite. La surface est particulièrement

bien visible en rive gauche du Torrente Glicorace car elle forme des grandes dalles structurales sur

lesquelles reposent des lambeaux des schistes à andalousite de l’unité de Stilo (Fig II-21).

Au nord-ouest de Roccaforte del Greco, le contraste lithologique entre les unités de Stilo et

d’Aspromonte devient difficile à observer. Le contact n’est alors plus aussi bien marqué dans le

paysage. Il est cependant possible d’observer dans les flancs est de la Punta d’Atò des bandes de

cisaillement d’épaisseur plurimétrique (Fig. II-22). Ces structures grossièrement pentées de 30°

vers le sud-ouest pourraient correspondre à la prolongation vers le nord du contact observé

depuis Palizzi Supérieur.

Figure II-21 : (1) Dalles tectoniques au sommet de l’unité de l’Aspromonte ; (2) Les schistes à Andalousite de l’unité de Stilo reposant sur le contact tectonique.

Figure II-22 : (a) : Localisation des zones de cisaillement séparant les unités de Stilo et de l’Aspromonte dans la région de Roccaforte del Greco. (b) : Coupe de la géométrie d’ensemble de la région de la Punta d’Atò. Le dégradé de gris de l’unité de Stilo illustre l’augmentation de son degré métamorphique vers le nord (cf. chapitre III). La représentation des structures de l’unité de l’Aspromonte est simplifiée. Localisation figure II-17, section CC’.

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Ces bandes de cisaillement passent en dessous du corps granitique intrusif de la Punta d’Atò

et affectent sa base. Elles recoupent donc des faciès initialement attribués à l’unité de

l’Aspromonte. La limite tectonique Stilo - Aspromonte initialement localisée sur un contact

principal bien visible se sépare en plusieurs plans. Au nord de la Punta d’Atò, les bandes de

cisaillement disparaissent dans un vaste éboulement impraticable. Des recherches approfondies

seraient nécessaires pour prolonger la trace cartographique de ce contact tectonique vers le nord

ou le nord-ouest (cf. Fig. II-17). Cependant il est probable qu’il devienne difficile à identifier car,

comme au niveau de la Punta d’Atò, il doit recouper des lithologies similaires.

Les unités de l’Aspromonte et de Stilo, initialement distinguées sur la base de critères

lithologiques, sont séparées par un contact tectonique. Nous avons cependant mis en évidence

ci-dessus que les unités de Stilo et de l’Aspromonte constituent une seule et même entité en

continuité structurale et lithologique. Nous proposons de conserver la dénomination initiale des

deux unités, en les distinguant cette fois uniquement sur un critère tectonique.

3/ Conclusions

Les observations effectuées sur le terrain au cours cette thèse ont permis de préciser les

contours des unités constituant le Massif de l’Aspromonte. L’unité de l’Aspromonte arme le

massif et correspond à une lame tectonique de roches issues de la croûte continentale et

transportant une couverture paléozoïque et mésozoïque qui correspond à la partie supérieure de

l’unité de Stilo. Une importante discontinuité tectonique recoupe cependant cette série

lithostratigraphique définissant ainsi deux unités tectoniques distinctes. Ces deux unités

surmontent l’unité d’Africo-Polsi dont l’extension a été modifiée. Des arguments de terrain

montrent en effet que les affleurements visibles dans la région d’Africo Vecchio et ceux formant

l’unité de la Madonna dei Polsi définie par Pezzino & Puglisi (1980) appartiennent à une même

unité inférieure formée essentiellement de séries paradérivées, chevauchées par l’unité de

l’Aspromonte. L’unité identifiée dans la région de Cardeto (Bonardi et al., 1980) montre des

similitudes avec l’unité d’Africo-Polsi. Sa position structurale, sous les roches de l’unité de

l’Aspromonte nous amène à suggérer que l’ensemble des ces roches paradérivées ne constitue

qu’une seule et même unité inférieure, d’extension régionale.

La nature des contacts qui séparent ces trois unités ainsi que les caractéristiques

cinématiques associées aux déformations qu’ils matérialisent, vont être détaillées dans le chapitre

suivant. L’environnement métamorphique et l’âge de ces déformations ont fait l’objet d’une étude

approfondie dont les principaux résultats font l’objet des chapitres IV et V.