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Si l’on rassemble les résultats des différentes études existantes, les critères du

Dans le document Vivre ensemble plus longtemps (Page 31-36)

« vieillissement réussi » semblent les suivants : 1. la durée de vie effective ;

2. la santé physique et mentale : absence d’incapacité, efficacité cognitive ; 3. la santé sociale : intégration sociale, liens relationnels ;

4. les compétences productives, le maintien de l’activité (travail, bénévolat,

care, etc.) ;

5. la satisfaction dans sa vie ;

6. la maîtrise de sa vie, le développement et le contrôle personnels, l’autonomie.

La création de ce concept et sa promotion ont permis le développement de plusieurs initiatives, en matière de politiques médicosociales, comme la prévention primaire. C’est dans cette optique qu’a été mis en œuvre le plan

« Bien vieillir 2007-2009 » en France. S’adressant aux personnes âgées de 50 à 75 ans et s’appliquant plus particulièrement à la période de la « péri-retraite », il cherche à promouvoir des comportements favorables pour la santé par le maintien d’une activité physique et par une alimentation équilibrée. Il s’agit aussi d’améliorer les stratégies préventives (hypertension artérielle, troubles sensoriels...).

En outre, des mesures innovantes sont aujourd’hui préconisées afin de favoriser les solidarités et la participation des personnes âgées à la vie sociale, culturelle et artistique. Des projets visent ainsi à adapter la planification urbaine et l’environnement bâti aux besoins de tous les groupes d’âge pour promouvoir l’autonomie des personnes âgées et leur permettre d’être socialement intégrées (1)Baltes P. B. et Baltes M. M. (1990), « Psychological perspectives on successful aging: The model of selective optimization with compensation», in Baltes P. B. et Baltes M. M. (eds), Successful Aging:

Perspectives from the Behavioral Sciences, Cambridge, Cambridge University Press.

et épanouies. C’est le cas du label « Bien vieillir-Vivre ensemble », lancé en juillet 2009 dans le cadre du plan national « Bien vieillir 2007-2009 » en partenariat avec l’Association des Maires de France (AMF) et l’Association « Vieillir en France ». Ce label, qui s’appuie sur celui d’« Age-friendly cities » consacré par l’Organisation mondiale de la Santé, a pour objectif d’encourager et de récompenser l’engagement des villes soucieuses d’accompagner au mieux leurs habitants dans leur vieillissement.

Au-delà des indéniables retombées positives de ces politiques, il apparaît nécessaire de nuancer le propos. En effet, aujourd’hui, on constate que les limites de la vieillesse semblent sans cesse repoussées, toujours plus lointaines, au point d’en être quasiment niées, comme le suggère ce slogan de la société américaine Vitabasix, un des fabricants leader de produits anti-âge : « Stop aging, start living »1. Le mythe de l’éternelle jeunesse et l’impératif de bonheur, toujours plus présents dans nos sociétés, encouragent un phénomène d’idéalisation du vieillissement réussi qui pourrait se révéler néfaste. Cette quasi-injonction morale au « bien vieillir » pourrait entraîner un processus de stigmatisation et d’isolement de certains individus ne répondant pas à la norme. Certaines personnes âgées pourraient également se sentir culpabilisées de ne pas bien vivre avec l’avancée en âge.

En outre, si cette évolution des rôles sociaux et des représentations semble largement positive au regard des évolutions actuelles de l’espérance de vie et du vieillissement de la population, il faut veiller à ce que la notion de « vieillesse » ne se réduise paradoxalement, à terme, à son aspect négatif, car associée essentiellement à la période de grande dépendance. En effet, la vieillesse se trouvant reportée à la toute dernière période du cycle de vie, les aspects de maturité, sagesse, expérience, pourraient être oubliés au profit d’autres aspects comme la perte d’autonomie, les déficiences cognitives et donc la « diminution de soi ».

2.2. L’engagement associatif : une dimension clé du vieillissement actif chez les retraités

Selon les théories du vieillissement réussi, le maintien d’une activité est parti- culièrement important pour favoriser une vie épanouie et en bonne santé dans la longévité. À ce titre, il est intéressant de constater que, selon l’Eurobaromètre

(1) Deschavanne E. et Tavaillot P.-H. (2006), Le développement durable de la personne. Pour une nouvelle politique des âges de la vie, note n° 4 du Conseil d’analyse de la société, La Documentation française, octobre.

2008, la majorité des personnes âgées en Europe souhaitent poursuivre leur contribution à la collectivité après la retraite1.

Pour le côté associatif, près des trois quarts des Européens proches de la retraite envisageraient une participation à du bénévolat, même si finalement moins de la moitié met cette idée en pratique. En France, l’enquête INSEE de 2002 a mis en évidence une surreprésentation des plus de 60 ans en matière de participation associative2, le passage à la retraite jouant un rôle incitatif avéré. Ainsi, 51,3 % des seniors adhèrent à une association contre 42,2 % des moins de 60 ans. Chez les sexagénaires, ce taux monte jusqu’à 57,8 %, soit 12 points de plus que chez les quinquagénaires. Chez les plus de 75 ans, le taux fléchit mais reste supérieur à celui des moins de 60 ans. De plus, à partir de 60 ans, on constate un fort engouement pour les activités de loisir ou culturelles (environ 65 % des adhésions des plus de 60 ans, contre 30 % de celles des moins de 60 ans), mais aussi un intérêt marqué pour l’action sociale et caritative (environ 15 % des adhésions des plus de 60 ans, contre 10 % de celles des moins de 60 ans). Dans ce dernier domaine, la surreprésentation commence néanmoins plus tôt, vers l’âge de 45 ans, les quinquagénaires présentant le même profil de participation aux actions sociales que les plus de 60 ans.

L’activité associative pourrait jouer un rôle de substitut à une activité profession- nelle ou à une vie relationnelle. Elle présente une certaine sensibilité aux dimensions socioprofessionnelles. Ainsi, les retraités, comme les veuves, ont une plus grande propension à adhérer que les autres catégories d’inactifs. En outre, le facteur « retraité » joue particulièrement sur l’adhésion aux associations dans le domaine des loisirs. On constate, comme chez les moins de 60 ans, une sélectivité sociale de la participation associative, qui néanmoins s’atténue chez les plus âgés. Il reste que, compte tenu de leur poids absolu dans la population, les anciens ouvriers et employés représentent près d’un adhérent sur deux.

Globalement, le désir de participer est d’abord tourné vers la recherche de

« biens relationnels ». Le souhait de rencontrer des personnes et d’entretenir un réseau d’amis est la motivation dominante citée par les seniors (pour 3 adhésions sur 10 chez les plus de 60 ans contre 13,2 % chez les moins de 60 ans), même si elle se combine à d’autres. Pourtant, cette motivation dépend encore du type d’association fréquenté. En particulier, le souhait d’être utile à la société reste dominant pour l’adhésion aux associations à caractère social et humanitaire. Globalement, les seniors manifestent un engouement massif (1) « Les retraités européens ont encore beaucoup à donner », Agenda social, n° 21, juillet 2009, p. 19-20.

(2) Prouteau L. et Wolff F.-C. (2007), « Hors thème. La participation associative et le bénévolat des seniors ». Retraite et Société, 2007/1, n° 50, p. 157-189.

pour les activités de loisir, et présentent d’abord une pratique d’usagers plutôt qu’un engagement.

De même, en matière de bénévolat, on constate l’importance du temps occupé par le loisir, l’action sociale et caritative et l’action bénévole religieuse chez les seniors. En effet, parmi les 60-70 ans, une personne sur trois est engagée dans une activité bénévole. Les différences socioprofessionnelles apparaissent encore plus marquées pour le bénévolat que pour l’adhésion à une association.

Ainsi, la participation bénévole des cadres supérieurs est deux fois supérieure à celle des ouvriers et l’écart se creuse encore après 60 ans. En tenant compte du temps consacré, on constate par ailleurs que les seniors réalisent plus de 25 % de l’engagement bénévole global dans la société, proportion proche de leur poids dans la population de plus de 15 ans. Mais l’apport est variable d’un domaine à l’autre. Il faut alors souligner la contribution majeure des seniors à l’action sociale et caritative : ils représentent 41 % de la ressource humaine non rémunérée utilisée par ces associations1.

Finalement, l’activité associative entraîne des externalités positives, individuelles ou collectives2. La participation des personnes âgées à la vie sociale de la cité est bénéfique pour elles-mêmes mais elle peut l’être également pour la population dans son intégralité, notamment par le biais du bénévolat. Les personnes âgées peuvent par exemple faire profiter les jeunes des compétences acquises au cours de leur vie professionnelle, en donnant de leur temps en tant que bénévoles, ou en soutenant des actions de tutorat. Ces activités peuvent également engendrer une amélioration de la confiance générale des citoyens à l’égard du groupe des personnes âgées et contribuer ainsi à la promotion des liens intergénérationnels. Les retombées positives se font également au niveau de la performance économique globale : le bénévolat pourrait représenter 5 % du PIB dans certains pays3.

Si l’on considère le vieillissement des plus de 60 ans, trois groupes d’âges semblent se distinguer. Néanmoins, la notion de vieillesse renvoie aujourd’hui clairement aux plus de 75 ans : les seniors ne peuvent plus être considérés comme des « personnes âgées ». Ainsi, avec la révolution de la longévité, on assiste au développement d’un nouvel âge actif, à côté de l’âge dit « adulte ».

(1) Prouteau L. et Wolff F.-C. (2007), op. cit., p. 185.

(2) Sirven N. et Godefroy P. (2009), « Le temps de la retraite est-il improductif ? », Retraite et Société, 2009/01, n° 57, p. 75-97.

(3) « Combler le fossé des générations », Agenda social, n° 21, juillet 2009.

La vieillesse n’est donc bien qu’un mot. Dès lors, il importe de ne pas réduire cette notion à ses aspects négatifs de perte d’autonomie et de grande dépendance.

La vieillesse demeure également un âge nécessaire à la société, synonyme d’expérience et de sagesse.

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