• Aucun résultat trouvé

Ce basculement du tropisme méditerranéen vers le littoral atlantique s’explique par la saturation de l’espace côtier en PACA et en Languedoc-Roussillon, la

Dans le document Vivre ensemble plus longtemps (Page 163-167)

den-sification urbaine et une qualité de vie altérée

1

. Désormais trop urbanisé, le lit-toral méditerranéen souffre de handicaps proches de ceux des grandes régions urbaines que sont l’Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais. Les personnes âgées cherchent désormais les villes moyennes bien dotées en services et en asso-ciations. Ces localités privilégiées ont aussi en commun l’avantage de pouvoir être traversées facilement.

Le troisième groupe correspond à ce que les géographes qualifient usuellement de « diagonale du vide ». Certaines de ces régions sont déjà beaucoup plus âgées que la moyenne nationale en 2000 (19,5 % de plus de 65 ans en Auvergne, 23,1 % en Limousin, 19 % en Bourgogne, contre 16 % en moyenne nationale). La tendance démographique d’ici 2030 devrait confirmer leur position de régions les plus vieilles de France (31,1 % en Auvergne, 32,9 % en Limousin, 30,4 % en Bourgogne, contre 24,9 % en moyenne). Mais elles tendent à être rejointes par des régions qui, en 2000, étaient encore dans la moyenne : la part de plus de 65 ans passe ainsi de 15,7 % à 27,2 % en Champagne-Ardenne, de 15,4 % à 26,9 % en Lorraine.

La Picardie, très jeune en 2000 (14,2 %), rejoint la moyenne nationale en 2030 (24,3 %). Dans toutes ces régions, le facteur principal de vieillissement n’est pas l’attractivité migratoire, même si celle-ci est significative, mais le vieillissement sur place et le faible renouvellement des générations plus jeunes.

(1) Cf. Pierre M. (2006), « L’invention d’un système bi-résidentiel : un choix de vie pour couple retraité aisé », Les Annales de la recherche urbaine, PUCA.

Se rapprocher des centres-villes en fin de vie, une problématique forte pour les villes moyennes

Les « villes-centres » vont être le lieu où le vieillissement se fera le plus sentir : la population de personnes âgées y est déjà plus élevée que dans l’ensemble du pays et elles vont beaucoup attirer les personnes entrant dans le quatrième âge. Ces dernières vont en effet rechercher dans les centres-villes la proximité avec les équipements et services, qu’elles ne trouvent pas dans des zones moins denses. Le mouvement des jeunes seniors vers les centres-villes sera marginal, par rapport à cette tendance forte. Il s’expliquera essentiellement par les pratiques de double résidence et par la volonté de garder ou d’acquérir un pied-à-terre en centre-ville en plus d’une résidence secondaire.

Les villes vont donc vieillir plus vite que l’ensemble du pays (G. Cavaillier, travaux PUCA). Les projections démographiques de l’INSEE à partir du modèle Omphale, au moyen d’un découpage isolant chacune des 137 aires urbaines de plus de 50 000 habitants, montrent que la croissance du nombre des plus de 60 ans sera plus forte dans les villes que dans l’ensemble du pays et concernera surtout les villes moyennes1. La croissance des aires urbaines de 50 000 à 900 000 habitants va ainsi atteindre + 35 % à 37 % entre 2000 et 2015, à la différence des grandes métropoles et petites aires urbaines qui auront une croissance de + 30 % à 32 %. Les villes-centres des grandes métropoles (Montpellier, Paris, Toulouse, Lyon) apparaissent particulièrement répulsives.

Le vieillissement en parc social

Dans les représentations collectives, l’habitat social est associé à une population jeune, ce qu’il était en effet à l’époque de sa mise en place.

Mais aujourd’hui, le parc social accueille une part de plus de 65 ans plus importante (20 %) que leur proportion dans la population totale (16 %, en 2000). Cette tendance devrait s’accélérer, la part des locataires de plus de 65 ans devant atteindre 31 % en 2035, soit une démographie comparable à celle du Limousin ou de l’Auvergne2. Cette évolution s’explique par le fait que les parcours résidentiels ascendants se sont grippés (pas de passage dans le parc privé, pas de parcours d’accession à la propriété). Les locataires âgés sont souvent concentrés dans des ensembles immobiliers relativement anciens et bien localisés, qu’ils occupent parfois depuis leur construction. Ils n’ont pas d’intérêt financier réel à en sortir, à cause du différentiel de loyer avec le parc

(1) INSEE (2005), op. cit.

(2) Mallet-Champvert P. (2008), op. cit.

privé et de la faible incitation à l’achat due à un niveau de loyer peu élevé. Par ailleurs, le droit juridique au maintien dans les lieux est une puissante garantie de stabilité pour les locataires qui le désirent.

À ce phénomène de maintien dans le parc social s’ajoute un fait nouveau, minoritaire mais significatif : une mobilité de recours vers le locatif social avec l’avancée en âge, en centre-ville, dans l’objectif d’un rapprochement des services et équipements, des commerces, dans des petits logements (2 ou 3 pièces). Ainsi, 10,3 % des emménagés récents dans le parc social ont plus de 60 ans et 3,2 % plus de 75 ans. L’installation dans le parc social en fin de vie est caractéristique des mobilités de « downsizing » accompagnant le quatrième âge.

Au sein du parc social, les zones urbaines sensibles (ZUS) maintiennent cependant une part des retraités nettement plus faible qu’en moyenne nationale. Plus que par l’effet répulsif de ces zones (lié notamment aux problèmes supposés ou réels d’insécurité), cette situation s’explique surtout par une forte natalité. Ceci ne signifie pas qu’en valeur absolue, les ZUS ne soient pas concernées par des effectifs de personnes âgées significatifs et croissants.

Construit pour des populations jeunes, le parc social, n’est guère adapté aux handi-caps liés à l’âge : escaliers difficiles, couloirs étroits, portes lourdes. S’y ajoutent les difficultés de maintenance des ascenseurs dans certains ensembles. Les bailleurs sociaux auront donc un rôle important à jouer dans le maintien à domicile.

La problématique émergente du périurbain : des ménages du baby-boom s’y sont installés sans anticiper le vieillissement

Comme les quartiers d’habitat social, les couronnes périurbaines se sont constituées pour loger une population relativement jeune, composée de familles, qui a aujourd’hui vieilli. À la différence de l’habitat social, la maison individuelle est largement dominante et à certains égards mieux adaptée à des occupants âgés : l’accès au logement est de plain-pied et la taille des pavillons facilite le cas échéant les aménagements. Mais les personnes âgées font face à des difficultés d’une autre nature, tenant à l’éloignement des services et au faible développement des transports en commun. Le mode de vie périurbain est indissociable de l’usage du véhicule individuel et hostile aux personnes qui se déplacent à pied ou en transport collectif.

Les travaux du PUCA sur « Vieillir en pavillon »1 ont montré qu’à partir de 65 ans et de manière progressive, les personnes âgées mettent en place des pratiques (1) Berger M., Rougé L., Thomann S. et Thouzellier C. (2008), Vieillir en pavillon : mobilités et immobilités des personnes âgées dans l’espace périurbain, rapport PUCA.

de mobilité leur permettant de se maintenir dans cet environnement : leur usage de la voiture est croissant avec l’âge et elles concentrent leurs déplacements dans les zones de centres commerciaux. Il arrive cependant un moment où, malgré ces pratiques, l’habitat en périurbain ne se révèle plus tenable et où apparaît la nécessité de se rapprocher de services, et d’un habitat plus dense, notamment lorsque l’arrêt de la conduite, souvent non anticipé, est brutalement imposé par le handicap.

Plus le quartier périurbain est distant du centre, plus le problème du vieillissement devrait se poser de manière éloignée dans le temps. En effet, l’étalement constant de la ville depuis plusieurs décennies a progressivement conduit à ce qu’on pourrait qualifier de « gradient » de classes d’âge. La baisse de la construction de logements collectifs à partir des années 1980, la baisse de la production de logements locatifs, le niveau très élevé du foncier en centre-ville et la volonté d’accéder à la propriété d’une maison individuelle ont progressivement fait

« fuir » de plus en plus loin du centre et en vagues successives, les différentes générations. Une stratification des couronnes urbaines en fonction de l’âge s’est faite par ce biais. Une première vague de familles avec enfants primo accédantes est partie en première couronne dans les années 1970, et de plus en plus loin pour les générations ultérieures. Aujourd’hui, on observe ainsi dans les agglomérations de Marseille et de Lyon que les communes de la première couronne atteignent des degrés de vieillissement comparables et même parfois supérieurs aux villes-centres, tandis que ces dernières sont en cours de rajeunissement.

En milieu rural, vieillissement sur place et inconfort de l’habitat

L’espace à dominante rurale est d’ores et déjà plus « âgé » que le reste du territoire : dès 1999, il représentait un quart des personnes âgées de 65 ans et plus, alors qu’il ne compte que 18 % de la population totale. Le mouvement devrait se poursuivre, en raison du faible renouvellement des jeunes générations plus que de l’attractivité de cet espace pour les populations âgées.

Comme en milieu périurbain, l’éloignement des services et des commerces est source de difficultés. Cependant, le vieillissement des territoires ruraux étant un phénomène assez ancien, l’action sociale des collectivités territoriales, notamment des conseils généraux, en direction des personnes âgées est assez développée (aide ménagère, portage de repas), ce qui pallie dans une certaine mesure le problème de l’éloignement. L’autre difficulté tient à la vétusté des maisons, souvent inadaptées à la vie d’une personne âgée (chauffage au bois, par exemple).

2

n

Des politiques publiques disparates et sans stratégie claire

2.1. Un certain retard de la France par rapport à d’autres pays

L’enquête européenne SHARE (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe), conduite tous les deux ans depuis 2004, est aujourd’hui réalisée auprès d’un échantillon de 40 000 personnes réparties dans 15 pays européens ainsi qu’en Israël. Une des questions posées est la suivante : « Votre domicile présente-t-il des équipements ou des caractéristiques destinées à aider des personnes ayant des handicaps physiques ou des problèmes de santé (portes élargies, rampes, portes automatiques, translateurs pour escaliers, systèmes d’alerte, aménagements de cuisine ou salle de bains, par exemple) ? ».

Domiciles disposant d’équipements particuliers

Dans le document Vivre ensemble plus longtemps (Page 163-167)

Outline

Documents relatifs