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Les départs en vacances

Dans le document Vivre ensemble plus longtemps (Page 157-162)

Taux de départ annuel (en %)

65-69 ans 70 ans ou plus Tous âges

1961 25 18 38

1975 37 26 53

1985 49 35 58

1989 52 34 61

1994 54 39 62

1999 57 38 62

Source : INSEE (2005), « Les personnes âgées », Insee Références

L’hédonisme se manifeste par la possession plus fréquente d’une résidence secondaire : 38 % des propriétaires des trois millions de résidences secondaires ont entre 60 et 74 ans, alors que cette tranche d’âge représente 18 % de la population. Les seniors vont davantage en vacances en résidence secondaire que l’ensemble de la population, le taux culminant à 23 % pour les 70-74 ans, contre 9 % en moyenne générale.

Lorsque l’occupation de la résidence secondaire est fréquente au cours de l’année, voire que les deux logements sont occupés à parts égales, on parle de « birésidentialité », comportement qui ne se trouve quasiment que chez les jeunes retraités. Magali Pierre (Plan Urbanisme Construction Architecture, PUCA) montre que ce comportement permet de se « relocaliser » dans une zone rurale tout en offrant la certitude du maintien dans une ville-centre. Cette situation n’est pas majoritaire chez les retraités, loin s’en faut (un peu plus d’1 million de résidences secondaires pour 15 millions de retraités), mais elle concerne une minorité significative.

La recherche du loisir et de la qualité de vie se manifeste également dans les comportements de mobilité résidentielle, lorsque celle-ci existe. Si la mobilité des plus de 60 ans est globalement faible, on observe un sursaut au moment de la retraite. Selon une étude de l’INSEE1, les seniors qui ont pris leur retraite entre (1) Données sociales - La société française, mai 2006.

1990 et 1999 ont 1,3 fois plus de chance de déménager que les personnes âgées déjà inactives en 1990. Ces mobilités sont alors plus souvent que dans l’ensemble de la population des mobilités interrégionales, ce qui traduit la recherche d’un cadre de vie autre que celui connu durant la vie active. 2,8 millions de personnes âgées de plus de 60 ans ont déménagé entre 1990 et 1999.

Enfin, compte tenu de la taille des logements et de la fréquence relative des résidences secondaires, on peut voir les retraités du troisième âge comme des consommateurs d’espace importants. La surface moyenne des logements des 65-74 ans est de 94,1 m², contre 89,6 m² pour l’ensemble de la population, alors même que le nombre moyen d’occupants est bien moins élevé. Mais les seniors sont aussi des fournisseurs d’espace résidentiel pour leur famille : les pièces inoccupées du logement principal comme la résidence secondaire peuvent servir à accueillir des membres de la famille, notamment les petits-enfants.

Le quatrième âge : des besoins croissants d’adaptation du logement et de son environnement

Les enquêtes décennales successives sur la santé et les soins médicaux (ESSM) menées en 1981, 1991 et 2002 montrent que les gains d’espérance de vie se traduisent par des années supplémentaires vécues sans incapacité. Le nombre de personnes âgées dépendantes tend cependant à augmenter.

Une fois l’incapacité installée, la personne âgée a un usage différent de l’espace urbain. Si, à l’entrée à l’âge de la retraite, le temps libre dégagé est mis à profit pour nouer ou resserrer des liens avec la descendance, la montée du poids des handicaps physiques et de la dépendance entraîne une diminution sensible des relations sociales dès 70 ans, et de façon accélérée à partir de 85 ans1. Cette décroissance concerne tant les relations avec la parenté, malgré l’augmentation du nombre des petits et arrière-petits-enfants, que les relations avec les commerçants et les relations de service. Les contacts se concentrent alors sur un nombre de plus en plus limité d’interlocuteurs : 5 par semaine pour les 85 ans ou plus contre 9 pour les 55-59 ans2.

L’avancée en âge nécessite, pour maintenir l’autonomie, des adaptations multi-ples, qui concernent le logement, les parties communes lorsque la personne âgée habite en collectif, mais aussi l’environnement urbain, la voirie, les transports et les services de proximité, notamment les commerces. Concernant le logement, de nombreux aménagements sont mineurs et peuvent être réalisés par la (1) INSEE (2005), op. cit.

(2) INSEE (2005), op. cit.

personne âgée elle-même, ou par le recours à des compétences artisanales simples : installation de rampes, de téléalarmes, renforcement de l’éclairage, évitement des seuils mal signalés, des revêtements de sol glissants ou encore de l’encombrement mobilier excessif. D’autres travaux sont plus coûteux et difficiles, notamment l’aménagement de la salle de bains (agrandissement, W.-C.

surélevés, douche à l’italienne). Quant aux parties communes, il s’agit d’assurer l’accessibilité de l’entrée et des circulations intérieures. Se pose surtout la question de la présence ou non d’un ascenseur.

Dans l’espace urbain, les personnes âgées en perte de capacité ont besoin de bordures de trottoirs adaptées aux passages piétons, d’un mobilier urbain qui leur permette de s’asseoir dans l’espace public et d’éléments de signalétique qui facilitent leurs déplacements à pied. Il faut rendre les transports en commun accessibles, ceux-ci étant peu utilisés par les personnes âgées qui leur préfèrent la marche. Des commerces doivent également être accessibles à proximité.

Ces adaptations font intervenir des acteurs variés. Elles se heurtent à des difficultés multiples, d’ordre financier, institutionnel ou psychologique. Lorsque la personne âgée est locataire de son logement, elle peut se trouver démunie face à la résistance du bailleur dont elle doit obtenir l’accord pour les travaux. Celui-ci peut estimer que des travaux importants « dévaloriseront » son logement dans la mesure où il sera plus difficile à relouer par la suite. Lorsque la personne âgée est propriétaire, son propre comportement peut poser problème, par défaut d’anticipation ou refus d’envisager la dégradation de ses capacités. Lorsqu’il s’agit d’aménager les parties communes, ou pour certains travaux lourds dans le logement, c’est l’accord de la copropriété qui devient nécessaire. L’aménagement de la voirie et des transports urbains relève quant à lui des pouvoirs publics.

L’absence ou l’insuffisance des adaptations a des conséquences diverses. On peut citer tout d’abord les accidents de la vie courante. On dénombre chaque année 450 000 chutes de personnes âgées, dont 62 % à domicile. Si ces accidents sont en proportion rarement mortels (10 000 décès par an), ils peuvent accélérer la dégradation de l’autonomie, par des facteurs physiques et psychologiques1. L’aménagement du logement sans celui de l’espace urbain risque de provoquer un confinement de la personne âgée dans son logement et une rupture avec l’environnement. Mais surtout, l’insuffisance des adaptations peut entraîner à terme l’impossibilité du maintien à domicile et nécessiter un déménagement ou l’accueil dans une institution d’hébergement. Il faut d’ailleurs relever que le déménagement peut être la seule solution lorsque l’aménagement n’est pas (1) Cf. Oberlin P. et Mouquet M.-C. (2010), « Les fractures du col du fémur », Études et Résultats, DREES, avril.

possible, ou à un coût prohibitif. Par exemple, l’installation d’un ascenseur est souvent impossible dans les immeubles qui en sont dépourvus. Le maintien à domicile en milieu rural peut être également très difficile si l’organisation humaine nécessaire pour pallier l’absence de services de proximité s’avère trop lourde à mettre en place.

La perte d’autonomie entraîne donc parfois des comportements de mobilité très différents de ceux du troisième âge. La mobilité des plus de 75 ans se fait souvent « vers le bas » : elle se traduit par une diminution de la surface habitée, la recherche d’un appartement plutôt que d’une maison, parfois d’une location alors que la personne âgée était propriétaire. Ce processus descendant est parfois qualifié de « downsizing ». Il ne traduit pas forcément une dégradation financière du niveau de vie, mais est plus souvent lié à des situations de veuvage ou à des besoins d’adaptation aux contraintes du grand âge. Dans certains cas, cela peut également traduire le désir de parents d’aider leurs enfants en vendant un grand appartement. La mobilité à cet âge répond souvent à un souhait de se rapprocher du centre-ville pour avoir un meilleur accès à des services sanitaires et équipements urbains, des commerces, des services comme les aides aux tâches ménagères1.

Une transition entre les deux âges difficile à penser et à anticiper

Le changement de rapport à l’espace urbain et à l’habitat se fait le plus souvent lentement et de façon invisible. Il peut cependant connaître des accélérations brutales suite à des situations de crise (accident, perte du conjoint, etc.), qui induisent un passage rapide à un usage restreint de la ville et de l’habitat.

L’adaptation dans l’habitat et l’urbain ou la nécessité de mobilité, du fait de l’isolement, sont en tout cas très rarement anticipées. Les décisions en la matière ne sont pas prises au moment opportun qui aurait permis de retarder le processus de perte d’autonomie.

Afin de mieux appréhender ce passage de la bonne santé au quatrième âge, le rapport Boulmier2 distingue trois âges de la vieillesse : l’âge de la « performance », pour les 60-75 ans, jeunes retraités ; l’âge des « poly-minihandicaps », qui est encore celui de l’autonomie pour les 75-85 ans ; enfin l’âge de la dépendance pour les plus de 85 ans. Cette approche plus fine et qui intègre la progressivité de la perte d’autonomie pourrait contribuer à une meilleure anticipation de celle-ci par les pouvoirs publics et les personnes concernées.

(1) Laferrère A. (2009), « Dépendance et logement », Risques, juin.

(2) Boulmier M. (2009), op. cit.

1.2. Une géographie complexe qui dépend à la fois du vieillissement sur place et des mobilités

La progression de la proportion de personnes âgées est une tendance nationale : selon les projections de l’INSEE, la part des personnes de plus de 65 ans dans la population devrait passer de 16 % en 2000 à 24,9 % en 20301. Cependant, toutes les zones du territoire ne sont pas concernées au même degré. La géographie du vieillissement est complexe, elle dépend à la fois du vieillissement sur place, de la mobilité des personnes âgées et de l’évolution des autres classes d’âge. Ainsi, le Limousin ne bénéficiera que modérément de migrations de personnes âgées de plus de 75 ans (+ 0,6 % entre 2000 et 2030) mais la part de cette classe d’âge va progresser fortement pour faire de cette région la plus « vieille » de France (+ 6,9 %, 18 % en 2030), sous l’effet du vieillissement des populations résidentes et du faible renouvellement des autres classes d’âge.

Il convient ainsi de distinguer selon les régions et les types d’espaces (urbain, périurbain ou rural).

Les dynamiques régionales : solde migratoire très négatif pour l’Île-de-France et tropisme atlantique

La carte du vieillissement fait apparaître trois types de régions :

celles qui vont peu vieillir, du fait d’un fort renouvellement des classes d’âge

plus jeunes ou d’une faible attractivité pour les populations âgées (Île-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Midi-Pyrénées, PACA, Languedoc-Roussillon) ; celles qui vont beaucoup vieillir, avec une forte contribution des migrations

interrégionales (Basse-Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Aquitaine) ; celles qui vont beaucoup vieillir, principalement du fait du vieillissement sur

place et d’un faible renouvellement des classes d’âge plus jeunes (Lorraine, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Auvergne, Limousin).

(1) INSEE (2005), « Les personnes âgées », Insee Références, septembre.

Variation de la part des personnes âgées de plus de 65 ans

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