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L’origine de ces situations : les facteurs de contingence situationnelle

dernières années ?

3.2. L’origine de ces situations : les facteurs de contingence situationnelle

Cette partie va s’attacher à illustrer et à mettre en relation quatre facteurs de contingence – localisation de la source de danger, la simultanéité des évènements, la présence d’effet domino et le moment de survenue de l’évènement - avec le théâtre des opérations.

3.2.1. La localisation de la source de danger et la spatialité de la zone impactée

Pour les phénomènes industriels et intentionnels, la source de danger peut être localisée, soit en milieu ouvert, soit en milieu clos (tunnel, métro). Ces derniers peuvent aggraver la situation initiale, en confinant la source de danger et en augmentant le flux dangereux. Ceci a été le cas pour l’accident du tunnel du Mont Blanc : malgré une mobilisation rapide des pompiers sur le lieu du sinistre, l’intervention a été complexe, du fait de la présence de fumées toxiques dans un milieu confiné. La localisation géographique (milieu urbain, semi- urbain, rural ou montagnard) conditionne à la fois l’ampleur et la gravité des conséquences humaines. Les enjeux en milieu urbain sont concentrés, les densités de population sont plus élevées. Potentiellement la vulnérabilité du territoire est plus forte. Les milieux périlleux perturbent l’intervention des secouristes. Autre constat : la localisation des centres de secours en zones inondables (inondations de 2002) est un paramètre aggravant de l’intervention.

3.2.2. Le moment de survenue de l’évènement déclencheur

L’heure de la catastrophe a également son importance. Dans le cas de Toulouse, l’explosion est intervenue à 10h17, soit quelques heures après le pic de circulation sur la rocade à proximité du site. Les conséquences aux heures de pointe auraient été largement amplifiées. Le même constat est fait dans le cas des inondations de 2002. L’évènement pluvieux ayant débuté un dimanche soir, veille de rentrée scolaire, la quantité d’enjeux a été moindre et des actions d’anticipation ont pu être menées pour le lendemain (fermeture des écoles). A contrario, dans le cas de la canicule de 2003, cet évènement a eu lieu en période de vacances, biaisant ainsi la perception de la crise (« La chaleur ne tue pas, surtout en été ») et diminuant la mobilisation des acteurs puisque certains d’entre eux étaient en vacances.

Le moment de l’évènement déclencheur peut être également mis en relation avec une dynamique internationale des crises et des catastrophes. En effet, de par la mondialisation des échanges informatifs, les situations de crise et de catastrophe sont relayées dans les journaux du monde entier. L’explosion de l’usine AZF ou l’ouragan Rita illustrent l’influence du contexte sur le processus de crise.

Ainsi, c’est dans un climat de peur, du fait des attentats aux Etats-Unis dix jours plus tôt, que survient le 21 septembre 2001 la catastrophe d’AZF, conduisant la population et les services de secours à supposer, dans les premiers instants, que l’explosion était d’origine terroriste. A l’annonce de l’ouragan Rita (à peine un mois après Katrina), les populations et les gestionnaires ont réagi promptement. La leçon avait été retenue.

Le moment de la crise est un élément pouvant aggraver une crise qu’il faut prendre en compte lors de la gestion. Ce paramètre conditionne à la fois l’ampleur des conséquences, les comportements des populations et la réponse apportée par les secours. Cet item peut être mis en relation avec la simultanéité des évènements.

3.2.3. La simultanéité des évènements déclencheurs

La simultanéité des évènements est également un paramètre aggravant de la crise. Elle peut être conçue de deux manières : la concomitance des sources de danger, et la succession temporelle de deux crises.

La concomitance d’évènements similaires est une des caractéristiques de l’hyper terrorisme. Les attentats de Madrid et de Londres (quatre attentats en même temps et dans quatre lieux différents) ou ceux des Etats-Unis (quatre attentats, à quelques minutes ou quelques heures d’intervalle, sur le même territoire national mais sur des espaces de juridiction différents) illustrent cette problématique. La simultanéité influence la réponse opérationnelle, les secours risquant d’être eux même victimes. L’organisation de crise en est par conséquent déstabilisée. De plus, le délai d’intervention sera plus long et les moyens disponibles en quantités plus faibles.

Certaines crises (inondations de 2002 ; tempêtes de 1999 ; inondations de 2005 – Cf. Chapitre I- ) se caractérisent également par une succession de deux phénomènes espacés de quelques jours. Le premier évènement mobilise des secours et le second surprend les gestionnaires (défaut de prévision) et les affaiblit. Lors des inondations de 2005, le second épisode orageux a pris de court les acteurs. Les conséquences n’ont pu être anticipées (deuxième épisode sur un territoire devenu vulnérable suite au premier). La simultanéité d’évènements similaires, espacés de quelques jours, doit être prise en compte pour l’anticipation des conséquences potentielles.

La présence de multiples crises saturent la vision des gestionnaires. L’été 2003 a particulièrement été chargé en évènements multiples : une vague de chaleur sans précédent, une crise sanitaire sans égale, des feux de forêts catastrophiques et une sécheresse importante. L’écran de contrôle devient illisible. De ce fait, les gestionnaires n’ont pas perçu les signaux avertisseurs remontant du terrain.

La simultanéité d’évènements déclencheurs aggrave la crise de par une augmentation de l’ampleur des conséquences et la présence de secouristes parmi les victimes.

3.2.4. La présence d’effet domino ou de sur-accidents

Les attentats du 11 septembre 2001et l’ouragan Katrina, entre autres, permettent d’illustrer ce paramètre de contingence. Dans le cas des attentats du 11 septembre à New York, le premier évènement déclencheur correspond aux crashs des avions dans les deux tours, le sur-accident, anticipé trop tardivement, coïncide avec l’effondrement des deux tours jumelles. Les sur- accidents dans le cas de l’ouragan Katrina et des inondations de 2002, correspondent aux ruptures des digues et aux inondations des villes qui ont suivies. Dans ces deux cas, les sur- accidents ont augmenté les dommages humains et matériels.

Les effets domino et les sur-accidents sont également des facteurs d’aggravation d’une situation initiale.

3.2.5. Les conditions météorologiques

Le fait qu’un évènement survienne lors de conditions météorologiques défavorables est également un critère de contingence situationnelle. Lors des inondations de 2002 ou des tempêtes de 1999, l’évènement déclencheur était lié aux conditions météorologiques négatives. Mais il est à souligner que ces conditions peuvent entraver l’action des secouristes (impossibilité de décollage des hélicoptères – inondations 2002 et tempêtes 1999). Les conditions atmosphériques entraînent des répercussions sur le niveau sanitaire des populations. L’humidité combinée à une forte chaleur accentuent la décomposition rapide des corps (Katrina, 2005) et la prolifération de maladies infectieuses (Katrina, 2005, inondations 2002).

Au-delà de la cinétique et de l’intensité du phénomène, les acteurs de première urgence doivent donc penser leurs actions en fonction des facteurs de contingence situationnelle. Ces paramètres peuvent potentiellement aggraver les conséquences et affecter la réponse opérationnelle, comme l’illustrent les parties suivantes.