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6 Étude de cas

6.4 L’ONG initiatrice du projet de Lai Xà

L’organisation “Youth with a Mission - Mercy Relief and Development Asia” (YWAM) est une organisation internationale non-gouvernementale (ONG) chrétienne. Elle est en opération dans onze pays en Asie, avec une emphase sur la formation en soins de santé, la réhabilitation, l’agriculture, l’environnement, le développement de micro- entreprises et l’alphabétisation. Les projets ont une ampleur régionale et visent les plus démunis.

YWAM est en opération au Vietnam depuis octobre 1997. Les projets au Vietnam ont porté sur le développement rural, l’eau et l’assainissement, le traitement des déchets, les réacteurs à biogaz, la nutrition, des centres d’aide pour enfants, la lutte contre les inondations et l’aide à l’agriculture. Le financement de ces projets est venu de l’ambassade de Nouvelle-Zélande, l’ambassade royale des Pays-Bas, Tear-Fund (Royaume-Uni), Help A Child (Pays-Bas), COM (Suisse), Hanoi International

Women’s Club, Hanoi International Church ainsi que des donateurs individuels. Le

bureau vietnamien de YWAM est situé à Hanoi, il est actuellement dirigé par une Néo-zélandaise et emploie une dizaine d’employés vietnamiens. Le budget annuel est d’environ 200 000$US.

L’approche préconisée par YWAM-MRDA est une approche de développement intégrée. Tous les projets sont conçus et implantés avec une forte participation des bénéficiaires et les projets sont utilisés comme moyens de renforcement des capacités locales. Les projets en environnement ont porté sur l’approvisionnement en eau et en assainissement pour des écoles et cliniques, l’introduction de réacteurs à biogaz et la gestion communautaire des déchets domestiques solides et liquides (VUFO-NGO Resource Centre 2006)24.

YWAM travaille à Lai Xà depuis 2001. Les premières interventions ont consisté en du support au centre de santé local pour des projets d’éducation des mères en santé. Des pilotes de réacteurs biogaz ont ensuite été construits pour démonstration dans vingt ménages qui possédaient des porcs ou des bovins (voir figures 22 et 23).

Figure 22 : Réacteur au biogaz près de l’enclos des animaux. Figure 23 : Cuisine au

biogaz (photos : Julie Beauséjour)

24 Des informations sur les activités de YWAM-MRDA Vietnam et autres ONG peuvent être consultées

au centre d’information sur les ONG internationales présentes au Vietnam, le VUFO-NGO Resource Centre. http://www.ngocentre.org.vn (page visitée le 1er juillet 2008)

6.4.1 La relation des ONG avec les autorités 

Malgré la croissance des problèmes de contamination en milieu rural et périurbain, aucun projet communautaire d’infrastructures de traitement des eaux usées domestiques n’était connu au Vietnam. L’ONG s’est retrouvée devant un manque d’informations à la fois techniques et organisationnelles. Les études disponibles et les projets de l’agence rurale d’eau et d’assainissement abordent encore l’assainissement uniquement par l’accès à des latrines rurales simples (NRWSS, 2005). De plus, les directives de l’agence sur l’assainissement n’étaient pas encore connues et peu de technologies de traitement (à part les fosses septiques individuelles et les nouvelles stations d’épuration hi-tech des grandes villes) n’avaient été testées. Aucun projet n’abordait les inondations ou la contamination des eaux d’irrigation.

Le rapport des ONG avec les autorités locales est assez complexe au Vietnam et la base institutionnelle des projets d’ONG est en constante réforme (Nguyen 2001). Les ONG doivent être enregistrées et autorisées à travailler par le Comité de coordination de l’aide populaire (PACCOM)25 de l’union vietnamienne des organisations d’amitié

(VUFO). Le PACCOM et le Ministère de la planification et de l’investissement doivent aussi approuver chaque projet; les autorités locales ne peuvent pas approuver seules un projet sur leur territoire. Les ONGs internationales ne peuvent pas implanter leur projet directement avec les communautés bénéficiaires, elles doivent trouver des partenaires exécutifs vietnamiens qui peuvent être un Ministère, une organisation de masse, une université ou des autorités locales. La structure administrative qui doit supporter les ONG dans leurs projets est aussi en constante réforme. Les procédures qui pouvaient paraître complexes pour les organisations internationales au Vietnam le sont encore plus lorsqu’elles changent régulièrement (Nguyen 2001).

Une seconde difficulté pour les ONG est la grande dépendance des autorités locales au gouvernement central, ce qui réduit leur marge de manœuvre pour participer aux

25 L’acronyme anglais PACCOM (People’s Aid Coordinating Committee) est le plus utilisé dans la

communauté des ONG internationales au Vietnam. Même chose pour VUFO (Vietnam Union of Friendship Organisations).

opportunités que sont les projets d’ONG. Un projet à l’échelle d’un village comme Lai Xà doit recevoir le support et la contribution du comité populaire de la commune. Cependant, le comité populaire de la commune n’a pas juridiction sur les budgets d’infrastructures comme le drainage ou l’approvisionnement en eau (ni les budgets d’éducation ou de soins de santé d’ailleurs). Ces budgets sont accordés par le Département provincial de l’agriculture et du développement rural selon les politiques et programmes du gouvernement central. Le comité populaire de la commune agit comme organe exécutif lorsque les budgets sont accordés par le gouvernement. Cette dépendance au gouvernement central limite la participation financière des autorités locales si le projet ne cadre pas avec les priorités et programmes du gouvernement. Lors de la planification du projet environnemental de Lai Xà, le président du village et le comité populaire étaient très intéressés à recevoir le projet de YWAM, mais des budgets importants n’étaient pas disponibles pour la construction d’infrastructures : le projet de l’ONG n’entrait dans aucun programme actuel du gouvernement ou de l’agence rurale de l’eau et de l’assainissement.

À l’instar de plusieurs ONG, la politique de YWAM est de ne contribuer qu’à une partie des coûts des projets pour faire contribuer financièrement la communauté bénéficiaire. Son expérience (ainsi que celle d’autres ONG) lui a démontré qu’une contribution financière locale est nécessaire pour obtenir un haut niveau de participation de la communauté au projet, de même que pour assurer une certaine durabilité et maintenance des acquis à la suite du projet. La politique de YWAM est de contribuer à 50% aux coûts des projets. 50% des coûts doivent donc être défrayés par le partenaire local et la communauté.

Le gouvernement vietnamien s’implique peu financièrement dans les petits projets pilotes des ONG. Il supporte les ONG dans l’organisation des projets, mais contribue peu financièrement. C’est pourquoi les ONG internationales sont souvent qualifiées d’« investisseurs » au Vietnam. Par la suite, si les expériences sont concluantes et que le secteur devient une priorité, le gouvernement formulera son propre programme à plus grande échelle. Plusieurs exemples de programmes du gouvernement vietnamien ont pris exemple sur des projets démarrés par des ONG internationales. L’étude rétrospective de 10 ans de travail des ONG internationales

au Vietnam de Nguyen (2001) mentionne que plusieurs programmes gouvernementaux ont été créés d’après les résultats de projets d’ONG internationaux. D’après elle, il est difficile de lier directement les nouveaux programmes avec les efforts des ONG, mais plusieurs programmes gouvernementaux récents de microcrédit, des coopératives de travail et plusieurs programmes d’intégration des enfants handicapés utilisent les mêmes modèles que les ONG.

À Lai Xà, le comité populaire de la commune était très intéressé par le projet environnemental. Pour sa participation au projet, le comité a demandé un budget spécial au gouvernement provincial, au Département d’agriculture de la province et à l’agence rurale de l’eau et de l’assainissement. Ces départements se sont montrés intéressés à suivre le projet mais aucun budget n’a été accordé pour ce projet spécial.

Il a donc été convenu, entre le comité populaire de la commune et l’ONG, de débuter par un projet de plus petite envergure et moins coûteux, pour lequel les autorités de la commune pouvaient amasser les fonds nécessaires à l’intérieur de leurs budgets internes. Le projet sur les déchets solides nécessitait moins d’infrastructures coûteuses.