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L'INSTITUT SUPERIEUR DE CULTURE OUVRIERE (I.S.C.O.)

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EN MATIERE D'EDUCATION PERMANENTE

A. L'INSTITUT SUPERIEUR DE CULTURE OUVRIERE (I.S.C.O.)

1. Historique.

L'I.S.C.O. a célébré son dixième anniversaire en 1972. Il s'agit d'une émanation du Centre d'information et d'Education populaire du Mouvement ouvrier chrétien (M.O.C.) et du fruit d'une collaboration du M.O.C. et de professeurs et chercheurs de l'Université Catholique de Louvain au sein de la Fondation Travail-Université.

Au niveau de la partie francophone du pays, fonctionne le Conseil Général de 1'I.S.C.O. (C.G.I.). Il donne les directives générales aux régions, après les avoir consultées.

Au niveau des régions où existe un centre de formation fonc­ tionne un Conseil régional de 1'I.S.C.O. (C.R.I.), qui est, en

fait, le véritable pouvoir organisateur. C'est lui notamment qui décide de la désignation des professeurs. .

2. Objectifs.

Les cours ne sont pas uniquement réservés à des militants syndicaux chrétiens. En fait, 1'I.S.C.O. essaie de concilier les deux types de promotion, la promotion sociale individuelle et la promotion collective axée sur la lutte pour la transformation des structures économiques et sociales et la recherche du progrès social. Le but initial était de former valablement des militants

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syndicaux, mais la formation donnée a actuellement comme second objectif de permettre à certains de se reconvertir et d'amélio­ rer leur situation sociale. Emile CREUTZ, Directeur du Centre d'information et d'Education populaire du M.O.C. pense qu'il est possible de poursuivre simultanément les deux finalités. Il est conscient du fait qu'un nombre relativement important de person­ nes ayant déjà une formation intellectuelle (des enseignants, par exemple) pourraient, comme en Grande-Bretagne à 1' "Open Universi ty", constituer la population la plus importante de l'I.S.C.O., les ouvriers devenant minoritaires. La démocratisation réelle ne serait alors qu'un leurre. Emile Creutz pense que les relations au sein de l'I.S.C.O. entre les travailleurs manuels et les tra­ vailleurs intellectuels ne peuvent qu'être bénéfiques à chacune des parties. Toutefois, il n'est pas exclu à l'avenir de limiter le nombre des admissions des travailleurs intellectuels, afin de ne pas détourner l'Institut de sa vocation première. Cette ques­ tion des objectifs est importante car elle conditionne le conte­ nu des programmes, des méthodes ainsi que l'évaluation et la remi se de diplômes.

3. Structure et programmes.

La formation s'étend sur quatre années. Les cours se donnent le samedi, du début septembre à la mi-juin. Il y a un samedi de congé par mois en moyenne. Il faut avoir atteint l'âge de 20 ans. Il n'y a pas de limite d'âge vers le haut. Les cours se donnent dans des centres régionaux dont voici la liste : Arlon, Argen- teuil, Bruxelles, Charleroi, Couvin, Huy, Jemelle, La Louvière, Liège, Mons, Namur, Ovifat, Perwez, Tournai, Tubize, Verviers. Les étudiants qui terminent l'I.S.C.O. reçoivent un diplôme con­ tresigné par les Facultés N.D. de la Paix à Namur. S'ils ont obte nu un grade, ils peuvent continuer leurs études à l'Université Catholique de Louvain en licence en sciences sociales du travail, en sciences sociales, en sciences politiques, en sociologie ou en communications sociales.

Grillé-programme (1).

1ère année 2ème année 3ème année 4ème année

Cours Economie : 54 h. Economie : 50 h. Economie : 50 h. Démographie : 28 h. 1 Sociologie: 28 h. Sociologie ; 20 h. Sociologie : 24 h. Psychologie sociale : 24 h. Histoire : 30 h. Art : 18 h. Histoire : 22 h. Art : 14 h. Histoire : 18 h. Philosophie : 18 h. Initiation musicale : 12 h. Initiation mathémati­ que : 20 h. Droit social 18 h. Initiation politique : 20 h. Droit social 20 h. Sciences et techniques : 10 h. Philosophie 2 2 h. Droit social 24 h.

Méthodologie Méthode et Méthode et Méthode et Travaux

pra-Pédagogie exprès s ion expression expression tique s ;

Conseil élargi de classe (C.E.C.) 30 h. 24 h. 20 h. (prépara­ tion mémoire de fin d' études) mémoire de fin d'études 30 h, Cours à option i -12 h. 20 h. Séminaire d ' économie ou de socio­ logie ( diverses options) 40 h. Total 180 h. 180 h. 180 h. 180 h.

(1) Centre d'information et d'Education populaire du M.O.C., I.S.C.O. 1962-1972, p. 58.

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Le cours de méthode et d'expression a comme but d'aider le groupe à exprimer et à expliciter ses besoins, à évaluer sa propre évolution comme groupe et à prendre conscience de ses comportements. Il doit aussi constituer une aide pour les sous- groupes dont nous parlerons plus loin. En troisième et quatrième années, ce cours vise surtout à préparer efficacement le mémoire de fin d'études.

4. Méthodes et évaluation.

1) Dans les différents centres, les étudiants se répartissent en sous-groupes de travail. Ces sous-groupes sont responsables de chacun des membres qui le composent. Ils se réunissent à leur convenance, une fois par semaine pour s'entraider et réaliser les travaux demandés. Des contrôles périodiques ont lieu régu­ lièrement, afin de procéder à une évaluation continue. Il y a des contrôles individuels et des contrôles du sous-groupe dans son ensemble. Un membre défaillant est soutenu par ses parte­ naires au sein du groupe. En quatrième année, l'évaluation principale porte sur le mémoire de fin d'études.

2) Chaque classe est assistée par un animateur. Çelui-ci travaille le jour où les cours se donnent ainsi que les soirées de la semaine quand les sous-groupes se réunissent.

3) Des professeurs spécialistes donnent les cours et contrôlent la formation dans le cadre du conseil élargi de classe (C.E.C.). Ce conseil élargi de classe se réunit à intervalles réguliers pour évaluer les résultats atteints dans le déroulement du pro­ cessus de formation. Ce conseil est composé des professeurs et responsables de l'I.S.C.O., de l'animateur et des étudiants. 4) Les responsables de l'I.S.C.O. essaient de promouvoir au maxi­

mum l'autogestion pour toutes les activités (cours, réunions, évaluation). Cette procédure d'autogestion est loin d'être par­ faite pour l'instant. Les difficultés apparaissent surtout au moment de la prise de décisions importantes : constat d'échec,

5. Les étudiants de l'I.S.C.O.

Les responsables de l'I.S.C.O. ont organisé une vaste enquête destinée à donner une photographie aussi complète que possible de tous les étudiants. Cette enquête a été réalisée entre le mois de décembre 1971 et le mois de février 1972.

Les pourcentages de réponses ont été les suivants : 65 % par rapport au nombre d'étudiants inscrits au début de l'année 1971- 1972 (371 réponses sur 571 inscrits) et 82,8 % par rapport au nombre d'examens passés en fin d'année académique (371 réponses sur 448 examens).

Nous reprenons quelques données intéressantes extraites de cette enquête.

La connaissance de l'origine sociale des étudiants peut être utile. Il apparaît que plus de la moitié des enquêtés ont un père qui est ouvrier, qualifié ou non, ou employé subalterne (1).

D'autre part, la grande majorité des mères des étudiants de l'I.S.C.O. (76 %) appartiennent encore à des milieux où la femme reste au foyer. Parmi celles qui travaillent, rares sont les tra­ vailleuses intellectuelles (2).

En ce qui concerne le niveau d'études atteint par les pères des étudiants de l'I.S.C.O. (3), on constate que 40 % des pères des sujets enquêtés n'ont pas dépassé le stade des études primai­ res et que 7 % seulement ont accompli des études supérieures, univer­ sitaires ou non. Le pourcentage des "sans réponse" est particuliè­ rement élevé. S'agit-il d'une ignorance ou d'une réaction affec­ tive consistant à ne pas oser révéler un niveau particulièrement faible ? Si la deuxième hypothèse est la plus courante, l'origine modeste des étudiants serait en réalité encore plus importante qu'il n'y paraît à première vue.

(1) D. JEANMOTTE et S. POLLET, Op. cit., annexe, p. 9. (2) Ibidem, p. 10.

168.

Qu'en est-il du niveau d'études atteint par les mères des étudiants ? Les chiffres sont encore plus éloquents en ce qui concerne les études accomplies par les mères, que ceux relatifs aux études des pères (1). Plus de 50 % des mères n'ont pas dépas­ sé le stade des primaires. Le pourcentage des "sans réponse" est très élevé ; 23,2 %. Une seule mère sur un total de 371 personnes a accompli des études universitaires.

L'origine modeste de la majorité des étudiants ayant parti­ cipé à l'enquête est donc bien évidente.

Une autre caractéristique importante est la situation per­ sonnelle des étudiants de l'I.S.C.O. en matière de niveau pro­ fessionnel.

Le tableau suivant donne des renseignements à ce sujet. Professions des étudiants à l'entrée de l'I.S.C.O. (1).

Chiffres absolus

%

Sans réponse 22 5,9

Sans profession, ménagères 8 2,2 Niveaux supérieurs I.N.S. 21 5,7 Instituteurs, régents, professeurs

d'enseignement moyen, assistants sociaux

27 7,3

Agents ou employés qualifiés, cadres moyens

100 27,0

Commerçants, hommes de métier employant moins de 5 personnes

2 0,5

Ouvriers qualifiés, contremaîtres 61 16,4 Agents ou employés subalternes 93 25,1 Ouvriers non qualifiés 35 9,4

Agriculteurs 2 0,5

371 100,0

On constate que les "ouvriers non qualifiés" ne constituent que 9,4 % de la population de l'I.S.C.O. et le groupe des "sans profession, ménagères" 2,2 %. Par contre, le groupe des "agents ou employés qualifiés, cadres moyens" obtient le pourcentage le plus élevé 27 %, les enseignants non universitaires et assistants sociaux atteignent 7,3 %. Les employés subalternes et les ouvriers

170.-qualifiés obtiennent des scores importants. Il semble donc qu'il y ait des difficultés à attirer les plus défavorisés sur le plan de l'emploi.

Bien que cela ne soit pas notre propos, la comparaison des niveaux professionnels des étudiants avec ceux des pères (1) montre un effondrement des pourcentages relatifs aux catégories des ouvriers qualifiés ou non, et des agriculteurs et une hausse des catégories des cadres moyens et même employés subalternes. Nous nous trouvons vraisemblablement devant un phénomène de mo­ bilité sociale, mue par l'attrait des "cols blancs".

En ce qui concerne la situation personnelle des étudiants, le critère du diplôme le plus élevé obtenu avant l'entrée à

l'I.S.C.O., nous a paru également très important. Le tableau sui­ vant nous renseigne à ce sujet.

Enseignement dans lequel l'étudiant a acquis le diplôme le plus élevé qu'il possède (2).

Chiffres absolus

%

Sans réponse 9 2,4

Primaire 40 10,8

Professionnel (métiers traditionnels) 10 2,7 Professionnel (métiers modernes) 15 4,0 Professionnel (métiers traditionnelle­

ment féminins)

14 3,8

Cycle technique court (métiers tradi­ tionnels)

5 1,3

Cycle technique court (métiers moder­ nes)

45 12,1

Cycle technique court (métiers de pointe)

9 2,5

Cycle technique court (métiers tradi­ tionnellement féminins)

8 2,1

(1) D. JEANMOTTE et S. FOLLET, Op. cit., annexe, p. 9. (2) Ibidem, p. 23.

Enseignement dans lequel l'étudiant a acquis le diplôme le plus élevé qu'il possède (suite)

Chiffres absolus

%

Cycle technique court (métiers artis­ tiques)

1 0,3

Cycle technique long (métiers tradi­ tionnels)

1 0,3

Cycle technique long (métiers moder­ nes)

57 15,4

Cycle technique long (métiers de pointe)

10 2,7

Cycle technique long (métiers artis­ tiques)

1 0,3

Cycle technique long (métiers tradi­ tionnellement féminins)

8 2,2

Secondaire inférieur, moyen 45 12,1 Humanités anciennes (latin-grec),

latin-mathématiques, latin-sciences

16 4,3

Humanités modernes ou scientifiques 8 2,2 Humanités économiques 5 1,3 Normal ou instituteur 13 3,5 Supérieur non universitaire court

(régents, régents techniques)

7 1,9

Supérieur non universitaire court 12 3,2 (régents classiques)

Supérieur non universitaire coürt (para-médicaux, éducateurs, assis­ tants sociaux)

8 2,2

Supérieur non universitaire (ingé­ nieurs techniciens, commerciaux)

3 0,8

Supérieur universitaire et assimilé 20 5,4

172.-L'analyse des chiffres montre que 57,8 % des étudiants ont obtenu des diplômes d'un niveau plus élevé que celui des cycles techniques courts. D'autre part, 21,3 % seulement des étudiants del'I.S.C.O. n'ont pas dépassé le stade des études profession­ nelles, parmi lesquels 10,8 % se sont limités aux études pri­ maires.

Si l'I.S.C.O. constitue une tentative appréciable pour per­ mettre aux personnes culturellement défavorisées de poursuivre une formation, il apparaît, tout comme pour les niveaux profes­ sionnels, qu'il s'avère difficile de faire participer les plus démunis.

La situation personnelle des étudiants de l'I.S.C.O. peut être influencée par la profession exercée par leur conjoint éventuel.

Profession exercée par les conjoints ou conjointes des étudiant(e)s (1).

Chiffres absolus

%

Niveau supérieur I.N.S. 17 13,9 Instituteurs, régents, ... 21 17,2 Agents ou employés qualifiés 27 22,1 Commerçants, hommes de métier employant

moins de 5 personnes

5 4,1

Ouvriers qualifiés, contremaîtres 12 9,8 Agents ou employés subalternes 29 23,8 Ouvriers non qualifiés 10 8,2

Agriculteurs 1 0,8

122 100,0

Nous constatons que parmi les conjoints ou conjointes qui travaillent, le pourcentage d'ouvriers n'est pas très élevé. Par contre, plus de 50 % atteignent un niveau de qualification assez élevé. Nous avions fait la même constatation en ce qui concerne les étudiants eux-mêmes.

Nous possédons également des renseignements sur le diplôme le plus élevé obtenu par les conjoint(e)s des étudiant(e)s.

Niveau du diplôme maximum des conjoint(e)s des étudiant(e)s marié(e)s (1).

Chiffres absolus

%

Sans réponse 3 1,5

Pas d'études ou études primaires in­ complètes

5 2,6

Primaires 29 15,0

Etudes professionnelles 30 15,5 Etudes techniques secondaires infé­

rieures

23 11,9

Etudes techniques secondaires supé­ rieures

23 11,9

Etudes moyennes générales 19 9,8

Humanités 28 14,5

Supérieur non universitaire 16 8,3 Supérieur universitaire 17 8,8

193 100,0

174.-PariTii les conjoint (e) s des étudiant (e) s marié (e) s, plus de 50 % ont obtenu au moins un diplôme d'études techniques secon­ daires supérieures. Ce pourcentage important relatif à un niveau d'études déjà élevé correspond au pourcentage mis en évidence dans le domaine des professions exercées par les conjoint(e)s (1).

Quelles conclusions pouvons-nous tirer de toutes les données recueillies jusqu'ici à propos des étudiants de l'I.S.C.O. ?

La majorité d'entre eux semblent d'origine modeste. Cepen­ dant, leur situation personnelle (niveau professionnel et niveau d'études de leur conjoint éventuel) s'avère meilleure que celle de leurs parents. Si les étudiants atteignant un niveau supérieur en matière d'études et de fonctions sont peu nombreux, la plupart d'entre eux n'appartiennent cependant pas au monde des ouvriers.

En ce qui concerne le sexe des étudiants de l'I.S.C.O., le tableau suivant nous montre que le pourcentage d'étudiantes est relativement important sans toutefois égaler celui des étudiants.

Répartition des étudiants de l'iLs.C.O. selon le sexe (2).

Chiffres % absolus Sexe masculin 240 64,7 Sexe féminin 131 35,3 371 100,0 (1) Supra, p. 173.

Quant à l'âge des étudiants, la répartition est la sui­ vante (1) .

Année de naissance des enquêtés.

Chiffres absolus % Etudiants nés avant 1932 97 26,1 Etudiants nés entre 1932 et 1941 102 27,6 Etudiants nés entre 1942 et 1946 85 22,9 Etudiants nés après 1946 87 23,4 371 100,0

L'enquête a eu lieu entre décembre 1971 et février 1972. On constate que le pourcentage le plus important d'étudiants se situent entre 30 et 40 ans. Toutefois, les autres groupes d'âges sont bien représentés. Plus du quart des étudiants recen­ sés ont plus de 40 ans. Malheureusement, nous ne savons rien de plus sur la répartition à l'intérieur de ce groupe d'âge. Les moins de 25 ans atteignent quant à eux près du quart de l'effec­ tif recensé. Nous savons d'autre part qu'il faut avoir 20 ans pour pouvoir être admis à l'I.S.C.O.. Nous disposons donc de plus de précision pour les "juniors" que pour les "seniors".

On se doit dé reconnaître que l'I.S.C.O. s'adresse à un public varié quant à l'âge et que le nombre de personnes enga­ gées de longue date dans la vie professionnelle est important. Le tableau de la page suivante le prouve.

176

Nombre d'années de travail de l'étudiant (1) .

Chiffres absolus

%

Sans réponse 14 3,8

Une année et moins 33 8,9 Deux et trois ans 31 8,4 Quatre ou cinq ans 45 12,1

Six et sept ans 34 9,2

Huit et neuf ans 22 5,9 Dix à quinze ans 76 20,5 Plus de quinze ans 110 29,6 N'a jamais travaillé 6 1,6

371 100,0

L'état civil des étudiants est mis en évidence dans le tableau suivant, extrait du même ouvrage de référence.

Etat civil des enquêtés (2).

Chiffres absolus % Mariés 193 52,0 Célibataires 146 39,4 Divorcés 4 1,1 Veufs 5 1,3 Religieux 23 6,2 371 100,0

(1) D. JEANMOTTE et S. FOLLET, Op. cit., annexe, p. 29. (2) Ibidem, p. 5.

La majorité des étudiants ont des responsabilités familiales. Le nombre des célibataires reste important. Le pourcentage des religieux peut s'expliquer par le fait que le pouvoir organisa­ teur de l'I.S.C.O. est d'obédience chrétienne. Plus de 50 % des étudiants n'ont toutefois pas d'enfant. Cela constitue un atout dans la poursuite d'études lorsqu'on travaille.

Le tableau suivant nous éclaire à ce sujet. N'oublions pas que les pourcentages cumulés des célibataires et des religieux atteignent 45,6 %.

Nombre d'enfants des enquêtés (1).

Chiffres absolus % Sans réponse 6 1,6 Sans enfant 198 53,6 Un enfant 45 12,1 Deux enfants 54 14,6 Trois enfants 48 12,9 Quatre enfants 12 3,2 Cinq-six enfants 5 1,3

Sept enfants et plus 3 0,8

371 100,0

Nous avons vu (2) que la réussite des études à l'I.S.C.O. avec l'obtention d'un grade permettait aux étudiants de suivre des cours en licence à l'Université Catholique de Louvain. Au cours de l'enquête, on a demandé aux étudiants quelle était leur évaluation quant à leur entrée à l'université.

(1) D. JEANMOTTE et S. FOLLET, Op. cit., (2) Supra, p. 164.

178.-Evaluation des étudiants quant à leur entrée à 1*université

(1) .

Chiffres absolus

%

0. Sans réponse 10 2,7

1. Ne pensent pas entrer à l'univer­ sité

154 41,5

2. Pensent peut-être y entrer 62 16,7 3. Pensent y entrer sans donner la

raison

25 6,8

4. Pensent y entrer pour des motifs de formation personnelle

63 17,0

5. Pensent y entrer pour acquérir une plus grande capacité d'analyse politique

16 4,3

6. Pensent y entrer pour être en posi­ tion de lutte plus efficace pour les travailleurs

18 4,9

7. Pensent y entrer pour acquérir un diplôme plus élevé dans la hiérar­ chie des diplômes

11 3,0

8. Pensent y entrer pour pouvoir acquérir une autre profession ou améliorer leur position profes­ sionnelle

12 3,2

371 100,0

On constate que près de la moitié des étudiants estiment n'avoir que peu de chance d'aller à l'université. Parmi ceux qui pensent pouvoir y aller, on retrouve les deux objectifs de

l'I.S.C.O. dans les raisons invoquées pour la poursuite des étu­ des. 32,4 % des sujets interrogés pensent aller à l'université et en donnent la raison. 23,2 % (rubriques 4, 7, 8) semblent

poursuivre des buts de développement ou de promotion personnels, tandis que 9,2 % (rubriques 5 et 6) paraissent plus orientés vers l'action politique et sociale au service des autres. Or, n'oublions pas que si l'I.S.C.O. admet volontiers le désir de promotion individuelle, le but essentiel des fondateurs était surtout axé sur le développement de la capacité de lutte sur les plans politique, économique et social. Cet objectif s'avère

minoritaire dans le chef des étudiants.

Que pouvons-nous conclure en ce qui concerne le public de l'I.S.C.O. ?

La majorité des étudiants de l'Institut supérieur de Culture ouvrière sont d'origine modeste. Cependant, leur situation per­

sonnelle s'avère meilleure que celle de leurs parents. La plupart des étudiants de l'I.S.C.O. n'appartiennent pas aux classes so­ ciales les plus favorisées, mais on ne compte parmi eux que 9,4 % d'ouvriers non qualifiés et 16,4 % d'ouvriers qualifiés. Quand on compare ces données à celles relatives à la situation sociale des parents, on voit qu'il y a une mobilité d'une part, vers les professions du type employés subalternes et vers la catégorie des cadres moyens et des enseignants. Si l'institution porte le nom d'institut supérieur de Culture ouvrière, les

ouvriers ne constituent encore qu'une minorité parmi la popula­ tion.

En ce qui concerne la promotion de la femme, le score atteint par l'I.S.C.O. quant au pourcentage d'étudiantes est assez élevé (35,3 %), même si on est encore loin de l'égalité en la matière.

La répartition par âges et les données relatives au nombre d'années de travail des étudiants indiquent que nous n'avons pas affaire à de jeunes étudiants n'exerçant aucune responsabilité, mais à des personnes largement engagées dans la vie profession­ nelle. Il s'agit donc bien de travailleurs-étudiants. La majorité

180

d'entre eux sont mariés (52 %), mais 53,6 % de l'effectif total n'ont pas d'enfant, ce qui facilite la poursuite d'études.

L'optimisme ne semble pas régner en ce qui concerne la con­ tinuation des études à l'université. Plus de 40 % n'envisagent pas d'y aller. Parmi ceux qui sont plus optimistes et qui indi­ quent les motifs de leur choix, seule une minorité (9,2 % de l'ensemble) poursuit un objectif d'engagement politique et social, alors qu'il s'agit du premier but de l'I.S.C.O.. Les autres semblent plus sensibles à des objectifs de promotion et de développement personnels.

6. Analyse critique.

Nous opérerons cette analyse en fonction des deux critères que nous avons dégagés, à savoir ; l'ouverture temporelle et l'ouverture spatiale.

L'ouverture temporelle n'existe pas à l'I.S.C.O.. Il n'y a pas une politique systématique de crédits visant à permettre à chacun de progresser suivant son rythme personnel et ses possi­ bilités matérielles ou autres. Les cours sont groupés par années et sont à suivre en bloc pour chaque année donnée.

L'ouverture spatiale nous semble aussi inexistante. Certes, les étudiants sont engagés dans la vie professionnelle, mais ils pourraient ne pas l'être puisqu'il suffit d'avoir vingt ans pour être admis à l'I.S.C.O.. D'autre part, il n'y a pas de liai­ son systématique entre la théorie et la pratique. L'I.S.C.O. ne comprend qu'une seule section essentiellement orientée vers la formation politique, économique et sociale, alors que les pro­ fessions exercées par les étudiants constituent un ensemble très hétérogène.

L'I.S.C.O., dans sa forme actuelle, nous apparaît par con­ séquent plus comme une école supérieure à horaire réduit que comme une candidature constituant un premier jalon vers une

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