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Organisation des cours

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EN MATIERE D'EDUCATION PERMANENTE

B. LA FACULTE OUVERTE DE POLITIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE (F.O.P.E.S.)

3. Organisation des cours

Comme nous l'avons mentionné, la F.O.P.E.S. a mis sur pied un cycle de formation en politique économique et sociale cor­ respondant au niveau scientifique d'une licence universitaire.

Cette formation n'est donc accessible qu'à des personnes qui ont déjà acquis une formation supérieure dans ce domaine, soit par la voie traditionnelle, soit par une filière parallèle du type I.S.C.O.. Cela signifie que les promoteurs de la F.O.P.E.S. désirent que leur institution constitue une ouverture de l'uni­ versité à une population qui n'y a traditionnellement pas accès, notamment ce qu'on appelle communément "le monde du travail".

La formation dure deux ans. Les activités de chaque année se répartissent comme suit :

- une journée de travail consacrée aux séquences de formation pendant trente-six samedis par an;

- une session d'été d'une durée d'une semaine; - une réunion hebdomadaire en sous-groupes.

4. Programme.

Le programme de formation est composé de deux parties com­ plémentaires, à savoir : une séquence commune et une séquence spécialisée. Chaque séquence est subdivisée en thèmes d'étude de dix-huit heures de cours chacun.

La séquence commune a pour objectif de donner la possibilité aux étudiants d'analyser notre société et d'élaborer des schémas relatifs à la construction d'une nouvelle société. On y aborde, par exemple, les thèmes suivants : le changement économique et social, la croissance économique, l'analyse comparative et les modèles d'organisation.

La F.O.P.E.S. offre ensuite le choix entre deux séquences spécialisées : les problèmes monétaires et financiers et les problèmes de l'entreprise.

A l'issue de leur formation, les étudiants doivent pré­ senter un mémoire, qui doit constituer une alternative à un problème concret abordé au cours des études.

5. Encadrement, méthodologie, évaluation. a. Encadrement.

Les étudiants de la F.O.P.E.S. sont répartis en groupes de vingt-cinq unités environ. Chaque groupe est aidé par un anima­ teur dont le rôle consiste à amener les étudiants à prendre cons­ cience de leurs besoins en matière de formation, à les préciser et à les formuler. Il veille aussi à l'harmonisation des rap­ ports entre les différents sous-groupes au sein du groupe régio­ nal .

Les formateurs sont en général des enseignants travaillant dans l'enseignement universitaire, notamment à l'Université Catholique de Louvain. Il s'agit d'un corps enseignant relative­ ment jeune ; la moyenne d'âge est de 36 ans.

Le doctorat n'est pas exigé de manière stricte pour devenir enseignant à la F.0.P.E.S., mais 60 % des membres du personnel enseignant détiennent ce titre. Cela permet de ne pas courir le risque de voir la F.O.P.E.S. être considérée comme un parent pauvre, qui dispense un enseignement "dévalué" au sein de l'U.C.L..

La presque totalité des professeurs ont obtenu leur(s) titre(s) à l'Université Catholique de Louvain, ce qui corres­ pond bien à la politique générale suivie en Belgique en matière de désignation. N'oublions pas que la F.O.P.E.S. fait partie de l'U.C.L..

186.-Pour notre part, nous pensons qu'à moyen terme, cette situa­ tion pourrait soulever des problèmes. Les responsables du M.O.C. se sont prononcés, à maintes reprises, pour la création d'une université ouverte pluraliste en Wallonie (1). Etant donné le recrutement actuel des enseignants de la F.O.P.E.S., celle-ci aurait des difficultés à être intégrée dans une institution plu­ raliste .

b. Méthodologie.

Les principes méthodologiques en vigueur sont les suivants : cheminement du concret vers l'abstrait, approche pluridiscipli­ naire des problèmes.

Prenons un exemple pour mieux situer la méthodologie employée la séquence de formation portant sur les politiques de l'entre­ prise.

Première phase.

On procède à l'analyse concrète des politiques mises en oeuvre dans une entreprise déterminée. Cette analyse est pluri­ disciplinaire car elle se fonde sur des sources d'informations diverses, comme l'aspect sociologique, l'aspect historique, les données juridiques, l'approche psychologique, les problèmes d'or­ dre technologique, ce qui relève de la comptabilité, l'analyse économique.

Deuxième phase.

A ce niveau, on situe cette entreprise dans son environne­ ment socio-économique, le système capitaliste et on étend la situation aux problèmes de l'entreprise dans un système socia­ liste, voire dans le tiers-monde.

Troisième phase.

L'étude des théories socio-économiques qui sont à la base des différents types de fonctionnement des entreprises.

Quatrième phase.

Il s'agit ici d'opérer une critique rigoureuse des diffé­ rents aspects de l'analyse effectuée au cours des trois ni­ veaux précédents. On essaye de mettre en évidence les points faibles, tant au niveau du fonctionnement concret, qu'au niveau des théories étudiées. Cette quatrième phase est très importante car elle prépare le dernier degré de l'étude, à savoir : l'élaboration d'alternatives.

Cinquième phase.

En ce qui concerne un domaine précis de la vie de l'entre­ prise, les étudiants doivent proposer de manière concrète, c'est à-dire en tenant compte des contraintes existantes, une ou des alternatives par rapport au fonctionnement en vigueur.

On constate donc que les théories sont étudiées de manière productive : on part de réalités concrètes, on analyse ensuite les aspects théoriques en rapport avec ces réalités. Enfin, on revient à la situation initiale pour essayer de formuler des propositions destinées à l'améliorer.

Comme nous l'avons déjà souligné, le mémoire de fin d'étu­ des consiste aussi en la présentation d'une alternative à une situation économique et sociale étudiée.

Le jury se compose pour moitié de personnes proposées par la Faculté et pour moitié de personnes proposées par les étu­ diants, à l'exclusion des étudiants eux-mêmes. Il doit s'agir de personnes offrant toutes les garanties scientifiques de sé­ rieux professionnel.

Le jury est nommé par le recteur.

A la fin de la première année, le jury examine l'activité de chaque groupe sur la base des documents disponibles. Il en­ tend l'animateur et les professeurs.

188.-Au cours de la deuxième année, le même jury contrôle les connaissances des étudiants, la qualité des recherches qu'ils mènent. A la fin de cette deuxième année, le jury se prononce sur l'acquis en matière de connaissances ainsi que sur la va­ leur des mémoires. Un complément de formation, voire de recher­ che peut éventuellement être exigé de certains étudiants.

Pour fonder son jugement, le jury dispose des éléments suivants :

1) les tests individuels effectués régulièrement par les pro­ fesseurs ;

2) les travaux de groupes demandés aux étudiants;

3) le dossier pédagogique où, outre les documents cités ci-dessus, sont repris tous les renseignements disponibles, relatifs aux étudiants, susceptibles de favoriser une évaluation plus

objective.

Un jugement final favorable donne droit à l'obtention d'un diplôme de licencié.

6. Les étudiants de la F.O.P.E.S..

La F.O.P.E.S. étant le résultat d'un effort de démocratisa­ tion au niveau de l'enseignement universitaire, effort destiné à permettre la promotion sociale collective et la promotion sociale individuelle, l'étude de la population étudiante pré­ sente un intérêt évident.

a. Le tableau de la page suivante nous donne des renseignements intéressants sur l'âge, le sexe, l'état civil et le nombre d'enfants

des étudiants (1).

(1) P. JACOBS, Quel est le public étudiant de la F.O.P.E.S. ? p. 2.

Age - 25 ans 5,8 25-30 ans 19,8 30-35 ans 21,5 + 35 ans 52,9 Sexe masculin 80,2 féminin 19,8

Etat civil célibataire 24,0

marié 76,0

Nombre d'enfants 0 36,8

1-2 34,3

3-4 21,1

+ 4 7,8

On constate que plus de 74 % des étudiants ont 30 ans ou plus. D'autre part, 76 % des étudiants sont mariés et 63 % de l'ensemble ont des charges familiales. On se trouve donc bien en présence d'adultes largement engagés dans la vie. Les chif­ fres relatifs au sexe des étudiants prouvent, si besoin en est, que les femmes restent défavorisées dans le domaine de la forma­ tion supérieure.

b. La composition sociale des étudiants de la F.O.P.E.S. est également très intéressante. En effet, elle doit nous per­ mettre de juger si l'expérience de la F.O.P.E.S. permet effec­ tivement à des personnes appartenant aux catégories sociales défavorisées, de poursuivre une formation universitaire.

190

Le tableau suivant nous renseigne sur la profession des étudiants à l'entrée de la F.O.P.E.S. (1).

Profession des étudiants à l'entrée à la F.O.P.E.S. (%) .

- Ouvriers ou ouvriers qualifiés 4,0

- Employés dont : 53,0

- permanents syndicaux

- permanents dans une organisation sociale (mutuelle, coopérative, ...)

(16,0) (10,0)

- Cadres moyens (majorité de techniciens) 5,0

- Enseignants non-universitaires 11,0

- Cadres supérieurs (niveau universitaire ou assimilé)

12,0

- Socio-culturels (prêtres, animateurs, ...) 4,0

- Sans

-La grande majorité des étudiants sont engagés dans la vie professionnelle. Les 4 % mentionnés "sans profession" sont, pour la plupart, des mères de famille. On constate qu'en fait, très peu d'ouvriers font partie du public de la F.O.P.E.S.. Nous avions déjà fait des constatations semblables en ce qui concerne les étudiants de l'I.S.C.O. et ceux de 1' "Open Uni- versity" britannique.

Si la profession des étudiants eux-mêmes est un critère intéressant, celle de leurs ascendants l'est également, puis­ qu'il s'agit en fait de l'origine sociale de ces personnes. Les données qui suivent nous éclairent sur la profession des pères, mères, grands-pères paternels et maternels des étudiants de la F.O.P.E.S. (2).

(1) P. JACOBS, Op. cit., p. 3. (2) Ibidem, p. 4.

Profession des përes, mères^ grands-përes paternels (G.P.P.) et maternels (G.P.M.) des étudiants F.O.P.E.S.

(%)

.

Professions Père Mère G.P.P. G.P.M.

Ouvriers 18 3 21 22

Ouvriers qualifiés 12 4 15 14

Agents ou employés subal­ ternes

12 4 8 3

Agents ou employés quali­ fiés (cadres moyens)

7 1 0 6 Enseignants (non-univer­ sitaires) Assistants sociaux 4 4 1 0 Niveau supérieur 17 1 5 4 ' Indépendants 8 6 16 12 Agriculteurs 12 4 23 23 Permanents syndicaux, M.0.C., ... 4 1 0 0 Sans profession 0 69 0 0 Sans réponse 6 3 11 15

Il n'y avait que 4 % d'étudiants de la F.O.P.E.S. exerçant la profession d'ouvrier. Si nous considérons la profession des pères des étudiants, nous observons la présence de 30 % d'ou­ vriers. Cette proportion monte à 36 % si l'on se réfère à la profession des grands-pères, que ce soit du côté maternel ou du côté paternel. La proportion des agriculteurs est également importante. Elle est aussi plus élevée au niveau des grands- parents qu'au niveau des pères des étudiants.

192.

Une bonne partie des étudiants de la F.O.P.E.S. sont donc d'origine ouvrière. Nous pouvons conclure avec l'auteur (1).

"Il est également à remarquer le glissement progressif vers des catégories sociales plus élevées qui s'opère lorsqu'on passe des grands-pères aux pères et des pères aux étudiants. Les catégories ouvriers, indépendants et agriculteurs régressent, alors que les catégories employés et enseignants progressent très fort. Le glissement s'opère par le passage de professions à caractère manuel vers des professions à caractère plus

intellectuel". Nous avions déjà remarqué semblable phénomène en ce qui concerne la population de l'I.S.C.O..

Remarquons en passant, le pourcentage très élevé de mères sans profession (69 %). Ce chiffre nous indique que la quasi généra­ lisation du travail de la femme est un phénomène très récent.

c. Extrêmement important à nos yeux est le cheminement scolaire antérieur à l'entrée à la F.O.P.E.S..

Le tableau qui suit nous fournit des renseignements sur les filières suivies par les étudiants de la F.O.P.E.S. (2).

Pourcentages d'étudiants ayant un diplôme de :

- professionnelles 9

- moyennes 80

- humanités techniques 23

- humanités 48

- enseignement supérieur non-

universitaire 40

- universitaires (prêtres compris) 12

— I.S.C.O. 54

Quatre-vingts % des étudiants ont au moins atteint le niveau des moyennes et 48 % celui des humanités. Le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur non-universitaire est très important. Cela est normal, puisque la F.O.P.E.S. dispense des

(1) P. JACOBS, Op. cit., p. 5. (2) Ibidem, p. 6.

cours du niveau de la licence et demande une formation et une information préalables dans le domaine politique, économique et social.

Cependant, ce qui frappe le plus, c'est le pourcentage

très élevé d'étudiants qui ont suivi le cheminement de l'I.S.C.O.. Plus de la moitié des étudiants sont passés par l'Institut

supérieur de Culture ouvrière. Au sujet de l'I.S.C.O., nous avions constaté qu'en fait, très peu d'étudiants promus pour­ suivaient leurs études au niveau de la licence à l'Université Catholique de Louvain et nous avions conclu que l'Institut supérieur de Culture ouvrière risquait de devenir une école supérieure à horaire réduit, pratiquement fermée sur elle- même (1) .

Nous devons revoir notre jugement. La création de la F.O.P.E.S. a modifié profondément la situation qui prévalait. Plus de 50 anciens étudiants de l'I.S.C.O. continuent, à la F.O.P.E.S., des études du niveau de la licence, alors que les cours ne sont ouverts que depuis février 1974. L'I.S.C.O. n'apparaît donc plus comme une institution repliée sur elle- même, mais plutôt comme une section préparatoire à la F.O.P.E.S..

Il serait intéressant de savoir qui sont ces étudiants de l'I.S.C.O. qui continuent. Plusieurs d'entre eux peuvent avoir déjà poursuivi des études supérieures. Pour juger de la réus­ site de la F.O.P.E.S. sur le plan de la démocratisation des études, nous devons envisager la filière de scolarité de l'en­ semble des étudiants, ce qui nous permettra de déterminer si des personnes défavorisées dans le domaine de la scolarité

accomplie ont pu combler leur handicap, par exemple, avec l'aide de l'I.S.C.O., et accéder à la F.O.P.E.S..

Le tableau suivant nous donne des renseignements précieux à ce sujet (2).

(1) Supra, p. 182.

Primaires

Filières de scolarité (%).

Sup. non univ.

ISCO ISCO 2 9 2 1

Sup. non univ.

ISCO 6

3

Sup. non univ.

<

ISCO

ISCO

15

2

4

Sup. non vmiv.

Univ. ISCO ISCO Univ,

<

ISCO ISCO 4 25 3 O 9 3 9

F

0

P

E

S

I

1

9

4

L'analyse du tableau confirme que 54 % des étudiants sont bien passés par l'I.S.C.O.. Nous avons ventilé ces résultats suivant une répartition reprenant le dernier diplôme obtenu par les étudiants avant d'être promus gradués de l'I.S.C.O..

Nous obtenons le tableau suivant :

Dernier diplôme obtenu par les promus de l'I.S.C.O. continuant leurs études à la F.O.P.E.S..

Diplômes Pourcentages par rapport à l'ensemble des étudiants F.O.P.E.S.

Etudes primaires 9 > Etudes professionnelles 9

1

24 Etudes moyennes 6 . 43 y Humanités techniques 15 Humanités 4 . I Supérieur non-universitaire ®

1

11 Universitaires 3 ; Total 54

Si nous faisons abstraction des 11 % d'étudiants qui avaient déjà accompli des études supérieures universitaires et non-univer­ sitaires avant d'entamer l'I.S.C.O., nous constatons que 43 % de l'ensemble des étudiants de la F.O.P.E.S. ont pu accéder au niveau de la licence grâce à l'existence de l'I.S.C.O., car ils n'avaient pas dépassé le stade des études secondaires.

Pour ceux qui avaient terminé six années d'études secondaires, l'I.S.C.O. a joué le rôle de candidatures. Mais près du quart des étudiants (24 %) ont comblé un handicap de plusieurs années : avant l'I.S.C.O., ils n'avaient pas dépassé le stade des études moyennes ou professionnelles.

196.

D'autre part, l'examen du tableau des filières de scolarité montre aussi que 8 % des étudiants sont entrés à la F.O.P.E.S. sans avoir dépassé le stade des humanités. La ventilation en fonc­ tion du dernier diplôme obtenu avant l'entrée à la F.O.P.E.S. est la suivante ;

- études primaires - humanités techniques - humanités

Bien que cela ne soit pas dit de manière explicite dans les conditions d'admission, nous constatons que certaines personnes, qui n'ont pas accompli d'études supérieures préalables, même du type I.S.C.O., peuvent être admises à la F.O.P.E.S.. On semble donc prendre en considération dans la pratique, des éléments de formation autres que les études comme par exemple, l'expérience professionnelle. C'est un élément de démocratisation de l'accès à l'université. Toutefois, il n'est pas exagéré de prétendre que la réussite de la F.O.P.E.S. sur le plan de la démocratisation

des études supérieures est intimement lié à l'existence de l'I.S.C.O L'avenir montrera si cette démocratisation plus grande au niveau de l'accès à la licence se confirmera dans les pourcentages de réussite aux épreuves finales.

7. Analyse critique.

La F.O.P.E.S. semble avoir démarré sous de bons auspices en ce qui concerne un accès plus démocratique aux études universi­ taires du second cycle. Retenons toutefois qu'elle doit en grande partie cette réussite à l'existence des différents centres de for­ mation de l'I.S.C.O-., disséminés dans toute la Wallonie. D'autre part, il ne faut pas perdre de vue que la F.O.P.E.S. ne compte qu'une centaine d'étudiants et qu'elle est uniquement axée, et pour cause, sur la formation politique, économique et sociale. L'immense majorité des étudiants poursuivent toujours leurs études dans les universités traditionnelles. Cependant, le fait que la F.O.P.E.S. fasse partie intégrante d'une université établie, en l'occurrence, l'U.C.L., est un garant du sérieux de l'expérience dont les résultats, éventuellement positifs dans un avenir assez

8 % de l'ensemble des étudiants F.O.P.E.S.

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