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SOCIETE ET EDUCATION

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à une véritable démocratisation : il y aura donc, d'une part, des

B. SOCIETE ET EDUCATION

L'éducation est une des grandes fonctions de toute socié­ té humaine. Il s'agit d'une fonction sociologique. Dans toutes les sociétés, les adultes élèvent leurs enfants au point de vue biologique, mais aussi les éduquent. Dans les sociétés dites primitives, la fonction éducative est diffuse. Elle est exercée par le groupe tout entier à chaque moment et d'une ma­ nière spontanée et non délibérée. L'enfant n'est pas instruit à telle ou telle heure, mais il s'instruit et se prépare à des rôles adultes en observant, en étant témoin et en participant à la vie des adultes. On retrouve une bonne description de cette éducation diffuse dans l'ouvrage de R. GALL, "Histoire de l'éducation" : "... jamais l'éducation n'a été plus agis­

sante qu'en ces sociétés primitives où l'enfant, sitôt qu'il le pouvait, était mêlé aux occupations de ses parents, des adultes de son clan ou de sa tribu. Suivant et imitant son père ou sa mère, selon qu'il était garçon ou fille, à la chasse, dans les occupations ménagères ou agricoles, associé de bonne heure à leurs travaux dès qu'il pouvait rendre service, il apprenait sans le savoir à vivre sa vie d'homme. Et la vie, l'action, étaient sa véritable école. Education toute spontanée, à peu près consciente, bornée à la pratique de la vie et qui, exploi­ tant les tendances naturelles de l'être, se faisait déjà par les jeux de l'enfant où l'on voit celui-ci tant de fois imiter l'adulte, puis par sa coopération aux travaux et occupations de ses aînés. Ainsi, les jeunes Australiens apprenaient-ils à lan­ cer le javelot, à manier la hache de pierre, le bouclier d'écor­ ce, le filet, le bâton ou à grimper aux arbres. Et les filles polynésiennes suivent leur mère et, en les regardant ou en les aidant, apprennent d'elles à préparer les écorces et à faire des nattes" (1).

L'éducation diffuse suffit lorsque :

- les techniques connues sont peu nombreuses;

- ces techniques sont simples (poterie, confection d'armes, chasse, pêche);

32.-- la division du travail est peu poussée.

L'éducation ne devient systématique, institutionnalisée que lorsque les conditions suivantes sont réunies.

- Il faut que la société ait atteint un certain degré de déve­ loppement et de bien-être. La lutte pour la vie ne doit pas être trop dure, trop envahissante. Dans le cas contraire, l'individu ne dispose ni du temps, ni des moyens nécessaires ni même de la motivation pour s'organiser en vue de promou­ voir le progrès en matière d'éducation. Seule compte la sur­ vie.

- Les techniques doivent se développer et devenir plus nombreu ses et plus complexes. On assiste alors à une certaine divi­ sion du travail, chacun ne pouvant tout faire. La fonction éducative se spécialise aussi et se concentre dans certaines mains.

Le type d'éducation apparaît donc lié au type de société. Ce passage de l'éducation diffuse à l'éducation institution­ nalisée s'opère progressivement. Education institutionnalisée ne signifie d'ailleurs pas éducation généralisée. La société dite primitive ne se transforme pas rapidement en société de surplus. Elle passe par le stade intermédiaire de la société traditionnelle dichotomique, qui repose sur une économie de subsistance. En d'autres termes, la population travaille un nombre important d'heures par jour et produit, tandis qu'une minorité, la classe possédante, détentrice du pouvoir, bénéfi­ cie de loisirs. L'éducation est alors institutionnalisée, mais ses structures, ses contenus et ses méthodes répondent aux be­ soins de la minorité privilégiée. Les structures sont cloison­ nées et comportent des sections privilégiées prenant en charge les enfants des possédants pour leur donner une éducation les préparant à leur vie d'adulte. Eventuellement, on ouvre d'au­ tres sections réservées aux enfants des classes défavorisées, à qui on donne une formation rudimentaire, juste nécessaire

pour répondre aux besoins de la vie économique. L'éducation traditionnelle est sélective et cette sélection sévère cor­ respond le plus souvent aux classes sociales. Comme les rap­ ports- entre les individus dans la société, les relations entre maîtres et élèves sont celles de dominants à dominés, c'est- à-dire que ces relations sont autocratiques. D'autre part, l'école constitue pratiquement l'unique source d'informa­ tions, les moyens de diffusion étant rares et onéreux. Cette éducation traditionnelle a prévalu chez nous jusqu'en ce ving­ tième siècle. Devant les changements importants survenus dans la société, développement scientifique et technique accéléré, économie en croissance, progrès social, accroissement des pou­ voirs des media, des tentatives de réforme de l'enseignement voient le jour dans les différents pays industrialisés. Ces tentatives visent à mettre les structures, les programmes et les méthodes de l'éducation institutionnalisée en accord avec l'évolution rapide de la société. Jusqu'à présent, ces réfor­ mes ne sont que partielles. Elles ne concernent généralement qu'un niveau, par exemple, le secondaire, et elles ne sont pas impératives, ce qui peut amener la coexistence de deux systè­ mes différents, comme c'est le cas en Belgique avec l'enseigne­ ment secondaire traditionnel et l'enseignement secondaire ré­ nové .

La liaison entre l'évolution de la société et le système éducatif en vigueur dans cette société nous apparaît comme un fait indubitable. Lorsqu'on veut analyser un problème d'ordre éducatif, il importe donc de le mettre en relation avec les conditions de vie ayant cours dans la société qui l'a engendré. Si nous voulons examiner les problèmes éducatifs d'aujourd'hui, en particulier ceux ayant trait à l'université, nous devons donc les envisager sous l'angle de la relation entre notre so­ ciété et l'éducation.

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