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LE SYSTEME BRITANNIQUE D'ETUDES SUPERIEURES EN "SANDWICH"

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D. LE SYSTEME BRITANNIQUE D'ETUDES SUPERIEURES EN "SANDWICH"

1. Aperçu historique.

Les historiens ne sont pas d'accord sur le nom du premier établissement qui se décida à pratiquer le système d'études en

"sandwich". Les dates et les noms ne concordent pas. Il est vrai que l'autonomie assez grande dont jouit l'enseignement en Grande- Bretagne a pu permettre le développement d'expériences quasi

simultanées. Le système paraît avoir été introduit à la fin du XIXe siècle pour des formations d'ingénieurs. En fait, il stagna jusqu'en 1956. A cette époque, le gouvernement conservateur, pré­ sidé par Winston Churchill était sensibilisé au fait que les Américains et les Russes accomplissaient de formidables progrès en matière de technologie. Par contre, les progrès britanniques étaient loin d'être réjouissants. Le gouvernement britannique essaya de favoriser le développement de l'enseignement supérieur, orienté vers les sciences appliquées. Il accorda des aides finan­ cières importantes à des collèges techniques, qui furent trans­ formés en établissements d'enseignement supérieur, dont la tâche consistait à former des cadres pour l'industrie, selon un sys­ tème d'alternance.

Quelques années plus tard, lorsque les travaillistes furent au pouvoir, ils tentèrent d'opérer une unification de tout l'en­ seignement supérieur. Ils se heurtèrent à une farouche résis­ tance de la part de la plupart des grandes universités, toujours attachées à une politique élitiste de recrutement et aux études spéculatives ou orientées vers la science pure. En 1967, le gouvernement se décida donc à constituer un second réseau d'éta­ blissements d'enseignement supérieur à partir de bons établisse­ ments existants. Le réseau des "polytechnics" était né. On en compte aujourd'hui une trentaine. Elles dispensent des études supérieures en alternance à finalité professionnelle dont la durée est identique à celle des universités. On peut également

y poursuivre des recherches après l'obtention d'un premier diplôme. En outre, douze nouvelles universités ont adopté, en tout ou en partie, la formation par alternance. Certaines, comme les Univer­ sités de Brunei (banlieue de Londres) et de Loughborough, ne pratiquent d'ailleurs que ce système.

136.-2. Les objectifs.

Les promoteurs du système d'études en "sandwich" ont pour objectif principal une liaison théorie-pratique, qui permet aux étudiants d'être plus aptes à bien résoudre les problèmes con­ crets qui se posent sur le terrain. "Le futur ingénieur doit savoir lire un dessin. Il doit aussi apprendre à déceler rapide­ ment une erreur et prendre une décision en temps limité" (Un professeur de Loughborough) (1).

Cet objectif n'est cependant pas le seul. Si les besoins des entreprises doivent être pris en considération, il convient aussi de ne pas négliger les problèmes psychologiques des étu­ diants. Sur le plan intellectuel, cette liaison de la théorie à la pratique amène une meilleure compréhension des matières.

C'est notamment l'avis de Sir Peter Venables : "L'enseignement technologique à plein temps était également critiqué. La longueur des études retardait indûment la prise de contact avec la prati­ que et l'apprentissage professionnel, conditions d'intégration dans la profession. Beaucoup d'étudiants étaient découragés. En effet, le nombre de ceux qui peuvent acquérir des notions abstrai­ tes sans partir de l'observation des réalités quotidiennes est plus limité qu'on ne le croit ..." (2).

Enfin, on constate, en général, qu'un contact rapide avec les réalités de la profession suscite une plus grande motivation pour l'étude chez les étudiants. "La première période industrielle nous ramène des étudiants plus mûrs et plus motivés" (Un profes­ seur de biologie à Brunei). "L'étudiant est plus mûr. Il sait de quoi il est question dans l'industrie et est utilisable dès son recrutement" (directeur du Hatfield Polytechnic - Londres) (3) .

D'autre part, les promoteurs du système sont également très sensibles au développement du sens social et de l'aptitude au con­ tact chez les étudiants. "Au cours de la première période de

tra-(1) B. GIROD de L'AIN, Le système anglais d'études supérieures en "sandwich" in L'enseignement supérieur en alternance, collectif, p. 61.

(2) Ibidem, p. 60. (3) Ibidem, p. 61.

vail, les étudiants doivent être placés dans les ateliers. Il faut qu'ils soient mis entre les mains des ouvriers et non qu'ils entendent parler d'eux par la direction. L'industrie ne sait pas quoi faire des docteurs d'université qui restent dans leur coin et n'osent pas adresser la parole aux ouvriers" (Président de l'Université de Loughborough) (1).

3. Les différents modèles d'alternance.

Les organisateurs d'études en "sandwich" doivent tenir compte de deux réglementations distinctes.

a) Les directives du Conseil pour les Diplômes universitaires nationaux. Si les universités peuvent délivrer leurs propres diplômes, il n'en va pas de même des "polytechnics". Pour être valable, le diplôme obtenu par un étudiant issu d'une "poly- technic" doit être homologué par le conseil susmentionné. Cet organisme exige qu'un cursus "sandwich" comprenne une année de travail relié aux études dans des entreprises ou des adminis­ trations. En outre, un cursus "sandwich" ne doit pas dépasser une durée de quatre ans, c'est-à-dire une année de plus que les cursus universitaires et non-universitaires supérieurs tradi­ tionnels.

b) Les directives des associations professionnelles ; ces orga­ nismes réclament un apprentissage professionnel de deux ans pour les ingénieurs électriciens et de dix-huit mois pour les ingénieurs mécaniciens avant de pouvoir en devenir membre à part entière.

Les étudiants qui ont suivi un cursus traditionnel de trois ans à temps plein, effectuent ce "stage" après leurs études théori­ ques. Pour le diplômé d'un cursus en "sandwich", la durée du stage est réduite de moitié, ce qui signifie qu'il n'effectue plus qu'un an après l'obtention de son diplôme. Dans les deux cas, la longueur des études pour devenir un ingénieur "reconnu" est donc la même.

(1) B. GIROD de L'AIN, Le système anglais d'études supérieures en "sandwich", op. cit., p. 60.

138.-Pratiquement, on distingue deux types de "sandwich" : a) le "sandwich épais" : il comprend - deux années d'études;

- une année d'apprentissage professionnel;

- une année d'études; b) le "sandwich mince" ; dans ce cas, on alterne des périodes

d'études et de travail d'une durée de six mois chacune.

Au total, il y a quatre semestres d'étu­ des et trois semestres de travail.

Certains établissements combinent les deux systèmes, les diverses périodes n'ayant pas une durée égale.

4. La coordination entre les périodes de travail et les périodes d'études.

En principe, l'étudiant qui suit un cursus en "sandwich" doit recevoir deux fois la visite de son tuteur industriel, si la pé­ riode sur le terrain dure six mois, trois fois, si elle est de un an. Les tuteurs industriels sont des enseignants appartenant au même département d'études que les étudiants visités.

Pratiquement, il apparaît que la fréquence des visites est plus sévèrement contrôlée dans les "polytechnics" que dans les universités. Il semble aussi que les départements de formation d'ingénieurs ou des sciences appliquées soient les plus rigoureux en la matière. D'autre part, les firmes impliquées dans le système désignent un membre du personnel, chargé de guider et de supervi­

ser l'étudiant. Généralement, l'étudiant doit tenir une espèce de carnet de bord dans lequel il consigne ses observations et les problèmes rencontrés. Il est tenu également de rédiger un rapport

final à la fin de chaque période pratique. Ce rapport constitue souvent le document essentiel qui servira à évaluer l'étudiant au cours de ses activités pratiques, les observations du tuteur indus­ triel et du membre de la firme chargé de l'aider intervenant éga­ lement. Dans certains cas, l'étudiant doit exposer son travail

5. Analyse critique.

Suivant le schéma d'analyse mis au point précédemment, nous avons vu qu'un système d'éducation permanente authentique devait pratiquer une double ouverture, temporelle et spatiale.

Qu'en est-il du système "en sandwich" britannique ?

Tout comme pour l'éducation coopérative pratiquée aux Etats- Unis et au Canada, l'objectivité oblige à reconnaître l'existence d'une ouverture dans l'espace satisfaisante. Celle-ci paraît

toutefois plus évidente dans le "sandwich mince" que dans le "sandwich épais". Dans le cas du "sandwich mince", un échange fructueux entre les phases théoriques et les phases pratiques est possible. Par contre, la phase pratique unique du "sandwich épais" ressemble plus à un stage qu'à une véritable alternance.

D'autre part, comme dans le cas de l'éducation coopérative,' il semble que l'apport des périodes pratiques ne soit pas encore estimé avoir la même valeur que celui des phases théoriques. En effet, l'adoption du système en sandwich amène un allongement des études de un an par rapport à l'enseignement traditionnel. Dans le cas qui nous occupe, les exigences des associations profes­ sionnelles, qui réclament pour certaines professions, un appren­ tissage professionnel de deux ans environ en plus de l'obtention du diplôme avant de reconnaître celui-ci sans réserve, favorisent les détenteurs d'un diplôme "en sandwich" et ramènent la durée des études à l'égalité de part et d'autre.

La situation est moins favorable en ce qui concerne l'ouver­ ture temporelle. Comme en Amérique du Nord, nous sommes confronté à une alternance interne, c'est-à-dire à un bloc d'activités à assumer dans son entiéreté à un moment bien déterminé. Cela consti tue un facteur d'homogénéisation de l'âge des étudiants. La popu­ lation reste essentiellement une population d'étudiants qui devien nent des travailleurs à des moments précis du cursus. On n'en est pas encore au travailleur d'entreprise qui voudrait continuer des études et qui a la possibilité de valoriser l'expérience acquise

140.-sur le terrain, dans le même temps qu'il suit des cours lui per­ mettant de combler ses lacunes et de se perfectionner.

Quoi qu'il en soit, les effets bénéfiques du système "en sandwich" sont évidents dans certains domaines. L'adaptation aux exigences de l'entreprise est favorisée. Les étudiants, qui per­ çoivent un salaire durant leurs périodes de travail, sont moins dépendants économiquement de leur famille, et cela peut favoriser la démocratisation des études. Du fait d'une meilleure liaison théorie-pratique, la motivation pour les études paraît plus grande ainsi que la compréhension des choses enseignées.

Beaucoup de progrès restent cependant à accomplir avant de pouvoir parler d'une contribution authentique à l'éducation per­ manente .

E. LA SITUATION DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DANS QUELQUES

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