• Aucun résultat trouvé

L’influence des caractéristiques sociodémographiques sur la demande pour

5.3 La demande pour le TOD

5.3.3 L’influence des caractéristiques sociodémographiques sur la demande pour

Nous avons également cherché à savoir, du point de vue des entrepreneurs, quel- les sont les groupes qui désirent des logements qui contribuent à une forme urbaine plus dense. Les entrevues ont démontré que les acheteurs de condominiums et de produits de style de vie sont généralement sans enfant, soit des jeunes ou des empty nesters. En ce sens, les entrevues confirment le propos de Myers, Gearin et coll. (2001), parmi de nombreux chercheurs, qui constatent que la demande pour la densité provient principa- lement de ces deux groupes sociodémographiques.

Dans le projet de TAD du promoteur G4, les acheteurs sont majoritairement de jeunes couples ou des individus d’âge moyen (45 à 50 ans) qui ont décidé de vendre leur maison unifamiliale détachée, d’acheter un condominium et de conserver leur rési- dence secondaire. Très peu d’acheteurs dans ce projet habitent le logement avec leurs enfants. De même, le promoteur G6 a indiqué que les acheteurs de ses produits de style de vie sont des jeunes ou des empty nesters. Même si sa clientèle est plus diversifiée, le projet de style de vie de G7 attire principalement les ménages sans enfant. Ainsi, nous

concluons que les produits plus denses et du type style de vie attirent principalement les ménages sans enfant, soit des jeunes ménages ou des empty nesters.

La demande provenant des jeunes ménages

Les réponses des répondants révèlent que, dans le cas des jeunes ménages, l’achat d’un logement plus dense en banlieue est motivé principalement par les prix plus modérés par rapport aux autres types de logements disponibles en banlieue. L’abordabilité relative de ce genre de logement constitue un moyen d’accéder à la pro- priété pour un premier acheteur. Selon G6, les jeunes qui s’établissent en banlieue n’achètent pas des produits de style de vie parce qu’ils cherchent principalement un logement plus abordable. La capacité à payer est devenue, selon P1, de plus en plus im- portante ces dernières années avec la hausse constante du prix du logement. Générale- ment, les jeunes ménages qui achètent un condominium ou une maison de ville n’ont pas d’enfant. Selon G2, même si ses condominiums et maisons de ville sont technique- ment assez grands pour accueillir des ménages avec enfants, peu de ménages avec en- fants les achètent. Pareillement, les jeunes ménages qui s’établissent dans le projet de TAD du promoteur G4 sont généralement des couples sans enfants. Le consensus sem- ble être qu’un jeune ménage en banlieue qui décide d’avoir des enfants va changer de résidence pour une maison unifamiliale détachée. Ainsi, les résultats indiquent que le choix d’un type de logement pour un jeune ménage en banlieue est motivé par les prix et non pas par les préférences de style de vie.

La demande provenant des baby-boomers et des empty nesters

À la différence des jeunes ménages, les baby-boomers et les empty nesters dé- ménagent dans un type de logement plus dense parce que c’est un moyen de modifier leur style de vie après le départ de leurs enfants. Souvent, ces individus vendent leur maison unifamiliale et gardent ou achètent une résidence secondaire à la campagne. La motivation principale pour emménager dans un logement plus petit est le désir d’éliminer le fardeau que représente l’entretien du bâtiment et du terrain. Un certain nombre de répondants font les mêmes prévisions pour les choix futurs des baby-

boomers. Le promoteur P1 prévoit qu’après le départ des enfants, les baby-boomers

vont vouloir vendre leurs maisons unifamiliales, acheter un condominium et voyager. Il pense que les baby-boomers, surtout ceux avec les plus grandes maisons, vont vouloir vendre leurs maisons parce qu’ils ne verront plus d’utilité à conserver une grande rési- dence. Le promoteur P5 croit, lui aussi, que les condominiums vont attirer une partie

importante des baby-boomers et que seulement une minorité de ces individus va vouloir demeurer dans leur maison unifamiliale.

D’autres répondants sont moins optimistes quant à la demande des baby-

boomers pour les produits immobiliers plus denses. Le projet actuel de condominiums

de luxe du promoteur G3 cible le groupe des baby-boomers. Ce promoteur a affirmé que certains baby-boomers vont déménager pour les raisons déjà mentionnées, mais que beaucoup vont demeurer dans leurs maisons unifamiliales et plutôt entreprendre des rénovations importantes. Il signale entre autres que les condominiums ne sont pas tou- jours accessibles financièrement aux gens qui possèdent déjà une maison unifamiliale. Ainsi, à la différence des observations sur les choix actuels des jeunes ménages et empty

nesters, les opinions concernant les décisions futures des baby-boomers ne sont que des

prédictions. Nous pouvons seulement présumer qu’une partie importante de ce groupe voudra acheter un logement plus dense ; mais la réalité pourrait être différente. Et sur- tout il est difficile de prévoir le nombre de personnes qui le feront effectivement ; de nombreux facteurs sont en cause.

La demande provenant d’autres groupes sociodémographiques

D’autres segments de la population sont également attirés par les typologies plus denses et ce pour plusieurs raisons. Les retraités préfèrent ce genre de logement parce que, selon G2, ils sont plus proches physiquement de leurs voisins et, par conséquent, se sentent davantage en sécurité. D’autres groupes sont attirés par les logements plus den- ses pour essentiellement les mêmes raisons que celles que donnent les empty nesters, les

baby-boomers et les retraités. Les couples séparés et divorcés recherchent des logements

plus denses, selon G3, parce qu’ils sont moins chers et nécessitent moins d’entretien. Dans le même sens, selon G6, les femmes célibataires sont attirées par la copropriété parce qu’il y a moins d’entretien et parce que ce type d’habitat offre des services, un sentiment de sécurité et un environnement plus convivial.

Les résultats de notre enquête suggèrent que le style de vie offert par un type de logement plus dense ainsi que les prix plus modestes attirent plusieurs groupes sociaux et cohortes sociodémographiques. Un projet de TOD pourrait donc compter attirer ces groupes, surtout si les prix ne dépassent pas le coût d’autres projets plus denses dans la région. Un des deux groupes généralement considérés comme composante importante de la demande en TOD, les jeunes ménages, est très sensible à l’abordabilité du loge- ment. L’autre groupe, les empty nesters, ne veut pas nécessairement dépenser plus pour

un produit de style de vie, même s’ils ont davantage de moyens financiers. Quant aux

baby-boomers, leur désir futur de déménager est imprévisible. Aussi, même si les baby- boomers décident de déménager dans un projet de style de vie, ils ne vont pas nécessai-

rement chercher un projet avec un meilleur accès par transport en commun au centre de l’agglomération. Nous pouvons ainsi conclure que la demande pour les produits de style de vie provenant de ces groupes sociaux est tout compte fait relativement faible dans la région de Montréal, surtout dans la mesure où les prix pour ces produits sont plus élevés que pour un logement comparable.