• Aucun résultat trouvé

La croissance démographique est un facteur déterminant de la capacité à soutenir un développement axé sur le transport en commun. D’abord, le taux de croissance de la popu- lation reflète l’ampleur de la demande pour la nouvelle construction résidentielle et com-

merciale. Aussi, une comparaison de la disponibilité des terrains avec le taux de croissance de la population révèle l’importance d’une densification future du territoire. Dernièrement, les politiques de gestion de la croissance ont des répercussions importantes sur l’obligation des municipalités et des promoteurs de favoriser une telle intensification.

3.1.1 Le taux de croissance

Le faible taux de croissance de la population de la région de Montréal peut nuire substantiellement à la demande pour la nouvelle construction. Bien que Montréal soit ac- tuellement la onzième ville la plus peuplée au Canada et aux États-Unis, sa croissance dé- mographique est plus lente que celle de nombreuses autres agglomérations d’Amérique du Nord. Le seul secteur dans la région de Montréal qui va réaliser un taux de croissance supé- rieur à celui des vingt dernières années est l’île de Montréal. Dans la période de 1981 à 2001, l’île de Montréal affichait un taux de croissance de 11%. D’ici 2021, elle devra profi- ter d’une croissance de 50% de sa population (Gill dans Communauté métropolitaine de Montréal 2005).

Trois tendances démographiques jouent un rôle important dans ses prévisions : le vieillissement de la population, la dénatalité et le bilan migratoire. Le vieillissement de la population et la dénatalité ont comme conséquence la réduction de la taille des ménages. Un taux positif de migration peut réduire ou même inverser les effets de ces deux autres tendances. La Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHL) a estimé la crois- sance annuelle pour la région métropolitaine de recensement d’ici à 2026 selon différents scénarios de migration. Même dans le scénario avec le plus fort taux de migration, la crois- sance annuelle s’élève seulement à 0,8 %. La croissance annuelle dans le scénario avec le plus faible taux de migration est de 0,4 %, et 0,6 % pour le scénario moyen (Société cana- dienne d'hypothèques et de logement 2004). Ainsi, l'influence de la migration sur le taux de croissance de la population est faible. Malgré ce faible taux de croissance, le vieillissement de la population et la dénatalité ont pour effet d’entraîner la diminution de la taille des mé- nages et d'augmenter le nombre absolu de ménages. Un fort taux de formation de ménages augmente la demande pour l’habitation, particulièrement pour les unités plus petites et ainsi plus denses. Pendant trois décennies, de 1971 à 2001, le taux de formation des ménages canadiens a largement dépassé la croissance de la population parce que le taux de fécondité

a diminué. Malgré la stabilisation récente du taux de fécondité, le vieillissement de la popu- lation, avec le départ concomitant des enfants et le veuvage, perpétue la tendance de dimi- nution de la taille des ménages (Gouvernement du Québec 2004). Pourtant, la SCHL pré- voit que, au cours des prochaines années, le taux de formation de ménages va diminuer mais demeurera quand-même positif. La croissance annuelle de nombre de ménages mon- tréalais d’ici 2026 sera de l’ordre de 0,9 %, selon un scénario avec un taux de migration moyen (Société canadienne d'hypothèques et de logement 2004). Les trois tendances socio- démographiques majeures indiquent alors une diminution de la demande pour l’habitation ces prochaines années dans la région de Montréal.

3.1.3 Le périmètre d’urbanisation et la zone agricole

Malgré le faible taux de croissance prévu pour les prochaines années, les politiques de gestion de la croissance peuvent créer un effet de rareté de terrains disponibles. Cette rareté peut avoir deux effets, soit d’encourager une intensification de l’utilisation des ter- rains, soit de forcer les gouvernements à diluer les politiques de gestion de la croissance. En 1978, la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles du Québec (LPTAQ) est entrée en vigueur. Cette loi définit une zone agricole permanente qui ne devrait pas être soumise à l’urbanisation. En définissant cette zone, le gouvernement du Québec a créé, par défaut, un périmètre d’urbanisation pour la région métropolitaine de Montréal. Depuis l’adoption de cette loi, les municipalités régionales de comté et les municipalités ont fait plusieurs demandes d’exclusion de la zone agricole pour des terres qu’elles veulent déve- lopper. Pourtant, selon la Communauté métropolitaine de Montréal, pour les vingt prochai- nes années « l’espace disponible est largement suffisant, d’autant plus que le territoire est appelé à se densifier, la reconnaissance d’un périmètre fixe pour les prochaines décennies n’aura pas pour effet de créer un phénomène de rareté » (Communauté métropolitaine de Montréal 2005). A plus long terme, la CMM prévoit que l’espace disponible à l’intérieur du périmètre d’urbanisation sera toujours suffisant s’il est optimisé. Une densification des es- paces disponibles et une requalification des sites déjà bâtis permettront cette optimisation de l’espace (Communauté métropolitaine de Montréal 2005). Alors, une adhérence aux politiques de gestion de la croissance en vigueur favorisera de nouvelles formes de déve- loppement urbain, dont les TOD. Le succès de cette gestion de la croissance repose sur la

capacité de la CMM et d’autres acteurs à convaincre les MRC et les municipalités de densi- fier sur leur territoire au lieu de demander des exclusions de la zone agricole.