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1.2 Les cas de manque d’information

1.2.2 L‘imperfection de l‘information

Les nouveaux échanges directs d‘information ont fait naître des stratégies

informationnelles et ont ouvert la voie à deux courants de recherche. Le premier a été initié

par Stigler [1961] qui a introduit l‘hypothèse d‘une information coûteuse. Le second courant,

associé à Akerlof [1970], a intégré la dimension stratégique dans les relations entre les acteurs.

1.2.2.1 Uneinformation partielle

1) Les différents apports

Stiglitz [1985] affirme que l‘article pionnier de Stigler [1961] a largement contribué à faire de l‘information un domaine d‘investigation à part entière19

. La reconnaissance de

l‘imperfection de l‘information débouche sur la théorie de la recherche d‘information. L‘acquisition de l‘information supplémentaire permet de réduire l‘incertitude et engendre un

gain économique. Ce processus étant coûteux, se pose alors la question de la recherche optimale.

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Comportements inattendus dus à des incitations créées par des règles supposées nous protéger et des problèmes de sélection dus à une information imparfaite, que nous allons traiter en détail dans la séction suivante.

19Dans l‘introduction de « The Economics of Information », Levine et Lippman stipulent que « L‘année 1961

assiste à la publication de deux articles importants qui ont lancé le champ de l‘économie de l‘information : celui de Stigler ‗The Economics of Information‘ et celui de Vickrey ‗Counterspeculation, Auctions, and Competitive Sealed Tenders‘ », Vol1, pp. xi, xii

26 Stigler a été le premier à étudier l‘imperfection de l‘information en termes de coûts de transactions liés à la collecte d‘information. Il a affirmé que si les coûts réels de l‘information

étaient pris en compte, même avec une information imparfaite, les résultats standards de

l‘économie seraient validés. Il affirme que les imperfections dans les marchés de capitaux peuvent être attribuées aux coûts de transactions associées à l‘information.

Stigler stipule que la recherche d‘information sur les prix sera poursuivie jusqu‘au moment où le gain espéré d‘une recherche supplémentaire atteindra le coût de cette unité de recherche additionnelle. « Le montant optimum de recherche sera tel que le coût marginal de recherche soit égal à l‘accroissement du rendement marginal espéré » (Stigler, 1961: 216)

Alchian [1969]20a complété l‘approche de Stigler, insistant sur le fait que la collecte

d‘information sur les opportunités potentielles d‘échange est coûteuse. Il s‘est intéressé à deux questions. D‘abord, quels sont les moyens de fournir l‘information de façon plus

efficace ? Ensuite, quels types d‘aménagements sont effectués pour réaliser des économies sur

les coûts de recherche d‘information ? Alchian fonde son raisonnement sur deux propositions relatives aux coûts de production et à l‘efficacité de l‘information :

 « La diffusion et l‘acquisition de l‘information sont conformes aux lois ordinaires des coûts de production : une diffusion ou une production plus rapide va coûter plus cher » ;

 « Comme pour n‘importe quelle autre activité de production, la spécialisation dans la

recherche d‘information est efficace.» (Alchian, 1969 : 29) 2) Les fondements théoriques

La théorie des coûts de transactions initiée par Coase et développée par la suite par Williamson [1975 ; 1985] peut constituer un socle théorique à cette approche de recherche

d‘information. Dans son article de [19γ7] « The nature of the Firm », Coase, s‘interrogeant sur les raisons d‘existence des entreprises dans une économie, a mis en avant l‘importance des

coûts de transaction. Coase conteste le rôle du système de prix comme coordinateur de

l‘activité économique. Il reconnaît l‘existence de deux formes de coordination : la firme et le

marché. Il explique que ce sont les « coûts de transaction » qui justifient le recours à l‘une ou

à l‘autre forme de coordination.

27 En effet, l‘existence des coûts de transaction du marché, c‘est-à-dire les coûts d‘utilisation des systèmes de prix, rend, parfois, le recours à la firme plus avantageux. Cette

dernière va alors supplanter le système de prix dans son rôle de coordinateur de la répartition de la richesse.

Coase différencie deux types de coûts de transaction. Il identifie d‘abord les « coûts de

prospection » et de recherche d‘information sur les prix. En effet, les agents économiques vont faire un travail de prospection pour trouver les prix « adéquats », ce qui occasionnera des

coûts. Le recours à la firme permettrait donc d‘atténuer, voire de réduire ces coûts. D‘ailleurs,

Coase prône même l‘idée de firmes spécialisées dans la collecte et la vente de l‘information (Thépaut, 2000 :152).

Ensuite, Coase envisage les « coûts de négociation et de conclusion » des transactions

effectuées sur le marché. En effet, la conclusion d‘un contrat nécessite aussi une opération de prospection en matière de recherche du partenaire et des termes de l‘échange, ainsi que des coûts inhérents à la surveillance et au contrôle de l‘exécution du contrat. Ainsi, nous pouvons

conclure que les coûts de transactions mentionnés par Coase sont des coûts relatifs à la

recherche d‘information, qui sont de nature à constituer le fondement théorique des travaux de Stigler et d‘Alchian.

Williamson [1975, 1979] cherchera à développer la notion de coûts de transaction et à

élargir l‘analyse en lui associant deux notions nouvelles : la spécificité des actifs21

et la fréquence des transactions. Selon Williamson, les agents sont aussi supposés obéir à certaines

règles comportementales à savoir l‘opportunisme et la rationalité limitée. L‘opportunisme tire

son origine de deux éléments : l‘asymétrie de l‘information22 qui rend cette dernière coûteuse

pour l‘agent économique, ainsi que la complémentarité des actifs. La rationalité limitée23

, quant à elle, renvoie aux travaux d‘Herbert Simon [1960] et de Radner [1968]. Elle se fonde sur le constat que les individus ont des capacités cognitives limitées. La rationalité limitée

implique que l‘agent économique ne peut anticiper toutes les contingences futures. Les

contrats sont donc nécessairement incomplets (cette caractéristique d‘incomplétude élargit le champ des coûts de transaction). La rationalité limitée aurait une conséquence importante :

l‘augmentation des coûts ex-ante et ex-post des contrats.

21 Un actif est spécifique lorsqu‘il ne permet de produire qu‘un bien très particulier destiné à un client unique (il

s‘agit des « idiosyncratic investments », 1979, p. 242)

22 Cette notion sera explicitée en détails dans la section 1.2.2.2. 23 Cette notion sera explicitée en détails dans la section 1.3.1.1.

28 Arrow s‘est aussi référé aux coûts de transaction. Selon lui, ces coûts sont associés à la

rationalité limitée des agents, à la difficulté de communication entre les agents et au contrôle

judiciaire des contrats. Le point de divergence entre Williamson et Arrow réside dans l‘unité de base de l‘économie. Williamson adopte la transaction comme unité de base alors qu‘Arrow opte pour l‘entreprise. A cet effet, ce dernier précise aussi que « si l‘entreprise est l‘unité d‘analyse, plutôt que la transaction, alors la nature spécifique des équipements et des métiers de l‘entreprise sont les facteurs décisifs qui déterminent ce qui sera fait à l‘intérieur de l‘entreprise ou par le marché» (Arrow, 1996 :85).

Dans ce courant de recherche de l‘information, cette dernière est dite imparfaite parce qu‘elle est partielle et coûteuse. Toutefois, les deux parties de l‘échange ont un contenu informationnel homogène. Ces modèles de recherche d‘information ont laissé la place à un autre courant de recherche où la structure de l‘information détenue par les deux parties n‘est

pas la même.

1.2.2.2 Une information hétérogène

Thépaut [2002]24affirme que dans l‘approche de Stigler, l‘information est imparfaite

dans le sens d‘une information partielle. Avec une structure d‘information homogène, les

agents – des deux parties – détiennent la même information. Nous allons maintenant nous intéresser à une problématique différente où la structure de l‘information est hétérogène. En effet, tous les agents ne disposant pas de la même information, il y a donc inégalité de possession de l‘information ou asymétrie de l‘information.

Dans la première approche, l‘acquisition de l‘information supplémentaire réduirait l‘incertitude entourant la décision des agents. En revanche, dans la seconde, les agents adoptent des stratégies d‘acquisition des informations privées détenues par les autres agents.

La nouveauté introduite dans ce programme est la dimension stratégique des relations entre les acteurs, dans le sens où ces derniers font leurs choix en fonction de ceux des autres. Il en découle alors une situation d‘interdépendance des actions, où les décisions de chacun dépendent de celles de tous les autres.

Si G. Akerlof [1970] a fourni une première analyse formelle de l‘importance de l‘information dans les mécanismes de marché, d‘autres contributions ont aussi été d‘un apport

incontestable. Ainsi, William Vickrey [1961] a-t-il présenté l‘enchère au second prix, appelée

29 encore enchère de Vickrey. Dans ce type d‘enchère, le commissaire-priseur ne connaît pas la

disposition à payer des enchérisseurs. De leur côté, les enchérisseurs ne connaissent pas eux aussi les dispositions à payer de leurs concurrents. Dans ces conditions, il est difficile de maximiser la valeur de l'objet mis en vente. Vickrey propose alors un système d'enchères au second prix, dans lequel le plus offrant paie le prix de la deuxième enchère la plus élevée. Dans ce système, les enchérisseurs sont obligés de révéler leur disposition à payer. Vickrey avait remarqué que dans une telle enchère chacun a intérêt à dire la vérité. L‘enchérisseur gagnerait à révéler une information privée qui est le prix auquel il est prêt à payer25. Cette remarque fut l‘un des points de départ de cette nouvelle théorie des enchères.

James Mirrlees [1971], dans son analyse de la taxation optimale des revenus, a présenté une solution au problème de la conception optimale des incitations sous asymétrie

informationnelle. Il a traité l‘arbitrage entre l‘efficience (l‘incitation à travailler) et la

redistribution. La fiscalité provoque une distorsion dans cet arbitrage et amène l'agent à revoir à la baisse son offre de travail si son supplément de revenu est trop fortement taxé. Il faut donc proposer un système d'imposition optimal qui crée le moins de dés-incitations possibles. En effet, le problème réside dans le fait que le gouvernement ne connaît que le montant du revenu qui est le produit du salaire horaire et de la productivité du contribuable. Ces deux derniers ne sont connus que par le contribuable lui-même. Il y a donc asymétrie

d‘information. Le problème de Mirrlees est celui où une seule partie (le gouvernement, le monopoleur) conçoit un ensemble de contrats d‘anti-sélection (programme d‘impôt sur le revenu, programme d‘évaluation) pour maximiser certains objectifs (bien-être social, profit de

la firme). En effet, afin de s‘assurer que l'imposition ne modifie pas le comportement du salarié, il faut prendre acte de toutes les caractéristiques de son activité, ce qui est impossible en pratique. James Mirrlees va proposer une modélisation de ce que doit être un impôt idéal. Il s'agit d'un impôt presque linéaire (et non progressif, qu'il considère pernicieux) qui assure le degré minimal de désincitation.

Le problème informationnel concernant la taxation optimale, évoqué par Mirrlees dans son article de [1971], reste un cas particulier d‘une large gamme de problèmes traitant de

25En effet, si l‘enchérisseur décide de soumettre un prix inférieur au prix auquel il est disposé à payer. Il court

alors le risque qu‘un autre enchérisseur soumette à un prix supérieur mais inférieur au prix maximal qu‘il pouvait payer. Ainsi, cet enchérisseur gagnera l‘objet de l‘enchère. Si notre enchérisseur soumet un prix supérieur au prix auquel il est disposé d‘acheter, alors quelqu‘un d‘autre pourrait soumettre un prix inférieur mais qui reste plus élevé au prix auquel l‘enchérisseur est prêt à payer. Ce dernier sera alors obligé d‘acquérir le bien et de réaliser une perte.

30 l‘asymétrie d‘information. Le fameux article d‘Akerlof [1970] sur les « lemons » a été le premier essai vers un modèle d‘équilibre partiel. Un modèle dans lequel les prix du marché

affectent la qualité du bien offert ainsi que la demande; les consommateurs ayant connaissance de ce problème26. En considérant à titre illustratif l‘exemple du marché des

voitures d‘occasion, la caractéristique centrale introduite par Akerlof est celle de l‘asymétrie de l‘information existant entre l‘acheteur et le vendeur. En effet, lors de l‘achat d‘une voiture d‘occasion, l‘acheteur est généralement confronté au problème de l‘incertitude sur la qualité

de la voiture. Deux conséquences découlent de cette incertitude. D‘abord, les vendeurs sont

mieux informés que les acheteurs sur les caractéristiques de l‘objet de la vente. Il y a ensuite

impossibilité de mettre en place un système de prix différenciés selon le niveau de qualité.

L‘existence d‘un même prix pour plusieurs niveaux de qualité représente en fait une

sous-évaluation des biens de bonne qualité et une surévaluation des biens de mauvaise qualité. Dans ces conditions, le prix du marché baisse. Certains propriétaires de bonnes voitures renoncent à vendre, provoquant ainsi un phénomène de sélection adverse. Cette situation déclenche un processus de réactions dans lequel, pour un prix donné, les vendeurs de biens de

bonne qualité se retirent du marché. A l‘équilibre, ne restent que les biens de mauvaise qualité et les quantités échangées sont inférieures à celles d‘un marché où l‘information serait

parfaite.

Comme l‘a montré Akerlof [1970], ce phénomène peut être suffisamment important pour entraver l‘échange et effondrer le marché. Pour endiguer ce phénomène, Akerlof met en évidence le rôle des institutions économiques comme l‘Etat. En effet, ce dernier édicte des règles et met en place des contrôles sur les véhicules, à l‘instar du contrôle technique afin de réduire l‘asymétrie informationnelle, garantir la qualité et donc maintenir les prix.

Le phénomène d‘anti-sélection est défini comme étant la situation dans laquelle un

agent informé – en se basant sur l‘information détenue de façon privée – prend des décisions de transactions qui affectent de façon négative (adverse) le bien-être de « la partie » non

informée et d‘un segment de « la partie » informée. La sélection adverse concerne donc l‘information cachée que détient l‘agent. Ce dernier mobilise son avantage informationnel,

sans que le principal puisse vérifier qu‘il a utilisé son information d‘une façon qui sert au

mieux l‘intérêt du principal.

26Dans son modèle, Akerlof fait l‘hypothèse que la demande des voitures dépend de deux variables- le prix de

l‘automobile et la qualité moyenne des voitures utilisées échangées. De même, L‘offre des voitures, ainsi que la qualité moyenne dépendent du prix. A l‘équilibre, l‘offre égalise la demande [Akerlof, 1970].

31 Il existe un autre type d‘imperfection d‘information : l‘aléa moral. Ce dernier renvoie au problème d‘une action cachée : le principal ne peut pas complètement observer les actions de l‘agent (Arrow, 1985). Les notions d‘aléa moral et de sélection adverse27

ont été initialement développées dans des contextes spécifiques, avant que leur portée explicative ne soit étendue à une multitude de situations économiques.

L‘aléa moral se réfère à une situation d'opportunisme ex-post où l'agent non-informé

ne peut observer le comportement ou le niveau d'effort caché de l'autre agent. Ce dernier est

donc tenté d‘agir pour son propre intérêt et d'annoncer à l'agent non informé que les mauvais

résultats observés sont le fait d'événements indépendants de sa volonté.

Arrow [196γ] a saisi l‘importance de l‘aléa de moralité dans son article sur les soins

médicaux et la théorie du bien- être28. En effet, certaines dépenses comme les soins médicaux

sont sujettes à de l‘incertitude parce qu‘elles sont reliées à des événements aléatoires que le consommateur ne peut connaître à l‘avance, puisqu‘il ne peut pas tester le produit avant de l‘avoir consommé. Le médecin a des connaissances beaucoup plus importantes que le patient sur les conséquences de sa maladie et les possibilités de traitement. L‘asymétrie d‘information renvoie ici à la différence d‘information sur les conséquences d‘un achat de soins médicaux.

Dans son article de [1985] « Agency and the market », Arrow a traité le problème de

l‘aléa moral dans le cadre des modèles principal-agent: « le médecin est l‘agent qui choisit

les actions qui ont un effet sur le bien-être du principal (le patient). La base même de la relation est la connaissance supérieure détenue par le médecin. Par conséquent, le patient ne

peut vérifier pour voir si les actions des médecins sont aussi soigneuses qu‘elles devraient l‘être » (Arrow, 1985 : 38). Si le patient ne guérit pas vite après la consultation, il ne peut pas

être sûr que son état soit attribuable à la nature même de la maladie, à un mauvais diagnostic de la part du médecin, ou encore à une inefficacité du médicament.

L‘apport fondamental d‘Arrow a été de montrer la généralité des phénomènes d‘aléa moral et d‘anti-sélection en dehors de l‘assurance proprement dite. Pauly [1968] et Arrow [1968] expliquent qu‘en présence de risque moral, c'est-à-dire quand les individus modifient

leurs consommations en fonction des prix des soins, la collectivité se retrouve dans une situation moins favorable que sans risque moral.

27 Nous utiliserons pareillement anti sélection ou sélection adverse. 28 Arrow [1963]

32 Les questions de l‘aléa moral ont une portée très générale. Marshall [1976], Arrow [1968] et Pauly [1968] se sont intéressés à l‘assurance. Par exemple, dans le cadre d'un

contrat d'assurance, l'agent assuré contre l'incendie peut avoir moins d'incitations à éviter les risques d'incendie et en cas de sinistre, être tenté de cacher son comportement négligeant. Les

mêmes questions ont aussi émergé dans l‘analyse du système de métayage (Stiglitz, 1974). Il s‘agit de fermiers qui paient pour l‘utilisation de la terre avec des parts de profit ou du

résultat. Mirrlees [1976] et Stiglitz [1975] se sont intéressés quant à eux à la théorie des

systèmes d‘incitation et des structures salariales.

Pour contourner le problème d‘aléa moral, Arrow [1968] a proposé aux sociétés d‘assurance un certain rationnement qui peut prendre trois formes : une analyse des rubriques

des coûts individuels jugeant lesquels sont « normaux » 29 , compter sur l‘éthique professionnelle des médecins qui ne prescriraient pas des traitements à coûts élevés et

compter sur la volonté des individus de bien se comporter. Les problèmes d‘aléa moral peuvent aussi être résorbés par l‘élaboration d‘un contrat effectué par le principal qui stipule un paiement en fonction d‘un résultat ou en mettant en œuvre des techniques de contrôle direct de l‘action des agents.

1.2.2.3 Les mécanismes d‘incitation

Certains mécanismes qui transmettent l‘information entre les agents ont permis de remédier aux problèmes de l‘anti-sélection. Michael Spence [197γ] s‘est intéressé à la relation employeurs-employés en situation d‘asymétrie d‘information. Dans le cas où les agents ne

disposent pas de la même information, il s‘est interrogé sur la nature des « signaux » que chacun peut envoyer afin d‘augmenter ses gains par rapport à la situation où il ne ferait rien.

Si ces mécanismes sont entrepris par les vendeurs (c'est-à-dire la partie informée), Spence les qualifie de signaux, et dans le cas où ils sont mis en œuvre par les acheteurs (c'est-à-dire les

moins informés), il s‘agit des activités de filtrage.

Le filtrage consiste pour la partie non informée, qui joue donc en premier, à proposer à la partie informée un menu de contrats de telle sorte que chaque type d'individu choisisse le contrat qui lui est approprié. Par ce processus d'auto-sélection, la partie informée révèle son

29D‘après l‘auteur, le terme coûts normaux se réfère à des coûts que l‘assuré aurait dépensés s‘il n‘était pas

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type30. Ce mécanisme de marché a été notamment exposé par Rothschild & Stiglitz [1976] pour le marché des assurances et porte sur le comportement d‘achat d‘une assurance où l‘on

considère que le type de police acheté est un signal du degré de risque que présente l‘assuré. L‘assureur (non informé) propose deux types de contrats : un contrat avec une franchise

élevée et une prime faible, qui sera choisi par les agents à bas risque et un autre contrat avec une franchise faible et une prime élevée qui sera sélectionné par les agents à haut risque. Ainsi, les assureurs incitent les agents à révéler leur type.

Dans un mécanisme de signal, c'est la partie informée qui joue en premier, c‘est un