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L A FORME EIDÉTIQUE D ’ UNE RÉGION

Dans le document Les sites web. (Page 182-186)

CHAPITRE 12 RÉGIONS D’ÉDITION, ZONES ET INTERFACES

12.5 L A FORME EIDÉTIQUE D ’ UNE RÉGION

Considérons maintenant la forme eidétique de la région IV à valeur paratextuelle qui fait partie de l’interface de la page d’accueil du site de la préhistoire des Gorges de Verdon (figure 12.1). Celle-ci est composée de deux centres perceptifs : l’un comprenant l’espace occupé par les deux pavés textuels et réservé à l’expression de la scène « qualification de la marque distinctive du site » ; l’autre comprenant l’espace des deux images et réservé à l’expression de la scène

« exemplification de la marque distinctive du site ».

Les deux espaces sont physiquement disjoints et se présentent sous forme de deux inserts distincts sur la page d’accueil du site. La forme eidétique de l’espace comprenant les deux images et réservé à l’expression de la scène « exemplification de la marque distinctive du site » (figure 12.1) est très clairement distincts des

espaces perceptifs composant les autres régions de page d’accueil : la région I, la région II, la région III et la région V. Il forme une sorte de rectangle verticalement allongé. Sa surface est celle des deux photos, son étendue est limitée par la taille des deux images affichées et les bords perceptifs de cet espace sont ceux des deux images.

La forme eidétique de l’espace occupé par les deux pavés textuels et réservé à l’expression de la scène « qualification de la marque distinctive du site », est quelque peu plus complexe. Comme on peut se rendre compte dans à la figure 12.1, notre espace est pourvu notamment d’un bord perceptif clairement marqué sous forme d’un tracé noir. Ce bord délimite l’espace perceptif :

– de celui réservé à la région V, i.e. à la région mettant en scène le lieu

« accueil » du site du Musée de la préhistoire des Gorges de Verdon (cf., dans la figure 12.1, la partie supérieure et toute la partie droite),

– de celui réservé à l’expression de la scène « exemplification de la marque distinctive du site » (cf., dans la figure 12.1., la partie gauche médiane délimitée par les deux photos),

– ainsi qu’accessoirement de celui réservé à l’expression de la région I intitulée

« accès aux prestations générales du site du Musée de la préhistoire des Gorges de Verdon » (cf., dans la figure 12.1 la partie inférieure délimitée par une variation chromatique systématique).

Mais les choses ne sont pas si évidentes que cela. Ainsi, si on fait intervenir le critère du chromatisme, on se rend compte que l’interprétation de la délimitation de l’espace perceptif à gauche par le tracé noir « grignote » sur le chromatisme qui semble être réservé à la région I (et III). Néanmoins, le pavé textuel jouant le rôle d’un surtitre (« Aux racines du savoir ») est placé, lui, sur un fond bi-chromatique : blanc (caractéristique des deux régions I et III) et brun clair (caractéristique de la région IV). Par ailleurs, le deuxième pavé textuel jouant le rôle du titre (« Ici commence l’histoire ») se trouve entièrement placé sur le fond chromatique caractéristique de la région IV mais avec des lettres en couleur blanche ce qui peut être interprété comme une sorte de référence anaphorique aux deux régions I et III.

Aussi, les deux parties chromatiques s’enchevêtrent en quelque sorte par une ligne dentelée au milieu qui sépare également la région I de la région III.

En effet, comme nous l’avons vu dans la section 12.2, l’utilisation des couleurs sur le site du musée de la préhistoire semble être guidée par quelques grandes thématiques dont notamment celle du site comme une institution sui generis (représentée par la couleur blanche) et du site comme le lieu d’exposition et de valorisation du musée lui-même et de son patrimoine (représentée notamment par la couleur brune claire).

Or, pour pouvoir délimiter la partie de la région IV réservée à l’expression de la scène de la qualification de la marque distinctive du site, il faut rendre compte de ce sémantisme chromatique car il semble bien qu’il y ait deux grandes démarcations perceptives suggérant le bord inférieur (et donc la clôture interprétative) de la dite partie :

– une première démarcation proposée par la ligne blanche découpant l’espace chromatique brune claire en deux parties : une première zone réservée aux deux pavés textuels une deuxième zone, plus importante, réservée à un espace brun composé d’un dessin d’hominidés

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– une deuxième démarcation suggérée par la variation chromatique brune claire (caractéristique de la région IV) et verte grise (caractéristique de la région III).

Or, la question qui se pose ici est celle de la priorité du ou des critères intervenant dans l’organisation de l’expression d’un contenu sur une page ou un site Web. Et, de nouveau, faut-il distinguer entre la scénarisation au sens d’un processus de conception et la scénarisation au sens d’un processus d’interprétation et de compréhension (i.e. de « lecture ») d’un site Web ou d’une prestation d’un site Web.

Figure 12.7 : Filiation Principales caractéristiques de l’espace perceptif composant la forme eidétique d’une région

Ceci étant afin de déterminer la forme eidétique d’une région d’édition, il faut essayer de tenir compte des bords de son étendue et de sa surface (figure 12.7).

Ainsi, les bords d’une région peuvent coïncider avec ceux des objets (textuels, photographiques, …) utilisés pour exprimer et communiquer une certaine prestation mais ils en peuvent être aussi, bien évidemment, distincts. Le premier cas s’applique à notre exemple de l’espace perceptif composé essentiellement de deux photos ; le deuxième cas s’applique à l’autre espace perceptif composant la forme eidétique de la région IV.

Aussi, les bords eux-mêmes peuvent être marqués sous forme de « frontières » bien visibles. Mais ils peuvent être également non-marqués. Par exemple, l’espace perceptif de la région IV composé des deux photos, possède des bords marqués. Ce marquage est du au fait que les limites de l’espace en question sont celles des deux photos elles-mêmes. D’autres formes de marquage sont celle du tracé d’un bord ou encore celle de la variation chromatique. Enfin, un bord peut représenté une forme géométrique (c’est le cas de notre exemple de la région IV qui représente un petit et grand rectangle contigu), mais il peut également se constituer comme un tracé schématique ou figuratif.

Restons encore un moment sur ce point assez délicat qui est celui de la délimitation d’une région ou d’une zone et prenons l’exemple de la région II (figure 12.1) qui met en scène l’accès aux prestations principales du site, à savoir la mise à disposition au visiteur des informations relatives au patrimoine archéologique des Gorges du Verdon et à l’espace muséal lui-même. La dite région II est assez facilement identifiable dans son centre où elle est composée d’éléments textuels

Bords de l’espace

Surface de l’espace Etendue

de l’espace

exprimant à la fois le type de patrimoine préhistorique accessible sur le site et l’accès à ce patrimoine. Mais quel est – au juste – son bord, quelle est la frontière de cette région ? C’est de nouveau une question de perception et d’interprétation – contrairement au processus de rédaction ou de réalisation où il s’agit plutôt d’une question de stipulation ou de spécification.

Dans le cas de la lecture de la page web en question, l’interprétation est, probablement, guidée par le fond blanc qui détermine le chromatisme de cette région.

Dans ce cas là, la région prend la forme eidétique d’un rectangle verticale asymétrique. Cependant, la partie supérieure du fond blanc peut être aussi comprise comme faisant partie de la région IV. Ou encore, on peut l’interpréter comme une partie commune des deux régions en question, comme une sorte de fusion partielle des deux régions.

Figure 12.8 : schéma de la topographie chromatique principale de la page d’accueil du site de la préhistoire et du site dans son ensemble

Cette interprétation possède sa pertinence étant donnée la mise en scène du patrimoine préhistorique qui, d’un point de vue chromatique, s’appuie sur une topographie chromatique très proche de celle qui définit les régions II, III et IV composant une partie importante de l’interface de la page d’accueil (figure 12.8).

Ainsi la partie droite (de couleur brune – verte) de la dite structure chromatique sert comme fond chromatique pour la mise en scène du patrimoine du musée et de son patrimoine et la partie gauche (de couleur blanche) comme un sas, un espace de navigation, d’exploration du patrimoine.

Par ailleurs, en comparant les deux régions III et IV composant la partie droite de l’interface de la page d’accueil (figure 12.8), on peut y détecter une topographie verticale qui organise la structure eidétique et chromatique en trois parties principales :

1. une partie supérieure pourvu d’un code chromatique homogène ;

2. une partie inférieure se distinguant par la présence de l’image aérienne des Gorges du Verdon ;

3. une partie médiane composée de dessins d’un groupe d’hominidés sur un fond chromatique identique à celui de la partie supérieure.

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Avec le pavé textuel « aux origines de l’histoire » de la région IV qui est le slogan, le message mythique du site, la partie supérieure et la partie médiane de cette topographie eidétique et chromatique verticale forment, de toute évidence, un ensemble cohérent. Mais, la partie médiane peut également faire partie de la région III (informations signalétiques) de sorte qu’elle joue pleinement sa fonction de médiateur entre le « lieu d’aujourd’hui » (représenté par l’image aérienne composant le fond de la région III) et le lieu de l’origine de l’humanité (représenté par le fond chromatique homogène de la région IV.

C’est pour dire qu’une région dans une perspective de lecture, d’interprétation, est une unité signifiante qui occupe une certaine place sur l’interface caractéristique d’une ou d’une pile de pages web, qu’elle possède un ensemble de caractéristiques perceptives et surtout sémantiques mais dont l’identification, la compréhension et la classification peut varier d’un lecteur à un autre.

Comme déjà dit, dans une perspective de production, les choses se présentent différemment. Tout en s’appuyant sur les mêmes critères de description que ceux utilisés pour expliciter une interprétation, une lecture, l’identité et la spécificité d’une région est plutôt stipulée et imposée.

Ainsi, peut-on parfaitement stipuler que la région II sera pourvu de tel contour visible, que la région IIII aura tel autre contour, que les deux régions doivent se chevaucher à tel ou tel endroit, etc. Malgré la limpidité de ces stipulations, celles-ci ne sont pas plus objectives que les interprétations, les lectures divergentes et différentes des régions et zones signifiantes d’une interface par un ensemble de visiteurs d’un site Web. Ce ne sont que deux points de vue différents, deux façons de voir et de traiter la même chose, à savoir comment établir et contrôler l’indispensable communication entre les visiteurs d’un site et le site lui-même.

Dans le document Les sites web. (Page 182-186)

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