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L’ATELIER D’ECRITURE LITTERAIRE : OUTIL PEDAGOGIQUE ET REMEDE PSYCHOLOGIQUE

Le réajustement des représentations au sein de l’atelier d’écriture

4. L’ATELIER D’ECRITURE LITTERAIRE : OUTIL PEDAGOGIQUE ET REMEDE PSYCHOLOGIQUE

Etant « un dispositif d’animation ayant pour but de stimuler l’écriture. »45, l’atelier d’écriture offre aux participants un moment de partage en écriture, dans le sens où cet espace permet de faire abstraction des failles, des hésitations de chacun d’entre eux. Au sein de l’atelier d’écriture une atmosphère d’échange s’instaure et un climat d’écoute se développe et

43 STOECKLE, cité par Noëlle SORIN. (2005). « Vers une didactique de l’écriture littéraire du récit de fiction au primaire ». Op cit. P. 71.

44Jean-François HALTE. Cité par Caroline MASSERON. (2008). « Didactique de l’écriture : enseignement ou apprentissage ? » In Pratiques n°137/138. Juin. P. 79.

45Odile PIMET. (2004). Le goût des mots : guide pour l’animation d’ateliers d’écriture pour public peu francophone et peu lecteur. MATOURY (GUYANE). IBIS ROUGE EDITIONS. P. 23.

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une occasion d’écrire se présente car « dans l’atelier c’est la loi du partage en écriture qui a été installée. »46.

Ce lieu éducatif prône l’acceptation de l’autre par le respect attribué aux écrits lus, réécrits et relus par les écrivants participants à cette expérience de l’écriture en atelier. Cet espace de partage et d’expérience mutuelle en écriture éduque cet apprenant/scripteur à adopter l’esprit de respect et d’acceptation des membres participants à cette activité d’écriture. Cet environnement de création et d’interaction invite ces écrivants à vivre le partage en écriture et à savourer l’ambiance de l’imaginaire et du fictif :

« Faire appel à l’imaginaire, inviter à parler, travailler la langue, solliciter la poésie, produire les récits les plus divers à partir d’expériences. Toutes ces manifestations de l’écriture sont des manières efficaces de mieux se connaître entre êtres humains et de surseoir

ainsi aux pulsions de violence et de rejet de l’autre (…). Produire ensemble ici et maintenant, oui, si ce qui doit en naître est un autre monde vivable et respectueux du vivant à force d’être

parlé, écrit et lu.»47.

C’est un apprentissage progressif de la langue que l’atelier d’écriture propose, c’est une acquisition créative et réelle de la langue qu’il optimise. « L’atelier d’écriture est le lieu de travail de l’écriture qui prend le mieux en compte l’enjeu discursif de toute production langagière. »48 Au sein de l’atelier d’écriture cet apprenant/scripteur devient un agent actif d’où sa participation à son propre apprentissage.

En effet, « l’atelier pédagogique fonctionne comme un lieu d’élaboration du savoir, de construction et d’interaction. »49. Pratiquer l’écriture en français langue étrangère au sein d’un atelier d’écriture est une expérience où l’apprenant accède à la langue par le biais de nouvelles conceptions, celles de l’accessibilité et celle de l’aisance, car ici et dans cet espace de

46 Odette & Michel NEUMAYER. (2008). Animer un atelier d’écriture : faire de l’écriture un bien partagé. Op cit. P. 36.

47 Odette & Michel NEWMAYER. (2008). Animer un atelier d’écriture: faire de l’écriture un bien partagé. Op cit. P. 21.

48 Anne CHAMPION et Jean-Bernard ALLARDI. (1999). « L’exercice de l’écriture ». In Le Français aujourd’hui n°118. P. 84.

49J.-P. Cuq. (2003). Dictionnaire de didactique du français : Langue étrangère et seconde. Paris : Clé internationale. P. 27.

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créativité et de libération, l’écriture s’exécute avec l’esprit d’échange et d’interaction correctrice. «Nous pensons les ateliers d’écriture comme une activité de découverte et d’entrée dans l’écrit. Ils sont donc ouverts à tous quel que soit le niveau de maîtrise de la langue française ou de l’écrit. »50.

Travailler l’écriture en atelier c’est découvrir que l’acte d’écrire est un acte qui se réalise étape par étape, c’est aussi être au courant des diverses possibilités d’écrire autant de fois que cet acte le demande, il faut savoir que « la langue n’est jamais donnée. Elle se travaille. »51 . Et que le fait de « participer à un atelier d’écriture, c’est se former à résister à la peur de l’erreur, à la pression du ‘bien dit’ et du ‘beau langage’, au sentiment que les autres savent mieux faire que nous. »52.

Dans cet espace bienveillant et plein de surprises qu’est l’atelier d’écriture, l’exploitation du texte littéraire comme texte d’appui et comme modèle d’écriture et de réécriture est l’un des atout de l’écriture en atelier car l’aspect imaginatif et créatif est pleinement ressenti et vivement vécu par cet apprenant/écrivant qui opère ces découvertes et réalise ces images inventives dans ses productions propres et personnelles. C’est le travail fait avec le texte et dans le texte qui permet cet esprit imaginatif de naître et ces combinaisons de s’accroitre. « Avoir de l’imagination, c’est donc être capable ‘d’étranger’ un objet (et ce peut être un mot) de l’ensemble habituel de relations qui construisent sa fonction (c’est-à-dire son sens) et de l’intégrer dans un autre espace relationnel qui lui confère d’autres fonctions, d’autres sens. »53 . En effet, ce travail (bricolage) sur la langue mis en œuvre dans un projet d’écriture en atelier ouvre large l’esprit de cet apprenant/écrivant à pouvoir se détendre au moment de l’acte d’écrire et à se laisser aller dans le chantier de l’écriture sans préjugés relatant la peur et le poids d’une perfection longtemps sacralisée dans les têtes et les esprits.

Dès que, cet apprenant/scripteur franchi la porte de l’atelier d’écriture, il se rend compte de la valeur intangible du brouillon qu’il soit le sien ou celui d’écrivains. L’écriture se

50Odile PIMET (2004). Le goût des mots : guide pour l’animation d’ateliers d’écriture pour public peu francophone et peu lecteur op cit. P. 14.

51 Odette & Michel NEUMAYER. (2008). Animer un atelier d’écriture : faire de l’écriture un bien partagé. Op cit. P. 87.

52Odette & Michel NEUMAYER. (2008). Animer un atelier d’écriture : faire de l’écriture un bien partagé. Op cit. P 87.

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révèle alors une partie de plaisir car le texte littéraire longtemps sacralisé s’avère le produit de ratures, d’ajouts et de perplexité et c’est justement avec cette évidence que tout apprenant/scripteur avance dans l’écriture en atelier tout confiant d’avoir toutes les possibilités pour écrire et rédiger soi-même des textes personnelles.

Dans le fond, l’écriture en atelier participe largement au réajustement des représentations que se font ces apprenants –futurs scripteurs- de l’écriture en FLE, d’autant plus que : « l’atelier d’écriture, s’il tient compte des capacités de production écrite des participants et gagne à suivre une progression, s’appuie plus sur l’imagination et la sensibilité des participants que sur leur niveau de performance écrite. »54

En effet, découvrir que tel ou tel écrit de tel ou tel écrivain est passé par plusieurs étapes d’écriture et de réécriture, redonne à cet apprenant/scripteur le pouvoir ainsi que le vouloir écrire et réécrire. Découvrir que les brouillons de ces écrivains sont les produits de ratures, de rajouts, de variations et d’hésitations, permet à ce futur scripteur de s’abandonner dans cette activité scripturale sans peurs ni préjugés, car au sein de l’atelier d’écriture il a compris que le texte est le produit d’un travail à la portée de tout à chacun. « Cela dédramatise la situation d’écriture, un texte étant en quelque sorte une réécriture et non une création. »55

Tant d’images défectueuses peuvent être réparées dans la sphère des représentations de l’écriture en français chez cet apprenant/scripteur. Effectivement, cette participation à l’écriture au sein d’un atelier et cette entrée dans le texte littéraire rendent l’écriture un plaisir à expérimenter, le texte littéraire une découverte à partager et son brouillon un allié à sauvegarder. Dans cet esprit de travail et d’intégration le participant à l’écriture en atelier devient le sujet avec qui l’atelier est animé et le texte revitalisé car c’est lui et lui seul qui « est au centre de la créativité, parce qu’il l’exerce, et qu’il la réfléchit. Ce n’est pas un sujet solitaire et innocent, mais un individu toujours pris dans le réseau des savoirs et des pratiques, des textes et des influences que son expérience l’amène à reconfigurer de façon singulière. »56

54 Odile PIMET. (2004). Le goût des mots : guide pour l’animation d’ateliers d’écriture pour public peu francophone et peu lecteur. Op cit. P. 27.

55Jean-Pierre CUQ et Isabelle GRUCA. (2005). Cours de didactique du français langue étrangère et seconde. Presse Universitaire de Grenoble. P. 188.

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