• Aucun résultat trouvé

et l’apprentissage d’une langue étrangère

‘’ Apprendre est un acte individuel

à condition dans une communauté d’apprenants qui s’épaulent,

coopèrent et construisent ensemble du sens.’’ M.Develay

1. L’ATELIER D’ECRITURE ET LE TRAVAIL INTERACTIF

Etant un dispositif dans lequel les participants s’intègrent dans un échange interactif, l’atelier d’écriture est le moyen pédagogique par excellence qui favorise l’émergence des interactions entre les apprenants et réalise leur durabilité.

En fait, l’atelier d’écriture propose un espace qui permet une intégration réelle dans une collectivité ce qui sollicite entre partenaires une pratique continuelle de coopération, d’entraide et d’échange.

65

CHAPITRE II

Dans le fond, partager l’expérience de l’écriture au sein d’un atelier d’écriture favorise la construction d’un savoir et d’un savoir faire stimulés par les interactions qui s’émergent au centre de ces travaux d’écriture en atelier.

Amener les apprenants à travailler au sein d’un atelier d’écriture c’est les amener à travailler dans une collectivité, c’est les rendre responsable de leur apprentissage, c’est leur faire apprendre à réfléchir ensemble, à conduire le projet d’écriture à ses fins et à agir conjointement dans un climat de coopération et d’interaction, car « le fait d’apprendre à plusieurs autorise une élaboration des idées difficilement accessible à la seule pensée individuelle. »1

L’atelier d’écriture met l’apprenant au sein d’un environnement qui lui permet d’acquérir des habilités interactives et coopératives pour progresser dans son apprentissage. Ainsi, apprendre devient une activité collective assumée par des efforts individuels orientés vers l’accomplissement d’une construction conjointe des opérations intellectuelles et vers une affirmation de soi avec un investissement réelle de chacun des participants à cette expérience de l’écriture en atelier.

« Apprendre est un acte individuel, à la condition de le penser dans une communauté d'apprenants qui s'épaulent, coopèrent, et construisent ensemble du sens. Apprendre est un acte individuel, à la condition de le replacer dans un contexte coopératif. La meilleure façon d'individualiser est de coopérer. Le savoir ne peut être construit que dans un climat de sérénité, conséquence d'une vie sociale à laquelle chacun participe, la convivialité ne se bâtit pas à partir de rien, non pas uniquement à partir du savoir, mais à partir d'un savoir construit individuellement et non pas de manière individualiste. »2

Dans un travail en atelier, l’interaction se traduit en un ensemble de réactions coopératives ou conflictuelles. Dans les deux cas l’échange est garanti et l’interaction est réelle. « La coopération et le conflit sont deux composantes également nécessaires à la poursuite d’un dialogue, qui doit se garder sur ses deux flancs opposés : d’un côté l’excès de

1

Alain BAUDRIT. (2007). L’apprentissage coopératif : origines et évolution d’une méthode pédagogique. Editions De Boeck. Bruxelles. P. 14.

2

66

conflit peut entraîner la mort de l’interaction, voir des interactants, mais de l’autre, l’excès de consensus ne mène lui aussi qu’au silence. »3

La notion d’interaction a fait l’objet d’analyse du courant ethnosociologique de Hymes s’appuyant sur le contexte physique et socioculturel dans lequel se déroule l’interaction, de son côté l’ethnographie des communications après analyse de diverses sociétés démontre que l’interaction est mieux étudiée dans un groupe où on communique avec différents dialectes, l’ethnométhodologie pour sa part met l’accent sur la description des méthodes (procédures, savoirs et savoir-faire).

En effet, dans cette expérience de l’écriture en atelier, l’importance est accordée au contexte où se déroule l’échange, en réalité entrer dans l’échange interactif c’est aussi savoir changer d’aptitudes et en adopter d’autres « Tout au long d’un échange communicatif quelconque, les différents participants que l’on dira inters actants exercent les uns sur les autres un réseau d’influences mutuelles, parler c’est échanger, c’est changer en échangeant. »4

Ici on garde l’œil sur les différentes empreintes intégrées dans le produit du groupe, on observe également les conduites et les comportements des participants à l’atelier d’écriture, dans leur tentative de s’intégrer et de marquer leur contribution au produit final du groupe.

« Le retour après une séance de travail en atelier amène les élèves à présenter leurs productions, à échanger sur leurs expériences et à faire part de leurs apprentissages. Ce sont des situations de communication concrètes et aussi très signifiantes pour les élèves. Ces derniers ont donc à travailler à la cohérence de leur message, à utiliser un vocabulaire approprié et à tenir compte de la syntaxe »5

Ecrire en atelier c’est entrer dans un projet d’écriture, ce dernier rend l’engagement des participants effectifs et consolide d’une part l’échange et renforce de l’autre l’influence mutuelle existante entre ses membres. « L’interaction véritable commence avec ’la rencontre’, où le groupe se structure autour d’un ‘foyer commun’, et où il y a concentration unique de

3

Catherine KERBAT-ORECCHIONI. (1992) Les interactions verbales. Tome II. ARMAND COLIN Editeur. Paris. P. 149.

4

Catherine KERBRAT-ORECCHIONI. (1998). Les interactions verbales : approche interactionnelle et structure des conversations, Armand Colin, Paris. P. 17.

5

Lisette OUELLET. (2010). Un Enseignant Bien Outillé : Des Elèves Motivés, Chenelière Education, Canada12-(Québec). P. 38.

67

CHAPITRE II

l’attention intellectuelle et visuelle officiellement admise, concentration que tous les participants à part entière contribuent à maintenir. »6

Le travail en atelier est fondé sur la coopération entre les participants interactants sans laquelle l’interaction ne peut exister. C’est cette atmosphère d’échange et de partage en écriture qui maintient l’interaction et la nourrit « la coopération étant la condition par excellence de possibilité et de survie de l’interaction. »7

Il semble ainsi que tout échange est de nature coopératif et que « tout discours dialogué est le produit d’un ‘bricolage interactif’ effectué coopérativement par tous ceux qui s’y trouvent collectivement engagés. »8

C’est ainsi qu’au cœur même de l’atelier d’écriture que les interactions entre les partenaires en écriture naissent et survivent. Ces partenaires interagissent entre eux pour atteindre l’objectif assigné, celui de réaliser un écrit collectif demandé.

La devise d’une longue vie de l’interaction est que les partenaires en écriture au sein de l’atelier partage le sens et l’essence du travail en équipe, ces apprenants/interactants s’intègrent et s’investissent dans un projet d’écriture.

Sachant que tout le monde au sein de l’atelier d’écriture sait quelque chose, que chacun des participants est muni de compétences et d’expériences lui permettant de laisser ses traces au sein de l’atelier, qu’il n’ya personne qui peut prétendre tout savoir et que chacun s’enrichit des connaissances des autres et que ensemble une réalisation écrite se concrétise et s’enrichie avec le plus qu’apporte chacun des interactants.

En somme, le travail d’équipe en atelier d’écriture favorise l’émergence des interactions, assure leur durabilité et renforce leur vie entre ces apprenants/interactants participants à l’expérience de l’écriture en atelier.

Chaque inetractant échange et confronte ses connaissances avec ses partenaires en atelier, ces partenaires en écriture interagissent et communiquent entre eux afin de réaliser la

6

Catherine KERBAT-ORECCHION. (1993). Les interactions verbales. Tome I. ARMAND COLIN Editeur. Paris. P. 113.

7

Catherine KERBAT-ORECCHIONI. (1992). Les interactions verbales. Tome II. ARMAND COLIN Editeur.Paris. P. 152-153.

8

68

production écrite demandée. Cet environnement positif d’apprentissage aide les apprenants à investir leurs acquis, à envisager des stratégies d’écriture et à travailler dans l’entente et l’entraide.

Au sein de cet espace interactif, les participants à l’expérience de l’écriture apprennent à être autonomes tout en respectant l’autre, ils s’engagent à faire part de leurs connaissances tout en négociant les acquis des autres, ils réalisent l’impact de reconsidérer leurs compétences et ils prennent conscience de l’intérêt d’écrire avec l’autre.

Devenir partenaires de l’interaction c’est pour les participants/interactants en atelier d’écriture c’est aboutir ensemble à une progression cognitive, c’est se restructurer aussi bien sur le plan cognitif que relationnel, c’est reprendre des processus individuels d’appropriation de la langue après la mise en commun de ses capacités avec ses partenaires en atelier.

S’aider à se corriger, se concerter pour trouver les réponses les plus justes et écrire ensemble pour réaliser un produit commun, c’est en cela que le projet interactif se met en place au sein de l’atelier d’écriture et fait son effet sur la qualité des échanges et la progression des apprentissages.

C’est le travail de l’écriture au sein d’un atelier qui permet aux participants de retrouver leur place au sein de cet ensemble, de s’affirmer entant qu’une autonomie responsable et de respecter les autres libertés et partager de ce fait avec les autres ses pensées, ses reflets imaginatifs et de là s’approprier cette langue dite étrangère.

2. AUTOUR DE L’INTERACTION :