• Aucun résultat trouvé

Le travail interactif au sein d’un atelier d’écriture engage tous les interactants entrant dans cette expérience de l’écriture en atelier. L’apprenant participant dans cet univers interactif s’intègre activement dans un projet d’écriture.

69

CHAPITRE II

En ces lieux, cet apprenant longtemps marginalisé et isolé seul dans un coin de la salle en FLE retrouve sa place dans un travail coopératif où il s’implique et marque sa présence dans ce climat d’entraide et d’échange, il prend part aux discussions ainsi qu’aux décisions.

C’est ainsi que les participants à ce projet d’écriture deviennent des interactants qui interagissent mutuellement dans un processus cognitif, leur permettant tout autant d’apprendre et d’évoluer ensemble que de s’évaluer et se corriger ensemble. « Le sujet est amené à expérimenter la densité d’une appartenance à une communauté : articulation entre soi et les autres, inscriptions du sujet dans un rituel collectif, dans une communauté de mémoire, dans une sphère sociale, croisements d’une dimension narcissique et d’une dimension sociale. »9

C’est cette atmosphère du travail en commun qui procure aux interactants cet engagement et cet investissement qu’ils mettent en œuvre jusqu’à ce qu’un produit écrit soit réalisé. Et c’est aussi dans cette atmosphère que les interactants apprennent à travailler dans le groupe et avec le groupe, ils s’habituent à être avec les autres partenaires en écriture et ils s’acceptent mutuellement.

« La classe se métamorphose en lieu de la confrontation, de la coopération, de l’acceptation aussi, puisque tout jugement de valeur est banni des échanges. Les élèves ne sont plus seuls face à l’écriture mais dans l’attente de découvrir le travail des autres. »10

C’est ainsi que le fait d’accepter l’autre semble développer la capacité de chacun des partenaires à se décentrer par rapport à sa pensée. On peut penser également que le fait de maîtriser ce choix permet d’envisager un degré de symétrie adéquat de la relation sociale, on peut alors considérer que la situation se déroule dans une “ hétérogénéité intelligente. ”Et c’est seulement en écrivant au sein d’un atelier d’écriture qu’on acquiert cette conscience car cette espace interactif

« vise à attirer l’attention des participants sur l’hétérogénéité des écrits qui nous environnent et sur notre capacités, souvent non conscientisée, à faire du sens avec cette

9

Rolande HATEM. (2005). Ecrire et réécrire dans toutes les disciplines. scérèn. Amiens. P. 20.

10

F KOSTRZEWA. (2007). Atelier d’écriture 26 lettres en quête d’auteurs. Edition De Boeck et Larcier. Bruxelles. P. 24.

70

multiplicité, à créer de l’ordre à partir du chaos, à reconstituer une unité à partir de fragments épars, ou au contraire, à disloquer et réorganiser autrement une unité préalable mais étrangère à nos préoccupations du moment. »11

Il s’agit de l’aptitude à accepter le jeu d’échanges, et donc la possibilité de faire des découvertes communes ; en conséquence se développe une capacité alors acquise de pouvoir travailler ensemble et de progresser ensemble, de s’accepter et d’accepter l’autre, d’être indulgent avec soi-même et avec ses partenaires en atelier, écrire en au sein d’un atelier « constitue un moment de partage et d’écoute des uns par les autres. »12

C’est avec cet esprit d’indulgence envers soi-même et envers leurs partenaires en écriture que les participants à l’expérience de l’écriture en atelier vont devoir et pouvoir travailler et s’améliorer, ceci va leur permettre d’être plus compréhensifs envers leurs partenaires et leurs écrits, ainsi au sein d’un atelier d’écriture « l’écoute et le respect des textes produits par les autres sont une nécessité. »13

Partager ses savoirs et ses savoir-faire en écriture au sein d’un atelier, avec l’échange des textes lus et écrits amène les interactants à se pardonner leurs erreurs et leurs incorrections, à recevoir leur chance de se corriger et de faire face à leurs brouillons que seul l’atelier d’écriture peut procurer car « L’écriture peut être vue, appréciée, applaudie, jamais raillée. »14. Se réconcilier avec leurs écrits en FLE, accepter les écrits des autres et guérir de cette relation conflictuelle fréquemment vécue comme cause de leur blocage en français.

Travailler dans ce climat d’interaction est l’occasion pour ces apprenants/interactants d’accepter de dévoiler leurs lacunes aux autres, d’apprendre à partager leurs pensées avec les autres et surtout d’arriver à être indulgent avec soi-même avant de l’être avec les autres : « Cela suppose de se trouver dans un environnement favorable au travail et à la recherche certes, mais surtout dans un lieu où l’on prend sciemment le parti de la coopération et de l’entraide. »15

11

Odette et Michel NEUMAYER. (2003). Animer un atelier d’écriture : faire de l’écriture un bien partagé. ESF éditeur. Issy-les-Moulineaux. P. 16.

12

Odile PIMET. (2004). Le goût des mots. IBIS ROUGE EDITIONS. Matoury. P. 29.

13

Odile PIMET. (2004). Le goût des mots. IBIS ROUGE EDITIONS. Matoury. Op cit. P. 29.

14

Odile PIMET. (2004). Le goût des mots. IBIS ROUGE EDITIONS. Matoury. Op cit. P. 35.

15

Odette et Michel NEUMAYER. (2003). Animer un atelier d’écriture : faire de l’écriture un bien partagé. ESF éditeur. Issy-les-Moulineaux P. 87.

71

CHAPITRE II

Dans ce lieu de partage qui est l’atelier d’écriture, les interactants apprennent à être indulgents les uns envers les autres. « Des discussions naissent. Une réflexion sur l’écriture émerge lentement. L’analyse des difficultés propres à chacun suit immanquablement. Des ‘remèdes’, des ‘stratégies’, voir des ‘conseils’ s’échangent spontanément. »16

Dans un premier temps cet apprenant interactant commence à devenir indulgent à l’égard de sa propre personne car participer à l’écriture en atelier l’aide à s’accepter, à reconnaître ses erreurs et à vouloir se corriger et s’améliorer. Dans un deuxième temps ce participant interactif propage son nouvel esprit tolérant envers cette langue dite étrangère le FLE, il commence à comprendre qu’ « il faut apprivoiser les mots. Les mots nous contraignent et nous libèrent. Ils sont souffrance et bonheur, retour sur le passé et promesse d’avenir ; la meilleurs et la pire des choses. Il faut jouer avec, et finalement, on se surprend à les aimer. »17.

Une règle d’or se met en place dans les esprits et dans les actions des participants interactants au sein de l’atelier d’écriture, l’idée fondatrice que « l’écrit est fait de tâtonnements, de re-création et de réécriture. Qui n’a pas raté, raturé, gribouillé, sali, avant d’arriver à débrouiller, à débroussailler, à désembrouiller et à rendre un texte propre, organisé et clair ? Ceux qui savent que toute création est reprises, retours et modifications avancent avec plus de facilité dans l’écriture. »18

En effet, cet apprenant/interactant commence en premier lieu à accepter de porter un nouveau regard sur son brouillon, un regard avec lequel son brouillon devient pour lui un outil de progression dans son apprentissage et un moyen d’amélioration de ses propres écrits et surtout une clé ouvrant toutes les incorrections à d’éventuelles corrections.

Ce même élément interactant arrive dans un autre temps à accepter les autres participants qui deviennent aussitôt des partenaires. Il prend compte de leurs propos alors, il apprend à accepter les idées, les suggestions et les corrections que ses partenaires lui proposent. « La classe se métamorphose en lieu de la confrontation, de la coopération, de

16

F KOSTRZEWA. (2007). Atelier d’écriture 26 lettres en quête d’auteurs. Op cit. P. 34.

17

Odette et Michel NEUMAYER. (2003). Animer un atelier d’écriture : faire de l’écriture un bien partagé. ESF éditeur. Issy-les-Moulineaux P. 85.

18

72

l’acceptation aussi, puisque tout jugement de valeur est banni des échanges. Les élèves ne sont plus seuls face à l’écriture mais dans l’attente de découvrir le travail des autres. »19

En tant qu’élément interactant au sein d’un atelier d’écriture, l’apprenant progresse dans ce lieu de partage en écriture et devient compréhensif avec ses partenaires, alors il apprend avec eux à appréhender leurs incorrections et à les exploiter pour se corriger et s’améliorer dans la réalisation de leurs productions écrites.

Chacun des partenaires du projet de l’écriture en atelier est conscient de son pouvoir interactif sur ses partenaires, il sait qu’avec eux il peut aller au bout de la tâche demandée, il reconnaît l’encouragement et l’engagement qu’il partage avec ses partenaire/interactifs et il vit l’improvisation, la confiance et le respect mutuel au sein de l’atelier d’écriture et il devient responsable et autonome tout en travaillant avec les autres car « l'atelier est le lieu de développement de mécanismes pouvant améliorer la qualité de ces micro-résolutions de problèmes. »20

L’espace et le lieu ces ont les ateliers d’écriture et le fondement de ce travail en commun ce sont les interactions qui s’en émanent et l’objet de cette rencontre et de ces retrouvailles est le partage en écriture et l’amélioration mutuelle de ses écrits.

« Les interactions sont le moteur de la résolution de micro problèmes ; le sujet étant amené à comparer sur certains points ses savoirs ou représentations à celles d'autrui, à les différencier, à les spécifier, à les décombiner puis recombiner. Cette activité de réorganisation cognitive rend possible la construction de savoirs plus élaborés, et par la suite la résolution du problème lui-même. »21

19

F KOSTRZEWA.(2007). Atelier d’écriture 26 lettres en quête d’auteurs. Op cit. P. 24.

20

Sophie BACONNET. (2011). La parole de l’enseignant dans la classe ; entre aide individuelle et avancée collective. Etude du cas d’un stagiaire vidéo scopé dans le cadre d’interactions didactiques au sein du dispositif ‘atelier dirigé d’écriture’ en CP. Colloque international INRP, 16, 17 et 18 mars. In Le travail enseignant au XXIe siècle Perspectives croisées : didactiques et didactique professionnelle.

21

73

CHAPITRE II