• Aucun résultat trouvé

DE LA DEFINITION VERS LA THEORIE DU TEXTE

L’atelier d’écriture lieu dynamique pour l’écriture

1- DE LA DEFINITION VERS LA THEORIE DU TEXTE

Prétendre cerner la notion de ‘texte’ relève d’une ignorance du caractère insaisissable de ce mot, donner telle ou telle définition n’est qu’aléatoire, et lui collé une explication n’est pas facile car « la définition du concept "texte" est une tâche ardue, une tentative parfois périlleuse. En somme, un terrain "miné" où il n’est pas facile d’y pénétrer pour l’expliquer, le comprendre, l’imiter même sans le toucher dans son intégrité, sa cohérence et sa structure. »1

Limiter sa fonction en une trace écrite retraçant les pensées, le réduire à une simple transcription des idées et le représenter comme fruit de l’inspiration et le produit d’un don n’est guère équitable à une notion relative à texture et qui implique en réalité un travail de tissage. « Le texte est réduit à être la reproduction, l’expression ou la représentation d’un sens (….). En pensant le texte comme reproduction, on se prive de la possibilité d’en

1Mohamed MEKHNACHE. (2011). L’exploitation du texte littéraire dans le projet didactique : pour un développement des compétences de production. Cas de 1ère année moyenne. Thèse de doctorat. Mars 2011. P 96.

170

connaître les moyens de production. On élimine ainsi toute possibilité d’apprentissage de l’écriture. »2

Néanmoins, « une définition opératoire »3 comme le disait ORIOL-BOYER est nécessaire. Une revalorisation du travail qui se fait dans un texte et une reconsidération du parcours qui rand le texte ce qu’il est chose due. Car en principe le texte est « le résultat d’un travail de transformation appliquée à un matériau, les mots, le langage. »4

Pour ORIOL-BOYER afin d’écrire il faut réécrire, vue sous cet angle et reconsidéré ainsi, le texte devient un champ d’investigation et un laboratoire de métamorphoses en mots, en sons et en sens et le texte devient alors :

«une réalité spécifique et consistante dont la matière se prête aux bricolages. (…) Accepter, en tant que scripteur, de se laisser conduire par les mots et non pas seulement par des idées, c’est accepter que le produit fini, le texte soit très différent de ce que l’on croyait. Ecrire peut alors être pensé non pas comme quelque chose à dire, mais comme quelque chose à faire. »5

Un remaniement de l’approche qui peut-être faite au texte est bien entendu capital pour qui veut faire de cette structure scripturale un outil d’apprentissage de l’écriture en classe de FLE. Et puis savoir que « comme, avant d’être long, un texte s’élabore de petites séquences de bricolage par des microstructures, c’est par elles qu’une initiation peut commencer. ». Effectivement ce sont toutes ces allées et venus vers le texte en lecture et en écriture qui permettent de l’aborder et d’en faire usage pratique et effective.

Apprendre à appréhender le texte en classe de français, être prêt à entrer dans le texte et à l’exploiter en lecture et en écriture pour un apprentissage de la langue devrait être l’objectif de toute approche qui se fait à cette notion de ‘ texte’. Effectivement, pour

2 Claudette ORIOL-BOYER. (1980). « Lire pour écrire : Atelier d’écriture et formation des maîtres. ». In Pratiques : linguistique, littérature, didactique. N° 26. P. 95.

3 Claudette ORIOL-BOYER. (1984). « Ecrire en atelier(1) » Printemps. In Textes en mains. Edition atelier du texte. P. 5.

4 Claudette ORIOL-BOYER. (1980). « Lire pour écrire : Atelier d’écriture et formation des maîtres. ». Op cit. P. 95.

5 Claudette ORIOL-BOYER. (1980). « Lire pour écrire : Atelier d’écriture et formation des maîtres. ».Op cit. P. 95.

171

CHAPITRE V

rendre l’accès au texte pratique et rentable en compétences scripturales chez les apprenants/écrivants, il faut relancer la réflexion sur le sujet du texte et de la réalité de son existence en classe de FLE ; car l’objectif premier doit être le fait d’accompagner l’enseignement-apprentissage de l’écriture du français en classe.

2-

LE TEXTE COMME OBJET DE PRODUCTION

D’après ORIOL-BOYER, trois grandes phases de la recherche sur la production écrite ont vue le jour, avec la première, l’écrit est limité à l’objet produit, avec la deuxième, c’est le processus de production qui fait objet d’étude et avec la troisième, l’intérêt des recherches porte sur les interactions qui s’émanent entre le produit et le processus. Dans cette dernière conception de la recherche et où s’inscrit la théorie de ORIOL-BOYER et où s’appui mon travail de recherche, l’objectif et la finalité set qu’« On tente de construire les interactions entre le produit et le processus, fondant ainsi les conditions de possibilité d’une didactique. »6

Avec les théories du texte mises en œuvre par les linguistes, on s’est centré sur l’étude de « l’usage ordinaire de l’écrit plus proche de l’oral. »7, cette centration faite au produit anéantissait toute possibilité de faire une analyse du texte entant que résultat d’un processus de production. Et de leur côté les littéraires œuvraient pour une vision techniciste de la littérature poursuivant ainsi les travaux des structuraliste avec qui le texte est clôturé sur lui-même. « En cette division du travail bien classique, tout se passe

6 Claudette ORIOL-BOYER. (1990). « Pour une didactique du français langue et littérature étrangères. » In Le Français dans le monde n° 237, novembre-décembre.

7 Claudette ORIOL-BOYER. (1990). « Pour une didactique du français langue et littérature étrangères. » Op cit.

172

comme si, tacitement, les territoires s’étaient partagés : aux linguistes la science du langage populaire, aux littéraires le flou artistique, langage de l’élite. »8

L’intérêt porté récemment au processus de production est exprimé dans des recherches en psychologie cognitive, de la pragmatique et celle de la critique génétique. Jean-Louis LEBRAVE cité par ORIOL-BOYER le montre en affirmant qu’ « il est frappant de voir à quel point l’intérêt pour les processus de production est récent. La remarque en revient comme un leitmotiv dans tous les travaux sur l’écriture (…) et il faut attendre les années 80 pour voir paraître aux Etats-Unis une série d’ouvrages consacrés aux problèmes de la production écrite. »9

Ainsi, avec la psychologie cognitive une mise au point des protocoles d’observation des écrivants au moment de l’acte d’écrire voit le jour ce qui a préparé : «un cadre facile à manier, une identification des opérations qui font difficulté, l’importance de la planification et surtout le rôle fondamental de la révision et de la réécriture. »10. La nouvelle critique génétique pour sa part étudiait les manuscrits d’écrivains et des brouillons d’apprenants. Jointe aux travaux des psychologues, la critique génétique assure la perspective d’étudier le lien intrinsèque de l’écrivant/lecteur « dans une théorie non plus du produit mais de la démarche pour y parvenir. »11

Du côté des recherches en pragmatique, avec KERBAT-ORECCHIONI, l’énonciation a permis aux recherches sur le texte de ne pas s’attarder à l’étude du produit et va une théorie du texte. « Bien qu’elle ne soient plus construites à partir de l’oral, les recherches sur l’énonciation ouvrent une ère nouvelle qui permet d’inscrire la pratique scripturale dans la complexité du rapport produit-processus. »12

8 Claudette ORIOL-BOYER. (1990). « Pour une didactique du français langue et littérature étrangères. ». Op cit.

9 Claudette ORIOL-BOYER. (1990). « Pour une didactique du français langue et littérature étrangères. ». Op cit.

10Mohamed El Kamel METATHA. (2010). « L’écriture et son apprentissage sous le prisme du ‘rapport à

l’écrit’ ». In Synergie Algérie n° 11. P. 98.

11Claudette ORIOL-BOYER. (1990). « Pour une didactique du français langue et littérature étrangères. ». Op cit.

12 Claudette ORIOL-BOYER. (1990). « Pour une didactique du Français langue et littérature étrangères ».Op cit.

173

CHAPITRE V