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Modifié par Décret n°2007-363 du 19 mars 2007 - art. 2 JORF 21 mars 2007

« Dans les locaux à usage d'habitation, d'enseignement, de bureaux ou recevant du public et dans tous autres locaux, à l'exception de ceux qui sont indiqués aux articles R. 131-22 et R. 131-23, les limites supérieures de température de chauffage sont, en dehors des périodes d'inoccupation définies à l'article R. 131-20, fixées en moyenne à 19° C :

- pour l'ensemble des pièces d'un logement ;

- pour l'ensemble des locaux affectés à un usage autre que l'habitation et compris dans un même bâtiment. »

Les consommations énergétiques de chauffage simulées sur le bâtiment Le Pallium sont basées sur des températures intérieures des logements en moyenne égale à 19°C1 comme l’exige depuis mars 2007

l’article R 131-20 du code de la construction et de l’habitation (Cf. supra Extrait 28). Pour les concepteurs, cette hypothèse d’utilisation du thermostat par l’usager est d’autant plus importante dans l’habitat écologique que la sensibilité relative du bâtiment aux variations de consommation est forte. En effet, la part d’énergie fixe correspondant à un degré supplémentaire prend une part proportionnellement plus importante lorsque l’objectif de consommation finale est plus faible. Sa part d’influence dans les objectifs de chauffage augmente d’autant plus que ces derniers sont ambitieux : c’est ce que les acteurs économiques appellent « le poids du degré de plus » dans le logement écologique2. Plus précisément, contrairement aux traditionnels bâtiments isolés par l’intérieur et à

faible inertie – donc peu sensibles proportionnellement aux variations de température de chauffage –, l’habitat performant énergétiquement pose comme condition nécessaire une température intérieure moyenne de 19°C dans les logements pour atteindre les objectifs environnementaux ciblés. Ainsi, au regard des simulations initiales, une surchauffe d’un degré entraîne dans un bâtiment Basse Consommation (BBC) une surconsommation de 16%, c’est-à-dire par exemple qu’une température réglée à 24°C dans le logement par l’habitant va avoir un impact sur la consommation énergétique d’environ 70%. En ce sens, cette hypothèse comportementale chez l’usager qui consiste à respecter la règle des 19°C dans le logement par l’intermédiaire de son thermostat est d’autant plus prégnante dans le mode d’habiter escompté que le logement est performant énergétiquement.

1 Cf. [chargé de mission, ALE de Grenoble, entretien, 2010] : « Si on veut atteindre les objectifs de consommation et les

objectifs en matière environnementale, il faut essayer de se caler sur un certain niveau de consommation et ce niveau de consommation il peut être atteint si on joue les règles du jeu aussi de se chauffer à 19° ou 20° maxi. Et aujourd’hui, dans certains logements, on a vu 22,5°C, 23°C, ça arrive, donc c’est des choses qui font que les résultats ils ne seront pas là et ça c’est délicat, parce qu’il y a quelque chose de à la fois technique mais à la fois comportemental aussi. » ; et cf. [Directeur

construction, OPAC38, entretien, 2009] : « En fait ces bâtiments sont performants quand ils sont à 19° car on décide que

c’est la température de confort et qu’on a pas à avoir des températures de 24/25° dans les logements. »

2 Cf. [chargé de mission, ALE de Grenoble, entretien, 2010] : « Un degré, c’est 10% sur la consommation voire plus. Si on

passe de 19°C à 21°C, on se prend 30% ; pas loin, donc ça veut dire que les comportements sont super importants. » (Agence Locale de l’Energie, Chargé de mission) ; Cf. [Directeur, Enertech, BE De Bonne, conférence, 2011] : « Chaque fois [pour un degré de plus] vous avez des augmentations qui sont situées entre 12 et 15%. Les 7% dont vous entendez parler partout, c’est une valeur qui ne s’appliquait qu’aux bâtiments non isolés, des bâtiments des années 70. Pour ces bâtiments, effectivement, c’est pas grand-chose de plus, mais dans nos bâtiments c’est de 12 à 20% par degré supplémentaire (…). On part de la référence 19°C, un degré de plus, c’est le petit palier vert, ça fait 16% de consommation en plus. Deux degrés de plus, ça fait 33%, et vous voyez que quand vous arrivez à 3 ou 4 degrés de plus, vous dérapez complètement, vous allez pratiquement doubler votre consommation si la température s’écarte trop. Vous voyez à 24°C, ça fait 70% de surconsommation dans du BBC. (…) Donc je rappelle juste que c’est un texte de loi. Il est dans le code de la construction et de l’habitation, c’est l’article R 131-20 qui dit que c’est une température maximum 19°C. »

Ensuite, cette règle de « bonne température de confort thermique » varie dans les représentations des acteurs selon l’état de santé, l’âge et parfois même le genre de l’habitant1. Dans cet imaginaire, avoir

chaud ou froid est un rapport naturalisé par la température ambiante dont la sensibilité diffère selon les capacités physiologiques du corps. Ainsi, lorsque l’usager est jeune, en bonne santé, et de genre masculin, sa température de confort est représentée moindre que lorsqu’il est âgé, malade, alité, et de genre féminin. Puis dans la bonne température de chauffage diffère pour les concepteurs selon l’activité de l’habitant, c’est-à-dire selon la quantité d’énergie que produit son corps pendant l’effort. En ce sens, lorsque ce dernier est en mouvement dans le logement, la bonne température est imaginée plus faible que lorsqu’il est en inactivité, comme pour le cas des personnes à mobilité réduite (PMR) ou encore immobilisée. Puis elle varie ensuite la nuit lorsque l’habitant est représenté dans son sommeil. Dans ce contexte, elle baisse aux environs de 16°C/17°C, comme en témoignent par exemple le livret résident de l’OPAC38 ou encore la présentation de l’Agence Locale de l’Energie aux habitants à De Bonne (Cf. supra Extrait 30). Dans cet imaginaire, le confort thermique se construit dans le rapport entre la température isotrope de l’air ambiant et la production de chaleur de l’habitant qui varie selon les états physiologiques tels que l’activité, l’âge, le genre ou encore la santé.

Extrait 30 : les hypothèses de chauffage selon la situation jour/nuit, extraits de la présentation de l’Agence Locale de l’Energie aux habitants (gauche) et du livret résident du Pallium (droite)2

1 Cf. [chargé de mission, ALE de Grenoble, entretien, 2010] : « Quand tu as froid, c’est physiologique, et ça tout le monde

n’est pas égaux. Les personnes âgées sont plus sensibles, les enfants en bas âges aussi. (…) Dans ces logements là, même à 19°C, il y a des gens qui peuvent avoir froid, il leur faut plus. Des gens qui travaillent à domicile ou des personnes alités ou même des femmes, elles sont plus sujettes au froid que les hommes ».

1.2.2. L’utilisation décroissante des foyers de chaleur

Figure 31 : Schéma de fonctionnement du système de chauffage (Le Pallium)1

Le système de chauffage du bâtiment Le Pallium repose sur trois catégories de dispositifs techniques emblématiques (Cf. supra Figure 31). La première concerne l’ensemble des matériaux du bâtiment dont la masse a sensiblement été augmentée, que ce soit les planchers, les murs ou les parois intermédiaires des logements. Puis la seconde réunit les objets qui renforcent les frontières thermiques du bâtiment tels que l’isolation par l’extérieur, les double-vitrages à faible émissivité et lame d’argon2

ou encore l’étanchéité à l’air. Enfin, la ventilation double-flux préchauffe l’air renouvelé dans le logement au sein de l’échangeur à roue3. En ce sens, le mode de chauffage du bâtiment se fonde dans

un premier temps sur une augmentation de son rayonnement intérieur par le biais d’une augmentation de sa masse. Puis, les déperditions thermiques vers l’extérieur sont réduites. Ainsi, la perte de chaleur par rayonnement est limitée par les vitres à faible émissivité, puis celle par conduction par l’isolation extérieure et enfin celle par convection par l’étanchéité à l’air renforcée par la lame d’argon présente à l’intérieur du double-vitrage. Autrement dit, tout apport de chaleur dans le logement, qu’il s’agisse du rayonnement solaire (tendance ultraviolets), de celui des habitants et des appareils électro-ménagers (tendance infrarouges) ou encore des mouvements de convection d’air chaud, augmente sensiblement sa température selon l’ « effet thermos »4 tel qu’il est nommé habituellement par les bureaux d’études

et concepteurs des projets.

Dans ce mode de fonctionnement technique, le chauffage se fonde alors non pas sur la convection rapide d’air chaud (type radiateurs à convection) ou encore sur le rayonnement de petites masses à haute température (type radiateur à bain d’huile ou en fonte) mais plutôt sur celui de l’ensemble de la masse du logement à température moyenne (tendance infrarouges) couplé au renouvellement d’air par la ventilation double-flux. Autrement dit, l’utilisation des radiateurs telle qu’elle est représentée dans

1 Source : [Réalisation personnelle, 2012]

2 Les vitrages à faible émissivité permettent de réfléchir le rayonnement infra-rouges en grande longueur d’ondes (c’est-à-

dire celui des objets usuels du logement) et la présence d’un gaz rare (comme l’argon) au lieu de l’air entre les vitres réduit ensuite la perte de chaleur produite au niveau de la fenêtres par conduction et mouvements de convection.

3 Pour le fonctionnement de la ventilation double-flux : cf. supra partie méthodologique §2.1.1.

4 Cf. [Directeur, Enertech, BE De Bonne, conférence, 2011] : « On a fait des thermos, et dans ces thermos, tout apport

d’énergie qui arrive à pénétrer, que ce soit les personnes, l’électricité, et le rayon solaire, n’arrive plus à ressortir. Et dans cette thermos, le même KWH qui à l’époque amenait 0,3°C là il peut amener 2, 3, 4 ou 5°C » (Enertech, Directeur)

la vie quotidienne des habitants est particulièrement réduite1, excepté lors des périodes de grands

froids l’hiver. L’usager doit donc s’habituer à sentir ses radiateurs tièdes la majorité du temps voire froids en raison du rôle mineur qu’ils jouent dans la chauffe du logement. En ce sens, la perception de la chaleur telle qu’elle est imaginée par les concepteurs est dissociée de tout mode d’identification concret d’une source de chaleur, c’est-à-dire à la notion même de « foyer » au sens étymologique du latin focus (feu). Dans ce mode de représentation, avoir chaud ne mobilise donc pas pour l’habitant des « objets-foyers » particuliers tels que les poêles, radiateurs ou encore cheminées. C’est plutôt un état de sensation abstrait déterminé par la température homogène de l’air ambiant. Par conséquent, la manière d’avoir chaud reste inchangée quel que soit l’espace ou la pièce concernée du logement : elle se construit dans un rapport direct et isotrope à l’air ambiant, c’est-à-dire sur un mode de perception détaché de tout foyer de chaleur.

1.3. Les règles d’exposition de l’habitat ajustées sur les cycles du soleil

Tableau 38 : Les rites d’ouverture du logement escomptés selon les cycles du soleil2

jour nuit

hiver

- Laisser ses fenêtres fermées

(ouverture inférieure à 5/15minutes) - Fermer ses fenêtres - Fermer ses rideaux - Fermer ses volets - Ouvrir ses rideaux

- Ouvrir ses volets

été - Fermer ses fenêtres - Fermer ses volets en cas - Ouvrir ses fenêtres d'absence

Le système technique de chauffage des bâtiments performants énergétiquement consiste donc à stocker la chaleur du soleil dans la masse du logement l’hiver et la fraîcheur nocturne l’été. Puis, par l’intermédiaire de la ventilation double-flux et de l’étanchéité à l’air, il s’agit ensuite de réchauffer les particules d’air entrant lorsque la température intérieure est supérieure à la température extérieure et de les refroidir dans le cas contraire. Dans ce mode de fonctionnement, l’ouverture du logement vers l’extérieur – c’est-à-dire là où se joue le rapport à la rue pour l’habitant – est donc déterminante. Elle conditionne les projections des acteurs ainsi que l’ensemble des résultats énergétiques qu’ils simulent en phase conception.

Ainsi, en hiver, le système de chauffage suppose tout d’abord d’éviter toute venue prolongée d’air froid dans le logement afin non seulement d’éviter le refroidissement de la masse des murs et planchers, mais également le parasitage du cycle de renouvellement d’air maîtrisé par la ventilation double-flux. En ce sens l’ouverture des fenêtres l’hiver voire parfois en demi-saison est représentée selon la règle de 5 à 15 minutes par jour tout au plus3. Cette durée est calculée selon un optimum entre

1 Cf. [Directeur, Enertech, BE De Bonne, conférence, 2011] : « On augmente la masse donc le rayonnement naturel du

bâtiment, on injecte de l’air préchauffé et on fait un thermos, donc ce qu’il passe en fait pour l’habitant, c’est que son radiateur, il s’en sert que pour les périodes de grand froid, c'est-à-dire que très occasionnellement. La majorité du temps, ils sont froids. Mais c’est ce qu’on recherche, une grande masse qui chauffe lentement plutôt qu’une petite masse qui rayonne, quoi. »

2 Source : [Réalisation personnelle, 2012]

3 Cf. [chargé de mission, ALE de Grenoble, entretien, 2010] : « Pour renouveler l’air d’une pièce, il y a besoin de 5 minutes

l’hiver lorsqu’il fait froid. Sinon, après, on enlève la chaleur stockée dans les murs surtout que à De Bonne, on a des murs pleins à l’intérieurs, donc on a l’inertie des murs qui sont dedans. Donc toute la chaleur ou la fraicheur l’été qui se stocke dedans ça fait vraiment une réserve pour toute la journée. Donc si le matin on ouvre, ou même si on laisse entre-ouvert la

le temps nécessaire au renouvellement d’air d’un côté et celui nécessaire au refroidissement de la masse de l’autre. Elle permet donc dans une pièce de sortir un maximum d’air ambiant tout en amenuisant au minimum le rayonnement infrarouge des murs et planchers.

Ensuite, pour que le système de chauffage fonctionne l’hiver, il est également nécessaire que l’habitant ajuste l’ouverture des occultant visuels du logement (volets, rideaux) sur les cycles journaliers du soleil. Il est à ce titre attendu que l’usager ouvre ses volets et rideaux la journée dans les pièces les plus ensoleillées afin de chauffer la masse des murs et planchers par le rayonnement solaire extérieur et a contrario qu’il les ferme entièrement la nuit afin d’éviter toute déperdition thermique (Cf. supra Tableau 38 et infra Extrait 31).

Extrait 31 : Les règles d’ouverture des rideaux et volets l’été, extraits du livret de résident (à gauche) et de

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