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CHAPITRE 2 : Une approche intégrative : l’épanouissement psychologique

I. Définition et histoire du concept d’épanouissement psychologique

5. L’approche de Diener et collaborateurs (2010)

Diener, qui est considéré comme le chercheur le plus prolifique dans le champ du bien-être, s’est inspiré du modèle PERMA (Seligman, 2011) et a enrichi la conception du bien-être subjectif (Diener 1984 ; Diener & Lucas, 1999) en aboutissant au concept d’épanouissement psychologique (Diener & al., 2010). En effet, le bien-être subjectif évaluait seulement le fonctionnement émotionnel et non le fonctionnement psychologique positif. L’épanouissement psychologique repose ainsi sur huit composantes (Diener & al., 2010) : les relations sociales positives, l’engagement, le but, l’acceptation de soi, l’estime de soi, les compétences, l’optimisme et la contribution sociale. Dans notre travail de recherche, nous nous concentrerons sur ce modèle qui s’appuie sur les théories récentes du bien-être psychologique et du bien-être social (Ryff & Singer, 1998 ; Keyes, 2002).

En effet, l’engagement est le meilleur prédicteur de la satisfaction puisqu’il est en lien avec la réalisation de soi et les compétences de l’individu (Csikszentmihalyi, 1997 cité par Seligman, 2002). Les relations sociales positives et l’accomplissement de soi amènent à une meilleure estime de soi (Seligman, 2011). Les chercheurs insistent sur la notion de but comme nécessaire au développement du bien-être et à l’épanouissement des individus (Ryff & Singer, 2000 ; Seligman, 2002).

5.1. Les relations sociales positives

Les relations sociales s’inscrivent dans un contexte mettant en évidence les appartenances et les positions sociales qui la structurent (Fisher, 1999). De ce fait, les individus développent des relations sociales reposant sur des échanges déterminés par le statut, les attentes et les conduites. Le besoin d’appartenance à un groupe et les relations sociales réciproques et bienveillantes avec autrui sont intrinsèquement liés à la condition humaine (Baumeister & Leary, 1995 cité par Martin-Krumm & Tarquinio, 2011). Le besoin de se sentir respecté par les autres est aussi un besoin fondamental qui influence le bien-être (Ryff & Singer, 1998). Berscheid (2003) souligne aussi l’importance des relations sociales pour tendre vers un fonctionnement psychologique optimal.

Par ailleurs, avoir de mauvaises relations interpersonnelles peut provoquer des troubles émotionnels (Froh, Fives, Fullers, Jacofsky, Terjesen & Yurkewicz, 2007). Dans l’étude de Vanderhorst et McLaren (2005), les auteurs constatent que le fait d’avoir des relations sociales solides et profondes réduit le mal-être et qu’elles sont utiles pour faire face à des facteurs de stress. L’établissement de relations sociales de qualité est bien un facteur protecteur. Ainsi, selon Argyle (2001), les relations sociales positives sont prédictrices du bonheur et d’autres aspects du bien-être ; elles contribuent à l’amélioration globale de la

La causalité entre le bien-être et les relations sociales positives est ainsi bidirectionnelle. En effet, Reis et Gabble (2003) suggèrent que les relations sociales positives constituent une des composantes permettant d’atteindre un haut niveau d’épanouissement et les individus ressentant des émotions positives ont tendance à évaluer les personnes plus positivement, à avoir davantage des relations sociales et d’interactions sociales avec autrui (Seligman, 2002).

En outre, une littérature assez conséquente fait état de cette relation positive et forte entre les relations sociales, le bonheur et le bien-être (Argyle, 2001 ; Diener, 1984 ; Seligman, 2002 ; Lyubomirsky, King & Diener, 2005). Par exemple, des études montrent que des relations sociales positives améliorent la santé physique et mentale, la capacité d’adaptation pour faire face au stress et à l’adversité (Myers, 1999). Dans les relations sociales positives, l’évaluation sous-jacente renvoie au fait de se sentir respecté et permet une rétroaction positive sur son comportement et ses attitudes. Ces éléments sont considérés comme déterminants pour le bien-être (Pinquart & Sörensen, 2000). Tandis que les relations sociales de moindre qualité ont un impact négatif sur le bien-être. Lyubomirsky et al. (2005) émettent une hypothèse : les personnes heureuses ont-elles de meilleures relations sociales que leurs pairs moins heureux ? Selon les auteurs, c’est l’une des conclusions les plus solides de la littérature portant sur le bien-être. Dans une méta-analyse de 286 études, la quantité mais aussi la qualité des contacts avec des proches sont considérées comme des prédicteurs importants du bien-être (Pinquart & Sörensen, 2000).

5.2. L’engagement

L’engagement dans les activités est reconnu comme l’un des déterminants ayant le plus d’influence sur la satisfaction de vie. Seligman (2002) soutient l’idée que l’engagement dans des activités, dès lors qu’elles sont perçues comme utiles et ayant du sens pour les individus, a un effet positif sur le fonctionnement psychologique optimal. L’engagement dans les activités se traduit par un intérêt important à mener sa tâche à terme. En outre, toutes les activités qui procurent du plaisir (par exemple, regarder un bon film ou faire les magasins) ne mènent pas toujours vers un épanouissement de la personne (Csikszentmihalyi, 1990). Les recherches montrent que les activités ou les situations qui permettent le développement des compétences (faire de la guitare, de la danse, de la lutte, etc.) sont davantage satisfaisantes puisque la personne se fixe des objectifs et se donne les moyens de les atteindre (Shankland, 2014). Ainsi, tout dépend de l’activité entreprise par la personne. Les activités passives telles que regarder la télévision contribuent à apporter du plaisir sur le court terme mais n’apportent pas le bonheur durable si d’autres formes d’activités ne sont pas présentes.

Csikszentmihalyi (1990, 2007) est à l’origine de nombreux travaux sur cette caractéristique de l’engagement. Selon l’auteur, plus une personne s’engage dans l’action, plus elle augmente ses chances de progresser dans tel ou tel domaine et cela aura pour effet d’accroître sa satisfaction et son plaisir. Cela forme une sorte de boucle rétroactive (Figure 11) où la satisfaction issue de cette action et le plaisir éprouvé dans l’expérience augmentent l’engagement dans cette même activité (Shankland, 2014).

Engagement

Progression Satisfaction

Pour favoriser l’engagement dans une activité, il est nécessaire d’avoir une motivation intrinsèque car le caractère autodéterminé d’une action dans laquelle s’engage l’individu participe au sentiment d’accomplissement personnel et à la réalisation de soi (Shankland, 2014). Ceci fait référence à la théorie de l’autodétermination de Ryan et Deci (2000) où trois besoins fondamentaux sont nécessaires au développement de l’accomplissement personnel :

- Le besoin de compétence : un individu va ressentir du bien-être lorsqu’il a la possibilité de mettre en œuvre ses compétences. Les effets sont bénéfiques puisque la personne a le sentiment de se sentir utile, de s’ouvrir à la nouveauté et s’offre la possibilité de relever des défis (Shankland, 2014)

- L’autonomie fait référence au sentiment de maîtrise de ses choix, d’être à l’origine de ses décisions. La personne met en œuvre des actions en adéquation avec ses propres valeurs. Selon la théorie de l’autodétermination (Ryan & Deci, 2000), cet élément est fondamental dans la compréhension de la motivation et des comportements humains.

- Le besoin d’avoir des relations sociales positives ou le sentiment d’appartenance : comme cela a été décrit dans la partie précédente, cette composante apporte une contribution importante au sentiment de bien-être.

Ainsi, quand un individu effectue une action intrinsèquement motivée, qui mobilise ses ressources, il se trouve absorbé par la tâche qu’il exécute et s’accompagne du sentiment d’être en pleine possession de ses moyens et de maîtriser l’activité. Csikszentmihalyi (1990) nomme cela « l’expérience du flow ou expérience optimale ». Cet état de flow se caractérise par un engagement total de la personne.

5.3. Le but dans la vie

Nombreux chercheurs se sont intéressés à la question des buts dans la vie et à la nécessité de trouver un sens à son existence. Des études montrent que l’impossibilité de donner un but à sa vie provoquerait un mal-être et une plus grande hostilité envers les autres et a contrario lorsque la personne a le sentiment de donner du sens à sa vie, elle se déclare plus heureuse et plus satisfaite de sa vie, de son travail (Steger, Kashdan, Sullivan & Lorentz, 2008 ; Shankland, 2014). La recherche de but, ou le sentiment d’accomplissement qui en découle affecte de manière positive le sentiment de bien-être.

Les objectifs de vie diffèrent d’un individu à un autre et sont soumis à des variations tout au long de la vie. Ryff (1989) explique que le but dans la vie, composante du bien-être psychologique (Ryff & Singer, 1998), est malléable en fonction des croyances de l’individu et permet de donner du sens dans ce qu’il entreprend. Steger et collaborateurs (2008) définissent la recherche de but dans la vie en fonction du degré d’intensité, de volonté et de la recherche de compréhension de sens (comprendre le monde, l’environnement dans lequel l’individu vit, identifier les besoins et les moyens qu’ils ont à disposition pour accomplir une activité). Cette recherche de sens stimule les individus, leur permettant ainsi de saisir de nouvelles opportunités.

La majorité des individus trouvent un but au travers de trois dimensions (Shankland, 2014) :

- La dimension comportementale qui se traduit par l’engagement dans une activité professionnelle ou autre, en lien avec ses valeurs. Cette composante est évoquée dans la section précédente.

- La dimension cognitive qui se réfère aux croyances, aux valeurs et à la philosophie de vie. Les valeurs se construisent et se développent au travers des expériences personnelles vécues et de l’éducation. Cette dimension permet de mettre en adéquation ses actions et ses valeurs (Affleck, Tennen, Croog & Levine, 1987). En outre, une modification de sa philosophie de vie en faveur d’une meilleure cohérence entre ses actes et ses pensées accroît le sentiment de bien-être.

- La dimension relationnelle et affective qui renvoie particulièrement à l’amour, l’amitié et la parentalité. Baumeister et Leary (1995) ont mis en évidence ce besoin universel de relations interpersonnelles pour l’épanouissement. Il s’agit d’un cercle vertueux puisque la possibilité de compter sur ses proches favorise le bien-être et ce sentiment positif permet d’entretenir de meilleures relations (Shankland, 2014).

5.4. Les compétences

Le besoin de compétence est l’un des besoins fondamentaux issus de la théorie de l’autodétermination de Ryan et Deci (2000). La compétence se réfère à un sentiment d’efficacité sur son environnement (Larguardia & Ryan, 2000), de contrôle de certaines situations qui permet de relever des défis et de stimuler la curiosité. L’efficacité ne suffit pas à susciter le sentiment d’être compétent, la personne doit aussi avoir conscience des efforts à produire au niveau personnel. Le sentiment de compétence sous-tend l’engagement, la persévérance, les décisions et peut expliquer des différences individuelles (Ruph, 1997).

En effet, selon la théorie sociale cognitive de Bandura (1986), les personnes tendent à vouloir contrôler les évènements qui affectent leur vie car leur sentiment de bien-être en dépend. Ce sentiment de compétence influence les intérêts personnels et professionnels, la productivité et leur trajectoire personnelle (Ruph, 1997). Selon Bandura, le sentiment de compétences provient de quatre catégories de sources :

- Les expériences vicariantes : le fait d’observer les comportements de personnes semblables à soi, qui réussissent, contribue à développer et à croire en ses propres capacités de réussite.

- Les expériences de maîtrise : le succès contribue à développer une forte croyance en ses compétences. En surmontant les difficultés, grâce aux efforts donnés et à la persévérance, le sentiment de compétence s’acquiert.

- La persuasion sociale : détenir une compétence ne garantit pas que la personne ait la conviction de la posséder. Les personnes que l’on persuade verbalement d’avoir des compétences sont plus enclines à mobiliser des comportements pour atteindre des objectifs.

- Les états physiologiques et émotifs : l’humeur, la condition physique, les émotions positives favorisent le développement du sentiment de compétence.

Le développement des compétences, source d’intégration sociale, peut conduire à un fonctionnement psychologique optimal (Ryff, 1989). En effet, chaque individu a besoin d’élargir ses domaines de compétence, de développer son potentiel pour lui permettre de saisir de nouvelles opportunités tant sur le plan personnel que professionnel. En cas de succès perçu par un individu, il peut attribuer l’origine à ses compétences. De plus, le sentiment de compétence procure un sentiment de contrôle de la situation. Il se développe grâce à la sensation d’être autonome ce qui a un effet bénéfique sur la motivation et la satisfaction (Harter, 1979 cité par Larguardia & Ryan, 2000). Ainsi, la satisfaction des besoins psychologiques d’autonomie, de sentiment d’appartenance et le besoin de compétence contribueraient à promouvoir une santé psychologique dotée d’une plus grande vitalité, d’une meilleure intégration et d’une meilleure acceptation de soi (Larguardia & Ryan, 2000). Dans la perspective où l’un de ces besoins est négligé ou en conflit avec autre, le sentiment de

bien-5.5. L’optimisme

L’optimisme est l’une des composantes les plus étudiées en psychologie positive. Il peut être considéré comme une stratégie d’adaptation permettant de réduire l’anxiété ou bien comme un trait de personnalité (Shankland, 2014). De manière générale, être optimiste c’est être confiant en l’avenir alors qu’une personne pessimiste aura tendance à craindre le pire. Selon Carver et Scheier (2001, p.31), « les optimistes sont les personnes qui s’attendent à vivre des expériences positives dans le futur. Les pessimistes sont celles qui s’attendent à vivre des expériences négatives ». Deux distinctions sont faites dans la littérature scientifique : l’optimisme « trait » et l’optimisme « état » (Seligman, 2011). L’optimiste trait se réfère aux attentes positives de l’individu qu’il développe de manière générale dans sa vie quant à l’optimisme état, il fait référence aux attentes positives développées dans une situation donnée (Shankland, 2014). En effet, Scheier et Carver (1992) ont montré que l’optimisme est une caractéristique générale et stable de la personnalité influençant la manière dont les individus réagissent et abordent les situations.

Les auteurs nomment ceci « l’optimisme dispositionnel » se définissant par la valeur attribuée aux possibilités d’échecs ou de succès dans la poursuite d’un but et les ressources mobilisées pour l’atteindre (Scheier et Carver, 1992). Pour autant, Seligman a initié ses travaux sur l’impuissance acquise (qui peut être assimilée à du pessimisme) où l’étude de ces deux pôles pessimisme – optimisme rejoint les théories portant sur les styles explicatifs des individus au sujet des évènements survenus au cours de la vie (Peterson, Buchanan & Seligman, 1995 cité par Seligman, 2011). Les styles explicatifs comprennent la manière dont la personne a tendance à expliquer ce qui lui arrive soit par des éléments internes (contrôle interne), soit par des éléments externes (contrôle externe) (Rotter, 1966). Les individus qui ont un contrôle interne sont plus à même de se sentir capables d’agir dans une situation, ce qui est associé à un mieux-être (Shankland, 2014).

Selon Seligman, l’optimisme est issu d’un processus d’attribution causale se nommant le « style explicatif optimiste ». Ce processus peut donc être appris et se manifeste dès lors que les évènements négatifs sont attribués à des causes externes et instables et les évènements positifs à des causes internes et stables. C’est une manière relativement stable d’expliquer – en termes d’internalité, de stabilité, et de globalité (Tableau 2) – une variété d’évènements négatifs ou positifs qui surviennent et dans lesquels l’individu est impliqué (Martin-Krumm & Tarquinio, 2011).

Selon Chang (2001), il faut être vigilant et faire la différence entre l’optimisme, l’estime de soi et les notions de contrôle, même s’il est probable que ces variables soient liées entre elles.

Tableau 2 : Définition de l’optimisme et du pessimisme en fonction des explications apportées aux événements positifs et négatifs (Seligman, 1994, issue de Martin-Krumm & Tarquinio, 2011).

Styles explicatifs

Pessimiste Optimiste

Echec Succès Echec Succès

Locus de causalité Interne (personnalisation) Externe (extériorisation) Externe (extériorisation) Interne (personnalisation) Stabilité Stable (permanence) Instable (transitoire) Instable (transitoire) Stable (permanence) Globalité Global (général) Spécifique (particulier) Spécifique (particulier) Global (général)

Ainsi, même si des auteurs considèrent que l’optimisme est une disposition, des interventions telles que les thérapies cognitivo-comportementales, cherchent à modifier le style explicatif pour développer l’optimisme et les résultats semblent prometteurs (Carver, Scheier & Segerstrom, 2010). Dans cette perspective, cela laisse penser que l’optimisme serait davantage une stratégie d’adaptation.

Bon nombre de travaux mettent en évidence que l’optimisme est associé à des caractéristiques positives telles que la persévérance, le bonheur, le bien-être l’accomplissement, l’estime de soi et la santé (Peterson, 2000). D’une manière générale, les corrélats de l’optimisme sont envisagés en tant que conséquences ; néanmoins, ils peuvent tout autant avoir le statut d’antécédents (Martin-Krumm & Tarquinio, 2011)

5.6. La contribution sociale

Les deux composantes suivantes sont issues de l’approche du bien-être social développé par Keyes (1998). Ce modèle comprend des dimensions sociales telles que la cohérence sociale, l’intégration sociale, l’actualisation sociale, la contribution sociale et l’acceptation.

La contribution sociale est l’évaluation de sa valeur sociale pour la société (Keyes, 1998). Elle repose sur la croyance que l’on est un membre important de la société et qui apporte une valeur supplémentaire au monde. Ce principe se rapproche du concept de responsabilité. Le phénomène de responsabilité se réfère aux obligations personnelles qui permettent de contribuer à la société (Keyes, 1998). En outre, la contribution sociale se réfère aux croyances des personnes, qui pensent que tout ce qu’ils entreprennent est valorisé par la société et contribue au bien commun. Ceci se rapproche de la thèse de Marx selon laquelle les individus sont naturellement productifs (Keyes, 1998). La contribution sociale peut être liée à la générativité (Fredrickson et Losada, 2005) qui se réfère à l’implication dans la société. La contribution sociale est étroitement liée à la composante relation sociale. En effet, avoir des relations sociales, perçues comme positives, se réfère à obtenir le soutien d’autrui mais pas seulement. Des recherches ont montré que contribuer au bonheur d’autrui développe un sentiment de bien-être (Keyes, 2005 ; Ryff, 1989) et que les individus ont d’avantage à gagner en donnant aux autres plutôt que d’attendre de recevoir (Martin-Krumm & Tarquinio, 2011).

5.7. L’acceptation de soi

L’acceptation sociale est définie par l’attitude positive envers soi-même (Keyes, 1998). Elle fait donc référence à la satisfaction de l’individu envers soi-même et est considérée comme nécessaire pour tendre vers une santé mentale positive (Rogers, 1958). L’acceptation de soi nécessite d’avoir conscience en ses propres forces et faiblesses. Derrière cette notion d’acceptation de soi, se cache l’idée que l’individu a une valeur unique. L’acceptation sociale est l’analogue de l’acception de soi (Keyes, 1998).

Dans l’approche eudémoniste, l’acceptation de soi (Ryff, 1989) est une composante fondamentale du bien-être psychologique. Elle se traduit notamment par l’acceptation des évènements de vie passée et de ses attitudes. Avoir une attitude positive envers soi, c’est reconnaître et accepter plusieurs aspects de soi et être en accord avec ses croyances et ses valeurs (Ryff, 1989). Cette notion d’acceptation est étroitement liée avec les relations sociales positives puisque à travers la reconnaissance d’autrui, cela développe l’estime de soi et l’acceptation de soi (Ryff, 1989 ; Ryan & Deci, 2000). Les individus qui ont une acceptation de soi élevée font davantage confiance aux autres, pensent que les autres sont capables de bienveillance et estiment que les personnes peuvent être « travailleurs » pour atteindre les objectifs fixés (Ryff, 1989 ; Keyes, 1998). Ces individus ont une opinion favorable de la nature humaine et se sentent à l’aise avec les autres (Horney, 1945 cité par Keyes, 1998). Par conséquent, « l’acceptation sociale des autres pourrait être la contrepartie sociale de l’acceptation de soi » (Keyes, 1998, p.122).

5.8. L’estime de soi

L’estime de soi a été définie par Rosenberg (1965 cité par Marshall, Lefringhausen & Ferenczi, 2015) comme un indicateur de satisfaction à l’égard de soi, d’acceptation, incluant aussi le respect de soi. Il l’a décrit comme une attitude favorable ou défavorable envers soi-même. En outre, c’est le jugement que l’on fait de soi-même et qui nous montre comment nous percevons la façon dont nous sommes et le sens de notre valeur personnelle.

Le psychologue Abraham Maslow suggère que l’estime de soi est un besoin humain de base et il l’inclut dans sa hiérarchie des besoins humains. Il décrit deux formes différentes d’estime : le besoin de respect de soi sous forme d’amour-propre, de confiance en soi, de compétence ou d’aptitude et le besoin de respect d’autrui sous forme de reconnaissance, de succès et d’admiration (Maslow, 1943). Selon l’auteur, sans la satisfaction du besoin d’estime de soi, les individus seront en difficulté et dans l’incapacité d’évoluer positivement (croissance personnelle). Aussi, l’estime de soi, concerne la capacité à s’engager efficacement dans l’action (Vallières & Vallerand, 1990). En effet, les individus ayant une estime de soi élevée font davantage preuve de persévérance face aux difficultés et prennent plus rapidement la décision d’agir, ils sont moins hésitants.

Un lien étroit entre bien-être et estime de soi montre que les individus ayant une tendance à ressentir davantage d’émotions négatives ont souvent une faible estime de soi et