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1. LA CONSTRUCTION MEDIATIQUE DES OBJETS

1.4. LES REPRESENTATIONS MEDIATIQUES

1.4.2. L’Agence France Presse

L’Agence France Presse, héritière d’Havas, est née en 1835 dans le bureau de traduction de journaux étrangers (c’est l’agence mondiale la plus ancienne). Le 20 août 1944, lors de la libération de Paris, huit journalistes membres de la Résistance opposés au régime nazi, et qui avaient travaillé chez Havas, investissent les bureaux de l’OFI (13, place de la Bourse à Paris) et y créent l’agence France Presse, y basent son siège, qui l’est toujours. La première dépêche de l’AFP sort de la salle des Ro-néos quelques heures après (11h30) : « (…) Les premiers journaux libres vont paraître, (…) l’Agence française de presse leur adresse aujourd’hui son premier service (…) Au moment où des combats se livrent encore dans la ville, et où tombent de nouveaux combattants de la liberté, nous saluons tous nos camarades de la presse disparus, emprisonnés et déportés, et notamment nos vingt et un collaborateurs tombés dans les mains de la Gestapo. Au service de tous les journaux libres, l’AFP assurera, avec l’objectivité stricte qui est le devoir d’un organisme d’information, la diffusion de nouvelles scrupuleusement contrôlées et recoupées (…) » (AFP).

Par ailleurs, pour garantir son indépendance, et pouvoir offrir une information fiable et objective, l’AFP a son propre statut de loi, qui a été voté et signé en 1957.

Actuellement, l'Agence France-Presse est administrée par un conseil d'adminis-tration présidé par le président directeur général de l'agence. L’article 7 de son statut remarque que le conseil d'administration comprend en plus du président, cinq repré-sentants des directeurs d'entreprises françaises de publication de journaux quoti-diens désignés par les organisations professionnelles les plus représentatives ; deux représentants des sociétés nationales de programmes relevant du titre III de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée désignés dans les conditions fixées par le décret en Conseil d'Etat prévu à l'article 17 de la présente loi ; trois représentants des services publics usagers de l'agence désignés dans les mêmes conditions et

res-pectivement par le ministre des affaires étrangères, le ministre chargé de la commu-nication et le ministre chargé de l'économie ; trois représentants du personnel de l'agence, soit : deux journalistes professionnels élus par l'assemblée des journalistes professionnels appartenant au personnel de rédaction de l'agence ; un agent, appar-tenant aux autres catégories de personnel, élu par l'ensemble des agents de ces caté-gories ; cinq personnalités nommées par le conseil supérieur en raison de leur con-naissance des médias et des technologies numériques et de leurs compétences économiques et de gestion, trois d'entre elles au moins possédant une expérience significative au niveau européen ou international. Ces personnalités ne peuvent ap-partenir ni aux corps d'administration, ni aux entreprises dont sont issus les autres membres du conseil d'administration ou les membres du conseil supérieur.

Le conseil élit, à la majorité des voix, un vice-président, choisi parmi ceux de ses membres qui représentent les directeurs d'entreprises de publication. Le prési-dent directeur général ne prend pas part au vote.

La durée du mandat des membres du conseil d'administration est de cinq ans. Leur mandat est renouvelable. (www.afp.com)

Le directeur actuel de l’AFP, Emmanuel Hoog, dans un entretien, a souligné : « Aujourd’hui l’agence a plus de 5.000 clients (journaux, radios et télévisions) qui achètent tous les jours la production journalistique de notre agence. Pourquoi ils achètent cette information ? Parce qu’en plus d’être une information fiable et rapide, elle est aussi sérieuse et impartiale. Notre devoir est de maintenir toujours une dis-tance stable et respectable avec les pouvoirs politiques ou économiques, idéolo-giques ou religieux » (Norberto, 2012).

Figure 6 : Clients de l'AFP

Le personnel de l’AFP a le même statut que ceux d’une entreprise privée, son équipe est constituée principalement de journalistes, techniciens, personnel d’administration. Actuellement l’AFP compte 2296 collaborateurs dont 1513 journa-listes, 201 bureaux dans 151 pays différents et 5 grandes directions régionales (Paris, Hongkong, Washington, Nicosie, Montevideo). Ses informations sont disponibles en six langues (français, anglais, allemand, espagnol, portugais et arabe), elle a 4827 clients dans le monde. L’énorme rédaction qui compose l’agence, elle couvre l’actualité mondiale dans tous les domaines (politique, relations internationales, éco-nomie, sport et faits divers).

Les produits de l’agence sont distribués sous forme audiovisuelle (photos, in-fographies, documents audio-vidéos) ou de dépêches.

Figure 7 : Produits et chiffres d'affaires de l'AFP (AFP)

Pour leur élaboration, l’agencier doit respecter la charte déontologique de l’agence, qui recense 200 principes et règles de base dont : parler une langue claire (éviter d’utiliser les mots d’une autre langue (par exemple pas d’anglicismes en fran-çais), qui soit compréhensible pour tous les publics, pas de « je », ne pas donner sa propre opinion dans ses dépêches, toujours citer ses sources et en préserver la con-fidentialité sans jamais les trahir, rechercher la vérité des faits. La marque d’une agence est la véracité de ses informations donc, que ce soit en image ou en texte, les journalistes ne peuvent jamais manipuler matériel informatif, et il faut bien vérifier les informations, si possible se déplacer à l’endroit où se passe l’événement et re-cueillir des informations et témoignages, interroger les protagonistes d’un fait pour recueillir toutes les versions.

En plus, toutes les informations, avant d’être envoyées aux abonnés, passent au service Desk, constitué par des rédacteurs qui reçoivent les dépêches, les corrigent, éventuellement les réduisent ou les traduisent. Le desk est spécialisé dans un secteur d’activités, un domaine géographique ou linguistique (desk sportif, desk latino-américain, desk arabe…). À l’origine, dans les premières agences américaines, le tri de l’information se faisait sur une table, desk. Le terme, par métonymie, désigne la rédaction (AFP).

Les obligations fondamentales de l’agence : « L’Agence France-Presse ne peut en aucune circonstance tenir compte d’influences ou de considérations de nature à compromettre l’exactitude ou l’objectivité de l’information ; elle ne doit, en aucune circonstance, passer sous le contrôle de droit ou de fait d’un groupement idéolo-gique, politique ou économique. L’Agence France-Presse doit, dans toute la mesure de ses ressources, développer son action et parfaire son organisation en vue de don-ner aux usagers français et étrangers, de façon régulière et sans interruption, une information exacte, impartiale et digne de confiance. L’Agence France-Presse doit, dans toute la mesure de ses ressources, assurer l’existence d’un réseau d’établissements lui conférant le caractère d’un organisme d’information à rayonne-ment mondial » (AFP). Nous pouvons regarder dans l’image ci-dessous le chemin de l’information sur l’AFP, la découverte du fait alertant le journaliste qui, après vérifi-cation de l’information, va procéder à la rédaction et publivérifi-cation de l’événement.

Figure 8: Le circuit de l'information dans l'AFP

La révolution technologique a aussi été une révolution au niveau de la circula-tion de l’informacircula-tion, car si à son origine des pigeons voyageurs étaient chargés de faire parvenir les informations, maintenant avec les plus hautes technologies les con-tenus se transmettent en un temps record (il a fallu 1min et 10 secondes pour en-voyer aux clients la photo d’Usain Bolt remportant la finale du 100m. aux J.O. de Londres). En plus les réseaux sociaux sont devenus un outil de travail pour les jour-nalistes : ils servent d’alerte et de source d’information (parfois une information sort sur Twitter ou Facebook et c’est une piste pour aller plus loin sur ce sujet). Par

ail-leurs, la plupart des gens dispose d’un smartphone, avec lequel ils peuvent prendre des photos et vidéos à l’instant même et les mettre sur les réseaux sociaux, depuis lesquels les journalistes peuvent éventuellement s’en servir. Au-delà de cela, les ré-seaux sociaux permettent aussi le contact direct avec le public et le suivi d’un évè-nement de manière instantanée. Comme le dit Castéran (2012, p. 79), les tweets permettent au journaliste d’exprimer des sensations personnelles, de commenter ou démentir librement des rumeurs fausses qui peuvent circuler sur le web.

L’AFP c’est aujourd’hui, avec l’agence Thomson Reuters et l’américaine Asso-ciated Press, une des trois grandes agences mondiales d’information.