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Effets de l’ agenda setting sur l’opinion publique

1. LA CONSTRUCTION MEDIATIQUE DES OBJETS

1.2. L A CONSTRUCTION DE L ’ AGENDA MEDIATIQUE

1.2.4. Effets de l’ agenda setting sur l’opinion publique

cons-tatée la relation entre l’agenda médiatique et l’opinion publique. La première étude a été dirigée par McCombs et Shaw après les élections présidentielles américaines en 1968 à Chapel Hill, en Caroline du Nord. Ces deux professeurs d’université ont de-mandé aux électeurs de citer les questions les plus importantes de la journée. Comme ils attendaient, les réponses des concitoyens enqûetés reflétaient étroite-ment le schéma de couverture de nouvelles qui avait été fait par les médias. Depuis cette recherche, plus de trois-cents études publiées dans le monde entier ont docu-menté cette influence médiatique dans le public (McCombs & Shaw, 1972). Les ef-fets de l’agenda setting ont également été constatés au niveau local, et les preuves des effets nationaux et locaux se retrouvent dans une grande variété de contextes dans le monde.

Au-delà des attitudes et des opinions, les images de la réalité créées par les mé-dias de masse ont des implications sur les comportements personnels, allant des candidatures aux collèges électoraux jusqu'au vote le jour du scrutin final. Mais McCombs souligne (1993) que, bien que l'influence du programme des médias puisse être importante, Elle ne détermine seule l'ordre du jour public. Les informa-tions et les indices sur l'objet, et l'attribution de la notoriété des médias sont loin d'être les seuls déterminants de l'agenda public. Cette influence substantielle des médias d'information n'a en aucune façon renversé ou annulé l'hypothèse de base de la démocratie, d’après laquelle le peuple dans son ensemble a la sagesse suffisante pour déterminer le cours de la nation, de l’État et des communautés locales (McCombs, 1993). Nous ne sommes pas dans le contexte où Lasswell parlait de l’aiguille hypodermique. Maintenant – et plus encore avec l’arrivée d’Internet – il s’établit un feedback entre les médias et l’audience, c’est une relation nécessaire puisque les médias font un produit dirigé par la population.

Voilà pourquoi, pour mesurer les effets de l’agenda setting sur l’agenda public, il faudrait mettre en valeur certaines variables personnelles des individus, notamment, l'expérience personnelle, le niveau d'instruction, l'intérêt pour la politique (ou le sujet que traite le média) et la nécessité d'une orientation (Rubio, 2005). Puisque l’influence des médias varie corrélativement (les informations données des caracté-ristiques du public et du contexte sont déterminantes). Plus le fait est proche du pu-blic, plus il intéresse. Fraizier (1976, p. 263) remarquait aussi que le niveau d’influence des journalistes dépend, même du type de média qu’utilise le spectateur, ainsi que de l’attention dédiée à l’information. Il estimait que ceux qui lisent occa-sionnellement la presse ou écoutent la radio / télévision habituellement, se rappel-lent des problèmes dont ils sont déjà familiers, et sont plus influençables par l’information médiatique. Par contre, ceux qui lisent plus souvent et en profondeur, sont plus en mesure de conserver les informations et décider sur les positions et les solutions soulevées par les médias (Meyer, 2009).

Les événements les plus dramatiques ou les plus intrusifs (Zucker, 1978 ; Wea-ver, Graber, McCombs & Eyal, 1981 ; Winter & Eyal, 1981) peuvent avoir des con-séquences sur l’opinion publique au-delà du simple volume de leur traitement (Mar-chand, 2004).

Il semble que, dans les temps de crise, les médias ont tendance à avoir plus d'influence, par exemple, dans la chute du communisme en Europe, la guerre du Golfe et de l'Irak et maintenant la crise financière mondiale. Il a également été dé-montré que les médias ont plus d'influence quand il s’agit de nouvelles qui ne sont pas connues, ou qui ne peuvent pas être connues directement, et qui sont seulement portées à la connaissance du public par l'information donnée par les médias. La puissance ou les effets potentiels des médias peuvent varier en fonction des circons-tances historiques et sociales (Rubio, 2005).

En outre, il a été constaté que la couverture médiatique des événements déter-mine l'expérience que les gens ont de leur environnement au-delà de leurs propres expériences. Comme disait Lippmann (2003) la plupart des connaissances que les

personnes ont sur les questions publiques et la plupart des problèmes d’ordre public qui attirent leur attention, ne sont pas dues à leur expérience directe et personnelle, sauf à être formulées par les médias, qui agissent comme la principale source d'information. Par conséquent, la fonction d’orientation est utile car elle permet aux citoyens d’organiser leur ordre de jour.

McCombs (2004) assure que les effets des médias peuvent différer quand les attributs sont explorés dans différentes dimensions. La perspective substantive est étroitement liée à la dimension cognitive et se reflète dans les croyances sur les as-pects d'un objet, comme les changements dans la conscience et la connaissance. La dimension affective se rapporte aux sentiments sur un objet (Macedo, 2009).

L’opinion publique est donc en partie façonnée par les moyens d’information. Les médias peuvent servir, ou pas, de caisse de résonance à une mobilisation collec-tive et de moyen de pression sur les gouvernants (Mercier, 2012, p. 29).

Les travaux des agences, parfois presque invisibles, peuvent avoir une très grande diffusion, sans que le public en soit conscient. Une étude réalisée par Pear-son and Brand en 2001 (dans Johnston et Forde, 2011) a constaté que la plupart des journalistes sont d’accord pour dire que les informations des agences de presse ont plus d’influence que celles diffusées par les autres médias. Finalement, ce sont les véritables producteurs des informations qui comptent davantage, avec une logistique matérielle et personnelle plus importante que le reste des médias. En particulier dans les cas des agences internationales, où elles ont une crédibilité qui fonde partielle-ment leur pouvoir.

De plus, les agences sont la principale source pour beaucoup de médias. Selon une étude réalisée en Australie, 78% des journalistes utilisent de manière régulière l’agence de presse nationale (Australian Associated Press) comme source de ses infor-mations, du fait qu’elle est considérée comme une source plus fiable que les autres médias. L’étude a établi que l’agence est le média qui a le plus d’influence sur l’agenda médiatique.

Sur le site de l’AFP, nous pouvons lire que le travail de cette agence a « une ré-percussion phénoménale dans les médias, une dépêche AFP est souvent perçue comme officielle, d’où le stress propre à l’agencier, qui a le double impératif de l’urgence et de l’exactitude » (www.afp.fr).

Au début de notre siècle, les agences distribuent deux tiers des nouvelles pu-bliées dans le monde entier. Telle est l’importance des agences, que le vice-président de l’Associated Press (AP) soulignait lors d’une réunion avec des journalistes: « Mon-sieur, je le sais clairement. Je vois un monde où pourraient disparaitre les journaux, les magazines et même les livres. Tout cela va être accessible sur un click, mais il faut qu’il y ait quelqu’un qui fournisse l’information à tous les nouveaux médias, et ce quelqu’un est l’agence de presse. Définitivement, il n’y a pas autre option » (Mu-ro, 2006).

D’après Gelado (2009) « Le rôle des agences de presse dans le spectre média-tique est très important. Sans elles il sera très difficile de comprendre l’avalanche d’informations, et même de divertissements, à laquelle la communication de masse est soumise ces dernières années».

1.3. « L

ES REPRESENTATIONS SOCIALES

» :

UNE NOTION BIEN DEFINIE

La crise économique, au-delà d’une certaine importance de traitement, devient donc non seulement une référence explicative d’autres événements, mais également un vecteur de positionnement à leur égard. On se donnera ainsi, pour objectif de comparer le traitement médiatique des deux pays, frappés par la même crise mon-diale mais dans des contextes économiques, sociaux et culturels distincts, et avec des conséquences différentes, pour tenter de saisir la dynamique de construction des représentations sociales et, notamment, les modes d’ancrage qui ont présidé à leur formation.

1.3.1.Les Représentations Sociales : émergences et