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1. Chapitre I: introduction

1.7. L’épidémiologie du VHS

1.7.1. L’infection herpétique oropharyngée primaire et récurrente

Du fait même de la nature de l’infection, une grande partie de la population est séropositive et est porteuse du VHS-1 sous sa forme latente [24]. Étant donné que l’infection est rarement fatale et que le virus peut établir la latence, la moitié de la population mondiale est infectée et peut être potentiellement contagieuse en période d’infection productive [1].

Différents paramètres peuvent avoir un impact sur la prévalence du VHS-1 incluant la localisation géographique, le statut socio-économique, l’âge et la race [1]. Aux États-Unis, environ 35% des enfants Afro-Américains et 18% des enfants blancs de 5 ans sont séropositifs [147]. Chez les individus ayant un statut socio-économique faible, le VHS-1 affecte 33% des enfants à l’âge de 5 ans et de 70 à 80% des adolescents. En revanche, chez les individus ayant un statut socio-économique plus élevé, seulement 20% des enfants et 40 à 60% des adolescents sont séropositifs [148-150]. Lors d’une primo-infection orolabiale, le virus peut être excrété jusqu’à 23 jours après le début des lésions (une moyenne de 7 à 10 jours) [8, 13, 151]. Des anticorps neutralisants apparaissent entre 4 et 7 jours suivant le début de l’infection avec un taux maximal atteint après 3 semaines. Des études ont démontré que le virus pouvait être isolé de la salive d’enfants asymptomatiques âgés de 7 mois à 2 ans dans 20% des cas. Chez les enfants plus âgés (3 à 14 ans), une sécrétion de VHS-1 a été documentée dans 18% des cas. L’excrétion de particules virales infectieuses diminue à 2.7% chez les personnes âgées de plus de 15 ans mais contribue encore à la transmission du virus par voie oro-génitale [94, 141, 152].

Les ganglions trijumeaux représentent le plus grand réservoir de VHS-1 sous sa forme latente. Suite à la réactivation, le virus cause une infection récurrente au site d’infection initial. Les données reliées à la fréquence de la récurrence chez les individus immunocompétents sont limitées. Une étude menée parmi 1 800 étudiants gradués a montré que 38% d’entre eux développaient des infections labiales récurrentes. Les nouvelles lésions apparaissaient à une fréquence d’une fois par mois chez 5% des individus et d’une infection dans une période comprise entre 2 et 11 mois chez 34% des étudiants. Cependant, des fréquences de récurrences moins élevées (16%) ont été rapportées par des études effectuées sur des

populations d’un niveau socio-économique plus haut. Les infections récurrentes peuvent survenir en l’absence de signes cliniques. Il est estimé que 1 à 5% des enfants en santé peuvent sécréter du VHS en l’absence de signes cliniques. Environ 1% des femmes enceintes et du personnel infirmier sécrèteraient du virus à tout moment, augmentant ainsi le risque de transmission aux nouveau-nés [1].

1.7.2. L’infection herpétique génitale primaire et récurrente

L’infection génitale peut être causée autant par le VHS-1 que par le VHS-2. Étant donné que l’infection par le VHS-2 se transmet suite à un contact sexuel, les anticorps dirigés contre ce virus sont rarement détectés avant le début de la période sexuellement active. La proportion des infections génitales causées par le VHS-1 est en constante progression. La distinction entre les espèces de virus n’est pas significative mais le VHS-1 cause des infections moins sévères et moins récurrentes. Aux États-Unis, la population séropositive au VHS-2 est estimée à 50 millions de personnes avec 0.5 million de nouveaux cas symptomatiques annuellement [1, 141, 153]. Plusieurs facteurs peuvent influencer la transmission du VHS-2 dont le sexe (plus fréquent chez les femmes que chez les hommes), la race, le nombre de partenaires sexuels et le statut marital. Pour les classes moyennes, la séroprévalence du VHS-2 est d’environ 17% alors qu’elle se situe autour de 50% à 60% pour les classes socio-économiques plus basses. Annuellement, le niveau d’acquisition par les femmes est de 8% alors qu’il est de 2% chez les hommes [1, 154-157].

Comme pour les infections orolabiales causées par le VHS-1, le VHS-2 peut être sécrété en l’absence de symptômes aussi bien durant l’infection primaire que lors des infections récurrentes. D’ailleurs, dans 70% des cas, le VHS est transmis par des individus asymptomatiques [158]. En effet, des femmes ayant développé un premier épisode d’herpès génital sécrètent du virus de façon asymptomatique dans 12% et 18% des cas d’infections primaires au VHS-1 et au VHS-2, respectivement [159].

Les ganglions sacrés sont le plus grand réservoir de VHS-2 et sa réactivation mène à une infection génitale récurrente. La récurrence est associée à une période de production virale plus courte et à des lésions moins sévères. Approximativement, 90% des patients

infectés par le VHS-2 développeraient au moins une récurrence par année tandis que 38% et 20% des cas développeraient 6 et plus de 10 épisodes par année, respectivement [160].

1.7.3. L’infection génitale chez les femmes enceintes

L’infection génitale chez les femmes enceintes est aussi fréquente que chez les femmes qui ne le sont pas. En revanche, elle doit être considérée différemment à cause des risques de transmission aux nouveau-nés lors de l’accouchement [161]. Bien que très rare, la transmission du virus au fœtus peut survenir in utero, particulièrement dans le cas d’une infection génitale primaire chez la femme enceinte. Cependant, la transmission aux nouveau- nés se produit généralement lorsque les patientes ont une infection virale productive durant l’accouchement, une situation qui survient plus fréquemment lorsque l’infection est acquise dans le dernier trimestre de la grossesse. Dans ce cas de figure, le risque de transmission au nouveau-né se situe autour de 30% à 50%. D’un autre côté, l’infection récurrente au cours de la gestation survient plus communément et la transmission aux nouveau-nés peut survenir dans 3 à 5% des cas [1, 162-164].

1.7.4. Épidémiologie de l’encéphalite herpétique

L’infiltration du VHS au niveau du SNC est la principale cause d’encéphalite virale sporadique dans les pays développés [5, 165, 166]. Aux États-Unis, cette infection est responsable de 75% des hospitalisations causées par des encéphalites virales [167]. L’incidence de cette maladie est relativement faible et s’élève à 1 cas par 250 000 individus. En l’absence de traitement antiviral, le taux de mortalité de cette infection atteint 70% [1]. Ce taux baisse à 30% chez les patients traités à l’acyclovir (ACV) mais la majorité d’entre eux garde des séquelles neurologiques importantes [24, 168, 169]. En 2011, des études ont revu ces chiffres à la baisse et ont montré que chez les patients traités par des agents antiviraux, la mortalité se situe autour de 11% avec une morbidité significative notée chez la moitié des patients [1, 169, 170]. Près d’un tiers des cas d’encéphalite herpétique serait causé par une infection primaire alors que les deux autres tiers sont le résultat d’une infection secondaire ou d’une réactivation du virus latent [171]. En effet, les deux tiers des adultes qui la contractent sont séropositifs au VHS. La plupart du temps, la souche virale isolée du liquide

céphalorachidien (LCR) des patients est différente de celle isolée à partir des muqueuses, indiquant que l’infection se développerait suite à une réinfection [171-173].

L’encéphalite herpétique touche le plus souvent les personnes âgées de 5 à 30 ans et celles de plus de 50 ans. On estime que 90% à 95% des cas sont causés par le VHS-1 alors que le reste des cas est dû à une infection au VHS-2 [169]. Les encéphalites herpétiques causées par le VHS-2 touchent généralement les nouveau-nés qui contractent le virus lors d’un contact avec les voies génitales infectées de la mère [174]. Les nouveau-nés qui développent l’encéphalite herpétique suite à l’accouchement peuvent être infectés autant par le VHS-1 que par le VHS-2. Dans cette population, la pathogénèse peut être secondaire à une virémie, résultant en une infection disséminée ou multifocale [165, 169, 175, 176].

1.8. Les manifestations cliniques