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1. Chapitre I: introduction

1.3. Caractéristiques générales et classification des virus herpétiques infectant l’humain

Les infections causées par le VHS-1 et le VHS-2 seront développées en détails à la section 1.8.

À la fin des années 1970, avant que les séquences d’ADN et d’acides aminés soient connues, les virus de la famille des Herpesviridae ont été divisés en trois sous-familles connues sous les noms d’Alpha-, Beta- et Gammaherpesvirinae selon certaines différences dans leurs propriétés biologiques. Cette classification est toujours en vigueur et défini la sous- famille des Alphaherpesvirinae comme comprenant le VHS-1, le VHS-2 et le VVZ. Les virus de cette sous-famille se distinguent par un cycle réplicatif relativement court, une propagation rapide en culture, une lyse efficace de la cellule infectée et une capacité à établir une infection latente principalement dans les ganglions sensitifs [3].

L’infection primaire au VVZ résulte en une varicelle qui touche particulièrement les enfants en bas âge. Ce virus établit ensuite la latence principalement dans les ganglions sensitifs crâniens et dorsaux. Chez les personnes âgées ou immunosupprimées, le VVZ peut se réactiver suite à un déclin de la réponse immunitaire à médiation cellulaire. La réactivation cause généralement un zona, une infection qui provoque des lésions cutanées pouvant être accompagnées de fortes douleurs chroniques (douleurs post-herpétiques) chez les personnes atteintes. La réactivation du VVZ peut également résulter en une méningo-encéphalite, une myélite, une vasculopathie ainsi que des lésions oculaires [6].

La sous-famille des Betaherpesvirinae est composée du CMV et des roséolovirus (HHV-6A et 6B ainsi que le HHV-7). La réplication du CMV est plus lente et l’infection en culture cellulaire progresse lentement. Les cellules infectées peuvent prendre de l’expansion en s’élargissant (cytomégalie). La latence du CMV s’établit possiblement dans les cellules hématopoïétiques mais peut aussi se produire dans les cellules endothéliales, les cellules des muscles lisses et les fibroblastes. Ce virus peut causer différentes infections qui sont généralement asymptomatiques chez les personnes immunocompétentes. En revanche, parmi les patients immunosupprimés ayant subi une transplantation, l’infection par le CMV peut

provoquer des maladies très sévères. Les plus communes sont des pneumonies, des infections gastro-intestinales, des atteintes du système nerveux central (SNC) ainsi que des rétinites.

Les HHV-6A et 6B sont généralement contractés durant l’enfance. Ils peuvent être transmis par la salive et les secrétions nasales des personnes infectées durant la période post-natale. De plus, l’ADN du HHV-6 est détectable au niveau des voies vaginales dans les stades tardifs de la grossesse, suggérant une possible transmission aux nouveau-nés durant l’accouchement. Il a été démontré que ces virus peuvent infecter un grand éventail de cellules in vitro telles les cellules T «cluster of differentiation» (CD) 4 (principalement le HHV-6B) et CD8 (HHV-6A), les cellules «natural killer» (NK), les cellules hépatiques, les cellules gliales (HHV-6A et HHV-6B), les cellules épithéliales, les glandes salivaires et les cellules endothéliales. Ces virus sont difficiles à cultiver in vitro et ne produisent pas d’effets cytopathiques importants [7, 8]. In vivo, les HHV-6A et HHV-6B infectent également différentes cellules telles que celles du cerveau, des amygdales, du foie, des reins, mais peuvent aussi infecter les monocytes/macrophages. Globalement, les sites préférentiels où les HHV-6A et HHV-6B établissent la latence sont les cellules T CD4 et les cellules des glandes salivaires.

Les infections primaires au HHV-6 (particulièrement le sous-type B) chez les enfants âgés de 6 mois à 2 ans peuvent causer la roséole. De plus, elles peuvent provoquer des atteintes gastro-intestinales, respiratoires, hépatiques et des syndromes mononucléosiques. La réactivation des HHV-6A et HHV-6B occasionne également des pathologies similaires, particulièrement chez les patients immunosupprimés. Par exemple, autant l’infection primaire que récurrente par ces deux virus peut causer des encéphalites et des méningo-encéphalites. En revanche, il est suggéré que le HHV-6A serait responsable de la majorité des cas d’encéphalites sévères [9-11].

Le HHV-7 infecte les cellules T CD4, qui sont aussi soupçonnées d’être le site de latence, ainsi que les cellules des glandes salivaires. Ce virus se retrouve dans différents organes tels que les poumons, la peau, les reins et le foie. Il est également responsable de certains cas de roséole chez les enfants. De plus, il a été démontré que le HHV-7 pouvait infecter le SNC causant ainsi des encéphalites, particulièrement chez les patients ayant reçu une transplantation de cellules souches hématopoïétiques [12].

Finalement, la sous-famille des Gammaherpesvirinae regroupe le virus EBV et le HHV-8. Ces virus ont un cycle réplicatif lent et infectent principalement les lymphocytes. Le virus EBV est impliqué dans le développement de mononucléose et de maladies lympho- prolifératives des cellules B après une infection primaire s’établissant dans les cellules de la gorge et du pharynx. Dans les pays en voie de développement, la majorité des enfants sont infectés par voie orale au cours de leurs trois premières années de vie, probablement par contact avec les membres de leurs familles et la majorité des infections sont asymptomatiques. Le HHV-8 est un virus oncogène qui peut causer des tumeurs en infectant les cellules endothéliales ainsi que les cellules du tractus gastro-intestinal, les poumons et le larynx (Tableau 1). L’infection par ce virus survient à différents âges commençant à l’enfance, spécialement dans les régions endémiques telles que les pays d’Afrique subsaharienne et du bassin méditerranéen. Les modes de transmission de ce virus ne sont pas complètement élucidés mais il est proposé que la voie orale soit privilégiée. Contrairement aux pays endémiques, il est connu que ce virus se transmet plutôt par la voie sexuelle dans les pays occidentaux, plus particulièrement dans la population homosexuelle masculine. La majorité des infections sont observées chez les personnes immunosupprimées qui développent des tumeurs connues sous le nom de «sarcome de Kaposi» (SK) [7, 13]. Le SK est une pathologie considérée comme étant une maladie angiogénique affectant principalement les cellules endothéliales. Il existe 4 formes cliniques associées au SK : (1) classique ou sporadique, (2) endémique, (3) iatrogénique ou reliées à l’immunosuppression (4) associées aux patients sidéens ou épidémique. Parmi ces types, c’est les formes observées chez les personnes sidéennes qui sont les plus agressives. L’incidence au sein de la population séronégative pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est d’environ 1/100 000 individus alors qu’elle est de 1/20 chez les patients sidéens. De plus, il est décrit que certains patients ayant subi une transplantation d’organes solides peuvent également développer un sarcome de Kaposi en raison du traitement immunosuppresseur. En revanche, la majorité des infections primaires au HHV-8 n’induisent pas de signes cliniques et les cancers qui en résultent ne se manifestent qu’après quelques décennies de latence. Les présentations cliniques les plus souvent associées au sarcome de Kaposi se manifestent sous forme de lésions cutanées. De plus, des lésions peuvent être observées au niveau de la cavité orale, du tractus gastro-intestinal et des poumons.

Tableau 1. La classification, les principales manifestations cliniques et les sites de latence des virus

de la famille des Herpesviridae.

(adapté de [5])

Sous-famille/type de virus Manifestations cliniques Site de latence

Alphaherpesvirinae VHS-1 (HHV-1) VHS-2 (HHV-2) VVZ (HHV-3) Betaherpesvirinae CMV (HHV-5) HHV-6A, HHV-6B et HHV-7 Gammaherpesvirinae EBV (HHV-4) HHV-8 -Infections oropharyngées -Infections oculaires -Encéphalite -Infections génitales -Infections génitales -Infections néonatales -Encéphalite -Méningite -Varicelle -Zona -Syndrome mononucléosique -Rétinite

-Encéphalite chez les fœtus -Pneumonie -Hépatite -Roséole -Pneumonie -Syndrome mononucléosique -Hépatite -Encéphalite (HHV-6A, HHV-6B et HHV-7) -Mononucléose -Lymphome de Burkitt -Carcinome nasopharyngé -Sarcome de Kaposi -Maladie de Castleman

-Lymphome des cavités corporelles

-Nerfs sensitifs et ganglions trijumeaux

-Neurones et ganglions trijumeaux -Ganglions sacrés

-Ganglions sacrés

-Neurones et ganglions trijumeaux

-Ganglions dorsaux -Nerfs crâniens -Cellules endothéliales -Cellules hématopoïétiques -Muscles lisses

-Épithélium des glandes salivaires

-Cellules T CD4

-Cellules myéloïdes progénitrices -Épithélium des glandes salivaires -Poumons

-Monocytes sanguins (HHV-6A)

-Lymphocytes B

-Cellules endothéliales -Lymphocytes B

1.4. Le virus herpès simplex 1