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Keywords: Residential mobility; gentrification; urban policy; social mixture

Cet article vise à étudier l’influence des politiques urbaines sur la mobilité résidentielle et ses rapports avec le processus que la littérature nomme « gentrification ». La mobilité résidentielle, l’un des principaux indicateurs des processus de gentrification, constitue un mouvement dans le territoire fortement lié à la place que chaque famille occupe dans la hiérarchie sociale, place qui exprime la position relative et la distance qui sépare chacun des agents sociaux (BOURDIEU, 1997). Dans ce sens, la mobilité résidentielle qui caractérise la gentrification est celle dans laquelle un certain territoire perd des groupes sociaux de faible revenu en raison de l’entrée des groupes de statut social et des revenus plus élevés (BIDOU-ZACHARIASEN, 2007; ZUKIN, 2010; SMITH, 1996).

Plus spécifiquement, l’article vise à étudier et qualifier l’hypothèse de l’élitisation des zones péricentrales de la ville de Belo Horizonte, capitale de l’État de Minas Gerais, Brésil.

Ces zones ont été historiquement occupées par des groupes de moyen statut, avec un peu de mixité sociale. Aujourd’hui ce que l’on observe c’est l’entrée des groupes d’un statut plus élevé, avec pour conséquence l’expulsion des groupes de moindre revenu et faible qualification professionnelle, en configurant une plus grande homogénéité et une diminution de la mixité sociale. Ce processus diffère en partie de certaines études dans quelques villes européennes et nord-américaines, qui montrent qu’initialement la gentrification favorise un plus grand mélange social, bien que plus tard l’homogénéité des groupes de statut élevé passe à prédominer. Cette différence est due au fait que la ville de Belo Horizonte, planifiée et inaugurée en 1897, n’a pas connu de vidange importante de sa zone centrale, comme arrivé dans certaines villes, principalement anglo-saxonnes. C’est pourquoi ce que l’on observe ne sont pas d’espaces vidés ou occupés surtout par des groupes de faible revenu, mais des espaces qui réunissent les groupes à revenus moyens et faibles. Ainsi, l’entrée des groupes moyens provoque immédiatement une plus grande élitisation de l’espace. Ceci est un exemple des spécificités du cas de Belo Horizonte, reproduit dans d’autres métropoles brésiliennes, exploré dans cet article. Ce phénomène porte une dimension résidentielle et une dimension commerciale, mais on n’aborde que la première dimension en raison de l’objectif de l’étude et de la portée des données analysées.

Les résultats et les réflexions présentés ici ont pour référentiel empirique deux quartiers de la ville de Belo Horizonte qui expriment néanmoins des processus plus généraux présents dans d’autres villes brésiliennes en raison de deux types de politiques urbaines, l’un plus interventionniste, qui préserve des lieux d’intérêt historique et culturel, l’autre plus permissif et lié aux intérêts du capital immobilier, permettant le remplacement des bâtiments anciens par des gratte-ciel et donc le remplacement des habitants. La condition d’existence de ces deux types de politiques urbaines c’est le choix de quelques lieux d’intérêt historique et culturel et d’autres qui, n’étant pas ainsi classifiés, peuvent être transformés. La conséquence, pour ce deuxième cas, est la rapide transformation des quartiers des grandes villes par le remplacement des bâtiments, des habitants, du paysage et des sens des lieux. Dans les villes brésiliennes, les principaux lieux choisis pour être préservés sont les centres historiques. Par conséquent, il y a un ensemble d’études axées sur les changements qui ont eu lieu dans ces centres. Ces études montrent un processus de gentrification commerciale ou de consommation dont le principal agent est l’Etat et, plus récemment, l’Etat en partenariat avec le secteur privé via des partenariats public-privé. Ces partenariats se traduisent dans des entreprises culturelles comme les musées, les cinémas, les centres culturels, parmi d’autres. De son côté, le logement n’a pas été au centre des processus de rénovation, soit parce que l’Etat n’investit pas dans le logement social dans les zones centrales, alléguant le coût élevé des terrains et des bâtiments, soit parce que le capital immobilier et la classe moyenne brésilienne ont d’autres options respectivement d’investissements et de logement, comme les copropriétés et d’autres quartiers proches du centre. Dans les deux cas il s’agit de lieux de qualité et de confort supérieurs à l’environnement encombré du centre, en plus de l’obsolescence de ses anciens bâtiments (RUBINO, 2009 ; LEITE, 2004).

Les réflexions présentées dans cet article diffèrent des études citées plus haut car ces réflexions se concentrent sur le processus de gentrification dans les quartiers éminemment résidentiels, processus mesuré par le déménagement des résidents, c’est-à- dire l’attraction de nouveaux et l’expulsion des anciens. Dans un des cas analysés, celui du quartier Santa Tereza, ce processus est un produit des politiques de préservation qui finissent par créer la catégorie de « quartiers culturels ». Dans le cas du quartier Anchieta, l’attraction est donnée par l’offre de nouveaux bâtiments avec les attributs conformes au goût et aux besoins des classes moyennes brésiliennes, tels que de grands appartements, de nombreux espaces de stationnement, espace de loisirs privé et sécurité.

Le quartier Santa Tereza s’est formé à la fin du XIXème siècle avec l’installation de certaines institutions de l’Etat, comme une auberge d’immigrants, une caserne militaire et un hôpital. À cette époque-là ses habitants étaient surtout des immigrants qui travaillaient dans la construction de la ville, outre des militaires. Tout au long du XXème siècle, avec un accès plus facile fourni par l’extension jusqu’à son entrée d’une ligne de tramways, le quartier s’est épaissi. Compte tenu du peu de voies d’accès et des barrières constituées par la présence d’une rivière et d’un chemin de fer, sa croissance était contenue dans ces limites. Dans le voisinage de la rivière et du chemin de fer il y avait une grande favela, qui a été presque entièrement enlevée dans les années 1980, en laissant seulement deux petits morceaux de terre, connus comme Vila Dias e Vila São Vicente, qui se distinguent du quartier par la morphologie irrégulière de l’occupation et par la condition sociale de ses résidents. Dans le quartier a prédominé l’occupation par les couches moyennes avec une moindre présence des membres de la classe ouvrière.

Le quartier Anchieta est situé sur l’axe sud de l’expansion de la zone centrale, ayant reçu historiquement les classes moyennes qui se sont formées dans la ville. C’est aussi la région qui a le plus connu des changements dans sa composition architecturale et sociale. L’occupation du quartier a commencé aux années 1920. Il a subi un intense processus de changements au cours des deux dernières décennies. Son histoire, au contraire de Santa Tereza, est moins connue, même parce qu’il n’a pas été représenté comme un quartier historique et par conséquent n’a pas suscité l’intérêt des chercheurs.

Des bâtiments plus simples et plus anciens y sont toujours présents, mais en moins grand nombre qu’à Santa Tereza. Les données du recensement démographique soutiennent également cette interprétation: Santa Tereza a une distribution plus hétérogène, bien qu’il soit en train de subir, comme annoncé, des changements vers une plus grande homogénéité. L’Anchieta, dans tous les aspects sociaux, est un quartier des couches supérieures, soit par la couleur de ses habitants, à prédominance blanche, soit par le revenu, concentré dans les couches supérieures de la classe moyenne.

L’article soutient l’hypothèse selon laquelle le quartier Anchieta attire des résidents d’une couche de la classe moyenne avec un plus grand capital économique, comme indiquent les données d’une recherche Origine et Destination réalisé dans la région métropolitaine. C’est un groupe plus âgé et d’une condition sociale plus consolidée, tandis qu’à Santa Tereza on observe l’entrée de jeunes résidents, avec un capital économique plus faible, mais avec un capital culturel élevé – ce sont des étudiants au doctorat, des médecins récemment diplômés, des producteurs culturels, entre autres. Dans les deux cas, et malgré les processus différents, la conséquence devient « l’élitisation » du territoire. Ces résultats sont proches de ceux trouvés par Van Criekingen (2007) dans son étude sur la ville de Bruxelles, comme nous avons l’intention de montrer dans cet article.

La catégorie de quartier au Brésil est à la fois une catégorie d’identification socio- spatiale et de planification, d’où le choix de cette unité spatiale. Cependant, on trouve une grande difficulté dans l’étude des quartiers: le manque de données exprimant la mobilité résidentielle dans cette échelle.

Les données du recensement démographique compatibles avec le quartier ne nous renseignent que sur les caractéristiques des résidents (tels que le revenu par habitant) et des ménages, ne fournissant pas d’informations plus spécifiques sur l’éducation ou la profession, ce qui rend difficile la compréhension des changements qui ont lieu entre une décennie et une autre. Pour cette raison, l’article explore une base de données produite pour la région métropolitaine dans son ensemble, mais avec la possibilité de désagrégation à plus petite échelle. Cette base de données, appelée Enquête Origine et Destination, montre qui entre et qui sort du quartier, avec des informations sur le revenu et la profession du chef de famille, prises ici comme un indicateur de la structure sociale, capable, dans ce contexte, d’identifier la mobilité par strate sociale. Ces données sont produites par des institutions gouvernementales depuis 1972. Dans cet article on aborde les recherches réalisées dans les années 1991, 2001 et 2011.

La deuxième base d’information utilisée est produite par le gouvernement municipal à des fins fiscales et est divisée en deux bases de données : la première décrit le type l’occupation des bâtiments et le schéma constructif en cinq bandes hiérarchiques. La seconde concerne les transactions effectuées à la fois par rapport à la quantité de biens vendus, année par année, et leurs valeurs, en l’occurrence mois par mois. Cette information nous permet de capturer les changements au fil du temps.

L’utilisation combinée de ces deux bases nous a fourni des informations sur la mobilité des personnes, c’est-à-dire, nous a permis de qualifier, selon la strate socio- économique, qui entre et qui sort des quartiers, ainsi que de comprendre les changements dans l’environnement bâti du quartier, l’intensité et les valeurs des propriétés commercialisées.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BIDOU-ZACHARIASEN, Catherine. De volta à cidade: dos processos de gentrificação às políticas de ‘revitalização’ dos centros urbanos. São Paulo: Annablume, 2007.

BOURDIEU, Pierre. Efeitos de lugar. In: BOURDIEU, P. (Coord.) A miséria do mundo. Vozes, 1997.

LEITE, Rogério P. Contra-usos da cidade: lugares e espaço público na experiência urbana contemporânea. Campinas: Editora Unicamp/Editora UFS, 2004.

RUBINO, Silvana. Enobrecimento urbano. In: FORTUNA, C. LEITE, R. P. (Org.). Plural de cidades: novos léxicos urbanos. Coimbra: Almedina, 2009.

SMITH, Neil. The new urban frontier. London & New York: Routledge, 1996.

VAN CRIEKINGEN, Mathieu. A cidade revive! Formas, políticas e impactos da revitalização residencial em Bruxelas. In: BIDOU-ZACHARIASEN, Catherine. De volta à cidade: dos processos de gentrificação às políticas de ‘revitalização’ dos centros urbanos. São Paulo: Annablume, 2007.

ZUKIN, Sharon. Naked city: the death and life of authentic urban places. New York: Oxford University Press, 2010.

L’analyse des projets d’urbanisation au Complexo do Alemão à Rio de Janeiro :

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