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110 Karajan disait : un chef doit avoir la partition dans la tête, et non pas la tête dans la partition

premiers mots. Je dis que le projet a échoué, mais je me place au point de vue didactique qui était bien celui de l'académie. J'ai par exemple consacré de longs temps au calcul tensoriel, espérant trouver des bases solides pour approfondir la relativité générale. Mais cela ne m'a finalement pas servi à grand chose, car le physicien ne s'embarrasse guère de rigueur dans l'utilisation des outils mathématiques. Les bons mathématiciens qui ont tenté la même aventure que moi ont sans doute, sans trop de peine réussi une transposition dont j'ai été incapable, si bien que j'avais le sentiment en étudiant un ouvrage de physique de travailler avec des objets différents.

J'ai au moins fait cette expérience essentielle, c'est que les notions mathématiques nécessaires à la compréhension des théories physiques les plus sophistiquées ne sont pas vraiment compliquées111, et qu'il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les individus particulièrement doués sont capables de les assimilées avec une telle rapidité qu'on a le sentiment qu'ils connaissaient ces choses bien avant leur apprentissage.

C'est la fin du mythe de l'être génial que je m'efforce de mettre en évidence. Au sens où certains individus auraient des connaissances innées ; Pas de solution de continuité entre le surdoué et le commun des mortels, mais des limites extrêmement floues formant une zone incertaine où pathologie et normalité se confondent, on pourrait peut-être parler de borderline pour ceux qui occupent cette frontière ; C'est la société, et d'une façon générale l'environnement par l'accueil qu'elle (ou il) fera à l'individu qui fera de lui un fou ou un génie.

Est balayée en même temps l'idée que ceux qui ont en eux un don exceptionnel finiront tôt ou tard à s'exprimer. Nous retrouvons l'adage de la française des jeux : 100% de ceux qui manifestent un don exceptionnel avaient, en eux, un don exceptionnel. Quant à ceux qui avaient un don exceptionnel et qui sont allés crever parmi les ratés, on préfère croire qu'ils n'ont jamais existé.

Fin de la connaissance

Tout se passe comme si la connaissance avait tué la connaissance.

L'honnête homme de l'époque classique est bien mort, et avec lui la connaissance au sens large. A moins qu'on appelle connaissance le simple fait qu'une chose existe et qu'on sait la désigner. Cela suffit pour être champion dans un jeu télévisé, mais est-ce de cela qu'il s'agit.

Connaître devrait être, à mon avis, posséder suffisamment d'informations sur une pluralité de domaines pour pouvoir répondre à la question : qu'est-ce que la connaissance.

Mais qui peut, aujourd'hui répondre à une telle question. Je ne parle évidemment pas de la connaissance accumulée dans les livres et dans les mémoires des ordinateurs mais de celle que nous possédons en nous et qui est le substrat de toute pensée cohérente. Que faut-il savoir pour comprendre quel sens peut avoir la vie en ce début de millénaire.

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C'est un constat que l'on fait lorsque enfin on a compris. Mettons une semaine de

travail pour un vilain petit canard de mon espèce, quelques minutes pour les grosses têtes. Il

me reste de cette période un sentiment de honte d'avoir cru au miracle. Il faut dire que les

insuffisances intellectuelles ne sont pas aussi évidentes que les carences physiques et

physiologiques.

Le paradoxe, c'est que la majorité des individus va sombrer dans le vide culturel qui l'entoure alors que le volume des connaissances, non seulement n'a jamais été aussi fabuleux, mais s'accroît à une vitesse telle qu'en quelques mois la quantité dépasse les acquisitions des deux premiers millénaires. Nous nous retrouvons, au niveau culturel, dans la même situation que pour la nourriture : une production alimentaire excédentaire dans un monde où la majorité des hommes souffre de malnutrition.

Mais le parallèle ne s'arrête pas là. Il existe une culture de masse dégradée comme il existe une nourriture frelatée. Et la partition de l'humanité, qui a toujours existé entre maîtres et esclaves, passera du domaine du scandale auquel il faut mettre fin à une situation de fait contre laquelle plus personne ne peut rien.

S'en suit-il que la connaissance restera le domaine réservé des maîtres ? Pas du tout. Car la volonté généralisée d'augmenter le volume des connaissances, alors que l'accumulation est aussi vaine que celle de l'argent, aboutira à un tel morcellement de la culture que chaque spécialiste contraint pour progresser à ne plus sortir de son domaine apparaîtra, globalement comme un être ignare. Et c'est en ce sens qu'on pourra parler de fin de la connaissance.

Mais cette fin a un autre sens. Il est pratiquement certain que le cerveau humain n'évoluera pas aux cours des prochains siècles d'une façon sensible. Il faudra donc faire avec le potentiel que nous possédons actuellement. Aucun cerveau humain ne pourra plus manifestement se livrer aux grandes synthèses qui permettent de nouvelles visions du monde qui nous entoure.

L'erreur fatale de la science

Les militaires ont peu d'imagination. C'est normal, il vaut mieux pour eux ne pas trop rêver, et surtout ne pas se poser trop de question. Car ils découvriraient vite, ce qu'ils savent quand même d'une certaine manière qu'ils ne sont que des machines à tuer. Mais s'ils n'étaient que cela ce serait un moindre mal ! Car ils sont honorés et payés n'ont seulement pour assurer aux puissants la pérennité de leur pouvoir mais pour détruire dans l'individu l'homme libre.

Durant des millénaires les savants ont été aux côtés de militaires pour les aider dans la fabrication d'engins de plus en plus meurtriers. C'est un constat de la plus navrante banalité ; tellement banal que plus personne n'a le courage de le dénoncer. A quoi bon d'ailleurs, puisque la résignation a fini par s'imposer à tous.

Nous sommes le 6 juin 2004, cela mérite bien une petite digression.

Depuis plus de deux mois les médias préparent l'événement. Et comment critiquer ces valeureux combattants envoyés par de sinistres imbéciles au plus stupide des massacres. Car enfin ce sont les mêmes crétins qui ont laissé l'Allemagne - quand elles ne l'ont pas aidée - se réarmer alors qu'un fou furieux - pas plus que Bush112, mais ce n'est pas une excuse - était au pouvoir.

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Au fait qui était le banquier de Hitler, les mauvaises langues affirment qu'il

s'agissait du grand-père Bush. Vraiment le monde des prédateurs et des canailles est bien

petit. Bien protégés par un rempart de fric, et le secret bancaire, tous ces gens forment une

grande famille ; n'est-ce pas touchant cette fraternité qui ne connaît ni frontière, ni sotte

idéologie à l'exception du culte de la puissance et de la richesse !

Ah ces braves américains qui ont donné leur sang pour libérer l’Europe ! Jolie fable que tout le monde feint aujourd'hui de croire ; alors que chacun sait qu'il s'agissait d'une course entre l'URSS et les Etats-Unis. Car l'URSS était en mesure de venir seule à bout d'Hitler. Ce qui, il faut le reconnaître n'aurait pas été tout à fait juste dans la mesure ou l'Allemagne avait été considérablement affaiblie par les bombardements alliés.

Après l'explosion de la première bombe atomique, l'un des scientifiques ayant participé au projet Manhattan à déclaré simplement « maintenant nous sommes tous des salauds ». Les meilleurs scientifiques du monde venaient de mettre entre les mains des fous furieux que sont les militaires de tous poils le moyen de détruire la planète. Pas de quoi être fier ! Ils n'oseront pas. La belle excuse. L'URSS a préféré (plutôt ses dirigeants qui après tout avaient sans la trouille pour leur peau ;) disparaître seule de la scène mondiale alors qu'elle aurait pu, à l'instar de la bête blessée à mort, entraîner le monde dans son agonie. Mais je n'ai pas le sentiment que l'Amérique d'aujourd'hui ferait de même. Le comportement de ce peuple est pour le moins curieux ; les sondages affirment que 80 ou 90% des américains sont croyants ; ils jurent sur la bible pour un oui ou pour un non, et se comportent comme de suppôts de Satan, ne manifestant aucune pitié, aussi bien pour les malheureusement de la planète hors les EU, que pour leurs propres d'un système social inique. Nom de Dieu, si seulement Dieu pouvait exister, et qu'au jugement dernier, ils se retrouvent à poil devant lui. Mais c'est encore la preuve, soit de leur incommensurable stupidité soit de leur tartufferie effrontée ; pourquoi pas les deux ! Autrement dit, ils ont en Bush, le roi qu'ils méritent, et il n'est guère étonnant qu'ils se soient donné un tel maître, même si c'est en trichant113 que le scélérat a obtenu la magistrature suprême. Et dire que le sujet de ce chapitre est la science !

Le discours impénétrable

La science, on l'a vu se referme sur elle-même. Elle n'est pas directement responsable de cette situation dans la mesure où son but premier est la recherche de la vérité. En un siècle la grande vérité qui a été découverte, celle que partagent aujourd'hui tous les scientifiques, c'est qu'il y a de sérieux doute sur l'existence de la vérité. Hormis la vérité logique qui est posée d'une façon arbitraire: « A » est un axiome, donc je pose que « A » est vrai, la complexité du monde ne laisse plus d'espoir, nous devrons désormais nous contenter de vérité partielle, douteuse, et enfouie dans des formalismes que seuls quelques privilégiés114 peuvent manier.

Une conséquence immédiate de cette reconnaissance de la complexité est qu'il n'existe plus de vulgarisation scientifique. Rappelons qu'il importe de ne pas confondre complexité et complication. Un problème compliqué peut toujours être résolu, avec de la patience et de l'intelligence115. Dans la

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En fait d'autres ont triché pour lui, car on ne voit ce fieffé imbécile monter une

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