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182 La Walkyrie, acte 2 scène 2

Dans le document Td corrigé Quatrième partie - Tetralogos pdf (Page 119-122)

le délire capitaliste à son comble, de précipité ainsi sa décomposition et de voir alors le système à son tour s'effondrer. Mais il ne faut pas trop rêver; le système connaît par cœur ses faiblesses; sans doute, parmi ceux qui en profitent, un bon nombre vit dans l'inconscience total du danger qui les menace, mais ceux-ci ne jouent de rôle déterminant dans l'avenir du monde.

Ce sont de simples exécutants conditionnés de telle manière qu'ils font une confiance absolue à leurs maîtres. Il est normal d'ailleurs que dans un monde dominé par la puissance militaire, les chiens de garde du système obéissent suivant les règles, qui ont fait, comme dit le manuel du parfait petit soldat, la force des armées.

On se souvient peut-être du pauvre télescope Hubble, qui mis en place dans l'espace s'est révélé quasiment aveugle. Il a fallu alors dépenser des sommes colossales pour rendre la vue. C'est le miroir qui était en cause à la suite d'une erreur, il me semble dans la finition. Mais bien avant la mise en orbite de ce beau joujou pour les astronomes, plusieurs responsables du projet avaient dénoncé la malfaçon. Ils ont été tous licenciés, et à ma connaissance jamais rétablis dans leurs fonctions, bien que la suite des événements leur aient donné raison. Ils ont enfreint la loi du silence, qu'ils aient eu raison importe peu. C'est une bonne leçon pour ceux qui voudraient critiquer un système qui de toute façon ne peut jamais avoir tort.

L'affaire de Hubble reste quand même étonnante. La puissance de certaines entreprises est si grande qu'elles peuvent non seulement étouffer les scandales qui risquent de les atteindre, mais faire condamner ceux qui ont raison. Il y a plus de 40 ans en France un scandale, différent certes mais dont les conséquences ont été sensiblement les mêmes a failli éclater, je dis failli car la grande presse a montré à l'époque une remarquable discrétion. Il faut dire qu'à l'époque nous étions gouvernés par une culotte de peau, un certain Général De Gaulle, si mes souvenirs sont exacts. C'était l'époque bénie où la plupart des français ne payaient pas le téléphone; en fait ce n'était pas un cadeau, puisqu'ils attendaient parfois depuis des années qu'une ligne leur soit accordée. Le sinistre Michel Debré est le bon gros toutou du général; et un certain Y Guénat183 est ministre des PTT. Et voilà qu'un haut fonctionnaire, haut placé dans la hiérarchie de ce ministère édite un opuscule mettant en cause le système organisant la fourniture des matériels de téléphonie: une entreprise fait payer dix fois trop cher ce matériel, et ce haut fonctionnaire, Janès, pose l'équation suivante: sans ce trafic des fournitures, les français devraient attendre deux fois moins longtemps pour obtenir une ligne, payer deux fois moins cher, et disposer d'un service deux plus performant.

Rappelons que c'était l'époque bénie du 22 à Asnières. Bien évidemment un haut fonctionnaire qui ne respecte pas l'obligation de réserve, un euphémisme pour dire que des hommes doivent de bons petits soldats obéissants, et ne rien faire qui puisse nuire à la crédibilité de l'état, le crime suprême étant de révéler la vérité. Immédiatement l'honorable ministre demanda la destitution de ce dangereux trublion. Mais il fallait pour cela la signature du premier ministre et du président de la République. Pour l'Amer Michel, pas de problème d'autant plus que la fourniture du matériel était une affaire de famille; par contre De Gaulle qui était quand même un honnête homme s'y refusa. Janès fut donc admis à faire valoir sa retraite. En cela De Gaulle appliquait les règles de l'honneur militaire. Désobéir est toujours une faute punie en tant que telle,

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Y Guénat a été récompensé de ses bons et loyaux services puisqu'il est

tranquillement au chaud, président d'une maison de retraite de la République. Peut-être le

Conseil économique et social. Enfin il ne fait plus guère parler de lui.

mais la justice militaire peut quand même donner raison au condamné s'il est reconnu que sa désobéissance était justifiée. On dit qu'il est arrivé qu'un militaire sauve une situation en allant à l'encontre d'un ordre, qu'il soit condamné pour désobéissance, puis décoré pour acte d'héroïsme.

Le Walhall

Wotan s'est donné le beau rôle, il combat pour le Bien, pour la Lumière. Il fait construire le Walhall pour y rassembler l'armée qui doit combattre les forces du mal. En fait le Walhall est une caserne. On a vu déjà que les sergents recruteurs sont les Walkyries, les propres filles du dieu. La méthode est simple : on organise des combats où ce sont les bons qui vont mourir. C'est bien connu ce sont toujours les meilleurs qui partent ! En fait ce n'est pas une vraie mort; deux mondes se superposent, et Wotan navigue dans les deux. Les héros meurent dans le monde des hommes mais renaissent dans celui des dieux. Seul Siegmund ne voudra pas manger de ce pain là. Et Wotan sacrifiera son fils pour rien puisque ce dernier refusera l'entrée au Walhall, préférant partager le funeste sort humain de la pauvre Sieglinde.

Supposons que le véritable monde humain, celui qui ne connaîtrait, ni la violence, ni la cupidité, ni la propension d'un bon nombre au plaisir de contempler la souffrance, aussi bien des animaux que des hommes, alors celui de la violence et de la haine est à l'interface du monde des hommes et des dieux. Les hommes d'aujourd'hui on sait qui ils sont, ce qu'ils sont, mais les dieux ? Kafka a inventé Le Château, ce monde fermé objet de toutes les convoitises et dont on subodore qu'il s'agit d'un lieu de débauche qui se veut haut lieu de la puissance vu de l'extérieur. Ceux qui vivent au Château sont corrompus mais vus de l'extérieur sont des messieurs à qui on doit le plus profond respect. Pour garder leur aura une seule exigence : ne jamais se montrer. Dans notre monde ceux qui s'exhibent parce qu'ils tiennent à ce que chacun sachent qu'ils sont riches et puissants ne sont que de faux dieux. Les vrais, ceux qui mènent le monde ne se montrent qu'entre eux.

Mais ces dieux que veulent-ils au juste ? Le savent-ils eux-mêmes ? Ils ont acquis richesse et pouvoir, mais leur ambition est toujours aussi insatiable.

Jadis de vastes empires étaient à conquérir. Aujourd'hui ces empires ne sont plus que des ruines pillées de siècle en siècle, et pour certains devenus des déserts. Alors il faut jouer, au chat et la souris, par exemple. Le chat va jusqu'à donner des armes à la souris jusqu'à lui faire croire qu'elle peut être la plus forte. Et le chat se précipite alors sur la souris en l'accusant de vouloir le manger. Wotan invente l'armée des ténèbres qui menace toute vie, mais le pauvre Albérich ne règne que sur de pauvres esclaves qui n'ont jamais su que creuser la terre pour en extraire l'Or. Bush invente les armes de destruction massive et détruit l'Irak, un pays exsangue et sans défense. Il faut bien distraire les militaires en leur faisant croire qu'ils s'attaquent à une armée redoutable. Mais l'armée la plus redoutable, celle qui finira peut-être par venir à bout des dieux corrompus est celle des pauvres. Non pas dans un vrai combat, mais par la vision insoutenable d'une misère qui s’accroît dans le même rapport que la richesse des riches.

La guerre ou le spectacle permanent.

Il faut être juste : rendons la guerre et toutes les armées hors la loi, que reste-t-il comme informations susceptibles d'intéresser la majorité, celle

des imbéciles. Plus de livres sur la guerre, plus de films à budget fabuleux, plus ces multiples retours en arrière sur toutes les boucheries du passé. Plus de parades, de séances de décoration. Plus de fabuleux profits engendrés par les conflits sans fin. Plus de chars imposants d'avions aux performances extraordinaires de missiles tellement précis qu'ils ne ratent presque plus jamais leur cible. Plus de surhommes semblant sortir tout droit de films de science fiction. La guerre c'est une réalité qui dépasse la fiction; car dans la vraie guerre, les ventres sont bien déchirés, les bras arrachés, les têtes explosées, il y a de la vraie souffrance, avec des cris et des convulsions.

Quand j'étais gosse et que le cinéma montrait des scènes de violence, je me disais, ainsi que tous les gosses et même les adultes : Ouf, ce n'est pas pour de vrai. Aujourd'hui, les salauds, devant leur télé, bien calés dans leur fauteuil, et bouffant des amuse-gueule avant le repas se réjouissent devant les tragédies bien réelles en pensant : bah, ce n'est pas nous.

Imaginons, mais bien heureusement c'est une fiction bien moins crédible qu'une invasion de la terre par des extraterrestres, qu'effectivement la guerre et tout ce qui s'y rapporte soit mis hors la loi. Les usines de tous les pays développés ne construisent plus ni chars, ni avions de combat, ni sous-marins nucléaires, ni d'armes de destruction massive que l'Amérique et ses partenaires du Nord produisent encore184. Ces pays se mettent alors à construire de façon massive des engins agricoles permettant au pays sous développé d'obtenir leur autonomie alimentaire, que des machines aussi coûteuse qu'un avion de chasse soient mises en chantier pour protéger, par exemple le Bangladesh des raz de marée, des pompes pour donner de l'eau potable aux populations du Sahel...etc. Quelle gueule aurait les défilés qui ne seraient plus militaires. Drôles d'informations que d'annoncer qu'un énorme programme de développement d'un pays à permis de sauver 250 000 personnes, alors qu'une information digne de ce nom doit surtout parler de victimes, et encore en nombre suffisant. 100 000 morts dans un conflit local entre pays que l'on connaît à peine de nom, ça commence être intéressant185; presque autant que trois blessés dans un accident de la route dans notre pays.

Et les uniformes ? Et les bataillons qui défilent au pas cadencés au rythme de la musique militaire. Non tout cela n'est qu'un cauchemar, ce n'est pas pour de vrai.

Mais les armes et la guerre ont bien d'autres vertus. Elles enrichissent les trafiquants, qui en retour remercient les politiciens qui favorisent, ou plus simplement organisent leur trafic; mais là n'est pas l'essentiel. Elles permettent aux puissants de ce monde de piller les richesses des pays pauvres; d'imposer par la force leur volonté. En fait les armées ne servent qu'accessoirement aux guerres entre les nations; le rôle principal de l'armée d'un pays est d'asservir le peuple de ce pays. C'était encore le rôle de l'armée française il y a peu, et c'est seulement l'abolition de la conscription qui a mis

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Il est remarquable, à ce propos, que l'Irak a été détruite sous l'accusation de

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