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191 Cinq morts à Bizerte en 1961

Dans le document Td corrigé Quatrième partie - Tetralogos pdf (Page 127-130)

Introduction

Une question qui restera à jamais sans réponse : la médecine sert-elle à quelque chose ? Les médecins ne se posent pas la question, pas plus que le balayeur qui tristement recommence les mêmes gestes aux mêmes endroits.

La maladie est le gagne-pain des médecins comme les papiers gras et les mégots est celui du balayeur. La formation n'est cependant pas la même. Il faut sept ans pour faire un toubib, et un quart d'heure pour faire un balayeur : le temps de lui trouver un balai. La compétence non plus n'est pas la même.

On juge immédiatement de celle du balayeur, on ignore tout de celle du médecin. Au premier coup d'œil on apprécie le travail du balayeur, on ne sait jamais si le patient a été guéri par le médecin192.

Pouvons-nous répondre à la question posée au départ ? Pour le balayeur, c'est clair : il sert à éviter l'accumulation des immondices sur la voie publique. Pour le médecin, la question reste ouverte : tout dépend du sens qu'on donne à la vie. Il est indubitable que les médecins savent maintenir certains individus en vie, souvent contre leur gré. Encore faut-il que cette prolongation artificielle ait un sens, qui est justement celui de la vie.

En médecine comme en sciences, et finalement pour toutes les activités humaines une confusion est soigneusement entretenue entre progrès technique et Progrès. Une majuscule pour ce dernier mot pour mettre en évidence le caractère mythique de l'idée de progrès appliquée à l'humanité.

Le progrès technique est aussi indubitable en science qu'en médecine. Mais à qui profite-t-il, sinon à l'infime classe des privilégiés. Les scientifiques qui s'amusent avec leurs merveilleux et coûteux gadgets, les médecins qui collectionnent les victoires à la Pyrrhus sur les maladies, qui reculent sans cesse les limites de la longévité humaine sans s'inquiéter le moins du monde de la qualité de la vie. Facile de nier le contraire en montant en épingle des cas d'espèce, comme naguère on exhibait aux imbéciles Le fils d'ouvrier qui avait intégré polytechnique, ce qui démontrait, toujours aux yeux des imbéciles, que notre système d'enseignement était authentiquement démocratique.

Le loto de la médecine

La médecine peut guérir la plupart des affections qui accablent l'espèce humaine. Elle le peut. Mais pouvoir ne signifie pas accomplir; et les conditions à remplir pour des thérapies, par ailleurs efficaces, soignent effectivement sont si contraignantes qu'elles ne sont d'aucun secours pour la majorité des hommes. Ne prenons qu'un seul cas, celui du cancer du colon.

Pour couvrir le risque il faut au moins un examen par an. Passons sur le déluge de merde qui va envahir les laboratoires, mais pour le particulier, l'attente anxieuse des résultats est certainement plus préjudiciable globalement à la santé des individus. D'autant plus qu'il faudra aussi surveiller le cerveau, les poumons, le foie, la prostate pour les hommes, les seins pour les femmes, etc.

Pauvres de nous, constamment entrain de pisser et de chier dans des bocaux,

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On sait, et cette estimation vient de la médecine elle-même, que 80% des malades

guériraient sans l'aide de la médecine. Les réactions de défense immunitaires des individus

fassent à la maladie sont tellement diverses qu'aucune expérience, au sens scientifique du

terme n'est possible. On ne dispose pas généralement d'échantillon témoin, chaque individu

étant un cas d'espèce.

d'absorber forces potions pour effectuer les examens. Quant à la sécu, elle aura vite fait de mettre la clé sous la porte.

Nous sommes en octobre 2001, en pleine psychose de la maladie du charbon, l'anthrax des anglo-saxons. L'armée des connards se gave d'antibiotiques avec le concours actif des toubibs, tout aussi cons. Pas tout à fait, car eux empochent le montant des honoraires augmentés, j'espère, car sinon il n'y a plus de déontologie, un petit pourboire des firmes pharmaceutiques qui voient leurs ventes s'envoler. Exactement comme au loto, les pseudo patients sont de toute façon globalement perdant; par contre les laboratoires pharmaceutiques et tout le petit monde qui gravite autour gagnent à tous les coups. Au grattage et au tirage, car les médicaments ingurgités pour rien gardent quand même leurs effets secondaires néfastes.

Rendant malades des individus sains, ces derniers, toujours aussi cons, se gaveront d'autres poisons, appelés plus couramment médicaments par les empoisonneurs publics que sont les trafiquants de potions magiques.

Magiques, c'est bien le mot, au regard des fabuleux bénéfices dégagés.

Fin de la glorieuse incertitude de la vie

Le loto est un jeu où l'on a la quasi certitude de perdre à tous les coups. Certes, on peut espérer des gains modestes avec une bonne probabilité, mais pour les gros lots, les seuls qui vaillent, c'est une autre histoire. La vie est aussi un jeu, mais la situation est exactement inverse : on peut parier que demain on sera encore vivant avec une quasi certitude. Mais comme il n'est pas exclu d'empocher le gros lot au tirage du loto du lendemain, le lendemain la mort peut être au rendez-vous.

Personne ne peut prévoir que le lendemain un joueur de loto désigné gagnera le gros lot. Mais aujourd'hui la médecine est capable de prédire, à coup sûr la mort d'un patient. Triste avancée de la médecine. Car si chacun se sait mortel, ce qui nous sauve c'est justement l'incertitude du lendemain. Et refuser de savoir n'avance à rien : il suffit de savoir que quelqu'un possède une information sur notre destin pour que la glorieuse incertitude soit levée.

Pour croire il faut avoir la certitude intérieure que personne ne possède une vérité contraire à celle à laquelle on s'accroche. D'où la dérisoire argumentation des toubibs qui, voulant cacher la vérité au patient dont ils ont la certitude de la mort, prétendent qu'ils ne savent pas.

Naguère encore, un médecin expérimenté, qui avait durant sa carrière assisté de nombreuses personnes aux derniers moments de leur vie, sentait venir la mort. Mais il pouvait, en toute honnêteté intellectuelle prétendre (et surtout à lui-même) qu'il pouvait se tromper, et faire croire à la possible rémission d'un mal jugé incurable. Mais aujourd’hui ! A part quelques cas rarissimes la fiabilité diagnostique est quasiment parfaite. La médecine, relayée par des médias qui ne comprennent rien en dehors de toutes les contorsions leur permettant d'augmenter leur audience, peut bien tenter de donner le change en faisant de la mort un phénomène banal, un simple changement d'état, la mort reste une pilule difficile à avaler. Peut-être est-ce André Gide qui disait : Mourir est la chose la plus facile pour les êtres puisque, finalement, tout le monde y arrive.

La Panacée : la dépression.

Il existe un principe que toutes les formes d'organisation sociale pourraient inscrire au fronton des édifices publics : La société n'est jamais responsable. Le corollaire immédiat est que le citoyen porte toujours et entièrement la responsabilité de sa marginalité. Mais tous ceux, qui, bénéficiant, par une sorte de miracle des capacités leur permettant d'accéder aux plus hautes fonctions comprennent, intuitivement qu'un système fondé sur une telle règle, s'effondrerait de lui-même. Les hommes, malgré leurs différences, ont malgré tout en commun la quasi totalité de leurs pulsions élémentaires, de leurs désirs, de leur volonté de s'épanouir, d'être plus que ce qu'ils sont. Les porter responsables, à part entière de leurs échecs augmenterait d'une façon insupportable pour la société, leur désespoir et leurs pulsions de mort. Dans la France d'aujourd'hui, 120000 tentatives de suicide par ans et 12000 « réussites ». Qu'arriverait-il si ce chiffre était multiplié par 10, ou 100. Bien évidemment, l'effondrement. On comprend alors pourquoi certaine nation comme l'Angleterre, assimile le suicide à un homicide volontaire. En temps de guerre, le suicide est assimilé à une désertion, donc puni de mort. Si le suicide est réussi, c'est la famille qui trinque.

La soupape de sécurité consiste donc à admettre qu'il existe un état psychique assez banal atténuant la responsabilité individuelle de ceux qui se marginalisent et deviennent inaptes à la vie sociale. A condition que ces derniers acceptent leur morbidité et les traitements pour les guérir, ils ont le droit à la bienveillance du système193.

Mais qu'est-ce au juste que guérir. Lorsque qu'une maladie somatique atteint un individu, la guérison est la rémission d'un mal. Une invasion microbienne ou bacillaire stoppée, une fracture réparée permettant à un membre de retrouver sa fonction... etc. Mais guérir d'un mal-être. La médecine somatique agit en s'attaquant aux causes de la maladie, en s'efforçant de compenser les déficiences du système immunitaire de l'organisme. Rarement la psychiatrie a les moyens de s'attaquer aux causes du mal psychique.

Généralement extérieures à l'être, relatives à l'action des autres, ces causes sont hors d'atteinte. Soit l'individu se sent ou se croit victime d'injustices, réelles ou imaginaires; mais qui peut juger. Soit l'individu ne supporte pas ce que la société montre d'elle-même. Dans les deux cas il n'y pas d'action externe possible à cours terme. Ce qu'il faut alors, lorsque, comme dans la plupart des cas, la société est en grande partie responsable, c'est aveugler le patient ou le contraindre à porter des verres correcteurs lui permettant une autre vision du monde qui l'entoure.

Ainsi, société et médecine se partagent la tâche. L'une dispense du rêve avec les sportifs promus au rang de surhomme, voire de génies, les belles filles bien nichonnées194, les créatifs de tout genre, bien payés pour convaincre les crétins que le monde moderne et ses splendeurs est à la portée de tous ceux qui se donne un peu de mal, ne serait-ce que pour remplir les formulaires de loto et de quinté. L'autre drogue tout simplement.

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Lorsque j'étais gosse, j'adorais les papillons, et j'avais trouvé une méthode

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