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116 Il faut préciser que ces mathématiciens sont généralement parfaitement athées ! Ce qui montre qu'on peut manier les outils de la raison avec génie, mais dérailler légèrement sur

le plan philosophique. Car, à ma connaissance, la science à constamment combattu (ou au

moins à s'est toujours opposée) à la métaphysique ; or supposer l'existence pure (c'est-à-dire

en dehors de toute conscience) des objets mathématiques relève du platonisme le plus

absolu, ce qui me semble incompatible avec toute forme l'athéisme même teinté

agnosticisme.

Le renoncement. Nous sommes, nous, esprits médiocres, plongés dans un monde où il est déjà difficile de survivre, condamnés à ne plus comprendre grand-chose, ni aux mécanismes qui dominent notre existence quotidienne, ni aux grandes questions, qui, en tant qu'êtres pensants, ne cessent contre toute raison à nous intéresser, voire à nous passionner. Pas de quoi être désespéré, mais quand même un peu déçu. Certes celui qui tient en ce moment ces propos est au seuil de la vieillesse, et n'a plus rien à espérer. Sans doute les individus ont-ils une fâcheuse tendance à s'imaginer que leur fin est en même temps celle du monde. Mais personnellement, je ne me suis pas coupé du monde de la pensée, et je suis encore capable de discerner (enfin je crois), ce qui est dû, dans mon jugement, à ma vision désabusée de monde d'une part, et à la réalité d'autre part.

Cette digression n'est pas à sa place, mais pour justifier quand mon pessimisme qui n'a rien à voir avec mes problèmes personnels qui sont d'ordre intellectuel, puisque qu'une vie somme toute assez minable m'a donné une relative sécurité matérielle. Je lis dans le numéro d'octobre 2004 de Alternatives Economiques :

- 45 millions d'américains sans couverture maladies, alors d'une simple visite à un généraliste peut coûter 300 dollars.

- En 1970, un patron gagnait 30 fois le salaire d'un de ses employés, en 2003 le rapport est de 300.

- les EU comptent, en 2003, 36 millions de pauvres, dont 32% ont des difficultés à se nourrir.

Et les Etats-Unis veulent imposer, et finissent par imposer au monde entier leur modèle de société. Merveilleux, un monde où un nombre grandissant d'individus meurt quasiment de faim alors qu'une majorité bouffent comme des porcs et crèvent d'obésité.

J'affirme que la science est grandement responsable de cette situation, dans la mesure où elle se réfugie dans une neutralité criminelle, surtout soucieuse de faire bénéficier ses serviteurs des subventions accordées par les états, leur permettant de poursuivre, dans la sérénité, des recherches, qui n'aboutiront, en fin de compte à perfectionner les outils qui, entre les mains des prédateurs de tout poil, permettront d'asservir un peu plus les citoyens ordinaires. Mais je crains que la majorité des scientifiques ne soit constituée de salauds pour d'autres raisons que celles de leur collaboration éhontée avec les assassins qu'on nomme, par euphémisme, les militaires. Car il est bien révolu le temps où un chercheur isolé, pouvait dans son labo de fortune faire une découverte importante. Pour espérer progresser, les savants modernes doivent disposer de moyens considérables qu'ils ne peuvent obtenir qu'en restant au moins neutres sur la scène politique. Mais la plupart du temps il leur faut, en plus être zélé ; à l'instar de Charpak manifestant publiquement un écrasant mépris pour les antinucléaires.

2005, le centenaire de L'Annus mirabilis

1905 est l'année où Einstein est au zénith de sa puissance créatrice.

Une série de mémoires qui jetaient les bases de la science moderne.

Pour mémoire, rappelons :

- Sur un point de vue heuristique concernant la production et la transformation de la lumière. C'est en fait la naissance de la théorie quantique. (mars 1905)

- Une nouvelle détermination des dimensions moléculaires, qui débouche quelques mois plus tard sur un mémoire sur le mouvement brownien.

- Sur l'électrodynamique des corps en mouvement. En fait l'acte de fondation de la relativité restreinte.

- Puis un article : l'inertie d'un corps dépend-elle de son contenu en énergie. C'est l'acte de naissance de la célèbre formule E=mc2.

Einstein a poursuivi sa vie durant un rêve impossible : unifier la physique, et partant le monde de la connaissance. Unifier la physique c'est fonder la théorie du tout : l'univers, sa naissance, son évolution, sa fin, donner en une seule équation. Il fallait pour cela croire à la simplicité du monde, avoir la certitude que sa connaissance complète était à la portée de l'esprit humain.

Il est mort comme Wotan tenant entre ses mains son rêve brisé, alignant, jusqu'à son dernier souffle des équations dont plus rien ne pouvait naître. Les mathématiques sont un univers fabuleux où les objets naissent comme par enchantement des conséquences d'axiomes et de raisonnements créés par l'esprit humain. Mais ils n'ont d'autre réalité que celle du rêve : pures créations de la pensée. Pourquoi ces objets deviennent des images de phénomènes purement physiques ? C'est une sorte de miracle, mais ce ne peut être une raison pour les confondre.

Ma fin est proche je ne veux plus m'attarder, je regrette quand même de vivre cet anniversaire qui me plonge dans un monde où je n'ai pas ma place. De nouveau je vais vivre, mais plus pour très longtemps les affres d'une pensée indigente qui n'a jamais su renoncer.

Chapitre XV

Fin de la philosophie

Introduction

Il y a bien longtemps que la philosophie, au sens classique du terme, est morte. Il n'en reste plus qu'un bavardage insipide sur elle-même. Elle a été entraînée dans cette dérive par la fin de la connaissance. Qu'on appelle B H Lévy philosophe est quasiment un faire-part de décès. Cet homme a bien évidemment d'autres qualités, par exemple d'avoir une femme charmante, mais cela ne suffit pas pour se prétendre philosophe. Raconter des conneries n'est pas, dans ce métier une tare en soi. Heureusement car il n'y aurait jamais eu de philosophe. A la décharge des grands esprits du passé il faut reconnaître qu'ils ont souvent glosé ou déliré sur les connaissances scientifiques approximatives et que leur époque ne songeait nullement à mettre en doute (par exemple Aristote au 16è siècle). Plus impardonnable était Schopenhauer qui, pour ne prendre que deux exemples a tourné en ridicule la théorie atomique, et a pris parti pour Pouget contre Pasteur à propos de la génération spontanée.

Passons sur les changements du contenu de la philosophie, qui, originellement concernait la totalité des connaissances. Puis de théorie de la

connaissance elle a évolué vers une simple critique, puis peu à peu, incapable d'exercer une critique judicieuse des sciences elle s'est repliée sur elle-même, ressassant son propre passé, comme un champion vieillissant ne s'occupe plus qu'à dépoussiérer ses trophées, vestiges de sa gloire passée.

Le passé ne meurt pas

Parler de la fin de la philosophie ne signifie pas qu'elle n'existe plus.

On a assisté à la fin de l'époque classique, en musique par exemple, mais la musique classique, est plus vivante que jamais117. Mais la philosophie est-elle encore vivante ou doit-elle être assimilée aux langues mortes qu'on étudie comme exercices intellectuels, et nous renseignent sur l'origine de nos langages. Difficile de trancher. Il y a des individus, aujourd'hui qui se disent philosophes et sont reconnus comme tels. Les mutations dans les multiples façons d'appréhender le savoir font qu'il parait bien difficile d'identifier les philosophes des siècles passés avec ceux d'aujourd'hui. De la même façon, peut-on identifier, par exemple la musique des époques classique et romantique avec celle d’aujourd’hui ?

Cependant, il ne faut pas demander aux penseurs du passé ce qu'ils ne peuvent absolument pas nous servir : la Vérité. Certes, quand on tente de déchiffrer l'un des amphigouris 118 de Hegel on peut espérer après bien des efforts entrevoir une lueur de vérité, mais il faut vite se résoudre à n'y voir qu'un exercice difficile aussi vain que les tours de piste d'un athlète qui veut

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A tel point qu'elle occupe toute la place, la musique d'aujourd'hui passant

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