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Remarquons d'abord que le solipsisme collectif, bien que jugé moins cohérent n'est plus réfutable selon l'argument de Popper (Je suis incapable de créer l'œuvre de Bach)

solipsisme collectif est une très vieille histoire qui provient probablement en grande partie de cette volonté de l'homme de se placer, dans l'univers dans une situation privilégiée ; en fait l'entité pour qui l'univers existe. Et cette volonté se lit encore dans les différentes sortes d'anthropisme.

Dans une approche très grossière, il y a deux formes d'anthropisme (au sens philosophique ou même plutôt métaphysique)

- le principe anthropique fort qui soutient que l'univers a été conçu pour que l'homme puisse apparaître (et le dominer par la pensée). Quelle force obscure a œuvré au début, pour douer l'univers de propriétés convenables, c'est à chacun de choisir selon son humeur. Mais il semble bien que cette force a toutes les propriétés d'un Dieu omnipotent.

- le principe anthropique faible qui me paraît être une tautologie : les propriétés de l'univers sont précisément celles qui devaient donner naissance à l'homme. Que l'une des constantes fondamentales aient eu une valeur même légèrement différente, et l'humanité devait attendre un autre Big-bang pour avoir le plaisir de détruire la planète terre (rassurez-vous, elle non plus n'aurait pas existé.

Une dernière remarque : le principe fort rejoint les doctrines téléologiques ou eschatologiques ; le principe faible est une forme de téléonomie.76

Nous pensons que B d'Espagnat exprime la position de l'immense majorité des scientifiques d'aujourd'hui, (du moins ceux qui se posent la question du statut du réel dans la pensée scientifique moderne). Il est indubitable qu'il existe une réalité indépendante de notre conscience, individuelle ou/et intersubjective, mais pour des raisons d'histoires personnelles, de caractère individuel, nous ne voyons pas tous le monde e la même façon. Plus précisément, nous n'accordons pas le même sens77 aux multiples stimuli qui nous assaillent à chaque instant. D'autre part, et d'une façon plus fondamentale, il existe, scientifiquement parlant différents points de vue nous faisant voir le monde de différentes manières. A cette multiplicité de points de vue s'ajoutent les théories qui créent des objets dont la correspondance avec la réalité indépendante postulée est pour le moins douteuse ; par exemple, les trous noirs de la cosmologie moderne que tous les ouvrages de vulgarisation présentent comme des objets réels alors qu'aucune preuve indubitable de leur existence n'est disponible à ce jour78. Ce qui est réel pour notre conscience, c'est-à-dire ce que les théories nous donnent à voir, ne coïncide pas nécessairement avec cette incertaine réalité. Faiblesse

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Le terme téléologique qui désigne l'étude de la finalité a pris un sens quasi mystique : il s'agit aujourd'hui de doctrines qui suppose la matière dominée par une volonté qui conduit l'univers (et l'espèce humaine) vers un destin déjà inscrit. Le terme téléonomique (forgé, à ma connaissance par J Monod est surtout utilisé en biologie où il désigne les mécanismes programmés qui commandent le développement des structures des organismes vivants.

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Evitons de chercher ce qu'on entend par le mot sens. Pour être plus clair, ne cherchons pas à donner un sens au mot sens. Ceux qui se sont penchés sur ce problème comprendront pourquoi !

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Il est vrai que l'on peut rétorquer que l'existence des atomes était admise par la

communauté scientifique avant celle des preuves concrètes. Mais on peut à nouveau

répliquer que l'atome n'a plus aujourd'hui la simplicité qu'on espérait voici encore quelques

décennies.

de la science ? Sûrement pas, mais la preuve que le chemin vers la vérité est encore long...si toutefois nous sommes sur le bon chemin.

En guise de conclusion, quelques digressions

1 Il est entendu que le solipsisme radical est une folie, ou pour le moins une absurdité. Mais il reste le problème de l'isolement de la conscience, qui, dans certains cas aboutit à la même situation. Quelle est la différence, au niveau du vécu, entre un monde qui n'existe pas et un monde qui ne compte pas, car la conscience ne peut y lire que sa propre négation ? Ou un monde dont on a la certitude qu'il ne ressemble en rien à celui que l'on sent en soi ? Le monde que nous ressentons est, par définition, purement intérieur, création ou construction, de notre cerveau. Que cette image du monde soit la même pour tous est une conséquence évidente de l'identité des mécanismes de fonctionnement de notre cerveau79.La coupure de la réalité existe bel et bien. Alors l'échappatoire n'est-elle pas pure illusion ? On peut toujours s'étonner, se révolter, c'est notre cerveau qui construit les images que nous recevons du monde ; ce ne sont que des images ! C'est stupéfiant, incompréhensible, miraculeux, mais le fait est là. Certes, je n'ai pas composé la symphonie Héroïque, ni la messe en si, ni découvert les espaces de Hilbert, ni écrit un manuel de théorie quantique des champs que j'ai bien du mal à comprendre, d'autres l'ont fait, mais il n'empêche que ces monuments de la culture humaine n'ont d'autre réalité pour moi que la connaissance que j'en ai ! Un monde existe, mais je n'en possède que ce que mon cerveau veut bien ou peut me livrer ! Que mon cerveau déraille et le monde s'effondre, enfin, mon monde. Nous voilà de nouveau confronté au problème de l'autisme.

Ce qui est stupéfiant dans cet étrange dérèglement du comportement humain, ce n'est pas seulement ce qu'il a d'atroce, mais que nous n'en soyons pas tous atteint80. Par quel miracle communique-t-on avec les autres à partir de signes qui intrinsèquement ne sont investis que de sens approximatif ? Un clin d'œil, un froncement de sourcil, un sourire, une interjection. Qu'est-ce qui explique, d'une façon générale l'empathie, ou la sympathie ou l'antipathie -pour un individu que nous ne connaissons pas ? Autiste du matin, autiste du soir, l'homme normal, comme certaine fleurs s'ouvre le matin - ou ne s'ouvre pas - pour au soir de sa vie se refermer plus au moins lentement sur son monde intérieur. Sans doute sommes-nous programmés normalement pour l'ouverture, mais nous avons également besoin d'un environnement favorable pour que celle-ci s'effectue correctement.

2 Dérivons maintenant vers la politique. Remarquons d'abord que l'homme normal est dominé, concernant ses rapports avec autrui, par deux tendances contradictoires :

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Si deux appareils photos identiques prennent le même objet, les images seront identiques, au point de vue près ; parfaitement identiques si les photos sont prises dans les mêmes conditions de position et d'exposition. Mais elles sont différentes comme objet, nous évacuons le solipsisme en affirmant l'existence d'une réalité indépendante, mais nous devons admettre que nous ne possédons qu'une image personnelle de cette réalité.

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Il faut dire, qu'en bonne logique Darwinienne une branche d'homo sapiens atteinte

dans la totalité de ses individus, de cette maladie aurait disparu de l'évolution.

- L'une centrifuge qui le pousse à investir le monde extérieur, à aller vers les autres.

- L'autre centripète qui l'engage à se suffire de son monde intérieur.

Les deux tendances sont utilisées dans les mécanismes d'exploitation à l'usage des candidats au pouvoir, ou de ceux qui entendent y rester, envers et contre tout. Mais avant de continuer revenons sur quelques modèles empruntés à la physique.

(1) Deux principes d'abord, que anthropomorphiquement, on qualifie d'instinct grégaire :

- La tendance des bosons, particules de spin entier, à tomber dans le même état81

- La tendance des fermions, particules de spin fractionnaire à s'aligner dans une substance ferromagnétique82.

(2) Deux principes, opposés aux précédents :

- Le principe d'exclusion de Pauli, interdisant à deux électrons de même spin d'occuper le même état autour du noyau de l'atome83.

- Le principe d'indépendance des molécules d'un gaz, et des atomes dans les phénomènes de désintégration spontanée84.

Considérons maintenant le cas des hommes de pouvoir ou des candidats au pouvoir. Pour eux les individus ne sont que des particules qu'il

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Sans entrer dans les détails, disons simplement que la probabilité pour qu'une particule soit, par exemple dans le même état énergétique qu'un collection de particules identiques, augmente avec le nombre de particules déjà dans cet état. Autrement dit il y a une sorte d'effet d'entraînement, plus il y en a dans un certain état, plus la tendance à y en avoir dans ce même état. C'est donc à rapprocher de l'effet de foule, ou de mode.

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Phénomène d'aimantation.

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Ce principe essentiel de la mécanique quantique permet de justifier l'équilibre des structures atomiques (répartition des électrons autour du noyau). Remarquons au passage que sans ce principe il n'y aurait pas d'atomes, l'univers se trouvant réduit à une purée de neutrons et d'électrons, et dieu sait de quelles particules exotiques, en admettant que quelque chose existe !

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Chaque particule a une probabilité déterminée de se désintégrer qui est indépendante de toute cause externe (Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne soit pas sensible aux conditions extérieures). Mais si on examine un grand nombre de particules, on retrouvera un certain déterminisme dans la mesure où, globalement on pourra prévoir avec une quasi certitude le comportement de l'ensemble. Prenons un exemple. Considérons un ensemble de 10

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atomes d'une substance radioactive (quelques grammes). Supposons que la probabilité de désintégration, pour une particule dans une seconde d'observation soit 10

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. Cela signifie que pour avoir une chance de voir la particule se désintégrer, il faut l'observer durant 100 milliards de secondes, soit environ 3000 ans (durant cette période elle peut se désintégrer à n'importe quel moment, voire ne pas se désintégrer du tout, ce qui peut être très décevant).

Mais en en examinant la quantité indiquée plus haut, c'est 10

11

particules qui vont se

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