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1.1.2 – Les médias

B- Les journau

En Albanie ont paru depuis 1991 plus de 360 titres de journaux et de revues 6. La plupart d’entre eux n’ont pas pu survivre dans un marché extrêmement capricieux et difficile sous tous les aspects. Nous pouvons dire qu’aujourd’hui en Albanie il y a plus de 25 quotidiens généralistes, mais non pas plus de 5-6 parmi eux ont une vraie crédibilité aux yeux de l’opinion publique et du point de vue de leurs tirages aussi. Dans le cadre d’une restriction générale des titres de la presse écrite, des journaux surtout, parce que les revues ont une tendance à la croissance, selon une étude de l’Institut albanais du Média (ISHM 2007), en Albanie sont vendus chaque jour environ 50 mille exemplaires de journaux. Ce chiffre de vente est réalisé surtout dans les villes et à travers les abonnements, par contre, dans les villages et dans les centres urbains périphériques les infrastructures de vente de la presse sont inexistantes. Ce chiffre est trois fois plus petit par rapport à la période des années 2000, lorsque la télévision n’était pas tellement développée et les nouvelles technologies comme la télévision payante n’avaient pas encore attiré ’intérêt des Albanais.

Les facteurs qui freinent la diffusion massive des médias écrits en Albanie sont deux: Le

premier facteur, présent jusqu’aux années 2000, concerne les mauvaises infrastructures de

production/ distribution/abonnement dans le pays, tandis que, après les années 2000, le

deuxième facteur était lié à la concurrence venant de la télévision qui s’est répandue

rapidement en couvrant avec ses ondes l’ensemble du territoire du pays. L’explosion des télévisions est réalisée non simplement à travers les chaînes généralistes, mais aussi à travers les plateformes digitales privées connues comme des télévisions payantes.

En ce qui concerne les quotidiens politiques et généralistes, bien qu’il y ait tous les jours un nombre de plus vingt cinq journaux sur le marché, seulement quatre d’entre eux représentent environ 90 % du tirage et attirent véritablement l’intérêt de l’opinion publique. Ces titres sont les suivants :

Le journal Panorama, fondé en 2001, le quotidien le plus influent dans le pays, qui selon les sources de ce journal, a un tirage d’environ 25 mille exemplaires par jour, suivi par le journal Shekulli, (Le Siècle), fondé en 1997 avec environ 20 mille exemplaires vendus par jour. Ce journal avait gardé pendant des années entières la position du plus grand journal dans le pays.

Il a conservé cette position jusque en 2007. Les deux autres journaux : Gazeta Shqiptare (Le Journal Albanais) et Shqip (L’albanais) représentent un tirage moyen de 5 - 7 mille exemplaires vendus par jour selon les évaluations indépendantes faites par des agences de publicité. Ces agences sont spécialisées dans le processus d’audiométrie afin d’offrir des informations empiriques sur la distribution de la presse écrite aux agences publicitaires. A défaut de statistiques exactes venant des organes de l’administration fiscale de l’Etat concernant les tirages des journaux, depuis l’année 2000, lorsque les agences de publicité ont commencé à fleurir, leurs investigations indépendantes réalisées pour le compte des leurs clients, sont considérées comme représentant des chiffres qui se rapprochent le plus de la réalité des tirages des quotidiens.

Le journal Gazeta Shqiptare, réédité en Albanie à partir de 1993 comme une initiative du journal régional italien Gazetta des Mesogiorno de Pouilles, ville dans le Sud de l’Italie, avait été déjà publié en 1939 en Albanie comme un journal fasciste. Gazeta Shqiptare (GSH) était le premier média étranger en Albanie depuis les débuts de la transition postcommuniste. Il introduisit une nouvelle culture dans la presse écrite, apportant les traditions du journalisme de l’école italienne dans la presse écrite albanaise, qui à l’époque était extrêmement politisée, postrévolutionnaire, criblée d’opinions, de critiques, de feuilletons, d’essais, de répliques, de lettres ouvertes, etc., propres au journalisme militant, et lorsque les éléments constituant d’une presse écrite professionnelle ne s’étaient pas encore manifestées. Le GSH a créé une sorte d’école en soi pour les médias albanais en faisant influencer pour longtemps le journalisme albanais par le style italien. Le journal Shqip, fondé en 2006, partie du puissant groupe médiatique TOP MEDIA, introduisit pour la première fois le format « berliner » dépassant ainsi soit le grand format des quotidiens, soit le format tabloïde. De même, sa qualité technique introduisit dans la presse écrite albanaise un nouveau standard de qualité, connu par les professionnels des médias comme « la technique de l’impression sur celluloïd ».

C –Les revues

Face à la tendance de la restriction des titres de la presse écrite, les revues, surtout celles spécialisées, ont connu une certaine progression, alors que les revues à caractère général ont subit le sort des quotidiens ayant la même nature. La revue Klan est la première revue importante dans le pays, une pionnière dans les médias albanais parce que pour la première

fois un média important a eu comme propriétaire un non-journaliste. Il faut dire que jusqu’en 1997 la structure de la propriété des médias était celle fondée sur le modèle du propriétaire

– journaliste.

Elle a connu un tirage hebdomadaire assez important, qui grâce aux formes variées de marketing atteignit en 1999 le chiffre d’environ 20 mille exemplaires vendus chaque semaine. Entre-temps, une autre revue, propriété du groupe d’édition « Spektër », a connu dans ses débuts des tirages qui ont atteint jusqu'à 10 mille exemplaires par semaine. Mais la progression rapide de la télévision a fait en sorte que les revues à caractère général connaissent une forte baisse de leurs tirages. En quelque sorte, elles étaient vendues comme « des journaux en couleurs ». Elles ont été massivement abandonnées par un public qui avait dorénavant ses yeux braqués sur le petit écran.

Tout de même dans le paysage actuel de la presse écrite, deux hebdomadaires ont gardé leur périodicité et continuent d’avoir de l’influence dans un environnement médiatique et politique en pleine mutation. La revue KLAN, fondée en 1997, continue de paraître chaque semaine, en gardant les traits de ses débuts, comme un hebdomadaire politique, social et culturel qui réserve dans ses pages une vaste place à la politique. La revue MAPO, fondée en 2006, est elle aussi une revue politique, avec une ligne éditoriale de centre-gauche. Ses dossiers et ses investigations sont souvent reprises par les autres médias et donnent lieu à des débats sur les médias visuels. Les tirages de ces deux revues sont estimés aujourd’hui à environ entre 2 et 4 mille exemplaires par semaine. En fonction de la conjoncture politique du pays, ces deux revues attachent une grande importance, réservant presque la moitié de leur contenu, à la politique. Elles sont pourtant peu utilisées en fonction d’une publicité politique électorale, même si pendant tout le temps elles affichent un fort accent politique en fonction de la création de l’image des candidats aux élections et aux hommes politiques.

Les revues spécialisées, de la mode, people et celles qui abordent d’autres thématiques sont d’une qualité toujours meilleure que les autres grâce à l’amélioration rapide de la qualité de l’impression. Elles connaissent une grande croissance pendant ces dernières années. La revue Jeta (La Vie) connaît un tirage mensuel d’environ 15 mille exemplaires. Les spécialistes des médias y voient une tendance à passer de la presse politique à la presse visuelle, où il y a une concentration de la publication sur les photos, les couleurs, et les faits divers qui attirent le lecteur massif. «En Albanie le bien-être augmente mais ensemble avec lui augmente aussi le

marché de la vanité, du divertissement. Ici fait partie aussi une certaine augmentation de l’intérêt du public pour les revues féminines, modernes, pour les loisirs, etc.»7- dit Mme Iva

Tiço, rédacteur en chef de la revue Jeta (La Vie). Même si ces revues n’ont pas recours directement à la publicité politique, ou même si les acteurs politiques ne font pas publier chez elles leurs affiches électorales, elles jouent un rôle toujours plus grand dans la “people”– isation de la vie politique locale. Rien qu’en 2009 la revue Jeta comptait au moins quatre couvertures composées avec les portraits des figures politiques locales, tandis que la revue ONE en comptait autant parmi 12 numéros de l’année.

D –Les télévisions

Les années 2000 peuvent être considérées comme « la décennie albanaise de la télévision ».Aujourd’hui le paysage télévisé albanais est complété en ce qui concerne les équipements technologiques utilisés par la télévision digitale, analogue et par satellite. En ce qui est de la structure de la propriété des télévisons, nous constatons la télévision publique, les télévisions privées nationales et locale et les télévisions étrangères. En ce qui concerne la spécialisation des chaînes privées de télévision, nous constatons les chaînes généralistes et celles informatives, et des chaines qui couvrent la musique, les sports, les documentaires, des télévisions pour des enfants, pornographiques, etc. En ce qui concerne les formes de réception du signal - nous avons des chaînes libres et des chaînes payantes, des chaînes nationales et des chaînes locales et même communales.

Un tel paysage relativement bien complété est le fruit d’une explosion télévisuelle qui est achevée pendant une période qui ne dépasse pas dix ou douze ans. Ce processus est initié à partir de l’an 1998 lorsque la première loi sur les radiotélévisions est entrée en vigueur. Elle a légalisé les chaînes télévisées qui avaient occupé illégalement les fréquences depuis la fin de 1997.

La journaliste Ilva Tare a étudié le processus du déclenchement des télévisions albanaises en qualifiant de « type B » la logique du développement de la télévision en Albanie. Elle le compare à un autre modèle, celui du développement du paysage télévisuel dans d’autres pays de l’Europe de l’Est, où il y eu des évolutions appartenant au groupe A. Ce dernier modèle,

appliqué rapidement et immédiatement après les changements politiques, est fondé sur une logique d’«imitation», alors que le modèle de type « b » demeure “atavique ”8..

Néanmoins, engagée dans une course contre la montre, la deuxième décennie de la transition en Albanie nous a présenté un paysage médiatique télévisé qu’on pourrait le qualifier sans hésitation «intégral pour ce qui est la diversité et riche du point de vue de l’offre télévisée».

Il y a au moins trois télévisions nationales en Albanie : TOP Chanel, Klan et Vision Plus, qui possèdent presque 90 % des parts d’audience. En même temps, deux télévisions spécialisées d’information comme NEWS 24 et ORA NEWS exercent une influence particulière surtout dans les domaines de l‘information politique et électorale puisque 24 sur 24 heures, à travers des éditions informatives éditées toutes les heures, et des titres affichés de façon permanente sur leurs écrans, ne donnent que des informations et suivant ainsi l’évolution des évènements politiques du pays « minute après minute ».

Klan, c’est la première télévision nationale qui a survécu sur la scène médiatique. Elle est

aujourd’hui l’une des deux chaînes les plus puissantes du paysage télévisuel albanais, et fait partie du groupe médiatique Klan. Elle est devenue particulièrement importante grâce à sa ligne éditoriale des émissions d’informations et de l’émission politique OPINION, principale émission politique dans le pays. Entre temps, il faut souligner que ce groupe, d’où vient aussi le nom symbolique KLAN, a marqué le passage de l’élite des journalistes de la presse écrite albanaise de la fin des années 90 vers le journalisme télévisuel, comme premier signe significatif de ce qui allait se produire dans la presse écrite et vers qui se dirigerait la nouvelle tendance dominante dans le secteur des médias : le petit écran. A travers des journalistes affirmés dans la presse écrite, cet écran a gardé son influence politique, et malgré ses oscillations concernant son audience, elle demeure l’un des plus importants acteurs des médias télévisés. Aux débuts de la TV KLAN, partie du groupe médiatique MEDIA 6, c’était un citoyen français, Julien Roche, qui était l’actionnaire principal de la première compagnie médiatique en Albanie. Elle commença à fonctionner en séparant le droit de propriété du patron de ceux qui représentaient le personnel de ce média. Dans le groupe KLAN, la structure de la propriété a subit des reconfigurations après l’année 2006.

Top Channel, a été fondée en 2001 et a commencé ses transmissions à la fin de cette même

année. Elle est venue sur le marché comme un prolongement naturel de TOP ALBANIA RADIO, une radio trendy, qui avait commencé ses transmissions en 1997 et avait très vite attiré l’attention du public grâce à un modèle tout à fait nouveau qu’elle introduisit dans la culture radiophonique du pays. Le même groupe fonda la chaîne de télévision Top Channel, qui, on peut bien le dire, fit la “supernova” dans l’univers des médias visuels en Albanie. Même s’il existait déjà deux autres chaînes de télévision ayant une licence nationale TV KLAN et TV ARBERIA, la télévision Top Channel devint immédiatement la plus regardée dans le pays et dans un espace de deux ans elle a battu tous les records sur les plans de la technologie, de la culture télévisée, de la façon de construire une programmation, etc.

Après avoir introduit la technologie digitale, en 2005 Top Media créa la plateforme digitale DIGITALB, terrestre et par satellite, offrant au vaste public plus de 20 chaînes spécialisées payantes qui satisfaisaient tous les goûts variés du public en répondant aux demandes de tous les âges. DIGITALG ne tarda pas d’absorber aussi son concurrent SAT +, créant une offre presque complète et monopoliste depuis 2007. D’après les évaluations des agences de marketing, elle possède quasi 70 % des parts d’audience et pour certains programmes elle ne connaît pas de concurrents. Des émissions politiques importantes ou d’actualités comme TOP STORY, SHQIP et TOP SHOW ont un impact assez intensif sur l’opinion politique du pays et exercent une grande influence pendant les périodes de campagnes électorales. Les développements technologiques et professionnels à la Top Channel ont constitué une nouvelle tendance et, d’une certaine façon, ont attiré le système audiovisuel en Albanie vers des standards nouveaux. L’introduction de TOP MEDIA et de la chaîne de télévision TOP CHANNEL a fait en sorte que la situation de «la jungle médiatique » en Albanie précipite très vite, en arrêtant l’ouverture des autres chaînes et en encourageant fortement « la concentration des investissements dans les médias électroniques » puisque avec TOP Channel, ce qu’on appelle en économie “cost – entry” devient plus qu’insurmontable.

Vizion Plus est la troisième chaîne de télévision dotée d’une licence nationale et d’une

notoriété publique particulière concernant son influence sur l’élaboration de l’information et en ce qui concerne les innovations introduite dans la structure de la propriété et dans la rénovation technologique des ses propres infrastructures. Cette télévision a été d’abord autorisée de tourner comme une chaîne locale et, c’est à partir de l’an 2008 qu’elle s’est vue accorder une licence nationale. Depuis deux ans, les 2/3 des actions de la compagnie,

possédées auparavant par la Vizion PLUS, ont été achetées par la compagnie allemande WAZ GRUP, qui a largement pénétré dans la région des Balkans, en devenant un actionnaire important dans les compagnies médiatiques de la région. Vizion PLUS a édifié une plateforme alternative de la télévision payante baptisée TRING qui offre en même temps des services téléphoniques et accès sur le réseau Internet et qui ressemble plus ou moins à ses consœurs françaises comme par exemple “Magic Box”, etc.

La télévision publique: Entre-temps, la Télévision publique albanaise, (TVSH), fondée aux

années 60 par le régime d’Enver Hoxha, a gardé sa position monopoliste jusqu’en 1998. Après les transformations démocratiques, elle a été mise sous un contrôle politique rigoureux. Le nouveau gouvernement démocratique qui avait repolitisé son fonctionnement, ne permettait pas jusqu’en 1997 l’ouverture de chaînes de télévision privées. Même si elle représente une puissante source d’information, la TVSH garde constamment une mauvaise réputation au cours de toute la transition albanaise pour ce qui est la crédibilité et la qualité de ses services. Elle a été vite concurrencée par les chaînes de télévision privées, qui se sont rapidement distinguées par rapport à elle en ce qui concerne le pluralisme, le professionnalisme de leurs programmes, la qualité des informations et des débats, ainsi que la qualité de la transmission de l’image.

Jusqu’en 1997, pendant les quatre premières élections législatives, la TVSH avait été l’unique chaine de télévision à transmettre des spots électoraux et les appels des partis politiques adressés aux diverses parties de l’électorat. Le Code électoral de l’an 2000 a interdit à la télévision publique de transmettre des spots électoraux payants, en réglant d’une manière bien précise le mode de son fonctionnement. Mais, après l’an 2000 et avec l’interdiction de la transmission des spots payants, la TVSH n'a que peu ou pas du tout de rapports avec le moment actuel de la communication politique et électorale de l’Albanie d’aujourd’hui. Cette communication est totalement réalisée sur l’espace des télévisions privées et c’est là l’une des spécificités du cas albanais de la communication politique.

Deux télévisions à caractère informatif, spécialisées surtout dans le domaine de l’information politique sont : NEWS 24, qui fait partie du groupe EdiSud, (maintenant acheté par Focus Grup, le même qui possède le journal GAZETA SHQIPTARE). Cette chaîne, la première qui possède un format purement informatif, beaucoup influencée par les formats italiens,

précisément par la RAI 24, continue d’opérer depuis le début des années 2000 et garde les traits d’une chaîne de télévision focalisée sur l’information rapide.

Une autre chaîne, qui a consolidé, perfectionné et légitimé la télévision informative, c’est

ORA NEWS, fondée en 2006. Elle a changé de propriétaire et de format en 2008. Pendant les

dernières élections parlementaires, elle a joué son rôle à l’élaboration de l’information politique et électorale et à la transmission des spots électoraux. Elle était l’unique chaîne de télévision, durant les deux dernières élections, où les deux leaders politiques se sont exprimés devant le même format télévisé, l’émission « L’Heure du débat ».