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Le financement évalué non officiel

1.3.2 – Le financement de la communication politique à travers l’image

C- Le financement évalué non officiel

Le financement non officiel représente la part du lion dans le financement des partis politiques en Albanie. Quel paradoxe s’est-il produit ? Le système des prix concernant les services est augmenté de manière exponentielle, d’élections en élections, parce que tous les coûts de production des matériaux, du transport, des carburants sont devenus plus chers. Alors que le financement officiel a avancé à des rythmes beaucoup plus lents que les coûts réels des campagnes. C’est pourquoi, selon les évaluations des experts les plus connus et les plus crédibles de la société civile, il y a une très grande différence, plus de dix fois, entre le financement officiel ou le financement non-officiel privé de la campagne. Il suffit d’observer les prix des services réalisés pendant une seule journée sur l’écran d’une grande télévision nationale pour comprendre que les factures à la fin des campagnes sont beaucoup plus importantes que les dépenses autorisées par la loi. La même chose vaut aussi en ce qui concerne les firmes de l’industrie de l’image pour le système out-door. Donc tout cela demande un grand financement. L’idée que les compagnies, les business ou certains individus financent beaucoup plus de manière non légale la campagne électorale, fait partie de l’hypocrisie publique. Les rapports de Transparency International ou de quelques organisations d’observation des élections en Albanie estiment que la part de financement non- officiel des partis politiques dans chaque élection est beaucoup plus grande.

N’oublions pas ici ni le financement personnel de plusieurs candidats, ce qui à partir au moins de 2001 est devenu en vogue en Albanie. Nous constatons la présence de plusieurs hommes d’affaires qui s’engagent dans des campagnes électorales locales ou centrales pour les députés et leur contribution concrète représente en réalité le vrai financement de la campagne électorale. Ainsi, par exemple, aux dernières élections de 2009, dix des députés les plus riches de l’Assemblée d’Albanie appartenaient à l’aile politique gauche. Lorsqu’il s’agit des

43 Ilirjan Celibashi, Le financement des partis politiques”, compte-rendu présenté lors de la rencontre de la fondation Qemal

candidats directs à un poste de maire ou de président de commune, l’arrivée des fonds personnels représente un fait encore plus important. C’est pourquoi, on souligne que le financement non officiel des campagnes électorales en Albanie coûte quelques fois plus cher que les fonds déclarés officiellement par les partis politiques. Cela représente une des préoccupations majeures de la vie publique locale.

Le financement évalué comme non officiel provient surtout d’une demande indispensable posée par l’industrie de l’image en Albanie. Ses coûts réels deviennent toujours plus chers, conformément au développement économique et social du pays. Certes, les tarifs aussi que cette industrie applique pour les partis politiques dans le cas des campagnes sont conformes à ces coûts réels. D’autre part, il est très connu la présence d’un deuxième groupe de dépenses/financements privés non-officiels qui sont les échanges en nature, les clearings, ou pour ainsi dire, les coûts non-évalués. Tel est le cas lorsque les télévisions offrent un espace gratuitement, les agences d’image out-door offrent également un espace gratuitement ou bien les agences de préparation des événements préparent des événements à un coût minimal, au coût du produit. Cela peut de nouveau faire partie du financement évalué non-officiel et s’ils sont pris tous ensemble, l’on peut dire que nous avons affaire pratiquement ici à un coût 20-30 fois plus grand que le coût officiel de ces financements qui sont déclarés ou publics.

Dans les conditions d’une économie informelle comme celle de l’Albanie, il est clair que les budgets informels consacrés aux campagnes électorales sont incontrôlables. Si l’on jette aujourd’hui un regard sur les campagnes électorales, elles sont devenues toujours plus télévisées, avec une mise en scène de mieux en mieux travaillée, le show et le spectacle prennent toujours plus d’importance. Cela demande une grande quantité d’argent, parce qu’en réalité, ce qui avance, c’est le perfectionnement de l’esprit de la campagne, l’attention attachée à l’image où entrent en jeu les aspects imagés : le spot, le poster, la photographie de la campagne.

Cette question est fortement débattue au sein de l’opinion publique albanaise non simplement par les médias, mais aussi par des spécialistes de la publicité qui voient dans l’élargissement réel de l’espace des financements illégaux, une augmentation des dangers pour la démocratie. Voilà comment conclut son étude le spécialiste des élections et ancien président de la Commission électorale centrale Ilirjan Celibashi:

« En Albanie il faut trancher tout d’abord si le financement sera seulement public, seulement privé ou bien un système mixte. Je pense que dans le cas de l’Albanie un système mixte de financement serait plus convenable. Permettre le financement des partis politiques seulement par des fonds publics porterait atteinte au pluralisme de partis et au pluralisme politique dans son ensemble. Dans ce cas les partis sembleraient comme des organes d’Etat, encore plus qu’ils semblent être aujourd’hui. D’autre part il est évident que notre réalité politique, notre standard de la démocratie ferait en sorte que celui qui a le pouvoir tenterait de s’assurer des avantages non mérités sur le plan du financement. Parallèlement au fait qu’être au pouvoir donne quelques avantages. Dans le cas de l’Albanie il faut autoriser le financement aussi par des fonds non publics. Mais ici il faut définir des critères clairs et sans équivoque quant a la question de savoir : Qui pourra financer ? (On peut exclure des compagnies qui ont bénéficié de fonds publics pendant une période donnée et à une mesure donnée). Qui pourra être financé? Quand devra avoir lieu le financement ? Quelle est la valeur du financement et quel type de financement ? Où devra-t-on rapporter sur le financement ? Qui devra rapporter ? Quand devra-t-on rapporter sur le financement? Qui doit être contrôlé concernant les financements ? Quand devra-t-on être contrôlé ? Quelles seront les procédures du contrôle ? Quelles seront les sanctions pour les infractions de la loi ? Quand devra-t-on appliquer ces sanctions?, etc.44».

44 Ilirjan Celibashi, Le financement des partis politiques”, compte-rendu présenté lors de la rencontre de la fondation Qemal