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Selon ce deuxième classement composé également en trois sous-groupes différents les signes sont divisés en : 1- Icônes ;2- Indices ; 3- Symboles. En ce qui concerne le signe iconique Pierce considère que sa caractéristique essentielle est sa similarité avec l’objet qu’il signifie.

Dans ce sens toutes les photographies publiées dans la presse écrites ou sur les affiches électorales représentent des signes iconiques. Sur un plan général, les images télévisuelles

sont aussi des signes iconiques. Les monuments, les bustes, les figurines qui représentent des hommes ou des objets naturels, etc., sont aussi des signes iconiques.

Pierce exprime son idée en écrivant : « Un signe peut être iconique, c’est-à-dire peut représenter son objet principalement par sa similarité, quel que soit son mode d’être. »104

Il est bien compréhensible, par conséquent, qu’un signe iconique demande que l’objet qu’il représente existe quelque part dans le monde. Une icone en tant que signe basé sur des similarités avec un signifié quelconque ne peut pas subsister de façon entièrement indépendante de l’objet qu’il signifie. Ce dernier peut être un objet matériel, naturel, un produit artificiel, un objet virtuel imaginé par une conscience individuelle ou enraciné dans l’opinion publique générale d’une société, un produit imaginaire qui fait partie des croyances religieuses d’une communauté de fidèles, etc. Indépendamment de la nature propre de l’objet signifié, le signe iconique qui le représente déploie des similarités fortes avec cet objet et devient une reproduction, un doublon, une existence virtuelle secondaire de ce dernier.

Pierce considère que les icônes représentent des signes qui contiennent d’autres signes, classés en fonction du niveau de leurs similarités aux objets représentés. Il a mentionné, en effet, trois types de sous-classes qui participent à la catégorie des signes iconiques.

La première est désignée comme la sous-classe des images. Les images reproduisent de façon plus ou moins fidèle les caractéristiques primaires des objets qu’ils signifient. Pierce précise que : « Celles qui font partie des simples qualités ou premières priméités sont des images. »105

La deuxième est composée par une autre catégorie de signes iconiques fondés également sur des similarités, appelés diagrammes. Les diagrammes, selon Pierce, ont une nature plus abstraite que les images. Ces derniers reproduisent un ensemble plus ou moins vaste de qualités diverses appartenant au signifié, les diagrammes manifestent une relation de similarité seulement avec des qualités isolées de l’objet qu’ils signifient. Cette similarité, selon Pierce, est donc « dyadique », (construite entre une qualité de l’objet signifié et une qualité du signe respectif), elle est construite de façon analogique, c’est-à-dire en reproduisant des caractéristiques analogues par rapport à l’objet représenté. Pierce précise que: « Celles qui

104 Charles Sanders Pierce, Ibidem, p. 149 105 Charles Sanders Pierce, Ibidem, p.54

représentent les relations, principalement dyadiques ou considérés comme telles, des parties d’une chose par des relations analogues dans leur propres parties, sont des diagrammes. »106

La troisième sous-classe appartenant aux signes iconiques est composée de métaphores.

Selon Pierce, les métaphores représentent des similarités avec les objets signifiés en utilisant des parallélismes. Les métaphores ne reproduisent pas directement des similarités propres avec les objets signifiés. Elles essayent de comparer les qualités réelles des objets signifiés à des éléments comparables faisant partie d’autres objets construits comme des métaphores. L’idée de Pierce est la suivante : « Celles qui représentent le caractère représentatif d’un représentamen en représentant un parallélisme dans quelque chose d’autre, sont des métaphores.»107

Le concept des métaphores est rendu plus explicite par Umberto Eco. Il a mis en évidence le fait qu’une métaphore contient un sens figuré, elle est construite autour d’une figure qui se substitue à l’objet concret dont elle représente. Umberto Eco, malgré le fait qu’il insiste sur le fait d’un aspect relativement vague de la définition du concept de la métaphore, il arrive à exprimer sa caractéristique essentielle portant sur une procédure de substitution de l’image propre d’un quelconque objet par une autre image qui arrive à le signifier de façon figurative.

Symboliquement parlant, le public arrive à comprendre que malgré cette procédure de substitution l’objet est représenté en image dans son nouveau signe construit par un mécanisme de déplacement sémantique du sens des mots. Cette procédure de substitution constitue un mécanisme littéraire construit graduellement dans l’esprit collectif d’une nation ou dans la conscience collective d’un groupe social quelconque. La métaphore est généralement exprimée par des discours énonciatifs qui font partie de l’univers de l’expression grammaticale. Cependant, elle est représentée aussi par des signes en images en participant ainsi à l’ensemble des outils qui transmettent des images par des signes non verbaux et verbaux.

Ainsi, les métaphores sont utilisées dans la communication politique dans les deux formes déjà mentionnées. Premièrement, elles participent à la construction des discours énonciatifs

106 Charles Sanders Pierce, Ibidem, p. 54 107

politiques, et, deuxièmement, elles peuvent construire aussi des messages visuels en formant des images où un objet remplace un deuxième par un processus symbolique de substitution.

Umberto Eco précise sa définition sur les métaphores: « Transfert du nom d’un objet à un autre par rapport d’analogie » (mais le rapport d’analogie, c’est justement le rapport métaphorique) ; « substitution d’un terme propre par un terme figuré » (la métaphore étant une espèce du genre figuré, on définit la métaphore avec une synecdoque) ; « similitude abrégée... »108

Umberto Eco divise le groupe des métaphores en deux sous-espèces. Il mentionne les synecdoques et les métonymies. « Quand à la synecdoque, dit-il, on parle de « substitution » de deux termes entre eux, selon un rapport « de plus ou moins grande extension » (partie pour le tout, tout pour le partie, espèce pour le genre, singulier pour le pluriel ou vice versa). »109 Des expressions figuratives, par exemple : « Il faut respecter ses cheveux

blancs ! » ou « Un troupeau de cent têtes ! », etc., répondent aux critères selon lesquels les synecdoques sont constituées.

En ce qui concerne les métonymies Umberto Eco écrit : « La métonymie devient la substitution d’un sémème avec l’un de ses sèmes. (Boire une bouteille) pour « boire du vin ».110

Le deuxième sous-groupe de signes qui fait partie de la deuxième trichotomie avec les signes

iconiques englobe les signes indices. Selon Pierce, les indices ne représentent pas les objets en se basant sur des similarités diverses entre les signifiants et les signifiés. Un indice rappelle une caractéristique réelle qui constitue l’objet ou l’évènement qu’il signifie. D’une certaine façon, un signe indice est un élément constitutif de l’objet signifié.

Pierce articule la nature d’un signe indice en écrivant : « Un indice est un signe ou une représentation qui renvoie à son objet non pas tant parce qu’il a quelque similarité ou analogie avec lui ni parce qu’il est associé avec les caractères généraux que cet objet se trouve posséder, que parce qu’il est en connexion dynamique (y compris spatiale) avec l’objet

108 Umberto ECO, Sémiotique et philosophie du langage, Quadrige, PUF, Paris1988, p. 144 109 Umberto ECO, Ibidem, p.144

individuel d’une part et avec les sens ou la mémoire de la personne pour laquelle il sert de signe, d’autre part. »111

Un signe indice, selon Umberto Eco, est aussi un objet concret qui nous prévient de façon plus ou moins directe à l’avènement d’un phénomène futur ou de la présence d’un lien de cause à effet entre divers objets ou ensembles de phénomènes empiriques. Il écrit : « Cependant, ce qui semble caractériser cette première catégorie de signes, c’est le rapport de l’être-en-lieu de qui repose sur un mécanisme référentiel : si ciel rouge le soir, alors le beau temps espoir. »112

Le nombre des participant à une réunion publique, des vêtements de haute gamme portés par un homme politique, son corps physiquement sain et fort, des cries et des applaudissements frénétiques, etc., représentent des signes indices qui véhiculent des messages bien clairs durant un processus de communication politique.

La deuxième trichotomie concerne aussi les symboles comme un élément constitutif

important. Aucun rapport de similarité ou de lien concret réel substantiel interne n’existe entre un symbole en tant que signe et l’objet qu’il signifie. Les rapports entre le signifiant en tant que symbole et son signifié sont en général des liens artificiels imposés par la société, le groupe social qui produit les systèmes de signes et leurs contenus sémantiques, les traditions culturelles du pays, les coutumes, les conventions arbitraires, etc.

Le lien entre un signe symbole et son interprétation subjective est arbitraire. Mais cela n’empêche pas qu’il soit déterminé de façon exclusive en ce qui concerne son propre contenu sémantique. Il est déchiffrable seulement par une seule voie d’interprétation subjective. Les couleurs, les emblèmes des partis politiques, les décorations diverses, etc., représentent en général des signes symboliques. « Un symbole – explique Pierce – est un signe qui renvoie à l’objet qu’’il dénote en vertu d’une loi, d’ordinaire une association d’idées générales, qui détermine l’interprétation du symbole par référence à cet objet. »113 Il est clair qu’il insiste sur le fait que l’interprétation sémantique du symbole est fondée sur une « loi », c’est-à-dire, les hommes ne sont pas libres à construire des interprétations individuelles sur des symboles

111 Charles Sanders Pierce, Ecrits sur le signe, Editions du Seuil, Paris 1978, p.158 112 Umberto Eco, Sémiotique et philosophie du langage, Quadrige, PUF, Paris 1988, p. 20 113

collectifs. Il parle de « loi » et de « règle » quand il essaye d’expliquer son idée à propos du contenu sémantique d’un symbole, imposé par une sorte de « convention » collective qui détermine les mécanismes de son décodage. Pierce continue : « Un symbole est un représentamen dont le caractère représentatif consiste précisément en ce qu’il est une règle qui déterminera son interprétant. »114