D.2. Étude des équilibres « métal – sol » à pH 6
D.2.4. Modélisation des équilibres « métal – sol » au pH 6 par isotherme d’adsorption
D.2.4.2. Modélisation des équilibres d’adsorption
D.2.4.2.3. Isothermes d’adsorption en systèmes trimétalliques
Comme l’indique la Figure 46, les isothermes d’adsorption du cadmium sur le sol en présence du plomb et du cuivre ont indiqué que le modèle de JS entraine une surestimation systématique des résultats expérimentaux. Ce phénomène est toutefois plus observé dans le cas du système Cd (+Cu) où la présence des ions Cu2+ gênent un peu plus sa sorption en comparaison avec le système Cd (+Pb). Sa capacité d’adsorption maximale (qmax) est alors estimée à 0,625 mg/g en système monométallique contre 0,460 mg/g dans le système Cd (+Pb) et 0,098 mg/g dans le système Cd (+Cu).
D.2.4.2.2.1 Conclusion sur la modélisation à l’aide du modèle Jain et Snoeyink
Le modèle de JS a été utilisé dans ce travail pour la représentation des résultats expérimentaux obtenus en système binaire au pH≈6. D’une manière particulière, ce modèle a sous‐estimé ou surestimé certains des résultats expérimentaux. Cela indique que les phénomènes décrits par ce modèle prouvent l’existence d’autres mécanismes contrôlant la disparition des ions métalliques en solution. Toutefois, les résultats modélisés ont montré que le mélange de plomb et de cuivre en solution, influence leur capacité d’adsorption mutuellement. En revanche, il n’a y pas trop d’effet significatif de la compétition lorsqu’ils se trouvent en mélange binaire avec le cadmium. A l’inverse, l’adsorption du cadmium dans le sol est gênée à la fois par la présence du plomb et du cuivre.
D.2.4.2.3. Isothermes d’adsorption en systèmes trimétalliques
Les isothermes d’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Cd2+ en systèmes trimétalliques sont également représentés sur la même figure afin de faire ressortir l’adéquation des modèles utilisés dans ce travail pour la description des résultats expérimentaux. Ainsi, les Figures 47, 48 et 49 comparent les différentes isothermes d’adsorption obtenues pour le plomb, le cuivre et le cadmium respectivement en mélanges monométallique, bimétallique et trimétallique au pH6. Rappelons que, les équilibres d’adsorption de chacun des métaux en système ternaire ont été modélisés au moyen de l’équation de Langmuir étendu (LE).
0 5 10 15 20 25 30 0
0.5 1 1.5 2 2.5
Pb
Langmuir simple Pb (+Cu)
Modèle de JS (Pb+Cu) Pb (+Cd)
Modèle de JS (Pb+Cd) Pb (+Cu +Cd) Langmuir Etendu
Ce (mg/l)
qe (mg/g)
Figure 47 : Isothermes d’adsorption du plomb sur le sol en système trimétallique au pH ≈ 6.
La reproductivité de la surestimation des résultats expérimentaux a été également observée par le modèle de Langmuir Etendu en système trimétallique. Cette surestimation est très significative dans le cas de la description des résultats expérimentaux obtenus à partir des équilibres du plomb avec la matrice solide (Cf. Figure 47). Ce phénomène est plus ou moins négligeable avec le modèle de Jain et Snoeyink qu’avec le modèle de Langmuir Etendu. Dans nos conditions expérimentales, on en déduit que plus la quantité d’ions métalliques (M2+) en solution avec les ions Pb2+ est élevée, moins les modèles d’adsorption compétitive décrivent les résultats expérimentaux. En outre, l’allure de la courbe indique également que les phénomènes observés ne sont pas seulement de l’adsorption mais d’autres mécanismes ont été participés aux réactions.
0 5 10 15 20 0
0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6
Cu
Langmuir simple Cu (+Pb)
Modèle de JS (Cu+Pb) Cu (+Cd)
Modèle de JS (Cu+Cd) Cu (+Pb+Cd) Langmuir Etendu
Ce (mg/L)
qe (mg/g)
Figure 48 : Isothermes d’adsorption du cuivre sur le sol en système trimétallique au pH ≈ 6.
Par ailleurs, le modèle de Langmuir Etendu montre une meilleure représentation des résultats expérimentaux du cuivre, bien qu’on ait observé une nette inhibition de la sorption des ions Cu2+
dans le sol en système binaire en comparaison avec les résultats obtenus en système ternaire (Cf.
Figure 48). Quant au cadmium, les isothermes d’adsorption en système ternaire ont montré une sous‐estimation systématique des résultats expérimentaux par le modèle de LE, confirmant ainsi que le phénomène observé est plus important que le seul effet du mélange (Cf. Figure 49).
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 0
0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
Cd
Langmuir simple Cd (+Pb)
Modèle de JS (Cd+Pb) Cd (+Cu)
Modèle de JS (Cd+Cu) Cd (+Pb+Cd) Langmuir Etendu
Ce (mg/L)
qe (mg/g)
Figure 49 : Isothermes d’adsorption du cuivre sur le sol en système trimétallique au pH ≈ 6.
Le Tableau 30 présente tous les paramètres obtenus des différents modèles utilisés dans cette étude pour décrire l’adsorption des métaux sélectionnés dans le sol au pH≈6 en batch. En comparaison avec le Tableau 29, les paramètres annexés au Tableau 30 proviennent des modèles de Langmuir Étendu. Ces paramètres définissent la quantité maximale de métal retenue dans le sol en système trimétallique (qmaxLE), la constante d’équilibre (bLE) et le coefficient de corrélation (RLE2) du modèle de Langmuir Étendu.
Tableau 30 : Paramètres des isothermes d’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Cd2+ sur le sol en systèmes monométalliques, bimétalliques et trimétalliques (qmaxL; qmaxLE ; qmaxJS = mg/g et bL, bLE, bJS, KF = L/mg).
Métaux Systèmes Langmuir simple Freundlich simple Monométalliques qmaxL bL RL2 n KF RF2
Les résultats comparatifs, résumés au Tableau 30, justifient l’effet du mélange sur la capacité de d’adsorption maximale (qmax) des ions métalliques dans le sol. Toutefois, l’influence de la compétition sur l’adsorption des métaux dans le sol est nettement observée en mélange trimétallique. On peut donc déduire que l’inhibition de l’adsorption des métaux dans le sol augmente à mesure que le nombre d’espèces métalliques en solution augmente. Des conclusions similaires ont été mises en évidence dans certaines études d’adsorption compétitive en système trimétallique sur des matériaux naturels, tels que la tourbe (Qin et al., 2006), des matériaux naturels carbonatés (HanzlIik et al., 2004), la bagasse de canne‐à‐sucre (Joseph, 2009). La liste est loin d’être exhaustive. Par ailleurs, les études adsorption dans le domaine des sols n’ont pas permis d’obtenir une conclusion comparative du fait que la plupart d’entre elles ne se limitent qu’à des études en système binaire. On peut citer, entre autres :
les études d’adsorption compétitive entre les ions Cu2+, Cd2+, Zn2+, Ni2+et Mn2+ sur dix sols calcaires mise en évidence par Jalali et Moharrami, (2007) ;
l’adsorption compétitive d’ions Cu2+ et Zn2+ sur des sols acides effectuées par Arias et al (2006);
celles réalisées par Usman (2008) sur des sols calcaires égyptiens ;
les études d’adsorption binaire d’Antoniadis et al., (2007) sur des sols amendés ;
les études de Vidal et al (2009) sur un sol minéral ;
les études menées par Serrano et al (2005) sur des sols acides en Espagne.