D.2. Étude des équilibres « métal – sol » à pH 6
D.2.4. Modélisation des équilibres « métal – sol » au pH 6 par isotherme d’adsorption
D.2.4.3. Evaluation de la capacité d’adsorption maximale (q max ) lors des interactions physico‐
Les isothermes d’adsorption en systèmes monométalliques, bimétalliques et trimétalliques ont montré les effets de l’espèce métallique et du mélange sur le comportement chimique des ions Pb2+, Cu2+ et Cd2+ dans le sol. Les valeurs de la capacité d’adsorption maximale (qmax) obtenues pour chacun des métaux dans les différents systèmes ont indiqué que plus la quantité d’ions métalliques augmente en solution, plus leur qmax est réduite.
L’étude d’adsorption multimétallique reste très complexe du fait que la fixation des ions métalliques sur un matériau dépend à la fois des caractéristiques de l’adsorbant et de l’adsorbat. Fiol et al (2006) et Mohan et al (2006), ont mis l’accent sur les complications relatives à l’adsorption des ions métalliques en système multicomposé. Pour ces auteurs, elles sont liées aux interactions entre adsorbats et adsorbants, à l’hétérogénéité des adsorbants et au fait que les ions métalliques présentent des affinités différentes vis‐à‐vis des adsorbants. Les études de Serrano et al (2005) ont appuyés cette conclusion où ils ont remarqué que la coexistence entre le plomb et le cadmium sur des sols acides réduit leur tendance s’adsorber correctement sur ces sols, ainsi la capacité d’adsorption du cadmium est nettement influencée par la présence des ions Pb2+ en solution. Le même constat a été présenté dans les études de Morera et al (2001) ayant utilisé les isothermes pour décrire l’adsorption compétitive du Cd, Cu, Ni, Pb et Zn dans quatre (4) sols de propriétés physicochimiques déférentes. Toutefois, Mohan et Singh (2002), ont examiné les effets réciproques des ions métalliques sur leur adsorption en système multicomposé en calculant un ratio « r » entre leur capacité d’adsorption en système multicomposé, qimix, et système monocomposé, qi0, exprimé selon l’Eq. 60.
Où qi0 et qimix sont respectivement la quantité de métal adsorbée en systèmes monocomposés et multicomposés et « r » est le ratio entre leur capacité d’adsorption. Si r > 1, le métal « i » a augmenté la capacité d’adsorption d’autres cations. Si r < 1, le métal « i » est en compétition avec d’autres métaux pour les sites d’adsorption. Dans les tous les systèmes étudiés, les valeurs de « r » sont inférieures à l’unité, traduisant une compétition entre les ions métalliques pour les sites actifs du sol
Tableau 31 : Évaluation de la capacité d’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Cd2+ en systèmes mono, bi et trimétalliques (qmaxL; qmaxLE ; qmaxJS = mg/g et bL, bLE, bJS, KF = L/mg).
Métaux Systèmes Langmuir simple Freundlich simple Monométalliques qmaxL bL RL2 n KF RF2
La réduction de la capacité d’adsorption maximale (q) des ions métalliques peut être également estimée selon l’expression mathématique décrite ci‐dessous (Cf. Eq. 61). Cette expression définit le rapport de la différence entre l’adsorption non‐compétitive et l’adsorption compétitive à l’équilibre :
Les résultats de la réduction de la capacité d’adsorption maximale (q), l’adsorption des ions Pb2+,
Cu2+ et Cd2+ dans le sol ont subi des effets compétitifs différents (Cf. Tableau 31). Pour le plomb, sa
capacité d’adsorption a été réduite à 15,10 % contre 18,99 % et 76,64 % en systèmes (Pb2+Cd2+), (Pb2+Cu2+) et (Pb2+Cu2+Cd2+) respectivement. Similairement, la capacité d’adsorption du cuivre, comparée à sa capacité d’adsorption en système monométallique, est diminuée de 14,70%
(Cu2+Cd2+), de 34,87% (Cu2+Pb2+) et de 37,89% en système trimétallique. Finalement, pour le cadmium, sa capacité d’adsorption a été réduite de 26,40 % en système (Cd2+Pb2+) et de 84,32 % en système (Cd2+Cu2+) et de 83,68 % en système (Cd2+Pb2+Cu2+). Toutefois, la réduction de la capacité d’adsorption du cadmium en systèmes (Cd2+Cu2+) et (Cd2+Pb2+Cu2+) est très proche. Dans ce cas, il est supposé que la présence des ions Cu2+ en solution gêne la sorption des ions Cd2+ plus que les ions Pb2+. La réduction de la capacité d’adsorption maximale (q) en système trimétallique permet de classer l’influence de la compétition sur l’adsorption individuelle des métaux dans le sol dans l’ordre Cd2+>Pb2+>Cu2+. Cela signifie, quand les trois métaux optent pour les mêmes sites d’adsorption, les ions Cd2+ pourraient être déplacés à la fois par les ions Pb2+ et Cu2+.
En résumé, la réduction de la capacité d’adsorption maximale (qmax) des trois métaux dans le sol, ont d’espèces en solution augmente. Elle met en évidence les effets du mélange multicomposé sur l’adsorption d’un métal « M ». Elle décrit donc la quantité de métal « M » fixée sur la matrice solide, [M2+]fixé, en fonction sa concentration à l’équilibre, [M2+] à la fois en systèmes monocomposés et multicomposés, telle qu’il est illustré à la Figure 50.
Courbe d’ajustement des données modélisées en système monocomposé
Courbe d’ajustement des données modélisées en système multicomposé
Figure 50 : Représentation schématique de la sorption d’un métal « M » sur un matériau naturel de type sol en mélange monocomposé et multicomposé.
Les résultats de ce travail et ceux des études antérieures sur des matériaux différents (Mohan et Singh, 2002 ; Serrano et al., 2005; Arias et al., 2006; Antoniadis et al., 2007; Jalali et Moharrami, 2007; Usman, 2008; Zhi‐rong et al., 2008 ; Joseph, 2009; Vidal et al., 2009), etc.., ont montré que pour quelque soit le métal « M » considéré, sa capacité d’adsorption maximale (qmax) diminue systématiquement en mélange multicomposé (Cf. Figure 50). Cependant, l’affinité du métal à se fixer sur la surface du matériau peut être influencée non seulement par les propriétés chimiques du métal, mais aussi par les propriétés physiques, chimiques et minéralogiques du matériau, comme l’ont rapporté Fiol et al (2006) et Mohan et al (2006). On peut toutefois généraliser les quantités de métal « M » fixées sur le matériau à la fois en systèmes monocomposés et multicomposés respectivement, sous la forme :
, ,
Les points P et Pmix sont exprimés en fonction des quantités de métal « M » fixées sur le matériau ramenée à leur concentration restant en solution (Ce i, ,Ce imix, ) respectivement en systèmes monocomposés et multicomposés. Ils sont représentés sous la forme :
mix mix mix
i e i e i
Avec qe i, Quantité de métal « M » fixée sur le matériau en système monocomposé
, mix
qe i Quantité de métal « M » fixée sur le matériau en mélange avec d’autres espèces
,
C
o i Concentration initiale du métal « M » mise en équilibre en système monocomposé0,i
Cmix Concentration initiale du métal « M » ajoutée à l’équilibre avec d’autres espèces
,
Ce i Concentration après équilibre du métal « M » en système monocomposé
, e i
Cmix Concentration après équilibre du métal « M » en système multicomposé qi
Pourcentage de réduction de la capacité d’adsorption du métal « M » en système multicomposé
V Volume de solution utilisé M Masse de l’échantillon
Il est possible également de calculer les paramètres des modèles d’adsorption (Langmuir simple, Freundlich simple, modèle de Jain et Snoeyink, Langmuir Étendu, etc…) en utilisant la méthode des moindres carrés. Cette méthode est couramment utilisée dans Microsoft Excel à l’aide de la fonction
« solveur » permettant de minimiser la somme des carrés des différences entre les résultats expérimentaux et calculés. Les expressions mathématiques proposées ici pour l’estimation de ces paramètres sont basées sur les calculs effectués sur l’interface de Mathcad 2000 professionnel. Ce logiciel fonctionne de la même façon que Microsoft Excel mais avec des options plus avancées. Il a été largement utilisé dans le cadre de cette thèse en complémentarité avec Microsoft Excel.
Pour exp ,
i e i
q q et exp ,
i e i
C C , on définit une fonction d’ajustement F selon l’expression suivante :
2 1, 2...x C
représente la courbe d’ajustement des données modélisées (Cf. Figure 50) décrivant les résultats expérimentaux ( expq
i).Cette forme généralisée est également applicable aux cas des résultats expérimentaux obtenus en mélange bimétallique et trimétallique tout en ayant soin de remplacer exp, ,
i e i
qmix. L’estimation des paramètres devient de plus en plus
compliquée en fonction du modèle utilisé, tel est le cas du modèle de Jain et Snoeyink.