Chapitre III Héritages et ruptures des politiques
III. 2.1 L’inventaire quantitatif des espaces verts, embryon d’une politique paysagère
Le schéma directeur de 1969 est le fruit d’une longue réflexion commencée à la fin des années 60. Les politiques qu’il a portées s’inscrivaient dans la continuité d’études réalisées en 1969 et 1972 par l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Bordelaise. Ces études posaient les bases d’une réflexion d’ensemble en préparation à la réalisation du SD 2001. Le paysage n’y est pas inscrit tel que dans les projets contemporains. L’action publique paysagère consistait en une gestion des espaces verts.
Le « Libre Blanc pour le schéma directeur de l’agglomération bordelaise » proposait un état des lieux très précis des évolutions du territoire dans une perspective de développement (Agence d'urbanisme et de recherche de l'agglomération de Bordeaux, 1969). Selon le scénario de développement sélectionné (lié au taux de croissance démographique choisi), l’étude était articulée avec une approche fonctionnelle visant à fournir les équipements nécessaires calés sur des ratios de surface d’espaces verts par individu. Ceuxci étaient comptabilisés dans cette logique d’offre d’équipement. Dans le document, le constat proposé après enquête sur les espaces verts publics en 1969 est le suivant :
• « Une insuffisance générale et notoire pour l’agglomération,
• Un déséquilibre entre Bordeaux ville et le reste de l’agglomération au détriment de
Bordeaux,
• Un déséquilibre à l’intérieur même de Bordeaux rive gauche entre la partie Sud et la
partie Nord, délimitées par l’axe Intendance Juive. La partie Sud bien que plus peuplée, est la plus
défavorisée ». (cf. p.194 du rapport).
Ainsi, les urbanistes de l’époque préconisent une norme moyenne de 10m²/hab. d’espace vert et calculent ainsi le déficit de 383,4 hectares d’espaces verts, pour une offre en 1962 de 454 ha. Cependant, les producteurs de l’étude estiment que le territoire est marqué par un environnement forestier qui permet de ramener les besoins d’espaces verts à 5m². Pour évaluer les stratégies foncières nécessaires, le calcul présenté est le suivant en Figure 18 :
Figure 18 : Tableau des estimations prévisionnelles de surfaces d’espaces verts à créer en fonction de la croissance démographique (Agence d'urbanisme et de recherche de l'agglomération de Bordeaux, 1969a) p.198.
L’application des taux d’espaces verts par habitant est bâtie dans un objectif d’appropriation de l’espace à des visées fonctionnelles (services fournis par les espaces verts). La logique de calcul montre qu’à cette époque, les perspectives de développement ne sont pas confrontées à une pénurie de foncier. Car pour répondre aux besoins identifiés, seul le modèle d’étalement urbain peut répondre à l’enjeu.
III.2.2 La planification des loisirs
L’élaboration du SDAU est en partie construite sur un schéma de rayonnement extérieur au périmètre d’action, décentrant ainsi les réelles problématiques locales. Une confusion entre territoire de projet et territoire « d’idéal » d’action publique apparaît dans le discours planificateur.
La vision des aménageurs concernant le cadre de vie ne se résume pas cependant à la gestion des espaces verts. Puisque le même document présente une réflexion sur les loisirs, qui sont considérés comme faisant partie d’une politique nationale d’investissement industriel du tourisme. Mais cette politique nécessitant de vastes espaces, les auteurs préconisent le développement d’une offre de proximité quotidienne selon quatre modes de loisirs: • « Loisirs physiques : sport en général, • Loisirs pratiques : atelier, jardinage, etc. • Loisirs artistiques : théâtre de verdure, musées de plein air, • Loisirs sociaux : centres aérés, colonies de vacances, etc. ». (Cf. op. cit. p.185) Si aucune proposition n’est indiquée dans le document, les stations balnéaires récemment construites sur les communes de Bombannes et de Hostens constituaient dans la vision des aménageurs, des pôles départementaux au service de l’agglomération bordelaise.
Une logique de calcul similaire est proposée pour les autres équipements tels que les stades, piscines, gymnases, etc. Ainsi, la réflexion menée sur les potentialités de développement s’inscrit dans une perspective sur quarante ans et s’étend dans l’esprit des rédacteurs bien audelà du périmètre de projet du futur SDAU.
III.2.3 Les modèles de développement en jeux
La dimension prospective est utilisée pour l’édification de modèles de développement ambitieux qui s’appuient sur des objectifs de métropolisation plaçant l’économie au cœur des enjeux. Le document constitue tout d’abord une proposition de stratégie de développement axée sur trois principes :1. l’optimisation de l’accueil de population : les auteurs proposent une stratégie offensive de développement d’agglomération, afin de la remettre sur une scène européenne. Il s’agit donc d’opérer
une dynamique de croissance qui passe nécessairement par des investissements se justifiant par l’accueil d’une masse salariale, participant du développement économique.
2. le développement économique de l’agglomération organisé autour de plusieurs pôles. Les auteurs
suggèrent la mise en œuvre d’une stratégie de spécialisation autour de la pétrochimie et de la chimie, une deuxième axée sur la sidérurgie portuaire, et une dernière sur le développement des emplois tertiaires supérieurs. Dans leur logique, le développement des emprises portuaires connues à l’époque est une nécessité. Les sites sont identifiés ainsi que leur zone de développement potentiel (cf. op. cit. pp.280281).
3. L’orientation du secteur tertiaire de Bordeaux vers des fonctions supérieures, dans un concept de « métropole d’équilibre ». Cette idée conduit à une concentration des fonctions de décision dans la ville de Bordeaux, engageant le renouvellement urbain du secteur de Mériadeck. A ces fonctions, les auteurs mettent en perspective un développement touristique alors jugé inexploité, en mettant en perspective la création de la Mission Interministérielle pour l’Aménagement de la Côte Aquitaine en 1967 (MIACA).
Cette politique de développement définie à l’époque va bien audelà des limites du SDAU, et elle est confortée par l’idée que le territoire métropolitain bordelais a l’avantage (il est présenté comme « très malléable ») de ne pas avoir de contraintes géographiques majeures, puisqu’il est précisé dans le rapport que les « techniques modernes d’assainissement des marais en particulier ouvrent de larges possibilités à
l’extension urbaine autour de l’agglomération » (p.281). En ce qui concerne le développement urbain, les auteurs du rapport effectuent l’analyse suivante : • L’accueil d’une nouvelle population passe nécessairement par le développement des infrastructures support adéquates (voies routières, ferrées, fluviales) et de communication. • La création massive de logements pour accueillir de nouvelles populations y compris sur les antennes portuaires telles que Pauillac ou au Verdon, par la création de villes nouvelles à condition qu’un centre pétrochimique y soit installé. La dimension régionale du centre de Bordeaux conduit à des conflits entre les enjeux industriels du port et le développement urbain nécessaire des artères qui le drainent. Dans cette vision, le développement de l’activité portuaire doit se réaliser en dehors de la ville.
• Le développement périphérique de l’agglomération permettant de multiplier les possibilités d’implantation de nouvelles structures régionales, confère à l’agglomération une envergure plus large (y sont cités, la construction d’une rocade, l’accueil d’administrations, un aéroport, un parc et un hall d’exposition, un port maritime, une foire internationale, des usines productrices d’énergie…).
Mais ces propositions sont conditionnées par une politique de développement urbain spécifique, visant à éviter toute concentration d’activités dans le centre pour lui laisser une capacité d’adaptation.
Les auteurs considèrent que la faisabilité de ce scénario est en partie liée aux capacités de financement jugées incertaines et, a priori, mobilisables seulement par l’Etat. L’outil proposé pour conduire ces politiques passe par la réservation foncière « pour orienter ou inciter l’initiative privée ».
Le modèle de développement alors privilégié ne peut être mis en œuvre si on n’adopte pas une attitude conquérante basée sur le développement des infrastructures de transports et de communication tout en
veillant à ne « pas appauvrir les périphéries au profit du centre » et à créer des « points forts dans le
secteur de l’industrie » pour résister aux aléas de l’économie. Cette industrialisation de l’aménagement du
territoire provoque la première phase d’une périurbanisation et d’un étalement urbain massif. Nous pouvons citer par exemple le choix stratégique de ne pas densifier le centre de Bordeaux pour lui conserver une capacité d’adaptation et de mutation foncière. Ce type de scénario rend le développement de la périphérie systématique.
La réflexion des urbanistes de l’époque est alors synthétisée selon trois scénarios décrits cidessous :
• « Le libéralisme urbain » et le « laisser faire » qui conduiraient à un développement en tâche
d’huile, dont le défaut serait un risque de dispersion en périphérie et de densification au centre ».
• « Le développement volontaire le long des axes au croisement desquels la ville s’est constituée,
rend nécessaire le blocage du tissu interstitiel, et risque de favoriser une urbanisation tentaculaire
faisant englober plus rapidement les petits centres périphériques ».
• « La préférence pour les villes nouvelles ne peut se concevoir qu’en l’absence de centres
secondaires déjà existants à proximité, et, dans la mesure où l’on peut trouver à ces villes nouvelles une vocation spécifique autre que celle de « dortoir » et qui les différencie de centre ». (cf. p.286). Mais les auteurs précisent que ces trois scénarios tendent à se superposer dans la réalité et que le schéma actuel « radioconcentrique » sur un site sans grandes contraintes, est considéré « comme le plus pratique pour les villes de dimensions moyennes et jusqu’à un million d’habitants ». Cette rédaction atteste de la souplesse et de l’amplitude accordée aux scénarios de développement sur le territoire. C’est sur ces bases que les auteurs proposent le scénario de développement démographique (croissance de 1.5) suivant : Sur le périmètre de planification de l’époque (46 communes) qui contient 568.000 habitants en 1968, les prévisions démographiques conduisent à évaluer à 870.000 habitants en 1995 et à 1.090.000 habitants en 2010. Le développement démographique se ferait à l’intérieur du périmètre du SDAU de l’époque jusqu’en 1995 ; audelà, le développement serait nécessairement hors périmètre. En précisant que l’actuel syndicat du SCOT regroupant 93 communes, présente 860.000 habitants en 2008, nous mesurons que les méthodes et doctrines de planification de l’époque avaient surestimé les dynamiques démographiques (ici, comme de manière générale).
Les auteurs précisaient que cette hypothèse était valable jusqu’en 1995 en urbanisant le périmètre du SDAU de l’époque (« remplissage du périmètre prévus aux plans communaux ») ; mais par la suite, il fallait envisager une extension urbaine audelà du périmètre pour accueillir les 220.000 habitants supplémentaires. Pour une densité de 15 à 20 logements/ha, la surface supplémentaire nécessaire était évaluée à 3.600 ha. Compte tenu de cette enveloppe surfacique, les auteurs suggèrent déjà un « éclatement de l’agglomération dans son environnement immédiat ». Trois hypothèses de développement sont alors proposées pour réguler l’évolution démographique (Agence d'urbanisme et de recherche de l'agglomération de Bordeaux, 1969, pp. 288290) :
1. Une concentration du développement démographique au cœur de l’agglomération (80.000 habitants), le reste étant réparti sur des pôles secondaires tels que Le Verdon, Pauillac, Langon, Libourne ou le Bassin d’Arcachon.
2. La création de villes nouvelles telles que Le Verdon (avec le développement du port), Marcheprime
(dont il faut limiter l’extension pour éviter que les agglomérations bordelaise et arcachonnaise ne rentrent en contact), La Brède pour son implantation sur des axes structurants. Ces villes étaient prévues dans une enveloppe de 60.000 habitants. Mais l’auteur reconnaît que cette hypothèse ignore les centres bourgs existants, et risque de conduire à autant d’impacts négatifs que d’apports positifs.
3. La concentration du développement sur l’agglomération bordelaise. Mais les inconvénients liés à l’hypertrophie du centre régional, à un coût élevé d’aménagement de la ville, à un « dépérissement
probable de l’environnement et … une vulnérabilité économique », rendent le scénario incertain.
Pour émettre une proposition finalisée, les auteurs ne choisissent pas une hypothèse, mais la traduction des trois hypothèses adaptées à un développement à un moyen terme. Il doit intégrer les objectifs tels que « la
définition de la communauté urbaine qui incite à la concentration, la préférence pour les maisons individuelles qui favorise au contraire l’extension spatiale ; l’éventualité de l’implantation d’industries à forte densité d’emplois qui peut entraîner la constitution de villes nouvelles ou du moins de quartiers
nouveaux, etc. ».
Dans cette perspective et après avoir présenté de nombreux critères d’analyse, l’hypothèse proposée dans le livre blanc de 1969 consiste à concevoir un projet souple, opportuniste en fonction des dynamiques économiques et d’anticipation, en définissant les espaces urbanisables. Pour cela, les espaces n’étant pas soumis à des contraintes d’urbanisation sont illustrés, et constituent dans le document l’enveloppe où tout est permis. Ces enveloppes ont été définies en faisant la soustraction des espaces déjà urbanisés, en considérant l’extension vers l’Ouest comme une contrainte pour les fonctions de centralités de Bordeaux (coût de déplacement, déséquilibre EstOuest), en définissant la forêt également comme un espace majeur de transition entre la côte touristique et la ville productive. Trois scénarios d’extension sont proposés (H30H31 H32).
Figure 19 : Le rééquilibrage du développement métropolitain bordelais vers la rive droite de la Garonne. Bordeaux Métropole d'Aquitaine Livre blanc pour le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme, Scénario de développement de la métropole bordelaise Hypothèse 32 – p. 225 Agence d'urbanisme et de recherche de l'agglomération de Bordeaux.
L’hypothèse H32 est jugée la plus recevable, compte tenu des avantages qu’elle comporte. Mais elle est aussi jugée complexe par le caractère excentré des services et du périmètre central de la CUB tourné vers la rive gauche. Les avantages recensés sont les suivants : - L’utilisation des axes majeurs (A61, A62, rocade de la rive droite), - Proximité de l’environnement industriel, - Extension des ZUP vers l’Est, - Possibilité plus grande offerte à l’habitat individuel (sur le plateau de l’EntreDeuxMers), - Facilité des liaisons vers le centre, - Variété dans l’architecture favorisée par la diversité du site.
Les auteurs ont eu le souci de proposer une vision de l’aménagement « sans trop s’opposer aux
comportements traditionnels ». Ils admettent que le périmètre de la CUB représente un frein à cette
hypothèse. Il existe bien une confrontation entre les visions techniques des aménageurs et les réalités de la gouvernance locale quant au devenir de l’agglomération. Il ressort de cet ouvrage, une absence quasitotale des paramètres environnementaux. On peut affirmer qu’il n’existe alors aucune base de réflexion pour infléchir une politique environnementale (hormis les enjeux liés aux services parcs sportifs, espaces verts…) et encore moins de réflexion paysagère. L’approche est basée sur une vision fonctionnaliste des espaces et sur l’application de normes. Leur calcul et leur estimation, en prévision de l’évolution de la population montre des dualités fortes entre la bonne application des mesures suggérées et l’intérêt d’une croissance démographique forte, en lien étroit avec un développement économique attendu.
Les auteurs souhaitent un développement centré sur l’axe fluvial en rééquilibrant l’Est de l’agglomération, dans un souci de convergence des potentialités économiques et des dessertes viaires. De nombreuses alternatives économiques sont attendues, le projet proposé vise donc à positionner l’agglomération en capacité de les accueillir. Le livre blanc conduit à mettre en œuvre une politique de développement économique et démographique basée sur la croissance métropolitaine d’une capitale régionale (schéma de développement récurrent à cette époque, puisque Bordeaux faisait partie des huit métropoles d’équilibre instaurées par l’Etat). En conclusion, les auteurs suggèrent un développement évitant la création de villes nouvelles et l’optimisation des ressources foncières locales afin de garder et développer au maximum les activités dans l’agglomération. Il y est également évoqué le confortement et le développement des villes périphériques qui permettront l’extension urbaine et présenteront ainsi « l’avantage des villes nouvelles sans les inconvénients ».
D’autres études complémentaires (AUCUBMA, 1971) ont été réalisées pour préciser la méthode engagée visant à définir un optimum de consommation des sols jusqu’en 1985, puis à rechercher les possibilités d’extension, audelà du périmètre du SDAU. A cette date, les auteurs constatent que le développement urbain est essentiellement réalisé vers l’Ouest malgré l’occupation nouvelle des coteaux de la rive droite. Mais des « blocages » sont également identifiés à ce développement. La couronne Ouest est ceinturée d’espaces forestiers et viticoles, mais aussi d’industries (l’aéronautique) et de grands équipements (aéroport de Mérignac) qui constituent un frein au développement urbain. L’étude visera donc quasiment pour chaque commune, à identifier les potentialités de développement en ne négligeant aucune possibilité. Les freins
identifiés étaient essentiellement composés de contraintes techniques (assainissement, qualité des terrains…) rendant les solutions d’urbanisation onéreuses. Le modèle de développement radioconcentrique excentré est alors remis en question.
Il ressort de leur analyse trois schémas de développement synthétisés cidessous (AUCUBMA, 1971, pp.19 20) :
A. Un schéma conduit par la nécessité d’étendre l’agglomération le long des axes de développement économique. Un des objectifs est d’équilibrer le développement de l’agglomération vers le Sud, le Nord et l’Est.
B. Un schéma basé sur la concentration industrielle sur l’agglomération à proximité immédiate de la ville, l’habitat serait localisé dans les communes telles que Blanquefort et Bruges afin d’éviter un éparpillement vers Pauillac, Le Verdon, etc.
C. Un schéma moins basé sur les dynamiques économiques, mais plutôt sur une approche radioconcentrique visant à :
- limiter les impacts négatifs comme le développement digitaire vers le SudOuest (une coupure est
programmée pour sauvegarder la forêt) en acceptant le principe des villes nouvelles ;
- arrêter la poussée urbaine vers l’Ouest qui serait trop proche de l’aéroport et des industries de l’aérospatiale
limitant ainsi leur développement ;
- maîtriser les différentes poussées par un très ferme aménagement ordonnateur particulièrement sur la rive
droite.
Cette étude, comme la précédente, n’a intégré aucune considération environnementale ou paysagère pour asseoir une analyse ou un discours autre que celui basé sur l’optimisation du couple économieterritoire.
III.3 Le SDAU de l’agglomération bordelaise de 1980 – une politique des
espaces verts au bilan mitigé
Malgré les travaux démontrant les processus d’étalement urbain, les scénarii adoptés ne constituent pas une réponse adaptée à cette problématique. L’actuel SD 2001 de l’agglomération bordelaise est issu de la révision du SDAU élaboré entre 1972 et 1975 et qui fut approuvé le 6 mai 1980. Lancé en octobre 1972 par arrêté des Préfets de région et de département, son élaboration a été confiée à une commission locale d’aménagement et d’urbanisme (CLAU) en 1973. Cette commission était gérée par Jacques Chaban Delmas, alors président de la CUB. Elle comprenait cinq sous commissions (« démographie et emploi », « vocation des sols », « équipements », « transports », « finances »). Le périmètre d’origine comprenait 96 communes dont 27 appartenant à la CUB. Il aura fallu huit années de conflit Etat/Collectivités avant l’approbation du SDAU en 1980.Le SDAU a été conçu par étape. Les premiers éléments relatifs aux prévisions de développement démographique et économique ont été produits en 1973, dans le cadre du Schéma d’Aménagement de la Métropole Bordelaise, approuvé en Conseil d’Etat la même année. Le parti d’aménagement et sa justification ont aussi été préalablement réalisés en 1973.
Le SDAU 1980 (DDE de la Gironde, 1980) n’affichait directement aucune politique de paysage, mais évoquait la question de la préservation des paysages remarquables en relation avec une politique des espaces verts qui associe : - Espaces verts privés : agriculture et forêt ; - Espaces verts publics : parcs et jardins. L’ensemble de ces espaces verts était considéré comme une « aménité publique », contribuant directement à la qualité du cadre de vie et pouvant être quantifiée en termes de superficie moyenne par habitants.
III.3.1 La politique des espaces verts : une ambition sans visée
opérationnelle
Cette politique d’espaces verts s’inscrivait dans la continuité de l’étude réalisée en 1972 par l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Bordelaise, pour « une politique de l’environnement dans Bordeaux et l’agglomération bordelaise », soustitrée « Espaces Verts » (Agence d'urbanisme Bordeaux métropole Aquitaine, 1973). Elle effectuait un recensement des espaces verts publics et privés en vue de leur protection dans le cadre de l’élaboration du futur SDAU. Elle donna lieu en 1976 à un colloque (Agence d'urbanisme pour la CUB, 1976) sur les thèmes croisés des coulées vertes dans le SDAU et le POS, et de l’environnement forestier des grandes agglomérations. Les auteurs ont insisté sur l’importance de l’inventaire dit « qualitatif », et qui révèle le statut (parc, jardin, place plantée) des espaces. Mais il ne réalise pas d’état des lieux, ni en terme de pratiques, ni en terme de qualités spatiales ou urbaines. Il s’intéresse aux espaces publics, et évalue