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CHAPITRE DEUXIÈME : SIGNES DE PONCTUATION, ENTRE DÉFINITIONS

I.3 Signes à valeurs sémantique et énonciative

I.3.2 Le point d’interrogation

Le point d’interrogation, jadis appelé point interrogant, existait déjà au XVIe

siècle, époque à laquelle furent rédigés les premiers textes sur la ponctuation de la langue française. Bien qu’autre fois il fût souvent confondu avec le point d’exclamation, ce signe et ses emplois sont aujourd’hui bien connus. La fonction principale du point d’interrogation est d’indiquer que l’on pose une question, et ce, quelles que soient la structure et la longueur de la phrase ou du segment en question.

Le point d’interrogation est le signe de ponctuation lié à la phrase interrogative. Les grammairiens distinguent deux types d’interrogation : l’interrogation directe,

caractérisée par certaines structures syntaxiques et par le point d’interrogation, et qui suppose une réponse de l’interlocuteur ; et l’interrogation indirecte, qui implique un verbe introducteur (savoir, demander, etc.), qui se termine par un point ordinaire et qui fait plutôt état d’une question.

Le point d’interrogation termine une proposition ou une phrase interrogative. Cette phrase ou cette proposition peut Par la construction syntaxique interrogative : être exprimée de diverses manières :

- Par les mots ou les formules d’interrogation : Venez-vous ?

- Qui vous a fait entrer ? - Qu’est-ce que tu fais ici ?

- À quoi va-t-il passer ses longues soirées d’hiver ?

Le point d’interrogation peut jouer son plein rôle de signe mélodique. C’est lui, et lui seul, qui indique la vraie valeur de la proposition et le ton sur lequel elle doit être dite. D’abord, dans le cas où il peut Indiquer une forme affirmative, exemple : (Il est

venu te voir. / Il est venu te voir ?) À l’oral, l’intonation montante de la phrase

interrogative diffère de l’intonation descendante de la phrase déclarative. Ensuite, dans un second cas, pour indiquer la forme négative : dans ce cas aussi, le point d’interrogation a sa pleine valeur. Exemple : vous n’aviez pas éteint ? Ou encore se manifester par une forme elliptique : le cas est fréquent dans les dialogues, dans la littérature dramatique. Exemple : l’histoire ? La même pièce jouée par des acteurs différents.

Le point d’interrogation marque habituellement la fin de la phrase et tient donc lieu de ponctuation de fin de phrase ; c’est pourquoi on ne le fait pas suivre d’un point. Le mot qui suit, qui commence l’autre phrase, prend alors la majuscule. Cependant, lorsque le point d’interrogation fait partie d’un titre cité dans la phrase et que ce titre est en italique, souligné ou entre guillemets, on peut mettre une virgule ou un point après le titre afin d bien différencier la ponctuation de la phrase et celle du titre.

Quand la phrase interrogative est suivie d’une incise (spécifiant le discours rapporté), le point d’interrogation se place à la fin de la phrase interrogative. Le point d’interrogation apparaît également parfois à l’intérieur d’une phrase, après un segment interrogatif (question citée, phrase incidente interrogative). La virgule, normale dans ce contexte, s’éclipse devant le point d’interrogation. Le mot qui suit le point d’interrogation prend alors la minuscule puisque la même phrase se poursuit.

Pour renforcer l’interrogation, on répète le point d’interrogation ou qu’on le combine avec le point d’exclamation. Il ne faut toutefois pas abuser de ce procédé et le réserver à des phrases qui impliquent une grande expressivité. Exemples - Quelqu’un peut-il m’aider???

Dans certains de ses emplois, le point d’interrogation n’est pas la marque d’une question. Il arrive ainsi que l’on exprime un souhait ou une injonction sous la forme d’une interrogation directe.

Exemples :

- Alors, tu me le donne ?

- Si on faisait une petite pause ? - Peux-tu fermer la porte ?

Dans la correspondance, on emploie parfois ce type de phrases, qui consiste plutôt en la formulation d’un souhait qu’en la formulation d’une question.

Exemple : Auriez-vous l'obligeance de transmettre ma demande à qui de droit ? Le point d’interrogation peut aussi évoquer l’incertitude ou l’ignorance. C’est pourquoi on l’emploie, dans certains contextes, pour remplacer des informations manquantes. Il peut être, également, mis entre parenthèses, pour marquer le doute ou l’incompréhension.

Exemple : On m’a applaudi (?) dès que je suis entré dans la salle.

L’interrogation directe prend la forme d’une phrase interrogative, qui peut varier dans sa construction. Différents procédés syntaxiques sont possibles80 : inversion du sujet et du verbe ; répétition du sujet par l’emploi du pronom après le verbe ; emploi de mots interrogatifs (qui, pourquoi, quand, où, comment, etc.) ; emploi de la locution

est-ce que. Une phrase interrogative peut aussi ne faire appel à aucun de est-ces procédés et

avoir la forme d’une phrase déclarative ; seul le point d’interrogation vient alors indiquer qu’il s’agit d’une question. Dans tous ces cas, le point d’interrogation sert à marquer, à l’écrit, l’intonation particulière que l’énoncé aurait à l’oral.

Par ailleurs, des expressions telles que vois-tu, comprenez-vous ou bien n’est-ce

pas, qui ne demandent pas de réponse mais qui servent plutôt à maintenir l’attention de

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Point d'interrogation : généralités [Page consultée le 02 septembre 2015]. Site de l’office québécois de la langue française : Banque de dépannage linguistique (BDL). En ligne : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3382.

l’interlocuteur, ne sont habituellement pas suivies d’un point d’interrogation, mais encadrées de virgules.

Exemples :

- Cela fait plus de trois heures, comprenez-vous, que j’attends les retardataires. - J’y suis allé, m’entends-tu, et je n’y retournerai plus.