• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE DEUXIÈME : SIGNES DE PONCTUATION, ENTRE DÉFINITIONS

I.3 Signes à valeurs sémantique et énonciative

I.3.3 Le point d’exclamation

Le point d’exclamation apparut en français au XVIe

siècle. On l’appela d’abord

point admiratif, point exclamatif et finalement point d’exclamation. Les emplois de ce

signe de ponctuation sont aujourd’hui bien connus, mais à ses débuts, il fut souvent confondu avec le point d’interrogation. On le place après un mot, une locution ou une phrase exprimant un sentiment tel que la joie, la surprise, l’indignation, l’étonnement, l’ironie, etc. Ainsi, le point d’exclamation est utilisé pour marquer l’intonation particulière de l’énoncé qu’il accompagne, que celui-ci soit une exclamation, une interjection, une interpellation ou un ordre. Le point d’exclamation marque une

intonation exclamative81 qui peut porter sur différentes structures grammaticales. Il peut suivre une interjection, une apostrophe, ou renforcer un impératif. Ses valeurs sémantiques, le plus souvent affectives, sont très variées, de même que les courbes mélodiques qu’il représente.

Les emplois du point d’exclamation sont variés82

; la gamme de significations dont ce signe se charge est vaste. Le point d’exclamation s’emploie normalement après une interjection : Ah!, Chut!, Oh!, Silence!, Bravo!, Holà ! Puisqu’un ton particulier révélant le sentiment du locuteur est généralement associé à une interjection ; celle-ci doit presque toujours être suivie d’un point d’exclamation. Exemple : Aïe ! Ça fait mal ! Les interjections sont parfois formées de plus d’un mot : on parle alors de

locutions interjectives : Quoi donc!, Ma foi!, Eh bien!, Allons donc !

81

RIEGEL, M et al. (2009), op. cit. , p. 156.

82

DOPPAGNE, A. (2006). « II. Le point d'exclamation », La bonne ponctuation, De Boeck Supérieur « Entre guillemets ». p. 36-37. En ligne : http://www.cairn.info/la-bonne-ponctuation--9782801113882-page-35.htm

Cependant, On ne place jamais de point d’exclamation à l’intérieur même d’une telle locution, puisque les mots qui la forment sont étroitement liés et ne doivent, par conséquent, être séparés. Exemple : Oh là là !

Lorsque l’interjection est placée en début de phrase et qu’elle est suivie d’un point d’exclamation, on peut répéter ce signe à la fin de la phrase, si celle-ci est également exclamative. Lorsque l’interjection se trouve à l’intérieur de la phrase, on préfère parfois la placer parfois entre virgules ; on termine alors la phrase par un point d’exclamation. Exemple : Isabelle, bon Dieu, regarde ce que tu as fait !

Quelquefois, le point d’exclamation est rejeté après le groupe de mots qui forme un tout : Eh bien, c’est agréable ! Parfois, le point d’exclamation est reporté en fin de phrase mais il est erroné de croire que ce soit là une règle. On trouve concurremment, exemple : Oh, qu’il est joli, ce petit taureau !

Le point d’exclamation est souvent indispensable pour permettre la distinction entre exclamation et interrogation. Il exprime l’injonction, l’ordre et la défense. Il ponctue, pour les rendre exclamatifs, des mots, des groupes de mots, des propositions ou des phrases ; il joue son plein rôle de signe mélodique. En revanche, il peut indiquer aussi l’apostrophe, le vocatif, le cri. Il est souvent indispensable pour permettre la distinction entre exclamation et interrogation. On met aussi un point d’exclamation après un nom en apostrophe. Cet emploi permet de marquer, à l’écrit, l’intonation que l’interpellation aurait à l’oral. Exemple : Madame! Attendez !

Il arrive qu’un mot mis en apostrophe soit précédé de l’interjection ô ; c’est le cas notamment dans les textes poétiques ou religieux. L’usage du point d’exclamation, comme c’est souvent le cas, est alors facultatif et dépend de l’intonation que l’on donne à la phrase. Si on l’emploie, on doit le placer après le nom en apostrophe : il ne suit jamais immédiatement le ô.

Exemple :

- Ô souvenirs ! printemps ! aurore !

- Doux rayon triste et réchauffant !(Victor Hugo)

Bien qu’il soit de fonction intonative, le point d’exclamation peut aussi assurer une fonction syntaxique, il équivaut soit au point, soit à la virgule. Quand ce signe de ponctuation marque la fin d'une phrase, on le fait suivre de la majuscule ; sinon, le mot qui suit prend la minuscule, ce qui est fréquent après une interjection. Par ailleurs, il est

à noter qu’aucune espace ne le précède (certains typographes préfèrent mettre une espace fine). Contrairement au point final, le point d’exclamation peut s’employer dans les titres, si le contexte s’y prête.

Par ailleurs, certaines règles d’emploi sont à respecter, notons lorsqu’un point d’exclamation termine la phrase, on ne doit pas mettre un point en plus, puisque le point exclamatif tient lieu de ponctuation de fin de phrase. Il en va de même lorsque le point d’exclamation est mis à la place d’une virgule. Cependant, lorsque le point d’exclamation fait partie d’un titre cité dans la phrase et que ce titre est en italique, souligné ou entre guillemets, on peut mettre une virgule ou un point après le titre afin de bien différencier la ponctuation de la phrase et celle du titre.

Il arrive que, pour renforcer l’expression évoquée par le point d’exclamation, on le répète ou on le combine avec le point d’interrogation. On peut également le mettre seul, entre parenthèses, pour marquer l’étonnement du rédacteur ou du narrateur (aucune espace ne le suit alors).

Exemples :

- Au secours!!!

- Mais qu’est-ce que c’est que ce charabia?!

- L’assassin, après s’être excusé (!), lui a tranché la gorge.

Il arrive aussi qu’une interjection soit répétée, on peut ne placer le point d’exclamation qu’après la dernière et séparer les autres par une virgule. On peut également faire suivre chaque interjection du point d’exclamation.

Exemples : - Oh, oh, oh! - Ah! Ah! Ah!

Dans certains cas, le point d’exclamation peut modifier considérablement le sens d’un énoncé. Ainsi, lorsque la phrase exclamative est construite comme une question, la seule présence de ce signe de ponctuation permet au lecteur de comprendre qu’il s’agit non pas d’une interrogation, mais bien d’une exclamation ; à l’oral, l’intonation descendante de la phrase exclamative diffère de l’intonation montante de l’interrogation. Le point d’exclamation peut aussi marquer la différence entre une déclaration et une exclamation.