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Interprétation millénariste de cette doctrine

LE « MILLÉNARISME » DE SAINT AUGUSTIN

P RÉAMBULE : LES DEUX A UGUSTIN

A. L E « SABBATISME » DU PREMIER A UGUSTIN

2) Interprétation millénariste de cette doctrine

Le millénium du premier Augustin paraît comporter trois caractéristiques principales : le repos, la terre, le temps. Ces points seront étudiés successivement à partir des textes.

a) Millénarisme du repos60 : exemple du Sermo 259

i. Repos du septième jour

La doctrine du repos des saints pendant le millénium a déjà été observée chez plusieurs Pères de l’Église dans la première partie : le Pseudo-Barnabé, saint Hippolyte de Rome, saint Méthode d’Olympe. Elle est, avec la tradition asiate matérialiste d’un Papias ou d’un Irénée, le second grand courant millénariste des Pères de l’Église. Le chiliasme du repos est de type spirituel. Le texte qui suit est extrait du Sermon 259 ; il est écrit pour le dimanche qui clôt l’octave de Pâques61.

Il s’ensuit que le sixième jour s’écoule, que nous sommes au sixième jour depuis cet avènement du Sauveur ; et de même que, d’après la Genèse, c’est le sixième jour que l’homme a été formé à l’image de Dieu, ainsi c’est maintenant et comme au sixième jour du monde, que nous recevons dans le baptême une vie nouvelle pour graver en nous de nouveau l’image de notre Créateur. Et quand ce sixième jour sera écoulé, quand aura été faite la grande séparation, viendra le repos et le sabbat mystérieux des saints et des justes de Dieu. À la suite de ce septième jour, quand on aura contemplé sur l’aire même cette belle récolte, la gloire et les mérites des saints, nous entrerons dans cette vie et dans cette paix dont il est dit que « l’œil n’a

57 Auguste LUNEAU, L’histoire du salut..., op. cit., p. 336.

58 De civ. Dei XI, 30 ; De doct. christ. II, 16, 25 ; De Trin. IV, 6, 10. Auguste LUNEAU, L’histoire du

salut..., op. cit., p. 342.

59 Auguste LUNEAU, L’histoire du salut..., op. cit., p. 350.

60 Gerald BONNER, « Augustine and millenarianism », op. cit., p. 238-239, le millénarisme

d’Augustin est essentiellement celui du repos et pas tant du progrès, comme chez saint Irénée.

61 Sermon difficile à dater. Sans doute entre 393 et 400. Cf. Martine DULAEY, « À quelle date... »,

point vu, que l’oreille n’a point entendu, que dans le cœur de l’homme n’est point monté ce que Dieu a préparé à ceux qui l’aiment ».

Après un rappel succinct des cinq premiers âges du monde, Augustin développe ici sa pensée au sujet des deux derniers. Le sixième âge est celui d’une nouvelle création de l’homme par la grâce du baptême. Si le vieil homme extérieur se décatit, conformément à l’analogie anthropologique des âges, l’homme intérieur est recréé, grâce au premier avènement du Christ qui ouvre ce sixième âge. Puis vient le septième âge, où les saints et les justes « sabbatiseront », de même que Dieu a « sabbatisé » le septième jour de la création. Le repos des saints au septième âge est donc à replacer dans la cohérence de l’histoire du salut. De même qu’il y a eu un jour de repos pour la création à l’origine, il y a une période de repos pour le temps de la rédemption qui traverse toute l’histoire du salut.

Il est à noter que le septième âge semble se situer après le jugement. Augustin fait en effet allusion à cette image du jugement qu’est la ventilatio ou vannage de Mt 3, 12, qui séparera le froment de la paille. C’est donc un millénarisme du repos spécialement mitigé car le jugement dernier étant déjà effectué, le passage dans l’éternité définitive devient dès lors à peine perceptible. Il n’en demeure pas moins qu’Augustin fait mention d’un « après le septième jour » et d’une entrée dans la vie et la paix dont la citation de 1 Co 2, 9 souligne la transcendance radicale : ce que « l’œil n’a point vu... ».

Le docteur africain développe ensuite sa théologie du huitième jour : Ne sera-ce pas alors revenir en quelque sorte au commencement ? Quand aujourd’hui sont passés les sept jours de la semaine, le huitième jour redevient le premier d’une semaine nouvelle ; ainsi, quand seront écoulés et terminés les sept âges de ce siècle où tout passe, nous rentrerons dans cette immortalité bienheureuse d’où l’homme s’est laissé tomber. Aussi est-ce le huitième jour que finit la fête des nouveaux-baptisés62.

L’éternité est le huitième jour en tant qu’elle succède aux sept jours de l’économie du salut, de la rédemption. Mais ce huitième jour est aussi un premier jour, le premier d’une nouvelle semaine. En tant que premier jour, le huitième jour renvoie donc au commencement, avant le péché, voire avant même la création. 62 Sermo 259, 2 (PL 38, col. 1197-1198) : Ab adventu ergo Domini sextus agitur, in sexto die

sumus. Et ideo quomodo formatus est homo in Genesi sexto die ad imaginem Dei (cf. Gn 1, 26-

27), sic et in isto tempore, quasi sexto die totius saeculi, renovamur in Baptismo, ut recipiamus

imaginem Conditoris nostri. Sextus autem dies iste cum transierit, veniet requies post illam ventilationem, et sabbatizabunt sancti et iusti Dei. Post septimum autem, cum apparuerit in area dignitas messis, fulgor, meritumque sanctorum, ibimus in illam vitam et in illam requiem, de qua dictum : Quia oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit, quae praeparavit

Deus diligentibus se (1 Co 2, 9). Tunc velut ad caput reditur. Quomodo enim cum peracti fuerint isti

septem dies, octavus ipse est qui primus : sic post terminatas et peractas aetates septem saeculi transeuntis, ad illam immortalitatem beatitudinemque rediemus, de qua lapsus est homo. Et ideo octavae complent sacramenta infantium.

Ce texte semble emprunt de néoplatonisme. À la fin de l’économie du salut, tout paraît redevenir comme avant, comme à l’origine, selon une conception cyclique du temps. Le thème de la chute, qui est perte de l’immortalité, est présent également : de qua lapsus est homo. Le mirabilius reformasti du dessein de salut est-il vraiment pris en compte ? Aucune mention n’est faite dans ce passage ni de la résurrection des morts, ni de la parousie du Christ. Augustin raisonne ici in

abstracto sur la cohérence de l’histoire du salut, plus que sur la réalité de la chair

qui fait la différence entre l’éternité qui a précédé la création et l’éternité qui succédera à toute l’économie du salut.

ii. Rapprochement avec la vie liturgique

La dernière phrase de ce passage est une allusion intéressante à la vie liturgique. Augustin parle en effet le dimanche qui clôt l’octave de Pâques, celle que l’on appelait octavae infantium, les huit jours des nouveaux-nés. Cette octave consistait en huit jours de fête et d’enseignement où les nouveaux baptisés de Pâques, revêtus d’une robe blanche, étaient regroupés dans un lieu particulier de la cathédrale, les cancels, la partie du chœur la plus proche du maître-autel.

Ce dimanche de l’octave, octavus dies, « la célébration de l’Octave des Nouveau-nés revêt un éclat particulier. À partir de ce jour, les nouveaux baptisés cessent d’être infantes, ils quittent leurs vêtements blancs, abandonnent la place qui leur était réservée et, selon la formule, “se mêlent au peuple”. C’est en quelque sorte la fête de leur majorité. Naguère catechumeni, puis competentes, depuis huit jours infantes, ils seront désormais fideles : “Voici que s’achève le

sacramentum de leur octave” »63. L’octave de Pâques peut donc sembler comme le sacrement du « repos des saints » qui aura lieu à la fin, après le sixième âge, celui où nous sommes. Les nouveaux baptisés sont en effet bien visiblement – par leur robe blanche et le lieu qu’ils occupent dans l’église – un signe de ce repos des saints.

Augustin reprend d’ailleurs le thème du repos à la fin du Sermon 259, cette fois-ci non pas au sujet du septième âge, mais à propos de la semaine qui vient de s’écouler : « Le repos des jours que nous venons de célébrer a dû vous inspirer de la douceur »64. Entre la requies du millénium et la vacatio de cette semaine pascale, l’analogie semble obvie. On sait d’ailleurs que toute la quinzaine de la semaine sainte et de l’octave pascale avait un statut particulier dans la société d’antan. « Ces jours au nombre de quinze (...) étaient les sept jours qui précèdent et les sept jours qui suivent la fête de Pâques, et pendant lesquels tout procès, toute contestation, toute action judiciaire étaient suspendus, d’après une loi de Théodose, au livre XI du Code Théodosien, sur les jours fériés : “Nous 63 Introduction de Suzanne POQUE, in AUGUSTIND’HIPPONE, Sermons pour la Pâque, SC 116, Cerf,

Paris, 1966, p. 107.

64 Sermo 259, 6 (PL 38, col. 1201) : De vacatione dierum istorum mansuetudinem debetis

mettons au nombre de ces jours fériés les saints jours de la fête de Pâques, c’est- à-dire les sept qui la précèdent et les sept qui la suivent” »65.

Cette quinzaine, avec son statut particulier, inscrit à la fois dans la liturgie et dans la société, pouvait donc figurer comme un sacrement du millénium du repos, sacrement pendant lequel les nouveaux baptisés jouissaient de manière visible du repos et de la paix. Augustin fait d’ailleurs explicitement allusion, dans le

Sermo 259, 6, aux « quinze jours qui viennent de se passer ».

Le dimanche de l’octave de Pâques, dit in albis depositis, marquait la fin de cette période faste. C’était en quelque sorte à la fois un huitième jour et un premier jour, et donc l’entrée dans l’éternité après la transition du septième jour, mais aussi le retour aux combats de la vie dans le monde, la fin de la trêve du

Code Théodosien, un nouveau commencement.

Puis vient dans ce Sermon 259 une exhortation de type plutôt moral à pratiquer les œuvres de miséricorde. Dans l’esprit des fidèles, cela semble signifier que la meilleure façon de s’approcher de l’immortalité bienheureuse est de pratiquer soi-même la miséricorde :

Vous irez, mes frères, bientôt dans vos domaines, et à partir de ce moment nous nous verrons à peine, si ce n’est pour célébrer quelque solennité ; de grâce, faites des œuvres de miséricorde, parce que les péchés se multiplient. Il n’y a point pour nous d’autre moyen d’être en repos, d’autre chemin pour nous conduire à Dieu, pour nous réintégrer dans ses bonnes grâces, pour nous réconcilier avec lui, que nous avons si témérairement offensé66.

Les fidèles pouvaient ainsi comprendre que le repos de ce millénium liturgique qu’ils venaient de vivre se prolongerait à condition de pratiquer les œuvres de miséricorde, que celles-ci étaient la meilleure façon de parvenir à la vie éternelle, au huitième jour qui est aussi un premier jour, dans lequel ils entraient par la reprise du travail.

b) Septième jour terrestre et ecclésial : exemple du Sermo 259

Après une première approche du millénium par le jeune Augustin soulignant que ce temps correspond au septième jour ou âge, celui du repos, le passage suivant sera plus facile à déchiffrer. On y voit en effet apparaître les sixième, septième et huitième jours dans leur spécificité. Toute cette longue citation est en quelque sorte une méditation de l’annonce du jugement par Jean-Baptiste en Mt 3, 12 : « Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire ; il recueillera 65 Joseph-Maxence PÉRONNE in AUGUSTIN D’HIPPONE, Sermons au peuple, Œuvres complètes 18,

Vivès, Paris, 1872, p. 334, note 1 ; Pierre MARAVAL, Théodose le Grand. Le pouvoir et la foi, Fayard,

Paris, 2009, p. 93.

66 Sermo 259, 4 (PL 38, col. 1199) : Misericordiam, fratres mei, omnes qui ituri estis ad domos

vestras, et ex hoc vix nos videbimus, nisi per aliquam solemnitatem, misericordiam operamini, quia abundant peccata. Alia requies, alia via non est, qua perveniamus ad Deum, qua redintegremur, qua reconciliemur ei, quem periculosissime offendimus.

son blé dans le grenier ; quant aux balles, il les consumera au feu qui ne s’éteint pas ». Le septième jour ou millénium sera alors la mise en lumière sur cette terre, dans l’Église, du blé séparé de la paille :

Je le répète, ce huitième jour figure la vie nouvelle qui suivra la fin des siècles, comme le septième désigne le repos dont jouiront les saints sur cette terre ; car le Seigneur y régnera avec ses saints, comme le disent les Écritures, et dans son Église n’entrera alors aucun méchant ; elle sera purifiée et éloignée de toute souillure et de toute iniquité (...).

C’est sur cette terre effectivement que l’Église apparaîtra d’abord environnée d’une gloire immense, revêtue de dignité et de justice. Point de déception alors, point de mensonge, point de loup caché sous une peau de brebis. « Le Seigneur viendra, est-il écrit, il éclairera ce qui est caché dans les ténèbres, il manifestera les secrètes pensées des cœurs, et chacun alors recevra de Dieu sa louange ». Dans ce moment donc, il n’y aura plus de méchants, ils seront séparés d’avec les bons ; et, semblable à un monceau de froment qu’on voit sur l’aire

encore, mais parfaitement nettoyé, la multitude des saints sera placée

ensuite dans les célestes greniers de l’immortalité.

Ne vanne-t-on pas le froment dans le lieu même où on l’a battu ? Et l’aire où on l’a foulé pour le séparer de la paille ne s’embellit-elle point de la beauté de ce froment que rien ne dépare ? Si nous y voyons encore, quand on a vanné, la paille amoncelée d’un côté, nous y voyons d’autre part le blé entassé ; mais nous savons à quoi est destinée cette paille et avec quelle allégresse le laboureur contemple ce froment.

De même donc qu’on voit sur l’aire d’abord, et avec une joie immense à la suite de tant de travaux, des monceaux de froment séparés de la paille où ils étaient cachés, où on ne les voyait pas, même pendant que l’on battait, et qu’ensuite ils seront mis au grenier pour y être conservés et dérobés aux regards ; ainsi dans ce monde même où vous voyez avec quelle ardeur on foule cette aire, comment la paille est mêlée au bon grain, comment il est difficile de l’en distinguer parce qu’on ne l’a pas vannée encore, on contemplera, après la séparation faite au jour du jugement, la multitude des saints tout éclatante de beauté, comblée de grâces et de mérites, et toute rayonnante de la miséricorde de son Libérateur ! Ce sera alors le septième jour67.

67 Sermo 259, 2 (PL 38, col. 1197-1198) : Octavus ergo iste dies in fine saeculi novam vitam

significat : septimus quietem futuram sanctorum in hac terra. Regnabit enim Dominus in terra cum sanctis suis, sicut dicunt Scripturae, et habebit hic Ecclesiam, quo nullus malus intrabit, separatam atque purgatam ab omni contagione nequitiae (...). Nam Ecclesia hic primo apparebit in magna claritate et dignitate et iustitia. Non ibi libebit decipere, non mentiri, non sub ovis pelle lupum latere.

Veniet enim Dominus, sicut scriptum est, et illuminabit abscondita tenebrarum et manifestabit cogitationes cordium : et tunc laus erit unicuique a Deo (1 Co 4, 5). Iniqui ergo non ibi erunt : iam

Selon Augustin, en ce sixième jour, initié par le premier avènement du Seigneur, la paille est mêlée au bon grain, le vannage n’a pas encore commencé. Cette image rejoint celle du bon grain et de l’ivraie (Mt 13, 24-30 ; 36-43), très présente dans la pensée d’Augustin, spécialement dans le De civitate Dei68. C’est le thème du mélange inextricable entre le bien et le mal, entre les deux cités, cette

permixtio, ou commixtio, qui est l’un des principes fondamentaux de la théologie

augustinienne de l’histoire69. Les allusions à ce mélange sont nombreuses dans le présent passage : pour l’instant, « le froment est caché dans la paille », « la paille est mêlée au bon grain », « il est difficile de distinguer le bon grain de la paille ». Il n’y a que le jugement à venir qui, en établissant une séparation entre paille et froment, permettra d’identifier à coup sûr ce dernier.

Ce rôle est dévolu au septième jour. Celui-ci semble inauguré par la venue du Seigneur puisqu’il « y règne avec ses saints ». L’événement de la parousie du Christ n’est pas fortement souligné cependant. Augustin préfère insister sur le fait que ce règne se fera sur terre, autrement dit sur l’aire de vannage du blé. Le septième jour a pour but de montrer ostensiblement le froment sur l’aire de cette terre, après sa séparation d’avec la paille. C’est la joie du moissonneur de contempler cette récolte avant de l’engranger dans les greniers de l’éternité.

De plus, cette séparation se fera dans l’Église, ici-bas sur terre. Il existera donc un temps, le septième jour, où l’Église sera entièrement composée de saints.

Ecclesia hic primo apparebit in magna claritate et dignitate et iustitia. Ce millénium

est pour Augustin encore dans le temps de l’Église. Il ne paraît pas y avoir d’empêchement, d’incompatibilité entre temps de l’Église pérégrinante et présence réelle du Seigneur de gloire en son sein. De plus, ces saints rayonneront de la miséricorde de leur Libérateur, misericordiam liberatoris sui prae se gerens. La dimension parénétique de ce sermon apparaît ici : les saints du septième jour rayonnent la miséricorde de Dieu tout comme sont appelés à le faire les saints de l’octave de Pâques qui vont retourner dans le monde après ce « septième jour » liturgique de repos.

et sic mittetur in horreum coeleste immortalitatis. Sicut enim frumentum prius ubi trituratur, ibi purgatur ; et locus ubi frumenta pertulerunt trituram, ut a palea mundarentur, decoratur dignitate massae purgatae. Videmus quippe in area post ventilationem, acervum palearum ex una parte, et acervum frumenti ex alia. Quo autem palea destinata sit, novimus ; et quemadmodum agricolis faciant frumenta laetitiam. Quomodo ergo apparet in area prius frumentum a palea separatum, et cum gaudium fecerit post tantos labores inspecta illa congeries, quae latebat in palea, quae non videbatur, quando triturabatur ; deinde in horreum mittitur, atque in secreto servatur : sic in isto saeculo, videtis quomodo trituratur haec area, sed palea frumento ita permixta est, ut difficile discernatur : quia nondum ventilata est. Sic ergo post ventilationem diei iudicii apparebit massa sanctorum, fulgens dignitate, praepotens meritis, et misericordiam liberatoris sui prae se gerens. Et ipse erit septimus dies. (C’est nous qui soulignons dans la traduction).

68 De civ. Dei XX, 5, 2 ; 9, 1.

69 De civ. Dei I, 35 ; XI, 1 ; XIX, 26 ; De Gen. ad litt. XI, 15, 20 (BA 49, p. 263). Henri-Irénée

Enfin, poursuivant sa lecture de Mt 3, 12, Augustin précise que « la multitude des saints sera mise dans les greniers de l’immortalité ». Cette nouvelle étape est une allusion au huitième jour, quand les monceaux de froment « seront mis au grenier pour y être conservés et dérobés aux regards ». La mise au grenier donne une précision spatiale : les saints vont être placés plus haut, vers le haut. Il est sous-entendu ici qu’ils vont quitter la terre.

Par conséquent, le mouvement se fait du champ du sixième jour où tout est mélangé, le bon grain et la paille (1re étape), à l’aire à vanner où tout est séparé et où le bon grain est visiblement observé (2e étape), et enfin au grenier qui est un lieu surélevé, symbole du ciel, de l’éternité (3e étape). Le septième jour ou millénium se passe donc bien sur terre, selon une des caractéristiques du millénarisme des Pères de l’Église70.

c) Septième jour encore dans le temps

Une autre caractéristique du septième jour eschatologique augustinien est de se situer encore dans le temps, comme le montrent plusieurs passages.