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Une insertion du miscanthus déterminée par une pluralité de variables, de territoires et de niveaux d’organisation des

Chapitre 6 Les règles de décision de l’insertion territoriale du miscanthus prises au niveau de la parcelle agricole

2. Matériel et méthode ou exemple d’un protocole d’échantillonnage et de conduite d’enquêtes élaboré pour une

3.1. Une insertion du miscanthus déterminée par une pluralité de variables, de territoires et de niveaux d’organisation des

niveaux d’organisation des territoires

Le recensement de l’ensemble des critères de décision énoncé au sein des 144 règles de décision des enquêtés (cf. partie 2.2.2) montre que l’insertion territoriale du miscanthus se décide à partir de 76 critères de décision regroupables en 32 variables (cf. figure 6.5).

Nous avons ensuite regroupé ces variables, elles-mêmes de natures différentes, en 6 catégories (cf. figure 6.5). Ainsi, les critères d’insertion territoriale du miscanthus sont liés aux caractéristiques agronomiques de la parcelle (catégorie A), à sa géométrie (catégorie G), à ses conditions d’accès (catégorie C), à son voisinage (catégorie V), à ses caractéristiques foncières (catégorie F) et à ses caractéristiques environnementales (catégorie E). Ces catégories de variables ont été ordonnées selon l’occurrence des critères de décision de chacune d’elles, parmi les 144 règles de décision citées par les enquêtés (cf. tableau 6.5), considérant que l’occurrence apporte une indication possible de l’importance de ces catégories, pour l’ensemble des EA enquêtées. Ainsi, les caractéristiques agronomiques de la parcelle (catégorie A) constituent le groupe de variables décisionnelles le plus important, représentant 43% du total des occurrences des variables des 6 catégories (cf. tableau 6.5).

Occurrence des critères de décision issus des 144 règles de décision par catégories de variables (lignes) et par types de règles de décision I et NI (colonnes)

Catégories Implantables en misc (I) Non implantables en misc (NI) Total par catégories Part du total des règles

A « agronomie » 64 57 121 43% G « géométrie » 45 15 60 21% C « accessibilité » 34 12 46 16% V « voisinage » 20 11 31 11% F « statut foncier » 8 8 16 6% E « environnement » 8 0 8 3%

Total par types de règle 179 103 282* -

* Comme une même règle de décision peut être composée de critères de décision de catégories de variables différentes (ex : si taille de la parcelle = petite (catégorie G) ET si distance de la parcelle au siège d’EA = éloignée (catégorie C) alors…), il est normal que le total des occurrences des critères de décision des 6 catégories de variables (282) soit supérieur au total des règles de décision citées par les enquêtés (144).

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Graphique 6.1 : occurrence et classement des variables décisionnelles en fonction de la part de celles-ci parmi l’ensemble des 144 règles de décision citées par les enquêtés

Catégories Variables décisionnelles Codes

A

Régime hydrique du sol 5

Occupation du sol 1

Potentiel agronomique 3

Excès d’eau de la parcelle 14

Drainage du sol 6

G Taille de la parcelle 16

Forme de la parcelle 15

C Distance du siège d’EA 17

Largeur du réseau d’accès 21

V Voisinage arboré 24

Voisinage habité 25

F Statut foncier de la parcelle 30

L’usage pérenne de la parcelle 31

E Protection environnementale 32

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3.1.1. Les variables décisionnelles de l’insertion territoriale du miscanthus

Comme le montre la figure 6.5, l’importance de la catégorie A s’explique par le grand nombre de variables regroupées au sein de cette catégorie. Les critères de décision agronomiques reposent en effet sur 14 variables : les occupations du sol pour la parcelle considérée, l’usage structurant ou non de la parcelle (ex : parcelle appartenant à un bloc de cultures), le potentiel agronomique de la parcelle pour les cultures en place avant l’insertion du miscanthus, l’état sanitaire de la parcelle exprimé par son niveau d’enherbement, le régime hydrique du sol, les caractéristiques de son drainage, la profondeur du sol, son niveau de pierrosité, le comportement mécanique du sol (ex : terres lourdes), les conditions climatiques pesant sur la parcelle exprimées en termes de températures, la morphologie de la parcelle (ex : encaissée), son niveau de pente, son exposition et son niveau d’excès d’eau (ex : résurgences sourceuses, inondablilité par submersion). Outre le grand nombre de variables regroupées au sein la catégorie A, le graphique 6.1 montre que cinq variables ont été parmi les plus fréquemment citées par les enquêtés au travers de leurs règles de décision : il s’agit du régime hydrique du sol (variable citée pour 24% des règles de décision des enquêtés), de l’occupation du sol (17%), du potentiel agronomique de la parcelle (13%), du niveau d’excès d’eau (9%) et du drainage du sol (6%). La catégorie G, liée aux caractéristiques géométriques de la parcelle est quant à elle composée de seulement deux variables. En revanche, celles-ci ont un fort pouvoir

décisionnel puisque la taille et la forme de la parcelle arrivent respectivement au 1er et 5ème rang du

classement, représentant 29% et 12% de la totalité des règles de décision (cf. graphique 6.1).

Comme pour la catégorie A, la catégorie C liée aux conditions d’accès de la parcelle repose sur un grand nombre de variables (7 variables), dont deux appartenant aux dix premiers rangs du classement (cf. graphique 6.1). L’insertion du miscanthus dépend en effet de la distance de la

parcelle au siège d’EA (4ème rang), mais aussi et dans une moindre mesure, de la distance de la

parcelle à l’usine et aux autres parcelles du miscanthus (21ème rang). Aux critères de distances,

s’ajoutent également des critères de largeur du réseau d’accès (chemins et routes) jusqu’à la parcelle

(9ème rang), des critères de carrossabilité de ces chemins (16ème rang), de largeur d’éventuels

obstacles de franchissement (ex : portail, pont) et moins spécifiquement, de la présence ou non d’un

de ces obstacles sur le réseau d’accès (16ème et 21ème rang).

L’insertion du miscanthus selon le voisinage de la parcelle (catégorie V) repose sur 5 variables, dont 2 appartenant également aux dix premiers rangs du classement (cf. graphique 6.1). Parmi elles, le

voisinage arboré, i.e. l’adjacence de la parcelle à une forêt ou un bois, représente une variable

décisionnelle importante, classée au 7ème rang. L’adjacence de la parcelle aux habitations (voisinage

habité) est également une variable décisionnelle importante, classée cette fois-ci au 9ème rang. Les 3

autres variables, moins représentatives de l’ensemble des règles de décision des enquêtés (21ème

rang) sont l’adjacence de la parcelle à un cours d’eau (voisinage hydrographique), l’adjacence de la parcelle à certaines cultures agricoles (vignes) et à d’autres types de voisinage (marais).

Enfin, l’ensemble des variables de la catégorie F, liées au statut foncier et à la pérennité de l’usage foncier, et de la catégorie E, liées à la protection environnementale de la parcelle, appartient aussi aux dix premiers rangs du classement (cf. graphique 6.1).

L’insertion territoriale du miscanthus est donc décidée à partir de 32 variables décisionnelles liées majoritairement aux caractéristiques agronomiques de la parcelle, à sa géométrie, à son accessibilité, à son voisinage, à son statut foncier et à sa protection environnementale. Parmi ces variables, un noyau de 14 variables représentent plus de 5% des règles de décision des enquêtés (cf. tableau 6.6). Dans la suite de l’analyse des résultats des enquêtes, nous avons donc accordé une attention particulière pour ces 14 variables décisionnelles.

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3.1.2.Les niveaux de décision et d’organisation du territoire liés à l’insertion territoriale du miscanthus

Le recensement des critères de décision et par suite, des variables décisionnelles, présenté dans la partie précédente montre bien que les décisions spatialement explicites de l’insertion territoriale du miscanthus sont prises au niveau de la parcelle. Ce recensement montre aussi que les décisions prises au niveau de la parcelle intègrent dans leur choix deux niveaux d’organisation du territoire. Le premier niveau d’organisation du territoire est bien évidemment celui de la parcelle. Les variables que nous afférons alors à ce niveau correspondent à celles qui peuvent être bornées aux limites de la parcelle, autrement dit, aux variables qui décrivent les caractéristiques intrinsèques de celle-ci. Ces variables concernent par exemple le régime hydrique du sol et les caractéristiques environnementales de la parcelle.

A contrario, les variables qui décrivent les relations entre la parcelle et le reste du territoire, et qui ne

peuvent donc pas être bornées aux limites de la parcelle, sont considérées comme les descripteurs de caractéristiques extrinsèques de la parcelle (ex : distance de la parcelle au siège d’EA). Compte tenu de l’absence de territoire plus englobant que celui de l’EA pris en compte dans les variables décisionnelles des enquêtés, le deuxième niveau d’organisation auquel nous nous référons ici est donc celui du territoire de l’EA.

Notons que l’existence de ces deux niveaux d’organisation du territoire intégrés au niveau de décision de la parcelle a eu d’importantes conséquences en termes de modélisation par RàPC (cf. chapitre 7).

3.1.3.L’organisation des territoires à potentiel d’insertion du miscanthus

Le graphique 6.2 représente le potentiel d’insertion territoriale du miscanthus pour chaque critère de décision (au nombre de 76) pour l’ensemble des variables décisionnelles (au nombre de 32, cf. figure 6.5). Ce potentiel est décliné en deux catégories : la catégorie « implantable en miscanthus » représentée en bleu et la catégorie « non implantable en miscanthus » représentée en brun.

Le graphique permet alors d’identifier d’un seul coup d’œil l’unanimité ou l’ambivalence du discours des enquêtés quant à chaque critère. Ce graphique montre plus particulièrement qu’aucun critère n’est largement dominant. En effet, les 8 critères les plus fréquemment cités sont des critères dont les postures sont ambivalentes, ce qui ne donne pas de conclusions univoques sur le lien entre ce critère et l’implantation du miscanthus (cf. tableau 6.7). Ainsi, à l’exception des 8 variables décrites dans le tableau 6.7, ce graphique permet aussi d’identifier une distribution des règles de décision qui est globalement homogène et nivelée en dessous de 5% du total des règles de décision citées par les

enquêtés (i.e. en dessous de 7 règles de décision). Ainsi, ce graphique montre que les règles de

décision sont très contrastées.

Variables décisionnelles Critères de décision nb règles de décision % du tot des règles Potentiel

occupation du sol jachère 17 0,12 ambivalent

potentiel agronomique mauvais 8 0,06 ambivalent

régime hydrique du sol hydromorphe 8 0,06 ambivalent

régime hydrique du sol séchant 11 0,08 ambivalent

excès d'eau inondable 9 0,06 ambivalent

taille petit 28 0,19 ambivalent

distance au siège d'EA loin 19 0,13 ambivalent

voisinage arboré bois 11 0,08 ambivalent

156 Le graphique 6.2 montre donc la difficulté d’une interprétation des décisions, qui sont une combinaison des règles de décision, à partir d’un unique recensement quantitatif des critères de décision. Il montre plus particulièrement la nécessité d’analyser l’articulation de ces critères au sein d’une même règle de décision. Pour rappel 51% des 144 règles de décision des enquêtés sont

multicritères et décrivent à elles seules 76% des règles spatialement explicites (cf. partie 2.2.2), i.e.

celles qui nous intéressent a priori le plus pour construire un modèle spatialement explicite (cf.

chapitre 7).

Or les règles de décision multicritères et spatialement explicites, composées d’un nombre de critères de décision variable, sont aussi caractérisées par une combinaison très disparate de critères de décision. Cette disparité montre qu’il n’y a pas de combinaison de critères à tendance majoritaire, ni même de sous-ensemble de variables décisionnelles commun. Ceci montre bien que les territoires d’insertion du miscanthus sont très hétérogènes et qu’un même critère de décision pour un même enquêté peut à la fois être favorable à l’insertion du miscanthus pour une certaine combinaison de critères (donc pour un certain contexte territorial de la parcelle) et défavorable dans un autre. Les ambivalences lues dans le graphique 6.2 relèvent donc d’ambivalence de potentiel d’insertion du miscanthus pour le critère de décision en lui-même, selon les enquêtés, mais aussi pour le contexte territorial d’ensemble de la parcelle. Ceci confirme bien que les décisions d’insertion territoriale du miscanthus sont prises au niveau de la parcelle (cf. partie 3.1.2) et ceci montre aussi qu’il faut bien modéliser ces décisions au cas par cas.

Comme nous l’avons déjà expliqué dans le chapitre 3, le raisonnement à partir de cas a été retenu pour sa capacité à modéliser un phénomène au cas par cas. En revanche, comme nous l’avons signalé aussi, le RàPC nécessite d’importantes connaissances, comme les connaissances d’adaptation pour transférer un potentiel d’insertion du miscanthus d’une parcelle à une autre. Autrement dit, il est

nécessaire de comprendre a minima l’origine des ambivalences de potentiel pour chaque critère de

décision et l’origine des sous-ensembles de variables décisionnelles prises en compte.

Pour obtenir ces connaissances, nous devons donc rentrer au cœur du processus de décision des enquêtés.