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DES INITIATIVES SOCIALES ET SOLIDAIRES Il s’agit dans cette partie 2 de faire la synthèse des données récoltées et analysées via la grille

4.1.1. A NALYSE DE 277 INITIATIVES TRES VARIEES

4.1.1.2. D ES INITIATIVES QUI TENDENT A SE DEROULER DANS UN CADRE PRIVE

A ce stade, nous raisonnons par rapport au champ principal de l’initiative, écartant les champs secondaires. Nous retrouvons ainsi notre panel de 277 initiatives. En effet, nous avons choisi de croiser notre étude sur les pratiques avec les structures qui portent éventuellement ces initiatives. Si une même initiative comporte des pratiques s’inscrivant dans plusieurs champs, la structure porteuse ne varie pas. Il nous paraît ainsi pertinent d’éviter les doublons de structures, et ainsi, de ne traiter que du champ principal.

- 67% de portage des initiatives dans un cadre privé

Graphique 4 : Portage des initiatives sociales et solidaires

L’analyse des structures porteuses des initiatives dans le Graphique 4 montre que 67 % des structures sont portées dans une sphère exclusivement privée (individus et groupes dans un cadre privé) ; tandis que 24 % le sont par le secteur public, le restant résulte d’une coopération public/privé (ou d’une absence d’information pour 3 d’entre elles). Notons ici que toutes les initiatives recensées justifient d’un portage, même celles qui ne disposent d’aucune structure. Mentionnons par exemple le fleurissement d’une commune avec la rénovation du village : l’impulsion a été donnée par le maire et les conseillers tout en s’appuyant sur des personnes privées (habitants). Nous estimons qu’il s’agit dans ce cas d’un portage mixte.

L’indicateur est ici intéressant car il présente la diversité des initiatives : ni exclusivement publiques, ni exclusivement privées, les initiatives sociales et solidaires existent au sein de différentes sphères. Cependant, les « vraies » coopérations public-privée (c’est-à-dire des coopérations où les sphères publiques et privées seraient réellement coacteurs) semblent plus rares dans le domaine des initiatives sociales et solidaires. 1% 8% 67% 24% Inconnu Mixte Privé Public

Amélie Lefebvre Chapitre 4 - 48% des initiatives sont portées par des associations

Sphère Structure Somme

Inconnu 3 Mixte Informel 6 Multiples 15 Privé Association 132 Entreprise 22 Inconnu 1 Informel 10 Structure éducative 5 Coopérative 15 Public Intercommunalité 25 Mairie 43 Total 277

Tableau 29 : Les structures porteuses des initiatives

A la lecture du Tableau 29, nous pouvons tout d’abord noter la part importante des associations : 48% des initiatives sociales et solidaires recensées ont lieu dans un cadre associatif (pour 132 initiatives). Un chiffre qui n’est toutefois pas surprenant, compte tenu du rôle historique des associations en matière de solidarités sociales. Notons que 13% des initiatives sont portées par des entreprises privées (entreprises ou coopératives). Les structures éducatives qui entrent dans cette sphère sont des écoles privées.

24% des initiatives sociales et solidaires se tiennent dans un cadre public, c’est-à-dire qu’elles sont initiées par des mairies (43 initiatives) ou des intercommunalités (25 initiatives).

Enfin, près de 8 % des initiatives se déroulent dans le cadre de coopération public-privé : certaines restent informelles tandis que d’autres pratiques s’appuient sur de multiples cadres (cas notamment de festivités).

Amélie Lefebvre Chapitre 4 - Des structures adaptées aux pratiques

Sphère Public Privé Mixte

NC* Total Structure Interco. * Mairie Asso. * Entr. * NC* Inf.* Educ. * Coop. * Inf. * Multi*

Rencontre 6 4 32 2 - 2 2 - - 1 1 50 Collectif 1 - 25 3 - - - - 1 1 - 31 Activités hab. - 2 14 1 - - - 17 Festivités 1 14 25 - - 4 1 - 1 5 1 52 Acc. de porteurs de projets 1 - 3 2 - - - 1 7 Entraide 12 10 14 5 1 2 1 14 1 1 - 61 Echanges non monétaires - - - 2 - - 1 - - 3

Am. lieu de vie 1 5 8 - - - 1 - - 15

Tradition locale - 3 3 1 - - - - 1 4 - 12

Mobilisations 3 5 5 - - - 1 1 - 3 - 18

Service itinérant - - 3 8 - - - 11

Total 25 43 132 22 22 1 5 15 6 15 3 277

*Intercommunalité, Association, Entreprise, Non communiqué, Informel, Structure Éducative, Coopérative, Multiples structures Tableau 30 : Champs de pratiques à la lumière des sphères et structures des initiatives

Remarquons de prime abord dans ce Tableau 30 que les pratiques relatives à la sociabilité recensées sont principalement abritées par des associations : 32 pratiques de rencontres et d’interconnaissance et 25 collectifs.

Les activités pour les habitants (apprenant au champ des pratiques d’animations territoriales) sont majoritairement portées par des associations. En revanche, les festivités présentent des portages divers : 25 initiatives publiques, 30 initiatives privées et 6 initiatives mixtes. Notons que les fêtes s’organisent soit par les mairies, soit par des associations.

Les pratiques relatives à la solidarité relèvent de la sphère publique (22 initiatives d’entraide), mais aussi privée : 14 d’associations interviennent dans les pratiques d’entraide et 14 coopératives (principalement des CUMA).

Enfin, en ce qui concerne la prise en compte de thématiques relatives au lieu, notons que l’aménagement du cadre de vie tient pour moitié à des initiatives d’associations, et 5 initiatives sont portées par des mairies. L’entretien des traditions locales se répartit entre multiples structures (pour 4 d’entre elles il s’agit de fêtes traditionnelles qui se trouvent coorganisées entre plusieurs structures), des mairies ou des associations (surtout des jeux traditionnels). Les mobilisations autour d’un élément du territoire se déroulent dans une sphère publique ou sont portées par des associations privées. Enfin, les services itinérants sont ici relatifs à des commerces ambulants.

Amélie Lefebvre Chapitre 4 - De l’intérêt d’une structure porteuse

Certaines initiatives sociales et solidaires se dotent d’une structure qui sert de facilitateur : c’est-à-dire qu’il donne une assise et de l’assurance aux individus. « On est légal et on a plus de force quand on est une association » (Entretien avec une présidente d’association, 15/04/2015, Vertain).

Nous pouvons également remarquer que la structure se présente parfois comme un support aux initiatives : c’est le cas par exemple d’un bâtiment dédié aux initiatives. Le support est plus ou moins souple : un bâtiment peut être réservé aux associations quand un autre est ouvert à tous les habitants du

territoire.

Les individus peuvent également s’affranchir du cadre. Prenons l’exemple de l’association La Sportlesmoise. Derrière un nom d’association sportive, les festivités organisées vont bien au- delà : fêtes des mamans, 14 juillet, téléthon, etc. et surtout la ronde du hibou, un événement sportif et ludique qui se déroule à travers toute la communauté de communes (Photo 2).

Photo 2 : Affiche annonçant la ronde du hibou, source : Page Facebook de l’association La Sportlesmoise

Ainsi, ce cadre peut être plus ou moins activé selon les cas : simple support ou véritable construction. Il peut également évoluer au fil du temps : c’est le cas par exemple de certaines festivités reprises par la mairie.

- La faible présence des initiatives sans structure au sein du recensement

Peu d’initiatives recensées n’ont pas de structure (6%).Pour autant, les initiatives sociales et solidaires les plus proches du quotidien n’ont pas de cadre : l’aide ponctuelle au voisin âgé, le regroupement de conduites scolaires, etc. Nous voyons deux explications à cette faible présence au sein du recensement. Ces initiatives sont les plus difficiles à appréhender et nécessiteraient une échelle plus fine que celle

Amélie Lefebvre Chapitre 4 que nous avons choisie, à savoir des bassins de vie comprenant parfois de nombreuses communes. Détecter des initiatives informelles aurait nécessité un focus à une grande échelle. De plus, ces sociabilités ont un caractère plus sporadique : elles peuvent être très ponctuelles (par exemple, une course pour dépanner) et ne pas se reproduire dans le temps. Elles peuvent également s’ancrer dans le temps (exemple d’une habitude de covoiturage pour conduire des enfants à l’école) ou se transformer. Leur labilité les rend ainsi plus difficilement appréhendables pour un observateur extérieur et nécessite de passer un temps long sur le territoire.

- En conclusion : Les initiatives sociales et solidaires, des pratiques et non des structures

La structure en elle-même ne désigne pas une initiative sociale et solidaire : nous récusons qu’une école, une tournerie ou toute action municipale puissent être en soi des initiatives sociales et solidaires. De même, une école peut nous être désignée comme source d’initiative sans que toutes les écoles ne le soient – ou nombre d’écoles auraient dû être recensées – et même si toutes les initiatives sociales et solidaires présentes sur les terrains n’ont pas été recensées.

Mais il faut néanmoins remarquer que la grande majorité de ces initiatives sociales et solidaires recensées s’appuient sur une structure porteuse. Elles sont donc formalisées. L’informel reste dans notre étude très marginal (avec cette nuance de ne pas avoir pu toutes les recenser, comme indiqué précédemment). Ce point nous permet d’insister sur un trait fondamental des initiatives sociales et solidaires : elles désignent des pratiques et non des structures. Au final, la structure porteuse (ou son absence) importe peu : ce sont les pratiques qui font l’initiative.