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L ES CONSEQUENCES DE LA CARACTERISATION DES INITIATIVES SOCIALES ET SOLIDAIRES COMME SERVICES SOCIOSYSTEMIQUES TERRITORIALISES

SOCIOSYSTEMIQUES TERRITORIALISES

2.2.3. L ES CONSEQUENCES DE LA CARACTERISATION DES INITIATIVES SOCIALES ET SOLIDAIRES COMME SERVICES SOCIOSYSTEMIQUES TERRITORIALISES

Identifier les initiatives sociales et solidaires comme des services sociosystémiques territorialisés permet de se pencher sur leur implication dans le bien-être des individus au sein des territoires (3.3.1). Participant à la qualité de vie, les initiatives participent ainsi du vivre-ensemble (3.3.2).

2.2.3.1.D

ES INITIATIVES AU SERVICE DU BIEN

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ETRE OU MIEUX

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ETRE

- La mesure du bien-être au sein des territoires, une préoccupation scientifique récente

Cette notion de bien-être territorial a fait l’objet d’un colloque le 20 février 2015 à La Défense, organisé par le Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, qui s’intitule Le bien-être territorial en France : de la mesure à l’action, pour une société plus durable. Le constat est d’indicateurs économiques insuffisants avec notamment, la perte de pertinence du PIB dont la croissance n’est pas une condition au développement humain (Laurent, 2016).

L’autre raison d’être de ces indicateurs de bien-être tient à une prise en compte de plus en plus importante du territoire dans la littérature économique qui traite du développement (Davezies, 2008). Plusieurs arguments complémentaires sont avancés : le territoire permet une adaptation locale aux

Amélie Lefebvre Chapitre 2 crises, le local apparaît comme un espace légitime à certains défis, permettant un projet partagé autour du vivre-ensemble (Jany-Catrice, 2016). De fait, les chercheurs, notamment économistes, s’interrogent sur un indicateur de bien-être au niveau local.

- Une mesure à appréhender collectivement et localement

La mise en place d’un tel indicateur est délicate quant à l’usage qui en sera fait. Car mettre en place une mesure du « bien-être », c’est aussi laisser présager des territoires de « mal-être » : l’impact sur les représentations collectives peut être très néfaste pour les espaces concernés. La mise en place d’un tel indicateur doit semble-t-il être accompagnée d’un portage sociopolitique volontaire autour d’une prise en charge collective du développement territorial.

Le bien-être une notion à la fois objective et subjective, il désigne « ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue » (Laurent 2016), une « situation matérielle qui permet de satisfaire les besoins de l’existence » (Dictionnaire Culturel En Langue Française 2006). L’évolution des recherches sur le sujet a montré que la croissance économique ne conduit pas au bien-être, tout en démontrant l’importance des processus subjectifs (Pawin 2014). Ceci étant, les travaux de l’INSEE sur les indicateurs de qualité de vie cherchent des mesures objectives à décliner localement (Reynard 2016) : or, il paraît difficile de faire l’économie de l’appréhension des individus et des groupes de la vie au sein de leurs territoires. De fait, la mesure de ce bien-être avec les acteurs des territoires peut constituer une voie possible (Jany-Catrice 2016).

- Des initiatives sociales et solidaires qui participent au bien-être

La thèse n’a pas pour objet de mesurer le bien-être territorial. La réflexion que nous portons se situe en amont de ces processus, à l’étude de dynamiques locales dont on ne sait si elles pourront être un jour mesurées. Cependant, la question du bien-être irrigue nos réflexions : l’idée est de tenter d’appréhender l’implication des initiatives dans le bien-être au sein des territoires à travers la notion de service sociosystémique.

Nos précédents développements laissent présager qu’elles peuvent apporter des réponses à la recherche du bien-être territorial. En effet, l’hypothèse d’initiatives comme des services sociosystémiques territorialisés est posée par les agréments fournis par les initiatives territoriales. De fait, nous pouvons supposer qu’elles procurent du bien-être aux habitants des espaces concernés.

Amélie Lefebvre Chapitre 2

2.2.3.2.D

ES INITIATIVES QUI PARTICIPENT DU VIVRE

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ENSEMBLE

Le vivre-ensemble est un construit social qui nécessite l’implication de tous les individus, et les initiatives sociales et solidaires sont un moyen d’y concourir.

- Des acteurs en construction d’une identité

La diversité des situations, des parcours individuels, des appartenances, des valeurs, des modes de pensée des individus conduit à la construction d’identités multiples et diverses. L’identité est une construction évolutive, et un processus social complexe. La diversité est une vraie richesse, qui pose toutefois assez nettement la question de la coexistence possible sur un espace limité. On retrouve ici la co-construction entre acteurs et territoire : les hommes fabriquent le territoire, ce dernier devenant une « composante identitaire du groupe qui le façonne » (Di Méo 1998).

- Exclusion, ségrégation : des ajustements complexes avec l’espace

La mise à l’écart de certains individus ou de certaines communautés fait partie des discriminations socio-spatiales fréquentes, conscientisées ou non. Elles vont des plus visibles et symboliques (le refus d’accueillir certaines populations par exemple), aux plus banalisées voir entrées dans les normes (la limitation de l’accès à certains espaces verts par leur caractère payant a pour conséquence la mise à l’écart de nombre d’individus à faibles revenus) : les processus sont polymorphes. Les sociologues ayant travaillé sur la question s’accordent sur le rôle de l’emploi, constituant un facteur d’intégration fort dans la vie collective (Schnapper 1991).

« Partie prenante du système social et culturel, elle la pauvreté est largement atténuée au plan symbolique comme au plan matériel par la solidité et l’efficacité des réseaux de solidarité primaires. » (Perrier-Cornet, Sencebé, and Sylvestre 1997). Ces réseaux de solidarité sont, de notre point de vue, vecteurs de ce que nous avons appelé initiatives sociales et solidaires. Il apparaît ainsi que nos initiatives participent des processus d’intégration spatiale.

- Des initiatives sociales et solidaires pour faciliter la vie en société

Le postulat de ce travail est que les difficultés de la vie en société ne sont pas irrémédiables : le « vivre-ensemble » est une construction sociale et peut être l’objet d’un apprentissage. Les initiatives sociales et solidaires, comme actes du quotidien portés par des individus, constitueraient des manières (parmi d’autres) de favoriser ce vivre-ensemble.

« C’est la question politique de la gestion de la coprésence de groupes, à la fois voisins et dissemblables, mais mobilisés par un même souci pacifique de réussite et dotés de chances équivalentes pour y parvenir. Outre que cette dernière condition reste difficile à remplir, régler cette cohabitation n’est pas une mince affaire ! » (Di Méo 2014). Les individus sont en construction d’une proximité sociale à travers les initiatives sociales et solidaires : les statuts, la catégorie

Amélie Lefebvre Chapitre 2 socioprofessionnelle peuvent être transcendés. La construction d’une identité commune est favorisée grâce au projet.

Pour conclure, les initiatives sociales et solidaires définies comme des services sociosystémiques territorialisés se posent au cœur d’enjeux contemporains de société : les questions de bien-être et du « vivre-ensemble » en sont particulièrement révélatrices.

2.3.

LES INITIATIVES SOCIALES ET SOLIDAIRES COMME CAPITAL

SOCIAL TERRITORIALISE, UNE POTENTIALITE POUVANT DEVENIR

RESSOURCE TERRITORIALE ?

En quoi les maillages de solidarités de proximités (caractérisant la présence d’initiatives sociales et solidaires) constituent-ils un capital social territorialisé ? Plus spécifiquement, nous nous poserons ici la question des initiatives sociales et solidaires comme ressources territoriales. En quoi ces initiatives de solidarités sociales pourraient-elles devenir des ressources territoriales ?