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1. PROBLÉMATIQUE

1.3 L’organisation de l’accueil des réfugiés au Canada et au Québec

1.3.1 Initiatives communautaires

L’organisation communautaire est un ensemble de travaux théoriques et d’actions concrètes qui guident des pratiques sociales dans de nombreux pays. En particulier, elle préconise une approche collective des problèmes sociaux rencontrés par des individus et par des groupes. (Baillergeau, 2007, p.98)

Pour nombre d’immigrants tels que les réfugiés, les modalités d’accueil et la manière dont ils sont reçus dans le nouveau pays a une incidence sur le processus d'acclimatation et l’attitude face à ce pays (Bertot & Jacob, 1991). Dans bien des cas, les familles des réfugiés tissent leurs premiers liens à l'égard de la société d’accueil à l’intérieur des organismes communautaires. Certains centres communautaires ont comme mission l’intégration, l’établissement et l’installation de ces immigrants. Au Québec, le mouvement communautaire joue un rôle alternatif et complémentaire aux institutions étatiques (Jetté, 2007). Les pratiques d’actions communautaires visent la cohésion sociale dans le sens où elles agissent souvent comme une passerelle entre différents espaces sociaux et où, parfois, plusieurs sphères se côtoient (famille, école, quartier, etc.). De plus, constituant un lieu d’inclusion, le secteur communautaire représente une force auprès des groupes marginalisés et discriminés, ce que les réfugiés sont susceptibles de devenir (Godin, 1999; Ulysse & Lesemann, 2004). Actuellement au Québec, l’action communautaire se voit aussi confier d’autres missions qui vont au-delà des interventions directes sur le terrain. Parfois, le rôle du milieu communautaire peut relever de la prise en charge d’un pouvoir public en mettant en place des tables de discussion et le travail de mobilisation afin de débattre et de sensibiliser aux nouvelles problématiques (Baillergeau, 2007).

Au sein de la nouvelle société, le réfugié est confronté à de multiples défis pour parvenir à son établissement et éventuellement son intégration, d’autant plus s’il ne parle pas la langue officielle du pays hôte (Godin, 1999; Osorio Ramírez, 2008). Les

organismes communautaires s’engagent alors à répondre à certains besoins en offrant des services auprès des clientèles notamment en situation de précarité et de vulnérabilité et à leur porter assistance (Godin, 1999). À la lumière de la problématique de l’exil, les actions visent surtout à faciliter l’entrée et l’insertion sociale dans la société hôtesse (Bertot & Jacob, 1991). Selon Saillant, le milieu humanitaire, dont les organisations communautaires, devrait former un circuit multidimensionnel, dont les actions interagissent à différents fronts et de concert avec les institutions sujettes à intervenir dans l’identité et l’intégration du réfugié, et qui permettent de considérer le réfugié comme futur citoyen et non pas comme victime (Saillant, 2007). D’ailleurs, même si plusieurs applaudissent les services dans l’accueil dès l’arrivée des réfugiés au Québec, d’autres doutent que ces derniers soient suffisants pour engager pleinement la famille réfugiée dans un processus de réinstallation et d’intégration. Il convient alors de se préoccuper non pas que des besoins d’urgence chez les familles réfugiées qui surviennent durant la première année d’arrivée, mais de faire un suivi continuel et d’établir des liens à tous les niveaux (Osorio Ramírez, 2008).

Étant les premiers contacts avec la nouvelle société, les organismes communautaires sont amenés à couvrir plusieurs fonctions d’intervention quant à l’installation et l’adaptation (Osorio Ramírez, 2008). Voici une liste non exhaustive des quelques objectifs (Bertot & Jacob, 1991; Godin, 1999):

• Offrir une première expérience positive du pays hôte;

• Informer la clientèle des ressources offertes dans la communauté quant aux structures sociales, économiques et politiques;

• Faciliter l’intégration culturelle et sociale en informant des codes de la société d’accueil;

• Encourager la participation à la vie sociale en promouvant le rapprochement entre le réfugié et/ou le demandeur d’asile et le pays hôte;

• Assurer un soutien psychosocial et un accompagnement de manière personnalisée;

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On retrouve au Québec, et principalement à Montréal, bon nombre d’établissements qui veillent à l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants et certains d’entres eux sont spécifiquement réservés aux réfugiés et revendicateurs de statut : c’est le cas, entre autres, du RIVO (Réseaux d’intervention auprès des personnes ayant subi la violence organisée), du CSAI (Centre social d’aide aux immigrants), du CEJFI (Centre d’encadrement pour jeunes femmes immigrants) ou des résidences du YMCA.

D’ailleurs, les résidences du YMCA offraient un programme spécifique aux demandeurs d’asile, aux réfugiés et aux adolescents, Jardin Couvert – volet jeunes. Le Jardin Couvert, situé à l’intérieur du « Y » au centre-ville de Montréal, regroupait des intervenants et des bénévoles apportant une aide aux réfugiés et demandeurs d’asile dans des situations de crise. Le programme s’adressait spécialement aux réfugiés et demandeurs d’asile qui arrivent et doivent se trouver un endroit où résider le temps de s’installer. Cet établissement prenait en charge ces immigrants dès leurs premiers jours au Québec jusqu’à leur installation dans un logement, soit environ un mois. Durant le séjour, les acteurs sociaux offraient un soutien aux jeunes et à leur famille notamment en accompagnant les parents dans leurs démarches administratives d’immigration. Le programme permettait aussi de sensibiliser les réfugiés et demandeurs d’asile à la société québécoise par l’entremise d’ateliers d’informations sur les codes de la société et sur les ressources offertes dans la communauté avoisinante. Toutefois, à cause des nouveaux changements législatifs survenus à l’été 2009, le programme est sérieusement mis en péril bien qu’il répondait à des besoins importants.

Quant au RIVO, il représente un réseau de thérapeutes et de travailleurs sociaux offrant un suivi psychosocial pour les personnes ayant subi une expérience de

violence organisée. Une équipe d’acteurs (psychologues, massothérapeutes, psychiatres, etc.) œuvrent dans cet organisme afin d’assurer un soutien clinique individuel à toute personne affectée par la violence organisée, dont les jeunes réfugiés, mais aussi pour conscientiser la communauté intervenante au vécu des réfugiés et demandeurs d’asile, dans le cadre de diverses actions de sensibilisation.

Le CSAI est un organisme d’accueil et d’accompagnement qui reçoit, de manière plus large, les immigrants de toutes catégories. Contrairement au programme du YMCA, un suivi peut être effectué à plus long terme, jusqu’à cinq ans après l’arrivée au Québec, toutefois les intervenants priorisent les services aux nouveaux arrivants. Ils sont reconnus pour offrir une panoplie de services avec l’aide d’une équipe de plusieurs interprètes. Les services vont de l’assistance technique à des interventions psychosociales, et ce, pour toute la famille.

Organisme communautaire depuis 2001 situé dans le quartier de St-Laurent, le CEFJI est destiné aux jeunes femmes immigrantes. Dans leur rapport 2009-2010, nous pouvons lire que le centre a pour mission « d’œuvrer à l’intégration sociale, économique, culturelle et civique des jeunes femmes immigrantes de 12 à 35 ans, en favorisant une approche interculturelle. » Ce qui implique la mise sur pied de plusieurs services d’aide psychologique, d’accompagnement personnalisé aux jeunes femmes et aux familles, d’activités destinées plus spécifiquement aux jeunes filles de 12 à 17 ans pour contribuer à une image plus égalitaire de la femme, de référence à des ressources pertinentes selon les besoins et de service de dépannage alimentaire presque toutes les semaines, pour ne nommer que ceux-ci.

Plusieurs publications internationales déclarent la nécessité de porter une attention spéciale et soutenue aux jeunes réfugiés (Kirk, 2002b; Unicef, 2008). Les enfants et les adolescents issus de l’exil font partie d’un groupe vulnérable et c’est dans le but

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de mieux répondre à leurs besoins particuliers que certains organismes proposent des services de soutien et d’encadrement. Arrivés au Québec, ces jeunes réfugiés peuvent devoir mener de front certains défis, entre autres :

• Les démarches administratives pour régulariser leur situation, surtout quand ils ont demandé asile sur place et non à partir d’un pays de transit;

• Le deuil de leurs proches qu’ils n’ont pas pu faire dans la précipitation du départ et l’attente dans les camps;

• Le processus d’adaptation à une nouvelle société et l’apprentissage d’une nouvelle langue. (Azdouz, 2003) p.14

Les réseaux d’accueil permettent de mettre en place une ligne d’actions en fonction des carences et des nécessités chez ces jeunes.