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Un système d'information ne se réduit pas à un système informatique. Une bibliothèque au sein d'un centre de recherche, des revues spécialisées, l'organisation de réunions participent à la vie des systèmes d'information. (Guyot 2002) rappelle cependant que l'information n'est pas une fin en soi et qu'elle accompagne une activité. Sa prolifération au sein même d'une organisation la rend de plus en plus difficile d'accès. L'informatisation est une réponse à cette difficulté. (Reix 2004) constate également que la notion de système d'information s'est développée à partir de l'apparition des premiers ordinateurs dans les entreprises.

E.1 Système d'information et type d'application informatique

Dans les applications informatiques de gestion, (Reix 2004) distingue la typologie qui suit:

Les applications fonctionnelles

Elles répondent aux traitements des tâches répétitives et facilement numérisées. Les outils comptables ont été les premières applications à se développer dans les entreprises. Ils ont été suivis par des outils pour la pratique commerciale et la production.

Les applications d'aide à la décision

Lorsque plusieurs options sont possibles, ces applications aident à la prise de décision. Un outil aide à la décision si cet outil est en mesure de traiter l'ensemble des données et éventuellement des connaissances qui participent à la prise de décision. Ces outils ont plusieurs niveaux de complexité. Un simple tableau de bord aux données ciblées, rédigé dans une feuille de calcul du type d'Excel, sert de support aux prises de décisions. Plus usuellement, dans certaines communautés, un outil d'aide à la décision comprend un objectif, une règle d'action et une évaluation. L'action est déclenchée à partir d'une valeur seuil d'un indicateur. Ce formalisme peut être intégré dans un outil informatique. Un autre outil, réservé à des spécialistes, "l’entrepôt de données" autrement nommé datawarehouse ou

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infocentre stocke des volumes de données importants. Une fois ces données traitées, les dirigeants s'en servent pour orienter leurs décisions.

Les applications d'aide à la communication

La communication est de nature interne ou externe à l'organisation. L'aide au travail en groupe par des outils comme la visioconférence, l'échange des données numérisées, des sites internet sont des outils d'aide à la communication interne ou externe. La communication interne participe à la coordination entre les acteurs d'une même organisation. En cohérence avec les objectifs de l'organisation, la communication diffuse de l'information vers un public ciblé.

Les applications d'aide à la gestion de connaissances

Ces applications aident à créer, stocker, diffuser et mettre à jour les connaissances. Le CHAPITRE II : ETAT DE L’ART SUR LA GESTION DES CONNAISSANCES explicite le fonctionnement de ces types d'outil.

Ces différents types d'applications peuvent cohabiter dans une même organisation. Ils construisent une partie de son système d'information.

E.2 Lien entre type d'application informatique et type d'information

Nous proposons de croiser cette typologie des applications informatiques de gestion avec la trilogie des données, informations et connaissances dans le Tableau I-6. Le résultat produit exprime le type de contenu qui est traité majoritairement par l'application.

Ce croisement est discriminant. Nous pourrions cependant discuter du besoin éventuel de données ou d'informations pour les outils d'aide à la gestion des connaissances. Le travail bibliographique réalisé au paragraphe II-2 sur LA GESTION PATRIMONIALE DES CONNAISSANCES montre qu'ils mobilisent des connaissances pour l'essentiel. De même, des connaissances se retrouvent encapsulées dans des applications fonctionnelles. Le calcul repose en effet sur des algorithmes et des règles qui incorporent de la connaissance. Cependant le logiciel fonctionnel ne manipule pas directement ces connaissances pendant ce calcul. Les applications qui seraient alimentées soit par le couple données-informations soit par le couple informations-connaissances n'apparaissent pas. Dans le tableau ci-dessous, les informations alimentent uniquement les outils de communication.

Type de contenu Donnée Information Connaissance Types d'applications

informatiques

Fonctionnel Oui - -

Aide à la décision Oui - Oui

Aide à la communication Oui Oui Oui

Aide à la gestion des

connaissances - - Oui

Tableau I-6: contenu en données informations connaissances des types d'applications informatiques de gestion

E.3 Mise en cohérence d'un système d'information

Dans le paragraphe I-2-1C.3 , la confrontation de la composante organisationnelle et de la composante informationnelle a mis en évidence que la multiplication des applications

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informatiques était un mal nécessaire au sein d'une organisation. Pour être productive, la contrepartie de cette diversité est à rechercher dans sa mise en cohérence. L'urbanisation d'un système d'information est une solution pour construire cette cohérence. Elle part de l'existant sans tout recasser (Reix 2004). Dans un grand ensemble fonctionnel, l'urbanisation définit des sous-ensembles où les applications sont fortement reliées entre elles. Des applications distinctes exploitent souvent les mêmes objets. Les objets identiques sont à identifier comme tels d'une application à l'autre. De plus, afin de garantir un minimum d'efficience, ces mêmes objets ne devraient être saisis qu'une seule fois. Les deux principes d'identification des objets et de standardisation des échanges participent à cette intégration d'applications.

Identification des objets: le premier principe est de faire référence à des objets dont les identifiants sont reconnus par l'ensemble des acteurs. Ces objets portent des informations variables selon les applications. Mais grâce à leurs identifiants communs, il est possible de les mettre en correspondance. Ces objets sont stockés dans des bases de références.

Standardisation des échanges: le second principe est d'échanger des données à partir d'un langage standard reconnu également par tous les acteurs. Ce standard définit des objets et leurs liens. Les objets utilisent bien entendu les identifiants partagés vus au paragraphe précédent. L'ontologie42 du domaine participe à la construction de ce standard. Celui-ci est le langage des scénarios d'échange entre deux applications informatiques. Pour mesurer l'impact de cette méthode, nous comparons avec l'anglais. L'anglais est la langue de partage entre les scientifiques. Il facilite leurs échanges sans qu'ils renoncent pour autant à leur propre langue maternelle. Le choix d'une langue commune leur évite d'avoir à apprendre plusieurs langues. La dynamique de ces échanges repose sur le choix partagé d'un langage commun, ici l'anglais. De même, la création d'un scénario d'échange basée sur une ontologie partagée facilite les échanges de données entre ordinateurs (exemple du Sandre)43. Le standard n'a pas pour autant vocation à se substituer aux sémantiques variées exploitées dans chaque logiciel.

Nous proposons de reprendre ces concepts dans la Figure I-9. La base de données d'un type d'objets de référence alimente les applications grâce à l'identifiant commun. Les scénarios échangent un ensemble d'objets dont certains sont identifiés dans la base de données de référence.

42

Une ontologie du domaine a pour ambition de modéliser un ensemble de connaissances dans ce domaine. Il regroupe une collection structurée de concepts de ce domaine. Il comprend un graphe qui organise les relations entre ces concepts.

43

Le Sandre est le site de référence pour la standardisation des données sur l'eau (http://www.sandre.eaufrance.fr/). Le Sandre a travaillé sur la standardisation des épandages de matières fertilisantes en agriculture.

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Application A Application B Application C Base d’objets de référence Scénario d’échange basé sur une ontologie du domaine

Objet de référence exploité par une application ou le scénario d’échange

Echange de données entre deux applications

Figure I-9: mise en cohérence d'un système d'information

I-2-2 Système d'information et environnement

La convention d’Aarhus, signée le 25 juin 1998 par 39 états de la zone Europe, institutionnalise l’accès au grand public des données environnementales fondamentales (Journal Officiel 12 septembre 2002). En France, la Constitution de la cinquième république renvoie explicitement à la charte de l’environnement (Journal Officiel 1er mars 2005) votée par le congrès en 2004. Ce texte rajoute dans ses articles 6 et 7 le concept de développement durable, l’accès à l’information et la participation du citoyen aux décisions publiques traitant de l’environnement. Cependant, l'accès à l'information sur l'environnement pose des questions d'ordre conceptuel comme le décalage entre les connaissances "de terrain" des acteurs locaux et les connaissances réelles (Caquard 2000). La diffusion des données environnementales repose donc sur une double volonté. D'une part, les pouvoirs publics mais aussi l'ensemble des acteurs publics et privés diffusent les données. D'autre part, les citoyens et les professionnels se donnent les moyens y compris intellectuels d'accéder à cette information. Ainsi, l'information environnementale n'est ni simple à produire, ni simple à assimiler.

(Gondran 2001) a étudié les spécificités de l'information environnementale. Elle y discerne cinq facteurs déterminants:

la complexité; Blaise Pascal, mathématicien français du XVIIe siècle, l'a définie dans cette formule: «Je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le

tout, non plus de connaître le tout sans connaître les parties…». La "partie"

environnementale se relie au "tout" par des enchevêtrements dont les dimensions ne cessent de s'accroître. Une connaissance pertinente est pourtant celle qui est capable de se situer dans l'ensemble où elle s'inscrit (Morin 2003) ;

l'incertitude sur l'état exact du réel et des connaissances ;

l'ambiguïté liée aux variétés d'informations qui génèrent des contradictions (Roche 2000) ;

la difficulté de mesurer le bénéfice de l'information environnementale ;

l'importance des pouvoirs publics dans l'organisation de sa production et dans sa diffusion.

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A un autre niveau, le service de l’observation et des statistiques44 (SOeS) au ministère de l’environnement est en charge de la production et de la diffusion de connaissances synthétiques sur l'environnement en France. Ses connaissances sont structurées en quatre domaines figurés ci-dessous.

Figure I-10 : structuration des connaissances dans le domaine de l'environnement (source Ifen)

Nous proposons de croiser ces quatre domaines avec la typologie déjà présentée des systèmes d'information au paragraphe I-2-1E . Nous faisons émerger des outils d'information spécifiques à la gestion environnementale repris dans le Tableau I-7. Les systèmes d'information sont liés. Ainsi, dans le cas du cycle Pression-Etat-Réponse préconisé par l'OCDE45, un état insatisfaisant d'un milieu naturel appelle une action qui elle-même génère une nouvelle mesure de pression puis la mise à jour des indicateurs. Le suivi permanent de ce cycle (schématisé par les flèches dans le Tableau I-7 ci-dessous) mesure l'efficacité des décisions prises.

Type d'application des SI : Domaines environnementaux Fonctionnel Aide à la décision Aide à la communication Aide à la gestion des connaissances

Actions menées par la société pour réduire son impact

Choix de technologies propres, Optimisation des processus de production d'un point de vue

environnemental Diffusion grand public, diffusion professionnelle Accès aux productions technologiques (Innovation, méthodologie…) Pression et impacts des activités humaines et économiques Calcul des pressions - Accès aux productions scientifiques

Etat des milieux (sol, eau, air, paysage, biodiversité) Calcul des indicateurs Effet de l'environnement sur la société et son évolution Calcul des effets -

Tableau I-7: finalité des types d'applications informatiques par domaine environnemental

44

Jusqu’en 2008, l'Ifen, Institut français de l'environnement, a joué le rôle du SOeS. 45

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I-2-3 Généralités sur les systèmes d'information en agriculture