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E La dimension sémantique de KOFIS

III- 3-3 Conclusion sur la composante technologique

L'outil KOFIS, que nous avons spécifié, rend possible la construction collaborative de savoirs et leur stockage dans l'espace de connaissance [K] ainsi que la conception innovante dans l'espace d’innovation [I]. Son architecture exploite les capacités du web 2.0 dit également web social et les derniers développements issus du web sémantique dénommé web 3.0. Pour faire du web collaboratif et sémantique, la solution retenue est basée sur deux outils open-source existants plutôt que sur le développement intégral d’une application à partir d'un framework sémantique comme Jena. Nous avons choisi Drupal et Semantic MediaWiki respectivement pour chacun des deux espaces [I] et [K]. Ces deux outils sont classiques et relativement faciles à utiliser pour un non-informaticien. Ils ont chacun une dimension sémantique reposant sur un thésaurus pour [I] et sur une ontologie pour [K]. Ces deux espaces communiquent grâce à une ontologie partagée. Nous présentons l’architecture de KOFIS dans la Figure III-31. Un prototype a été développé par l’Irstea (ex Cemagref)190. Dans l’Annexe 3 : Inventaire des cas d'utilisation associés à KOFIS, nous avons distingué les cas d’utilisation déjà développés de ceux qui devraient être présents dans l’outil final.

Ontologie partagée

Utilisateur se connectant à KOFIS

Annuaire Sélection et transfert Blog Solutions innovantes Echange autour de l’espace [K] Espace [I] Wiki Espace [K] Patrimoine de connaissances thématiques et bibliothèque de cas types et de monographies

Figure III-31 : architecture de KOFIS

Dans le cadre du projet Casdar SOLRECI, une instance de KOFIS dénommée Agro-PEPS191 a servi comme support de gestion des connaissances. L’une des originalités d’Agro-PEPS est de se servir de la couche sémantique de [K] pour regrouper automatiquement les accès aux pages de connaissances pertinentes. Ce dispositif évite les mises à jour manuelles.

190

Voir http://kofis.clermont.cemagref.fr/mediawiki/index.php/Accueil 191

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Cependant, un travail de développement reste à conduire. Ainsi, en ce qui concerne l’annotation de l’espace des connaissances, celle-ci-ci est encore très technique malgré les outils graphiques mis en place. Par ailleurs, l’espace [I] est rudimentaire. En effet, dans son mode de présentation d’un sujet de discussion ou d’un sujet innovant, son ergonomie est insuffisante. Une autre organisation du contenu est à explorer dans le cadre du développement de l’outil final. Il est envisageable de restreindre l’espace [I] aux sujets innovants. Le contenu arborescent des livres est en effet bien adapté à la recherche d’une solution innovante. Il est moins pertinent pour des connaissances déjà développées et validées. Par contre, l’échange autour d’une connaissance dans [K] pourrait avoir lieu directement dans [K] dans la page de discussion associée à la page de connaissance. La page de discussion a un espace de nom distinct de celui de la page de connaissance. Dans ce cas, SMW autorise des types d’acteurs différents sur des espaces de noms différents. Le <système de connaissance agricole> aurait accès autant à la page de connaissance qu’à la page de discussion alors que <L’environnement institutionnel> pourrait juste réagir dans cette dernière page de discussion.

Mais le principal obstacle identifié dans KOFIS est le maintien d’une ontologie cohérente entre les deux espaces [I] et [K]. Nous avons signalé que SMW est un « wiki for ontologies », i.e. que la construction de l’ontologie est librement construite par les utilisateurs. Nous avons donc limité cette construction aux seuls modérateurs grâce au contrôle des éditions des pages « catégorie » et « attribut ». Une double compétence en agronomie et en web sémantique est d’ailleurs nécessaire à ces acteurs clés de l'outil KOFIS. Les modérateurs étant peu nombreux, l’ontologie de la partie [K] devrait être au final assez homogène, stable et en partie fondée sur des nomenclatures issues du langage multilingue de la FAO Agrovoc. Par contre, du côté [I], le contrôle du langage d’annotation n’est pas souhaitable. En effet, le choix éditorial est de laisser le maximum d’expression aux usagers. Cette liberté accordée aux utilisateurs se paye au prix d’inévitables redondances entre certains termes du thésaurus de l’espace [I] ainsi que par une différenciation des termes d’annotation entre ceux du thésaurus de [I] et ceux de l’ontologie de [K]. Dans le paragraphe précédent, nous avons vu que la solution d’apparier les termes entre [I] et [K] est loin d’être finalisée. Pour éluder ce problème non résolu, nous avons créé dans KOFIS des requêtes sémantiques alimentées uniquement par l’ontologie de l’espace [K]. Les termes de l’espace [I] sont donc ignorés.

Ainsi, lorsqu’un utilisateur a un problème et qu’il n’a pas trouvé d’éléments satisfaisants de connaissance dans [K], il pose un sujet innovant dans [I]. Pour initier ce sujet et amorcer la discussion, KOFIS propose d’interroger [K] directement dans [I], à partir de patrons de requête associés à une liste déroulante de termes importés de l’ontologie de l’espace [K]. Les deux listes des bioagresseurs et des cultures sont exploitées. Dans notre exemple ci-dessous, un agriculteur a un problème de chardon dans son blé. Comme la Figure III-32 l’illustre, le système récupère dans l’espace [I] :

la liste des courriels des agriculteurs ayant le même problème de "Chardon",

l’adresse URI de la page du "Chardon",

les adresses URI des auxiliaires du "Chardon",

les adresses URI des pages sur le "Blé" ainsi que celles sur les cultures ayant le même père. Comme la culture attaquée est le "Blé", les autres cultures associées sont les cultures du type "Seigle", "Avoine", etc. qui ont pour père "Céréale".

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Figure III-32 : requête ASK dans l'espace [I]

Toutefois, cette proposition est un contournement de la question non réglée de l’appariement que nous avons abordée au paragraphe précédent. A terme, il faudrait que le langage Agrovoc, suffisamment enrichi, devienne la seule référence dans KOFIS. Dans ce cas, il sera alors nécessaire de connecter le service Web Agrovoc dans [K] pour alimenter les termes de type catégorie de son ontologie. La proposition de (Baker et Keizer 2010) de construire une ontologie Agrovoc localement au format OWL prendrait aussi tout son sens dans cet espace.

Enfin, dans le cadre du web de données192 (Bizer, Heath et al. 2009) initié par la W3C, Drupal193 ainsi que SMW dans sa version élaborée SMW+ (Meilender, Jay et al. 2010) offrent un point d’accès SPARQL. Pour sa part, Agrovoc a pour ambition de s’inscrire dans le web de données en adhérant au projet Linked Open Data (LOD)194. Ainsi, chaque terme de son vocabulaire sera stocké par une adresse URI unique. Cette technique de stockage va autoriser la mise en relation de thésaurus entre eux. Le caractère multilingue d’Agrovoc lui confère la puissance de mobiliser des ressources non francophones. Grâce notamment à l’identification de synonymes, voire de termes associés, la recherche de ressources pertinentes sur le Web de données va s’en trouver décuplée. Ainsi, le choix des deux logiciels Drupal et SMW associés au langage Agrovoc est pertinent pour adapter KOFIS aux potentialités à venir du web de données.

192

Le web de données a pour ambition de structurer et de relier les données sur le web grâce notamment aux principes fondamentaux du web (Identifiant URI, protocole HTTP) et aux technologies du web sémantique avec un mode de stockage des données au standard RDF interrogeable par le langage de requête SPARQL. Ces données deviennent ainsi directement manipulables par les machines.

193

http://drupal.org/project/sparql 194

Le projet Linked Open Data, initié par la W3C, fait la promotion du web de données en développant la mise à disposition de données structurées sur le web.

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CHAPITRE IV : CONCLUSION