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Information dans un processus d’insertion professionnelle chez les jeunes

3. INFORMATION SUR L’EMPLOI DANS L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES

3.2 Information dans un processus d’insertion professionnelle chez les jeunes

La littérature démontre un intérêt de la recherche pour l’information sous différents angles, dans divers contextes et pour différentes populations.

Dans un contexte scolaire, Boubé (2011) s’est intéressée aux pratiques informationnelles numériques de jeunes personnes étudiantes mises en lien avec les capacités réelles à utiliser des technologies numériques. Selon Boubé, deux constats

effectués à partir de la littérature pointent 1) l’hétérogénéité des usages et des habiletés et 2) « [l’] absence de transfert des connaissances et capacités développées dans les usages de loisir et relationnels aux usages scolaires » (Ibid., p. 3). Ces constats déconstruisent en partie l’idée du mythe qui relate l’aisance des jeunes d’aujourd’hui avec les nouvelles technologies (Ibid.). Dans cette étude, il est question d’information pour apprendre dans un contexte scolaire plutôt que dans un contexte de travail ou d’emploi. Il est tout de même intéressant de constater que les usages de l’information diffèrent d’une sphère d’activité (loisirs) à une autre (scolaire) et probablement d’un individu à un autre.

Dans un contexte relié au travail, l’enquête Droits et sécurité des jeunes au travail en Estrie (DESJATE) (Bourdon, Supeno et Lacharité-Auger, 2012) a permis de s’interroger sur la provenance et la qualité des informations sur la sécurité au travail et des droits au travail dont disposent de jeunes travailleurs. L’enquête indique ainsi que plus de la moitié des jeunes interrogés disent ne pas être informés des normes du travail et de la sécurité au travail. Pour ceux qui se disent informés, les sources proviennent, en ordre d’importance, des parents, des amis et collègues, des employeurs et des services des ressources humaines. En plus de démontrer les conditions de vulnérabilité en rapport au travail que sont en mesure de vivre certains jeunes adultes par le manque d’information, l’enquête permet de démontrer que les sources d’information ne proviennent pas en majorité de sources institutionnelles22 (employeurs, services des

ressources humaines, instances publiques, etc.), mais plutôt de sources non institutionnelles (parents, amis, etc.). Cette étude permet d’indiquer ici que le type de source mobilisé par les jeunes adultes peut différer, particulièrement quant à l’information sur le travail.

Une étude effectuée par Béji et Pellerin (2010) sur les biais informationnels, sous l’angle des réseaux sociaux, expose l’importance de la recherche d’information

22 Dont le mandat est de pourvoir de l’information an tant qu’organisation formelle (Rulke, Zaheer et

pertinente dans les processus d’intégration socioprofessionnelle de personnes immigrantes au Québec. « La nature de l’information, sa qualité et les sources d’information utilisées évoluent assez rapidement et dépendent d’effets temporels, culturels, de perception, de dispersion et de signal » (Ibid., p. 576). L’analyse ne vise pas les jeunes adultes non diplômés. Il est toutefois possible d’effectuer un rapprochement entre ces deux populations dues aux situations de précarité qu’elles peuvent vivre et le diplôme qui est manquant ou non reconnu23. De plus, les auteurs

(Ibid.) soulignent la part de responsabilité revenant aux instances gouvernementales quant à l’information auprès de la population immigrante – une responsabilité en tant que source formelle d’information.

En France, Amiel, Morcillo, Tricot et Jeunier (2003) se sont interrogés sur l’information sous l’angle des questions posées à propos des métiers et des études par des jeunes âgés de 11 à 25 ans. Plus précisément, ils se sont interrogés sur les liens entre les besoins d’information et les questions posées par les jeunes sur les métiers et les études. Selon les résultats de l’étude, les conseillers d’orientation-psychologues24

et les professeurs sont les plus souvent cités concernant l’information sur les métiers et les études, mais sont consultés seulement une à deux fois. Les parents, contrairement, sont cités moins souvent, mais sont consultés jusqu’à cinq fois. De plus, les résultats de l’étude montrent que les documents papier sont plus souvent consultés que les documents informatisés (ou numériques). Concernant le type de question, les résultats de l’étude montrent qu’en ce qui a trait aux questions de nature plus personnelle (intérêts particuliers et caractéristiques personnelles), les jeunes s’adressent davantage aux personnes conseillères alors que les questions reliées aux connaissances du système éducatif et du monde du travail sont davantage destinées à la recherche documentaire

23 Au Québec, en 2006, le taux d’appariement (adéquation formation-emploi) était de 19 % pour les

personnes immigrantes comparativement à 59 % pour les natifs au Québec (Chicha, 2010 dans Béji et Pellerin, 2010).

24 En France, en regard à des différences notamment sur le plan de la formation, une personne conseillère

d’orientation au Québec fait référence à une personne conseillère d’orientation-psychologue en France (Turcotte, 2004).

(c'est-à-dire aux sources de format papier et numérique). Ainsi, l’information peut être perçue comme situationnelle, c’est-à-dire qu’elle est fonction du contexte du jeune.

Toujours en France, Delesalle (2006) s’interroge sur les pratiques et les usages de l’information chez les jeunes âgés de 15 à 20 ans, de différents niveaux de scolarité, dans le but de nourrir la réflexion sur l’offre d’information. L’enquête indique que les jeunes s’informent auprès de leur entourage en premier lieu et plus souvent, dans l’urgence de la situation. Lorsqu’il s’agit de transmission d’information, la relation avec le pourvoyeur d’information semble importante. L’enquête montre également que, peu importe si le document est papier ou numérisé, les textes trop longs et denses rebutent l’usager. Enfin, un meilleur maillage entre les professionnels de l’information est mis en évidence afin d’aider les jeunes dans la circulation de l’information.

Julien (1999) s’est intéressée aux barrières à la recherche d’information sur le choix de carrière de jeunes étudiants aux études secondaires âgés de 15 à 19 ans au Canada. Les résultats de l’étude indiquent qu’il existe une grande variété de barrières. Par exemple, soit les jeunes de l’étude ne savent pas où aller chercher l’information, soit les endroits où la chercher sont trop nombreux. Les résultats indiquent également que, parmi les répondants, un plus grand nombre de barrières à la recherche d’information est nommé lorsqu’il s’agit d’information sur le choix de carrière que sur l’atteinte d’un objectif professionnel ou que sur le choix d’une institution scolaire25.

Ces barrières peuvent être internes ou externes au jeune. En conclusion, Julien suggère que la confiance est de toute évidence essentielle lorsqu’il s’agit de fournir des informations utiles, peu importe d’où elles proviennent (logiciel ou conseiller).

Plus étroitement liée à la population des jeunes adultes non diplômés et en situation de précarité au Québec, Supeno et Mongeau (2015) s’intéressent au rôle de l’information sur la formation et le travail dans le passage à la vie adulte de jeunes adultes ayant participé à un programme d’aide dans un Carrefour jeunesse-emploi, sous

25 Ratio respectif de 2,74 ; 2,6 et 1,17. Ratio calculé à partir du nombre de mentions sur le nombre de

l’angle de leur insertion socioprofessionnelle. Les principaux constats indiquent que les sources de nature relationnelle sont davantage mobilisées que les sources de nature non relationnelle par les jeunes adultes, que ce soit en lien avec le travail, la formation ou l’intégration sociale. L’étude indique également que la présence des personnes significatives joue un rôle dans la recherche d’information. De plus, l’étude indique que les parcours biographiques, les transitions que les jeunes adultes rencontrent et l’information qui est mobilisée sont étroitement liés, ce qui remet en relief les dimensions situationnelle et contextuelle de l’information sur la formation et le travail.

En somme, il est possible de constater que l’information, qu’elle soit analysée sous l’angle des sources, des barrières ou de ses variabilités de pratiques de recherche d’information, selon les différentes populations, prend une place importante dans l’insertion professionnelle et la décision de carrière. Cependant, à part les études portant sur l’information sur le travail et la formation dans le passage à la vie adulte (Supeno et Mongeau, 2015) ainsi que sur l’horizon informationnel de jeunes adultes non diplômés et de jeunes cégépiens dans leur bifurcations biographiques dans leur parcours de formation ou d’emploi (Supeno, Mongeau et Pariseau, 2016), les écrits consultés ne font pas état de manière spécifique de la manière dont les jeunes adultes non diplômés se saisissent de l’information sur l’emploi dans leur insertion professionnelle. Il est donc pertinent de vouloir poser une question de recherche allant dans ce sens.