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2. STRATÉGIES DE RECHERCHE SPÉCIFIQUES AU MÉMOIRE

2.2 Méthodes et stratégies d’analyse des données

2.2.1 Analyse thématique et fiches synthèses

La méthode d’analyse choisie dans ce mémoire est l’analyse thématique. Selon Paillé et Mucchielli (2012), l’analyse thématique consiste en la « transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu analysé, et ce, en rapport avec l’orientation de recherche » (p. 232). Ainsi, l’analyse thématique consiste à sélectionner des parties du corpus pour les transposer (coder) dans des thèmes définis selon le cadre d’analyse.

Une première étape de codage des entretiens semi-directifs a été effectuée à l’aide du logiciel QSR NVivo 10. Pour y arriver, des thèmes jugés pertinents ont été empruntés à la recherche source alors que des thèmes complémentaires ont été développés. Des neuf grands thèmes élaborés pour le projet ELJAPS (Bourdon et Bélisle, 2008), le thème Événements (sous-thème travail et sous-thème scolaire) a été retenu, et le thème Projet a été développé afin de recueillir les données liées aux projets financiers, familiaux, matériels et professionnels. Ces deux thèmes ont permis d’identifier et de caractériser l’état d’insertion professionnelle des jeunes adultes de l’échantillon (premier objectif spécifique). Trois autres thèmes ont été développés relativement à l’information sur l’emploi (pour répondre au deuxième objectif spécifique) en fonction de sa définition dans le cadre d’analyse. Ainsi, le thème « Sources d’informations » a été développé, faisant référence aux acteurs, aux institutions, aux journaux et autres, c’est-à-dire aux différents pourvoyeurs d’information. Le thème « Supports d’information » a aussi été développé, de manière à saisir la manière dont le jeune adulte accède à l’information selon la source mobilisée, que ce soit par des documents (papier ou numérique) ou de manière orale (en personne ou par téléphone). Le thème « Catégorie d’emploi » a également été développé, faisant référence à la forme d’emploi (temps partiel, temps plein, autonome, etc.). Une

description de ces thèmes ainsi que des sous-thèmes qui y sont reliés sont présentés à l’annexe D.

Ensuite, une fiche synthèse a été élaborée afin de colliger les données pertinentes recueillies pour chaque entretien après l’opération de codage. Par exemple, les données pertinentes provenant du calendrier des cycles de vie, comme la durée de la période d’inactivité et de la période d’activité, y sont colligées. Toutes les mentions d’une information sur l’emploi (à sa source et son support) et d’une catégorie d’emploi répertoriée dans les entretiens y sont aussi colligées. Enfin, une synthèse est produite de manière à mettre en contexte ces informations, ces sources et supports et les catégories d’emploi dans l’état d’insertion professionnelle du jeune adulte tel que décrit par les caractéristiques identifiées. Ces fiches synthèses (une par entretien et donc, une par jeune adulte) permettent de reconstruire de manière analytique le processus d’insertion professionnelle de chaque jeune adulte de l’échantillon final, et ce, sous l’angle de l’information sur l’emploi.

Les données pertinentes recueillies dans ces fiches synthèses sont ensuite présentées dans le quatrième chapitre – Présentation des résultats – sous formes de tableau et de texte narratif (Mukamurera, Lacourse et Couturier, 2006), permettant, d’une part, de présenter de manière descriptive les résultats et d’autres part, de présenter les données de manière explicative, qui n’ont de sens que dans le contexte auquel elles appartiennent. Ainsi, un codage des entretiens et une organisation des données dans les fiches synthèses ont été effectués permettant ensuite de présenter les résultats dans ce mémoire. Lors de la rédaction des résultats, il a été pertinent de retourner aux données à certaines occasions afin d’en apprécier la pertinence. « Lors de ce retour aux données, le chercheur reprend sa codification et le processus itératif se poursuit jusqu’à ce qu’une organisation plausible et cohérente, assurant l’intelligibilité du discours, permette de conclure à la saturation des diverses significations codifiées » (Desgagné, 1994, p. 80, cité dans Mukamurera et al., 2006, p. 112).

À la suite de l’un de ces allers-retours entre le codage et l’organisation des données, le thème « Catégorie d’emploi » s’est avéré peu fécond avec l’échantillon et n’a donc pas été retenu pour l’analyse. En effet, lorsqu’un jeune adulte mobilisait de l’information sur l’emploi, le thème « Catégorie d’emploi » permettait de repérer les formes de l’emploi en question, à savoir s’il s’agit d’un emploi à temps partiel, à temps plein, autonome, à durée déterminée ou indéterminée et par intérim (Fouquet, 1998). Ce thème permettait de discriminer non seulement la forme de l’emploi, mais également s’il s’agissait d’information sur l’emploi plutôt que d’information sur les autres formes de travail (bénévolat, travaux domestiques, etc.). Ainsi, ce thème a permis, non seulement, de connaître la forme de l’emploi mentionné par le jeune adulte, lorsque disponible dans l’entretien, mais également de discriminer les autres types de travail dans le codage, afin de circonscrire l’emploi du travail. Toutefois, il ne renseigne pas quant aux informations sur l’emploi mobilisées par les jeunes adultes. De plus, aucun lien, au terme de l’analyse, n’a été effectué dans le rôle de l’information sur l’emploi en fonction de la catégorie de l’emploi analysé. Ainsi, le codage et l’analyse des données a permis de voir la pertinence de coder les trois thèmes reliés à l’information sur l’emploi (Sources, Supports et Catégories), mais de ne retenir dans la présentation des résultats que les deux premiers en fonction des objectifs spécifiques.

De plus, des modifications aux caractéristiques de l’état d’insertion professionnelle identifiées par Vincens (1997) ont été nécessaires, en cours d’analyse, afin de s’ajuster aux spécificités de l’échantillon. En effet, comme l’échantillon est composée de personnes participantes n’ayant pas obtenu de diplôme du secondaire au début de l’enquête et ayant fait un passage à l’aide sociale, certaines caractéristiques ont pu être considérées de manière plus large. C’est le cas pour la caractéristique « retour en formation ». En effet, plutôt que d’identifier de manière stricte un début d’études professionnelles comme une caractéristique de l’état initial, il a plutôt été pertinent d’utiliser la caractéristique « retour en formation ». Ainsi, les personnes participantes à l’étude qui entreprennent un retour en formation pour obtenir le DES ou son équivalence le font pour la majorité, selon ce qu’elles déclarent, dans une

stratégie d’insertion professionnelle, souvent préalable à la poursuite en formation professionnelle. Dans le même sens, l’ajout d’une autre caractéristique non identifiée par Vincens (Ibid.) concernant l’état initial semblait nécessaire. Il s’agit d’une caractéristique nommée « emploi d’attente ». Cette caractéristique ne fait pas partie de celles énoncées dans le modèle de Vincens (Ibid.) dans la définition d’un état initial. Cependant, Vincens (Ibid.) nomme cette caractéristique lorsqu’il identifie l’emploi définitif dans la description d’un état final, qu’il définit en comparaison avec un emploi d’attente. L’emploi d’attente se défini donc ici comme un emploi qui ne répond pas aux attentes de l’individu, soit face à la satisfaction de ses besoins, soit face à l’adéquation formation-emploi visée, ou alors face à aux aspirations professionnelles visées.