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L'importance des transferts dans les itinéraires en transports en commun et leur impact sur le cho

des facteurs individuels et contextuels

3.2. Choisir entre différents itinéraires en transports en commun

3.2.2. L'importance des transferts dans les itinéraires en transports en commun et leur impact sur le cho

Eta t do ue l o je tif de la p se te th se est de o p e d e le comportement de pla ifi atio d iti ai es en transports en commun (i.e. TC) et que nous supposons que les caractéristiques de ses modes influencent le processus de planification, nous allons dans ette pa tie dis ute l effet des o espo da es ui est l u e des a a t isti ues sp ifi ue aux itinéraires en TC. En effet, lu des d sa a tages pe çu le plus i po ta t da s l utilisatio des TC est que, dans une grande majorité des cas, pour faire un trajet porte à po te, l usage au a à e p u te des correspondances (i.e. changement entre deux lignes de

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métro par exemple ou changement de mode de transports). Ces correspondances sont généralement perçues négativement par les usagers (Friman, 2010) car elles entraînent des te ps d atte te, de a he et u e incertitude. De plus, Heye et Timpf (2003) ont remarqué que les correspondances entraînaient une difficulté dans la réalisation du parcours due à une charge notamment physique et de recherche du chemin importante. En effet, les participants ont répondu dans le questionnaire de Heye et Timpf (2003) que la difficulté aux correspondances était influencée notamment par le nombre de lignes arrivant et repartant de ce point et la distance à effectuer entre les deux modes de transports. Hine et Scott (2002) ont, quant à eux, interrogé des usagers des transports en commun qui leur ont reporté qu'ils avaient tendance à éviter ces correspondances, et ue s ils de aie t ua d même en emprunter, ils planifiaient leur itinéraire e a a e afi d ite les désagréments co e le te ps d atte te, la pe te de te ps et pa o s ue t la pe te de o t ôle de leu itinéraire. Du fait de la complexité des correspondances et de leur mauvaise perception de la part des usagers, de nombreuses études se sont attachées à pointer les améliorations à faire au niveau des correspondances, sans pour autant prendre en compte le point de vue des usagers (voir par exemple Guo et Wilson, 2011).

Toutefois, en partant de la TCP (Ajzen, 1985, 1991), Chowdhury et Ceder (2013) ont remarqué, dans une étude par questionnaire, que si les infrastructures apportaient certaines améliorations aux correspondances, cela augmenterait les croyances envers le contrôle perçu des usagers pour les correspondances et do fa ilite ait l utilisatio d iti ai es avec des correspondances. Plus précisément, les résultats mettent en évidence que la fiabilité o e io a e le se o d hi ule , le te ps de a he et d atte te à la correspondance et les informations (panneaux, indication sur le te ps d atte te so t des critères importants à améliorer aux correspondances pou aug e te le o t ôle pe çu et fa ilite l i te tio d utilise des iti ai es a e des correspondances. Les auteurs interprètent ce résultat en disant que, si les services proposés (fiabilité, temps d atte te, et . o espo de t au p f e es de l usage , elui-ci sera alors enclin à utiliser des itinéraires avec des correspondances. En revanche, si les services ne correspondent pas, une amélioration de celles- i se a essai e pou ue l usage utilise un tel itinéraire.

Les auteurs vont alors proposer une modélisation de l'effet des préférences des usagers envers les attributs des correspondances sur le comportement, présenté dans la

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Figure 16, en reprenant les principes de croyance, de contrôle perçu du comportement et d'intention définis dans la TCP. Ce modèle propose de considérer deux cas. Dans le premier, la qualité du service aux correspondances correspond aux préférences de l'usager (informations disponibles aux changements, facilité, etc.), ainsi les croyances de celui-ci envers le contrôle perçu du comportement sont positives, ce qui rend la relation entre le contrôle du comportement perçu et l'intention d'effectuer le comportement forte. Cette forte relation permet alors de réaliser le comportement d'utiliser des itinéraires avec des correspondances. Dans le second cas, la qualité du service aux correspondances ne o espo d pas au p f e es des usage s pas d espa e d atte te, au aise ualité de l i fo atio , et . , les o a es e e s le o t ôle pe çu so t do gati es et la elatio entre le contrôle perçu du comportement et l'intention faible. Il faudra alors améliorer la qualité du service aux correspondances pour que les croyances deviennent positives et que le lien entre le comportement perçu et les intentions se renforce, pour qu'enfin l'usager réalise le comportement.

Figure 16. Modélisation de l'effet des préférences des usagers envers les attributs des correspondances sur leur contrôle perçu du comportement, d'après Chowdhury et Ceder (2013).

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Chowdhury, Ceder et Sachdeva (2013) sont allés plus loin dans la compréhension des fa teu s oti a t la p ise d iti ai es a e des correspondances, e s intéressant également à certains facteurs i di iduels. Ils o t p opos à leu s pa ti ipa ts d effe tue des choix parmi des itinéraires. A chaque essai, le participant se voyait proposer un itinéraire décrit verbalement ui p e ait i utes et a ait pas de correspondance. Puis trois autres options étaient proposées. Elles comportaient toutes une correspondance d u e du e de i utes i utes d atte te et i utes de a he . Cette correspondance était, soit bien indiquée soit, elle e l tait pas et des informations manquaient ; et soit il y a ait u a i pou atte d e soit il e a ait pas. Ces alte ati es pe ettaie t de gag e 10, 15 ou 20 minutes sur l'itinéraire initial (40 minutes). Les auteurs ont également mesuré différents facteurs propres à chaque individu (e.g., caractéristiques sociodémographiques et fréquence d'utilisation des TC). Ils ont ainsi remarqué que plus le gain de temps était important plus le choix pouvait être fait pour une alternative avec une correspondance. Les participants choisissent plus l'option avec une correspondance quand la qualité des informations données aux correspondances est bonne et quand il y a un abri. En ce qui concerne les facteurs plus individuels, les résultats montrent que les femmes et les usagers fréquents des TC sélectio e t plus l optio a e u e o espo da e (6 fois plus pour les femmes que les hommes, et 3 fois plus pour les usagers fréquents que non fréquents), ce qui soulig e des effets li s au p ofil de l usage , ota e t de l ha itude d utiliser les TC. Les résultats de cette étude permettent d'attester u e plus des facteurs structurels, pe etta t de fa ilite la p ise d iti ai es a e des correspondances par les usagers, il existe des différences interindividuelles et que certains usagers sont plus enclins à utiliser des itinéraires avec des correspondances que les autres. De manière plus générale, cette étude montre donc qu'il est nécessaire de prendre en compte divers facteurs, notamment individuels, pour expliquer les choix d'itinéraires en TC.

3.3. Conclusion

Ce troisième chapitre théorique nous a permis de montrer que le processus de choix de mode de transports et d iti ai es, lo s ue eu - i i pli ue t la p ise d au oi s u mode de transports, est pas u i ue e t u e tâ he i pli ua t des processus cognitifs. En effet, il apparaît que les usagers choisissent leurs itinéraires en accord avec des critères et

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leurs préférences qui sont déterminées par divers facteurs individuels (e.g., attitude, habitude, âge, sexe) et contextuels (e.g., but du trajet, moment de la journée). Cette revue de litt atu e pe et de ote les li ites des od les og itifs e o sid a t, à l heu e actuelle, encore trop peu les différences interindividuelles et les variations contextuelles, et de s i te oge su l effet de es fa teu s da s le p o essus de pla ifi atio d iti ai es en transports en commun.

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4.Chapitre 4. Problématique et modèle

Rappelons que l'objectif de la présente thèse est de comprendre comment les usagers des transports en commun planifient et choisissent leurs itinéraires, dans des situations proches de la réalité, et d'étudier l'influence de facteurs aussi bien individuels que contextuels sur ce processus. Nous allons dans un premier temps rappeler les éléments principaux de la partie théorique, qui nous permettront dans un second temps de décrire le od le du p o essus de pla ifi atio d iti ai es en transports en commun que nous proposons de tester.

4.1. Problématique

Dans la littérature en psychologie, la planification d'itinéraires est considérée comme un problème à résoudre situé dans un environnement spatial. Il est admis que la planification est un processus qui opère en différentes étapes (Brunyé et al., 2010). Les modélisations considèrent également que pour résoudre un tel problème, le sujet doit se représenter mentalement celui-ci (Gärling et al., 1986). Cette représentation, que l'on peut décrire d'après la théorie des modèles mentaux (Johnson-Laird, 1983), permet aussi à l i di idu de alise les o pa aiso s, e oi e de travail, entre les alternatives en considérant l'arrangement spatial dans l'environnement. Toutefois, le coût en mémoire associé à la recherche des différents itinéraires possibles et à leur comparaison étant élevé, l i di idu ett ait e pla e des heu istiques de planification. Les recherches se sont alors i t ess es à la ise e œu e et à la atu e de es heu isti ues Ma G ego & O e od, 1996 ; Golledge, 1995 ; Wiener et al., 2007). Nous pouvons en retenir que tout individu dispose ait d u sto k d'heuristiques lui permettant de résoudre des problèmes divers en adaptant l'heuristique utilisée au problème qui est posé (Cutini et al., 2008).

Bien que l'ensemble de ces études permette d'établir précisément les bases du fonctionnement cognitif de la planification, nous constatons deux limites. La première concerne le matériel, i.e. le problème du voyageur de commerce, qui est pertinent pour mettre en évidence les heuristiques de planification mais ne procure pas un cadre proche

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des activités de planification que nous rencontrons dans la vie quotidienne. En effet, il s'agit de relier différents points par des segments en ligne droite. Or, l'aménagement de l'environnement urbain ne permet pas de définir un chemin avec uniquement des segments en ligne droite car celui-ci est composé de rues que l'on doit suivre et d'immeubles que l'on ne peut pas franchir et qu'il faut contourner. La seconde limite que l'on peut considérer se trouve dans la consigne donnée, qui est de chercher le chemin le plus court. Contrairement à ce qui était admis dans cette littérature (Farr et al., 2012), il apparait que les individus ne choisissent pas toujours leur itinéraire en raison de sa longueur mais aussi pour sa simplicité et son agréabilité, etc. (Golledge, 1995 ; Hölscher et al., 2011). Ces deux limites apportent de nouveaux questionnements, notamment sur la prise en compte des contraintes liées à l'aménagement urbain et sur les divers critères déterminant le type d'heuristiques utilisées, ainsi que sur la mise en jeu de ces critères et heuristiques.

L'u e des possi ilit s pou a o de la uestio de l i flue e de l a age e t u ai su l a ti it de pla ifi atio d iti ai es est de s'intéresser aux itinéraires impliquant la prise de modes de transports, qui est de plus à notre connaissance un aspect qui n'a pas encore été abordé dans la littérature en psychologie. Dans notre cas précis nous considérerons la planification d'itinéraires en transports en commun. Le fait que les itinéraires à planifier comprennent des modes de transports implique que les usagers doivent prendre en considération divers facteurs dont ils n'ont pas la maitrise, comme par exemple les horaires de passages, les modes de transports possibles où se situent les correspondances entre les lignes ou les modes, etc. Bien que certaines études théoriques aient postulé que cette activité est complexe (Timpf, 2002), peu d'études empiriques se sont intéressées aux effets de l'intégration de modes de transports en commun dans une tâche de planification d'itinéraires. Au-delà de l'hypothèse générale que l'on pourrait formuler que la prise en considération d'informations supplémentaires pour mener à bien la planification complexifie la tâche, nous pouvons faire l'hypothèse que ces informations modulent les éléments pris en compte pour planifier un itinéraire. En d'autres termes, cela implique que la planification ne repose plus uniquement sur des informations spatiales, qui seront peut-être mises en retrait au regard d'autres informations d'ordre temporel ou de préférence pour e tai s odes. Il a d ailleu s d jà t o t ue les usage s du t o ette t e pla e une stratégie spécifique pour connaitre le temps de trajet d'un itinéraire à partir d'une carte

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et savoir quelle alternative sélectionner (Verseti, 2008), et u ils o t te da e à ite les itinéraires pour lesquelles des correspondances sont nécessaires (Hines & Scott, 2000). Pour aller plus loin, cela amène à penser que la représentation mentale des usagers peut être composée d'informations liées au réseau de transports en commun en plus des autres informations nécessaires à la planification d'un itinéraire.

Un point qu'il est important de noter est que dans la vie quotidienne, les usagers disposent de diverses aides pour réaliser leur planification d'itinéraires comme les cartes de réseaux de transports ou les planificateurs d'itinéraires. Les cartes permettent d'apporter un support visuel pour aider les usagers à planifier leur itinéraire, mais également de réduire la charge en mémoire liée aux informations qu'il faudrait retenir sans celles-ci (Kulhavy & Stock, 1994). Toutefois, le processus de planification en différentes étapes reste intact, et les usagers doivent rechercher les alternatives et en sélectionner une. De plus, la littérature a montré que malgré la représentation du réseau que les cartes apportent, elles peuvent être difficiles à interpréter pour les usagers (Timpf, 2002, Guo, 2011), et elles ne permettent pas aux usagers d'accéder à toutes les informations nécessaires pour planifier leurs itinéraires (Hochmair, 2009 ; Verseti, 2008). La littérature sur la planification d'itinéraires à partir de cartes routières a mis en évidence que diverses heuristiques et biais intervenaient dans la planification à partir de carte, notamment lors de l'étape de la sélection d'une alternative (Bailenson et al., 1998, 2000 ; Brunyé et al., 2010). Cependant, à ce jour, très peu d'études ont posé la question de savoir comment les usagers utilisaient les cartes de réseau de transports pour planifier leurs itinéraires, en s'intéressant aux étapes du processus et aux stratégies alors utilisées.

Une aide plus récente est le planificateur d'itinéraires qui va procéder lui-même à la e he he d'u e ou plusieu s alte ati es selo des it es p d fi is ou o pa l usager. Da s e as, l usage e doit plus e he he l o igi e et la desti atio puis he he les options possibles, mais doit uniquement effectuer un choix parmi les différentes possibilités qui seront proposées. Dans la littérature sur la prise de décision, ce choix est défini comme un choix multi-attributs. Dans ce cadre, de nombreuses « règles » de décision pour expliquer le comportement des individus ont été proposées. Parmi les différentes règles recensées, la proposition de Tversky (1972) nommée « l élimination-par-aspect » semble appropriée aux hoi d iti ai es e t a spo ts en commun. Cette règle stipule que le choix serait guidé par

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les préférences des usagers, qui dans leur processus de choix éliminerait petit à petit les alternatives ne correspondant pas à leurs préférences (Tversky, 1972). Elle a ensuite été simplifiée et nommée « l h poth se d i po ta ce » (Slovic, 1995 ; Tversky et al., 1988). Bien que ces théories aient trouvé des validations empiriques dans le domaine de la psychologie, nous e e e so s au u e tude les a a t utilis es pou o p e d e le hoi d iti ai es en transports en commun.

Dans la partie théorique nous avons également pu noter à plusieurs reprises que des différences interindividuelles et contextuelles intervenaient à plusieurs niveaux de la pla ifi atio d iti ai es. Tout d a o d, il a t e a u ue la o st u tio du od le mental (Johnson-Laird, 1983) était sous-tendue par des capacités cognitives telles que la mémoire de travail verbale et visuo-spatiale mais aussi par diverses capacités spatiales (Meilinger et al., 2008 ; Gyselinck et al., 2015). Les recherches ont montré que selon les capacités cognitives de chacun, il existe des différences dans les modèles mentaux alors créés (Gras et al., 2012). De mê e, l utilisatio des heu isti ues et le hoi de it e différeraient donc selon les individus (Cazzato, 2010 ; Hölscher et al., 2011). Enfin, la litt atu e s i t essa t à la alisatio du p o l e du o ageu de o e e a is e évidence des effets du contexte de planification car la sélection des stratégies dépend du type de problème posé : ouvert, fermé, visuel ou en navigation (Wiener & Tenbrink, 2008 ; MacGregor & Chu, 2011). La littérature en psychologie sociale et dans le domaine de la mobilité s ta t i t ess e au hoi de ode de t a spo ts, pe et d app ofo di la compréhension des effets des facteurs individuels et contextuels sur le processus de choix et sur les critères de sélection considérés. Les recherches ont également porté leur intérêt sur l effet des caractéristiques sociodémographiques des usagers, leurs attitudes et habitudes ai si u au o te te Klöckner & Friedrichsmeier, 2011). Il a été montré dans le cadre de la « théorie du comportement planifié » (Azjen, 1985, 1991) que les attitudes des usagers pe ette t de p di e l i te tio d utilise e tai s odes de t a spo ts (Hunecke et al., 2001) ou des itinéraires avec des correspondances (Chowdhury et al., 2013). Un autre facteur individuel largement considéré dans la littérature est l ha itude. Il a alo s t remarqué que les habitudes pouvaient interférer avec le processus de choix (Verplanken et al., . Bie u il appa aisse ue diff e ts fa teu s i di iduels (i.e. attitudes, habitudes, caractéristiques sociodémographiques) et contextuels (i.e. moment de la journée, but du

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trajet) entrent en compte dans le choix de mode et expliquent les différences i te i di iduelles, ous a o s e e s au u e tude s i t essa t à ette uestio da s le

as du hoi d iti ai es en transports en commun.

4.2. Mod le du p o essus de la pla ifi atio d’iti

ai es en transports en